LÉGISLATIVES - Manuel Bompard est l'invité de Yves Calvi
La gauche va-t-elle vraiment se présenter unie aux Législatives des dimanche 30 juin et 7 juillet ? Jean-Luc Mélenchon ou François Ruffin feraient-ils un bon Premier ministre ? Le Rassemblement National est-il le mieux placé pour obtenir une majorité à l'assemblé national ? Écoutez l'interview de Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise et député des Bouches-du-Rhône.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 14 juin 2024
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00:00Amandine Bégault, RTL Matin jusqu'à 9h30.
00:05Il est 8h23, bonjour Manuel Bompard.
00:06Bonjour.
00:07Vous êtes coordinateur de la France Insoumise, merci de nous rejoindre ce matin.
00:09La gauche unie a donc trouvé un accord hier soir après des négociations qui n'ont pas été facile-facile.
00:14C'est un accord magique, vous êtes d'accord sur tout, les écologistes, les socialistes, c'est le grand forum de l'amour ?
00:20D'abord je veux vous dire mon enthousiasme, ma joie ce matin, puisque cet accord est un accord historique.
00:26C'est la deuxième fois maintenant qu'on avait fait aux élections législatives de 2022 le fait d'avoir des candidatures uniques
00:33de toutes les formations politiques de gauche au premier tour des élections législatives autour d'un programme commun.
00:39Est-ce qu'on est d'accord sur tout ? Non, on n'est sans doute pas d'accord sur tout.
00:43Donc tout le monde a fait des renoncements, chacun a pris sa part ?
00:45Non, l'objectif a été, la démarche a été de dire, écoutez, il s'agit de prendre le pouvoir, de gouverner demain
00:52et de pouvoir mettre en oeuvre un certain nombre de mesures sur la mandature qui vient.
00:56Et donc nous nous sommes accordés sur un certain nombre de points, il y en a autour de 150 mesures programmatiques
01:03qui permettront tout simplement de changer la vie des gens.
01:06Après chacun conserve ses points de vue sur un certain nombre de sujets qui ne sont pas toujours les mêmes.
01:11Mais sur ces points-là, nous nous sommes accordés et donc nous sommes prêts à gouverner ensemble pour,
01:16encore une fois, puisque ça doit quand même être ça le sujet, le sujet c'est pas nos nombrils aux uns et aux autres,
01:21nos sujets c'est apporter des réponses aux problématiques sociales, écologiques, démocratiques que rencontrent les français au quotidien.
01:26On prendra quelques exemples dans un instant, notamment sur le plan international.
01:29Mais Emmanuel Bompard, pour gagner des élections, il ne faut pas seulement réunir des partis, des chapelles,
01:33il faut réunir les français. Que dites-vous ce matin à celles et ceux de gauche
01:37pour qui notamment Jean-Luc Mélenchon et l'antisémitisme chez les insoumis est un repoussoir ?
01:42Comment vous les récupérez ceux-là ?
01:43Je leur dis qu'il n'y a pas d'antisémitisme chez les insoumis et que c'est une campagne de diffamation.
01:50Oui bien sûr, et de dénigrement médiatique qui est particulièrement insupportable.
01:55Je leur dis qu'on peut à la fois, et c'est ce que nous faisons, y compris dans ce programme,
02:01qu'on peut à la fois condamner et tout faire pour essayer de mettre un terme aux massacres qui sont en cours aujourd'hui à Gaza
02:09et ne jamais faire l'amalgame entre les actions de l'armée israélienne et les français de confession juive.
02:14Et je leur dis de ne pas se laisser intimider, intoxiquer par cette campagne de dénigrement médiatique
02:20dont je vois bien que nos adversaires, y compris le Président de la République,
02:23n'ont trouvé que ça pour essayer de sauver leur pouvoir.
02:26Et donc vous n'hésiterez pas à qualifier le Hamas de mouvement terroriste ?
02:29Écoutez, vous verrez dans le programme qui sera présenté...
02:32Je vous pose la question simplement à vous, Manuel Bompard.
02:34Mais moi, ma position a toujours été la même.
02:36J'ai dit qu'il fallait bien évidemment condamner les actes terroristes qui ont été commis le 7 octobre,
02:42mais que bien évidemment, et pardonnez-moi de vous le dire quand même,
02:45parce qu'encore une fois, on n'est pas là pour regarder nos nombrils,
02:49l'actualité aujourd'hui, c'est le génocide qui est en cours à Gaza.
02:53Et si nous devons faire quelque chose en tant que gouvernement de ce pays dans quelques semaines,
02:59c'est utiliser les leviers d'action qui sont à notre disposition pour faire en sorte que l'armée israélienne s'arrête.
03:04Et sur notre programme, nous nous sommes accordés pour défendre ensemble la reconnaissance de l'État de Palestine,
03:11pour défendre ensemble des sanctions contre le gouvernement de M. Netanyahou,
03:14pour défendre ensemble un embargo sur les armes, pas pour embêter les uns ou les autres,
03:19mais tout simplement pour faire la pression sur le gouvernement Netanyahou
03:22pour que les atrocités qui sont commises en ce moment dans la bande de Gaza s'arrêtent.
03:26C'est simple, et il me semble que c'est notre devoir.
03:28Alors, vous venez de me faire une réponse de fait qui est claire,
03:30mais je voudrais juste un oui ou un non. Est-ce que vous qualifiez le Hamas de mouvement terroriste ?
03:34Monsieur Calvi, j'ai déjà répondu 15 fois à cette question.
03:37À cet instant, vous l'avez dit vous-même, ma réponse était claire,
03:41et je n'ai pas l'intention d'y répondre une nouvelle fois.
03:44Donc vous ne voulez pas le faire.
03:45Quittez l'OTAN, est-ce que c'est encore d'actualité pour le nouveau Front populaire ?
03:48En tout cas, dans le programme sur lequel nous nous sommes accordés,
03:52puisqu'encore une fois, je vous le dis, c'est un programme qui s'inscrit dans la mandature qui vient,
03:57ce sujet n'a pas été posé, c'est un sujet sur lequel nous avons des visions qui sont différentes.
04:02Maintenant, si vous me demandez ma position à moi, La France Insoumise,
04:05oui, c'est une sortie progressive de l'OTAN.
04:07Or, comme là nous parlons d'un programme de mandature pendant deux ans,
04:11entendez que ce n'est pas aujourd'hui la priorité des Françaises et des Français.
04:14L'Ukraine, on la soutient ou on ne la soutient plus ?
04:16On la soutient et on l'a toujours soutenue, et ça a toujours été un point d'ailleurs
04:19sur lequel aucun d'entre nous n'a dit qu'il ne fallait pas soutenir l'Ukraine.
04:25S'il y a pu avoir des divergences, elles n'étaient pas sur ce point.
04:28Soutenir l'Ukraine, oui, avec des lignes rouges,
04:30et notamment l'intervention militaire de troupes françaises au sol
04:34sur lequel nous sommes tous d'accord pour dire qu'il ne peut pas en être question.
04:37Je nous ramène en France. Quelle est la première mesure qui vous paraît importante,
04:41qui peut bouleverser ou changer ou améliorer la vie des Français dans votre programme commun ?
04:45Elle est sociale, forcément, puisque la situation du pays est très difficile pour des millions de gens.
04:50Donc, la première mesure peut-être, c'est le blocage des prix sur les produits de première nécessité,
04:55sur l'énergie, c'est l'augmentation des salaires, l'augmentation du SMIC,
04:58l'indexation des salaires sur l'inflation,
05:00tout ce qui permettrait aux Françaises et aux Français de retrouver de l'oxygène,
05:03alors que leur pouvoir d'achat a été très durement attaqué ces dernières années.
05:08Et donc, je pense que si un gouvernement du Nouveau Front Populaire
05:12devait arriver au pouvoir dans quelques semaines,
05:14les Français verraient immédiatement l'impact sur leur vie quotidienne.
05:18Blocage des prix, c'est très clair.
05:19Il y a autre chose que vous pouvez, dans ce projet que vous voulez porter,
05:23qui changera la vie des Français quotidiennement ?
05:26Je vous ai dit blocage des prix, je vous ai dit augmentation des salaires.
05:29Je peux vous parler, par exemple, de la nécessité de développer nos services publics,
05:33en particulier dans les zones rurales, dans les quartiers populaires,
05:36services publics qui sont lourds.
05:37On manque de fonctionnaires en France, vous pensez ?
05:39Je pense qu'il y a besoin de développer, d'embaucher davantage de fonctionnaires
05:44dans un certain nombre de secteurs.
05:45Oui, dans le domaine de l'école publique, on manque de fonctionnaires.
05:48Dans le domaine de la santé, aujourd'hui, on manque de fonctionnaires.
05:51Et les gens qui nous écoutent ont le choix.
05:52Soit il s'agit de poursuivre avec la politique d'Emmanuel Macron,
05:55et donc de raboter encore dans les budgets de l'État,
05:58alors que nos services publics sont à l'os aujourd'hui.
06:01Soit ils votent pour les bulletins du nouveau Front populaire,
06:04et alors ils auront un service public de santé qui fonctionnera mieux,
06:07un service public d'éducation qui fonctionnera mieux.
06:10Donc je pense que c'est un choix, un des sujets majeurs
06:13qui va être au cœur de ces élections qui viennent.
06:15Qui sera Premier ministre ?
06:16Qui sera Premier ministre, on a tous déjà répondu à cette question,
06:19puisque nous avons tous dit que ce serait le groupe de députés
06:24qui sera le plus nombreux de notre coalition,
06:26qui proposera un nom de Premier ministre.
06:29C'est comme ça que ça fonctionne dans toute coalition.
06:31Et pour connaître le groupe le plus nombreux, forcément...
06:34Donc pour vous c'est Jean-Luc Mélenchon ?
06:35Non, je ne dis pas ça.
06:36Non, non, mais...
06:37Je ne dis pas ça, je dis que c'est le groupe le plus nombreux,
06:40et j'étais en train de vous dire que pour connaître
06:42quel sera le groupe le plus nombreux,
06:43nécessairement, il faut que les élections aient eu lieu.
06:45Une toute dernière question, elle est sensible et polémique.
06:48Votre Front populaire, est-ce qu'il se fait oui ou non avec Adrien Quatennens ?
06:51Mais notre Front populaire, il attribue aux uns et aux autres,
06:55à chacune des organisations politiques,
06:57un certain nombre de circonscriptions.
06:59Et ensuite, chaque formation politique,
07:01choisit librement les candidats
07:03qu'il a envie d'investir sur ces circonscriptions.
07:05Vous me posez une question très concrète,
07:07je vous réponds de manière très simple.
07:08Aujourd'hui, la France Insoumise,
07:10elle est en train de faire le travail de choisir ses candidats,
07:12et vous saurez en temps voulu, en temps et en heure,
07:15quels seront les candidats à tel et tel endroit.
07:17En effet, trouvez-vous normal qu'Adrien Quatennens
07:19puisse être candidat à ces élections législatives ?
07:21Mais j'ai déjà répondu à cette question.
07:23Adrien Quatennens, il a fait une faute,
07:25il a commis une erreur.
07:26Il a écopé d'une sanction,
07:28sanction judiciaire, sanction politique.
07:30Mais comme beaucoup de gens dans ce pays, je crois,
07:32moi je crois que quand on commet une faute,
07:34on doit être sanctionné.
07:35Et puis ensuite, on a un pouvoir, un devoir,
07:37de réhabilitation, de réparation.
07:40Et je pense que ça s'applique à toutes et tous.
07:42Merci Emmanuel Bompard.
07:43Merci à vous.
07:44On a une dernière parole ce matin sur RTL. Bonne journée.