Anne Fulda reçoit Véronique Ovaldé pour son livre «À nos vies imparfaites» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Véronique Covaldé,
00:02on vous connaît.
00:03Bonjour. Vous avez déjà écrit des romans connus,
00:06ce que je sais de Vera Candida, notamment,
00:08quelques années,
00:10Fille en colère sur un banc de pierre.
00:12Là, vous venez de publier A nos vies imparfaites,
00:14un livre paru chez Flammarion,
00:16un recueil de nouvelles assez singulier,
00:18parce qu'en fait, il a des allures de roman,
00:21un livre qui est tendre et attachant.
00:23Alors, en effet, ce qui est intéressant,
00:25c'est que dans la construction de ce livre,
00:28ce sont des nouvelles,
00:29mais on retrouve les personnages d'une nouvelle à l'autre,
00:32comme dans une espèce de ronde,
00:35les histoires sont imbriquées les unes dans les autres.
00:38Est-ce que vous aviez du mal à vous séparer de vos personnages ?
00:42Pourquoi avez-vous choisi ce mode narratif ?
00:43J'ai choisi ce mode-là,
00:45parce que je crois que j'adore lire des nouvelles,
00:47mais je sais aussi que la nouvelle, ça peut avoir quelque chose de frustrant.
00:50Quand on la lit, en fait, on arrive dans la vie de quelqu'un,
00:52on lit quelque chose, on s'implique,
00:55on aime ou on apprécie ce qu'on est en train de nous raconter là,
01:00et puis, tout à coup, au bout de 25 pages, il ne se passe plus rien.
01:02Et donc, ça faisait très longtemps que je me disais
01:04que j'aimerais écrire un livre de nouvelles
01:06où elles se répondraient toutes les unes les autres,
01:10aussi parce que je crois que c'est la manière
01:13dont je vois un peu justement nos vies imparfaites,
01:15c'est la manière dont je vois toujours
01:18que A connaît B, qui connaît C, qui connaît A,
01:21les coïncidences mystérieuses, toutes ces choses-là,
01:23tous les liens, tout le lacide lien
01:26qui fait que nous vivons tous ensemble.
01:30C'est quelque chose, je pense, qui me tient à cœur depuis longtemps,
01:34et donc, écrire un recueil de nouvelles
01:37qui ait cette forme-là, voilà, c'est quelque chose qui me...
01:41Alors, ce qui relie ces personnages,
01:44c'est justement des vies imparfaites,
01:47pas vraiment ratées, mais un peu...
01:50Un peu décevantes.
01:51Voilà, décevantes.
01:53Mais, en fait, une vie imparfaite, pour un romancier,
01:56c'est bien plus inspirant qu'une vie parfaite, c'est ennuyeux.
01:59Je sais même pas si ça existe.
02:01Ça existe, d'ailleurs.
02:02Les vies imparfaites, ce qui est intéressant,
02:04c'est les pas de côté, c'est les gens un peu abîmés,
02:06c'est les gens qui espéraient,
02:08et puis, finalement, qui n'étaient pas complètement
02:13à la hauteur de leurs propres espoirs
02:14ou des espoirs qu'on avait mis en eux.
02:17Ça, c'est quelque chose de très touchant aussi.
02:20On est tous d'anciens enfants prometteurs.
02:23Certains d'entre nous en plus réussissent d'autres
02:25quand même à tenir les promesses, à honorer les promesses,
02:28mais c'est quelque chose qui nous est commun.
02:30Donc, évidemment, ausculter la justesse
02:35de ces vies un peu bancales,
02:38c'était plus passionnant
02:39que d'aller regarder des vies beaucoup plus polissées.
02:41Oui, alors, il y a toute une série de personnages,
02:45par exemple, Auguste Palanquin, dit Auguste Baraka,
02:49parce qu'effectivement, lui, il n'a pas de chance.
02:51C'est quelque chose qui se transmet de génération en génération.
02:54Le grand-père n'a pas eu de chance, le grand-père n'a pas eu de chance.
02:58Il va même jusqu'à s'inscrire chez les MA.
03:01Dites-nous ce que sont les MA.
03:02Les Malchanceuses Anonymes.
03:04Moi, j'ai toujours été fascinée par ces petits groupes
03:06où on se met tous ensemble et puis on se console
03:11de nos angles morts.
03:14Et lui, il n'a pas de chance.
03:15Alors, j'ai créé les Malchanceuses Anonymes
03:17qui viennent raconter les dernières poisses
03:21qui leur sont devies dessus.
03:23Et voilà, il y a toujours, dans mes livres,
03:26des petits moments un peu fantasques, un peu de fantaisie,
03:29même si je raconte des choses aussi sur nos tragédies,
03:32nos chagrins et notre mélancolie, mais aussi...
03:35Mais teintée de gaieté aussi, oui, ce n'est pas noir.
03:39C'est le seul moyen, je pense, pour traverser ces embûches.
03:41Alors, on croise aussi Eva Coppa,
03:44qui est une femme agente immobilière,
03:46qui, d'ailleurs, va vendre un appartement à ce pauvre Auguste,
03:50un peu bruyant, l'appartement, pour qu'il fasse de la musique.
03:53Puis il y a une jeune fille, une ado de 15 ans,
03:55qui s'appelle Marguerite, qui se fait appeler Bob,
03:58et elle a décidé de vivre comme un homme.
04:01Ce n'est même pas dans une idée d'être transgenre, etc.
04:05C'est parce qu'elle a décidé, enfin, elle a constaté...
04:08Elle a constaté.
04:09Constaté, pas décidé, que le pouvoir appartenait aux hommes.
04:12Donc, elle se concorde comme un homme.
04:15Quand elle était toute petite fille,
04:17elle s'est rendue compte assez vite
04:18que le pouvoir était entre les mains des hommes,
04:21de son père ou des autres hommes qu'elle voyait autour d'elle.
04:23Donc, évidemment, c'est une question qu'on se pose.
04:25Je crois que toutes les petites filles se posent.
04:26À un moment donné, quand elles sont petites filles,
04:28elles se disent, est-ce que je préférerais être un garçon ?
04:30Je ne sais pas si les garçons se posent systématiquement la question.
04:33On n'a pas le même statut, ça, je ne vous l'apprends pas.
04:35On n'est pas traités de la même façon, je ne vous l'apprends pas non plus.
04:37Et donc, en tout cas, je sais que c'est un questionnement.
04:39Est-ce que j'aurais préféré être un garçon ?
04:40Et elle, elle se dit, en fait, c'est beaucoup plus simple d'être un garçon.
04:45Ce n'est pas plus simple, je pense qu'elle se trompe.
04:47Mais en tout cas, j'aurais plus de chances de réussir
04:51à faire ce que j'ai envie de faire dans l'existence.
04:53Et donc, elle décide de se faire appeler Bob.
04:55Alors, il y a un narrateur dans l'histoire,
04:56et le narrateur dit, à la fin, dans l'une des nouvelles,
05:00le narrateur n'est pas le héros de l'histoire.
05:02Pourquoi avez-vous tenu à le préciser ?
05:03Parce que probablement, vous êtes un petit peu dans chacun des personnages.
05:07Oui, parce qu'en fait, la dernière nouvelle,
05:09c'est l'histoire de deux jeunes filles, deux adolescentes,
05:11et il y en a une qui est flamboyante, et puis l'autre qui est derrière elle.
05:14Vous savez, ces amitiés adolescentes à la vie, à la mort,
05:16qui peut y avoir toujours.
05:17Et donc, celle qui raconte l'histoire,
05:19évidemment, c'est celle qui n'est pas l'aventurière,
05:21qui n'est pas l'aventureuse et qui n'est pas l'héroïne.
05:24Et souvent, je me dis ça.
05:25Je me dis que les gens qui racontent des histoires,
05:28dont moi, d'ailleurs, je ne suis pas une héroïne.
05:29Moi, je raconte les histoires des héros et des héroïnes.
05:32En tout cas, ce sont de jolies histoires.
05:34Le livre s'appelle « À nos vies imparfaites ».
05:36Un très joli titre et un très joli livre.
05:39C'est paru chez Flammarion.
05:40Merci beaucoup, Véronique Ovaldez.
05:42Merci à vous.