Dégenrez-moi

  • il y a 3 mois
Conférence performée de GRALL : "Dégenrez-moi", colloque international à l'Ecole des Arts de la Sorbonne Université Paris 1 nPanthéon-Sorbonne, sur le thème "Dégenrer : enjeux artistiques, intimes et politiques", organisé par Diane WATTEAU.
Transcript
00:00Jean-Gilles Dechambres et Bessette, c'est un parcours de survie pour le sujet, une question
00:23de vie ou de mort, dans notre époque de crise du long terme, l'appel quasi injectif des
00:29genres et lois, se fait ainsi l'écho d'un profond désir de découvrir des plasticités
00:33psychiques corporelles, de façon à pouvoir mettre en oeuvre des refonts de théoriques
00:38et pratiques émancipatrices, ce que l'on espère.
00:42Je suis très heureux d'être ici et je suis là pour vous parler de la question effectivement
00:47du dégenreage, c'est pas ça déconnant, c'est le titre du collage, dans ma pratique
00:52artistique, en posant cette question, qui est le sous-entendu le moins dans ce sujet,
00:59qui est est-ce que le dégenreage est toujours possible ? Je pense que vous avez déjà une
01:04petite idée de la réponse, mais globalement, c'est la question que j'aimerais poser plus
01:09ou moins aujourd'hui en rapport avec ma pratique, tout en sachant que ma pratique évidemment
01:13dépasse ces questions-là, et on va l'avoir de voir dans ma petite intervention, et à
01:21chaque fois je vais parler de différents de mes projets, 5 ou 6 projets que j'ai
01:26faits, qui vont à chaque fois poser différentes questions, qui vont un peu aller sous catégorie,
01:31qui vont explorer peu à peu cette question du dégenreage, qui va aller vers la question
01:38de l'auto-indétermination, qui m'est chère, en sachant déjà que le coeur de la question
01:47est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui
01:52est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
01:59un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:05un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:12un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:17un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:22un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:28un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:33un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:38un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:43un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:48un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:54un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
02:59un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
03:05un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est un coeur qui est
03:11et c'est comment arriver éventuellement à cette réalité sociale, est-ce que c'est
03:15possible, est-ce que c'est quelque chose que vous pouvez voir, qu'on voit dans ces
03:19bruits pour moi, mais la question de la possibilité est très importante et pour explorer ces
03:25questions-là, donc je vais faire un petit peu l'éloge de toutes mes petites tentatives
03:32vaines de sortie du genre et de sortie de l'identité.
03:37Est-il possible de se dégenrer dans le regard de l'autre ?
03:41Et tout de suite, là on est sur l'identité sociale, on se dit que ça implique l'autre dans l'équation.
03:45Donc pas seulement des choses introspectives, mais quelque chose qui relève d'une dialogue, voire du conflit.
03:49On va être dans ce but juste avant, donc ça tombe bien.
03:53Et notamment, alors ce projet, c'est pas un projet que j'affectionne particulièrement,
03:57mais que je trouve plutôt bavard lorsqu'on en vient à ces questions-là.
04:02C'est un projet que j'ai fait en 2021, qui s'appelle Dry and Naked, dans le cadre de la Nuit Blanche.
04:06On sait très bien que tous les projets faits pendant la Nuit Blanche sont généralement assez décevants pour soi-même.
04:12Et que, effectivement, c'est un projet qui se base sur toute une réflexion sur l'histoire des freakshows,
04:22des monstres de joie, parce qu'il faut savoir qu'au XIXe, au début du XXe, en plus de tout ce qui est femmes à barbe,
04:29on exhibait des prétendus hermapholiques, le terme est utilisé, c'est le mot qu'il choisit,
04:34qui étaient présentés comme des personnes intersexes.
04:37Généralement, ce n'était pas le cas, c'était des personnes qui étaient déguisées, qui étaient transvestites.
04:41Il y a même eu des procès pour arnaques de ce côté-là.
04:45On sait très bien, on connaît des arnaques de ce genre.
04:49Et qu'effectivement, il y avait tout ce numéro, le corpus, qui est le nom du Half and Half, du Half and Half,
04:55qui est un numéro où les gens étaient coupés en deux.
04:59C'est-à-dire qu'il y avait côté hommes, côté femmes, avec cette idée de dire
05:03« Venez voir l'anathrodite, quel est son genre, quel est son sexe ? »
05:06Surtout parce que vraiment, à l'absolument, sur le sexe, vous ne le savez pas, c'est marrant.
05:10Et effectivement, même si vous pouvez voir un trouble du genre,
05:14en ce moment où ça sort de ce système gendré très tendument,
05:18ça reste aussi une très bonne illustration de cette polarité,
05:21en ce moment où ce n'est pas des personnes qui sont en dehors du genre,
05:23mais ce sont des personnes qui ont les deux genres en même temps, voire les deux sexes.
05:27Et donc, en partant de cette histoire-là, toute la question était
05:32« Comment, en fait, finalement, on peut sortir du coup de cette binarité-là ? »
05:40Et effectivement, j'avais une petite bicole avec ces affiches dessus
05:46qui s'essentiaient à cet échalant.
05:49Là, quand même, il y avait un peu une personne qui faisait le monsieur royal, on va dire.
05:54Madame Royale, en l'occurrence.
05:56Et une fois que j'en rentrais individuellement dans la bicole,
05:59ils se retrouvaient face à ça.
06:00Photo de très mauvaise sécurité, c'est la seule trace que j'ai.
06:04Qui est, donc, moi, nu, sur un canapé, sur un UV.
06:09Là, on ne le voit pas, mais il y a une table en présence de moi
06:12et il y a un lit de bougie qui me séparait de 2-3 mètres des personnes qui rentraient.
06:18Et, à partir de là, d'un seul coup, toute la question était de jouer sur un désir contrarié.
06:24Le désir contrarié des personnes qui venaient de voir le sexe de l'anaphrodite
06:29et qui se trouvaient devant un mur, presque,
06:31qui était ce dos qui ne reflait strictement rien, c'était une chevelure,
06:34et une paire de fesses, mais s'il y avait quelque chose qui est plutôt à genre, c'est bien le cul.
06:39Donc, finalement, il y avait toute cette mise en échec du regard et des attentes de l'autre
06:46de ce désir de scopophilie, finalement, de posséder l'autre par le regard,
06:50qui est quelque chose que vous pourriez appeler le cis-grays,
06:53pour reprendre un petit peu des formules, le mal-gays et le ras-le-gray,
06:56qui serait, effectivement, l'idée que les personnes cisgenres,
07:02certaines personnes cisgenres, un peu polsis,
07:04auraient cette volonté de posséder la personne trans et d'avoir le dessus sur la personne trans
07:10en allant rechercher dans son corps, dans son anatomie,
07:13des traces du sexe, du sexe de naissance, etc.
07:16Une information qui va permettre de catégoriser la personne,
07:20au-delà du genre, mais dans son corps et dans sa corporalité.
07:23Et c'est quelque chose que je ne m'offre pas aux gens, ici,
07:26puisque, finalement, ils se trouvent devant quelqu'un dont ils ne pourront jamais vraiment dire
07:30s'il s'agit d'un homme ou d'une femme,
07:32et c'est quelque chose que je trouve très important,
07:35c'est que cette chose, cette situation, modifie les ratons de pouvoir.
07:39Et la question du dégenrage, en fait,
07:41ce qu'ils se posent, c'est la question du rapport de pouvoir entre deux personnes,
07:45qu'est-ce que c'est des rapports sociaux, qu'est-ce que c'est des rapports politiques.
07:49Et ici, le fait que, on ne le voit pas trop, mais il y a un miroir
07:53dans lequel je pouvais voir le visage des gens,
07:56c'est-à-dire que je pouvais les écouter, je pouvais les surveiller
07:59avec tout un peu de caméra de sécurité,
08:01alors que les gens eux-mêmes, par la lumière,
08:04ne pouvaient absolument pas voir mon visage.
08:08Donc il y avait même ce rapport de puissance en cela,
08:11que je les voyais et ils ne me voyaient pas vraiment.
08:14Et je pense que dans le dégenrage, la question du gouvernement,
08:17du rapport de pouvoir, il y a quelque chose d'un autre sens primordial
08:20à prendre en compte lorsqu'on se pose cette question.
08:23Et ce projet aussi, il fait un constat,
08:26qui peut être un constat assez douloureux,
08:28mais qui me semble être relativement pertinent,
08:31qui est qu'effectivement, le genre, en tant qu'une entité sociale,
08:34se construit bien plus dans le regard de l'autre que dans le nôtre.
08:38C'est-à-dire que toute cette question du regard de l'autre,
08:41n'est évidemment pas le fait d'accepter que le regard de l'autre nous domestique,
08:45mais au contraire de le comprendre, de comprendre son fonctionnement,
08:48pour se comprendre comment il s'est construit,
08:51et pour pouvoir le manipuler, pour pouvoir finalement le jouer avec
08:54et le mettre en déroute.
08:56Mais ça, ça implique de sortir de sa propre subjectivité
08:59et d'aller rechercher comment l'autre fonctionne.
09:02Et je pense que ça, c'est tout un axe de ma pratique,
09:05qui est de comprendre ce que les gens attendent de moi,
09:08comment les gens se sont construits,
09:10et comment les amener, par leur propre jeu,
09:13à être totalement en échec.
09:22De souvent se montrer sur une séparation des genres,
09:25et jamais remettre en question la séparation des sexes.
09:28Une espèce de base confortable de la biologie,
09:31qu'on ne devrait pas vraiment remettre en question,
09:34parce que ça serait quelque chose d'inébranlable,
09:36quelque chose d'assez objectif et naturel.
09:38Le pénis n'est pas un problème,
09:40ça l'est pour certaines personnes,
09:42et c'est évidemment pas un souci,
09:44chacun a un rapport particulier à son commun,
09:46mais moi j'affirme que, socialement parlant,
09:48mon sexe peut être remontré.
09:50Et c'est une façon, en fait, aussi,
09:53de, comment dire,
09:56d'affirmer, de ramener le corps à ce qu'il me semble être,
10:00c'est-à-dire non pas une chose inerte,
10:02biologique, naturelle, presque morte,
10:05mais bien une représentation.
10:07C'est-à-dire que le corps, ici,
10:08en reprenant l'hypnopathie religieuse,
10:10mais pas que, parce qu'il y a une femme enceinte
10:12qui pose sur Instagram,
10:13mais l'hypnopathie religieuse ici,
10:15et c'est différent,
10:17il y a cette question de ramener le corps et la biologie
10:20à son statut instrumentel de représentation
10:23à qui on peut faire dire des choses.
10:25Et du coup, quelque chose qui n'est plus inébranlable,
10:27mais quelque chose qu'on peut modifier,
10:29qu'on peut transformer, qu'on peut transitionner
10:31sur le domaine de la représentation.
10:33Et c'est-à-dire peut-être que, biologiquement,
10:35exister dans l'espace public,
10:37c'est déjà une sorte d'auto-représentation
10:39et de représentation sociale.
10:41Et cette question du corps,
10:43et surtout de l'hypnopathie religieuse,
10:46qui est, en fait, une monographie qu'on peut considérer
10:48comme paranormal,
10:50nous amène, m'amène en tout cas moi,
10:52à ce domaine du paranormal et de l'expression naturelle,
10:54qui est un domaine que j'étudie en ce moment,
10:56et qui, me semble, ouvre la porte
10:58à tout ce qu'il dit sur le monde de fluidité.
11:00C'est quelque chose qu'on parle souvent,
11:02voilà, d'un genre fluide, fluidité du genre, etc.
11:04Peut-on devenir fluide ?
11:06Est-ce que quelque chose est possible ?
11:08On peut notamment citer Nesmer,
11:10qui est au XVIIIe siècle,
11:12avec toute cette théorie du magnétisme animal
11:14qu'il a mis en suite d'Hypnose, etc.,
11:16et donc cette idée que le monde serait rempli d'un fluide universel
11:18comme un tout autre monde,
11:20au point d'un niveau infinitum,
11:22et qu'on serait tous des fluides au fond du monde,
11:24ce qui va ensuite donner,
11:26dans le spiritisme, des éctoplasmes,
11:28c'est-à-dire une espèce de
11:30forme visqueuse qui sort
11:32dans les médiums, dans leur transe médionique,
11:34et qui serait
11:36une abstraction, comme ça, d'identité,
11:38une abstraction de l'âme,
11:40et qu'on pourrait rapporter
11:42donc à la théorie
11:44queer, au domaine queer,
11:46en ce que
11:48Victor Mazière appelle
11:50l'état fantomale,
11:52c'est quelque chose
11:54qu'il utilise pour faire du travail
11:56de l'artiste Smith,
11:58qui serait, je cite,
12:00un outil de déjointement
12:02des identités, qui opère tout particulièrement
12:04dans ces zones de haute
12:06tension que sont la nature, le genre,
12:08le sentiment de fusion amoureuse,
12:10la co-création, la création des corps.
12:12Et donc finalement, la question du fantôme
12:14La question du fantôme
12:18serait peut-être une façon
12:20d'arriver à une utopie,
12:22d'arriver à l'abstraction
12:24de l'identité au-delà du genre.
12:26Et en fait, ce n'est pas la question du genre.
12:28Quand on parle de nature, de l'amour,
12:30d'ailleurs c'est très beau,
12:32on est au-delà du genre,
12:34et si on est sur ce que je voulais
12:36redéfinir la non-binarité,
12:38au-delà de la non-binarité
12:40de genre, je considère que
12:42la non-binarité est aussi une façon de remettre en question
12:44un système total
12:46dans des principes binaires,
12:48c'est-à-dire que ce n'est pas seulement
12:50redéfinir la différence en genre et en état,
12:52mais c'est aussi remettre en question la différence
12:54entre propreté et saleté, entre
12:56logique-pauvre, entre ce qui est l'art
12:58et ce qui n'en est pas, entre peinture et photographie
13:00par exemple, entre toutes ces dichotomies
13:02qui deviennent d'un seul coup floues,
13:04troubles, élastiques,
13:06et qui mènent à cette
13:08question qui est
13:10sous la forme d'un dégenre H qui est
13:12bon d'accord, mais est-ce que c'est possible de se dégenrer ?
13:14Et bien en fait la région, c'est possible de se désidentifier.
13:16C'est exactement ce que
13:18cet autre projet
13:20soulève,
13:22qui s'appelle
13:24FMRID, et qui pose encore
13:26une autre question, devenir multiple,
13:28est-il une possibilité d'en être
13:30plus rien ?
13:32C'est un peu triste, mais c'est un petit peu
13:34la question que l'on me pose aussi,
13:36est-ce que l'identité c'est finalement
13:38un but d'exister ?
13:40Et c'est un projet que j'ai mis en place l'année dernière,
13:42c'est un plan de la France
13:44que j'ai réalisé alors que ça a duré un an,
13:46où en fait j'ai laissé tomber mon prénom
13:48de naissance, et chaque jour
13:50je changeais de prénom
13:52pour prendre le prénom du Saint ou de la Sainte
13:54de la journée.
13:56Donc effectivement
13:58il y avait toute cette question
14:00de déconcentrer un adulte
14:02et qu'est-ce qu'il faut pour mon prénom,
14:04de laisser tomber mon prénom, et par l'accumulation
14:06de me faire disparaître,
14:08puisqu'aujourd'hui, finalement,
14:10à partir du 31 décembre, je n'ai plus eu de prénom,
14:12il n'y a aujourd'hui plus de prénom,
14:14et on m'appelle par mon nom de famille morale,
14:16qui est aussi
14:18c'est mon vrai nom de famille.
14:20Vraiment, soignez-moi.
14:22Et effectivement,
14:24avec toute cette question
14:26du transfuge identitaire,
14:28parce que du prénom au nom,
14:30c'est une question de disparition
14:32par l'accumulation, qui en gros vous allez dans
14:34la théorie Kent, mais aussi
14:36dans tout ce qui est LGBT,
14:38avec toute cette diversification des identités,
14:40des signes, des signes,
14:42qui à long terme peut venir à une perte de sens
14:44de ce que c'est que l'identité de genre, que le genre,
14:46etc.
14:48Cependant,
14:50ce projet sort aussi
14:52de cette question de la séparation
14:54en cela qu'il prend conscience
14:56d'une part sociale de la détermination.
14:58C'est-à-dire qu'un protocole
15:00hasard 2, un protocole hasard 2
15:02celui des hasards de calendrier
15:04se retrouve fortement déterminé
15:06par la culture, la culture catholique
15:08dans laquelle il règne
15:10le calendrier,
15:12votre calendrier, avec cette idée
15:14de finalement, on a beau sortir
15:16de ce que
15:18on nous a donné à la naissance, on retourne
15:20à une détermination sociale, en cela que
15:22tous les prénoms que j'ai eus
15:24ont une histoire,
15:26mais ne viennent pas de nulle part.
15:28Et à partir de là, il y a
15:30cette question d'une sorte de remis en question
15:34nuancée,
15:36de ce qu'on parlait de l'autodéterminisme.
15:38C'est quelque chose qu'on entend beaucoup aujourd'hui
15:40lorsqu'on revient à la question du genre,
15:42à la question
15:44de l'identité genrée,
15:46c'est cette question que l'on s'autodétermine.
15:48Et ce n'est pas un projet,
15:50mais c'est quelque chose qui est
15:52d'icône de nos réalités, c'est qu'on s'autodétermine
15:54en dehors de toute coque,
15:56on est d'ores et déjà émancipés
15:58et ce qui fait identité, c'est nous-mêmes,
16:00c'est quelque chose d'auto.
16:02Et il me semble moi
16:04que cette autodétermination
16:06ressemble beaucoup à une utopie
16:08qui s'ignore et qui ressemble
16:10à un projet, mais non pas à une réalité.
16:12Je vois bien que
16:14ma vie quotidienne, clairement, n'est pas autodéterminée,
16:16la façon dont les gens me traitent dans la rue
16:18n'est pas autodéterminée,
16:20et la façon dont je suis éventuellement
16:24quand je me base dans un bouche, etc.
16:26C'est une question d'autodétermination, malheureusement.
16:28Et du coup, il me semble qu'il est impossible
16:30de s'autodéterminer dans un cadre
16:32qui est d'ores et déjà déterminé
16:34et avec des sous-types qui sont d'ores et déjà indéterminés.
16:36C'est-à-dire que s'autodéterminer en fonction d'un prénom
16:38qui a une histoire qui est déterminée par une culture,
16:40ça ne ressemble pas trop à l'autodétermination.
16:42Et donc, face
16:44à cette utopie, j'en propose évidemment une autre,
16:46sinon ce serait trop facile,
16:48qui est l'auto-indéterminisme
16:50qui en fait, c'est vraiment bien proposé,
16:52c'est d'ailleurs découvert grâce à Ellis,
16:54qui est autour, qui est juste ici.
16:56Bravo !
16:58Et qui est cette question d'autodétermination
17:00qui est, on va en effet constater que
17:02l'autodétermination pouvait mener à un échec
17:04et si on refusait de se déterminer.
17:06Et si il y avait une sortie
17:08de la détermination
17:12qui semble évidemment, encore une fois, tout à fait impossible
17:14et c'est ça qui est beau, c'est que l'auto-indétermination
17:16inclut son propre échec.
17:18C'est-à-dire que c'est cette idée
17:20d'une tentative qui a
17:22systématiquement échoué,
17:24qui a conformé les limites sociales et matérielles
17:26à la décentrification, et là on le voit bien
17:28parce que si j'ai beau avoir laissé
17:30le côté de mon prénom, jusqu'à l'issue
17:32où mon nom est tout aussi déterminé
17:34que mon prénom, bien évidemment.
17:36Et donc à partir de là, il y a une espèce
17:38d'avancée
17:40mais qui se heurte encore à des cas
17:42où j'ai toujours laissé tomber mon nom
17:44et je vais encore
17:46me confronter à autre chose.
17:48Donc il y a cette idée quand même d'une utopie
17:50constante
17:52et ça sera ma petite conclusion
17:54qui est assez
17:56représentée par ce projet-là
17:58qui s'appelle Grand Ménage
18:00que j'ai fait il y a pas mal de temps déjà.
18:02C'est qu'il y a cette idée que
18:04que l'auto-détermination
18:06l'auto-indétermination
18:08voilà l'abscisse
18:10considère
18:12plutôt ce qui reste,
18:14plutôt que ce qui disparaît. C'est-à-dire que cette idée
18:16qu'on a beau frotter quelque chose
18:18on a beau vouloir
18:20se débarrasser
18:24d'une certaine couche de crasse
18:26puisqu'ici en fait j'avais peint sur un miroir
18:28des insolites que j'avais rencontrés
18:30des remarques transphobes, sexistes
18:32enfin j'avais une espèce de
18:34catalogage avec de la peinture sur un miroir
18:36qui faisait une grosse croûte abstraite
18:38et j'ai failli m'affronter
18:40pendant laquelle je nettoyais ce miroir
18:42avec des torchons et
18:44tout ça est devenu une série de peintures
18:46que j'ai posées ensuite comme des larges
18:48et donc il y avait toute cette idée
18:50de dire, bon ben, on frotte
18:52mais ce qui reste c'est les tâches
18:54et les tâches ça ne pourra jamais totalement
18:56les faire disparaître. C'est un petit peu l'idée de l'orthologie
18:58de Jacques Derrida, c'est l'idée
19:00d'un passé qui reste encore présent
19:02et qui sera le futur et que finalement
19:04les choses ne peuvent pas finalement
19:06disparaître comme par magie, comme il y a même
19:08jamais par anormal, ce n'est pas possible
19:10et donc cette idée d'une transformation plutôt que d'une
19:12disparition, l'idée que le dégendrage
19:14c'est des identifications, c'est en fait
19:16une
19:18comment dire
19:20une série de beaux échecs
19:22de beaux échecs qui mènent à un
19:24état de transition permanent
19:26et c'est cet état de transition là
19:28d'instabilité que j'expose et qui me plaît
19:30d'exposer puisque c'est quelque chose qui est
19:32entre les choses, qui est entre
19:34un petit peu en dehors, un petit peu à l'intérieur
19:36avec un état comme ça qui est tout à fait
19:38indéfini, mais qui
19:40relève un peu de l'échec, ça vraiment
19:42ça veut dire que j'échoue, beaucoup
19:44mais c'est bien, c'est que j'échoue
19:46et que j'essaye et que j'échoue un peu moins
19:48et puis j'échoue encore plus, ça me fait penser
19:50et c'est ce que vous pourriez peut-être
19:52réfléchir à ce que j'avais pas fait d'autre
19:54à l'hyperstar
19:56à l'intérêt un arc queer de l'échec
19:58c'est-à-dire que de toute façon être queer
20:00socialement parlant aujourd'hui, c'est un échec
20:02c'est un échec permanent, c'est un échec
20:04déjà de l'être qui l'on aimerait
20:06enfin qui l'on aimerait pour soi
20:08et c'est un échec de sortir de la norme
20:10en règle générique
20:12et donc il y a cette idée que
20:14c'est une affirmation peut-être, que la réalité sociale
20:16et systémique laisseront toujours
20:18et systématiquement des tâches
20:20c'est inévitable, mais est-ce que c'est pour autant
20:22une raison d'arrêter de frotter
20:24d'astiquer, je ne crois pas
20:26je pense qu'au contraire, une des possibilités
20:28et une des choses qui est moins
20:30d'intérêt de faire, c'est de frotter encore et encore
20:32quand bien même la tâche
20:34pourrait être acheminée au monde
20:36le fréquentage jusqu'au bout
20:40Merci

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