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Les enjeux des Murs à Pêches : culturels, urbanistiques, sociaux, aux portes de Paris et des aménagements du Grand Paris. Expérimentations de modes de vies alternatifs dans notre monde contemporain.
Transcription
00:00Ce film est issu de Passale de mémoire, Passale de mémoire c'est une association entreïoise
00:22qui existe depuis trois ans et qui organise des rencontres entre juniors et seniors pour
00:27raconter l'histoire des villes, des quartiers, des villages, des endroits où c'est une transmission
00:34en seigle fer. On pense qu'il y a un patrimoine immatériel qui existe dans une société qui a
00:40avancé très vite. Entre les années 40 et 70, 80 et aujourd'hui 2020, c'est des mutations énormes
00:48qu'on a vécues. On a mis deux ans à le faire parce que le monde des murs à pêche c'est un monde
00:54assez sollicité et pour bien rentrer dedans et avoir les témoignages de familles d'articulteurs,
01:01ça nous a pris du temps.
01:23J'ai découvert le lieu, j'ai trouvé ça vraiment impressionnant et là je me suis, oui, plongé dans
01:34l'histoire de famille, plongé dans l'histoire des murs à pêche, dans cette histoire, c'est
01:41extraordinaire, c'est un conte. J'avais un médecin qui a raconté à mes parents que Montreuil, pour
01:48les parisiens, c'était la campagne. En chance que quelqu'un était malade à Paris, il allait
01:54prendre l'air à Montreuil. C'était vraiment à travers Montreuil. C'était la campagne, quand on
01:59est arrivés nous du 18e en plein Paris et qu'on arrivait là, avec le parc Montreux, on respirait.
02:07C'était vraiment agréable de se trouver là. Les murs à pêche, c'est quoi ? C'est au 17e siècle,
02:15cinq ou six horticulteurs de génie qui trouvent un process pour encaisser de la chaleur dans la
02:24journée, pour la restituer la nuit, pour protéger les arbres de l'accueil, de l'humidité, etc.
02:29Cette technique est tellement extraordinaire qu'elle est reprise sur des hectares et des
02:36hectares pour couvrir tout l'est parisien, de Vincennes jusqu'au Bourget. Et ensuite,
02:44ça se réduit avec la pression économique, évidemment, la pression immobilière. Donc
02:50ça se réduit, ça se réduit. Et comme par hasard, ça se réduit jusqu'aux murs à pêche. C'est-à-dire
02:55que le seul endroit qui reste de tout cet est parisien, c'est à nouveau les murs à pêche.
03:02C'est de là où c'est parti. C'est quand même incroyable. L'horticulture telle qu'on la connaît,
03:06c'est-à-dire les murs à pêche, tant sur la partie de Saint-Antoine que sur le plateau,
03:11a débuté en réalité du côté du centre-ville. A débuté du côté de la rue, de ce qu'on appelle
03:17la rue des Sœurs, qui est la rue Marguerite-Yoursenar aujourd'hui, et la rue Pépin. C'est là qu'ont eu
03:22lieu les premières expériences de murs à pêche parce que le plâtre était présent,
03:26parce que la terre était présente et le savoir-faire débutait.
03:42Fin du XVIIIe, la mémoire des murs à pêche montreuillois se forme par les techniques de
03:51construction des murs, la manière dont on travaille le fruit, la manière dont on taille
03:58les arbres, la manière dont on se comporte vis-à-vis des clients, puisque les clients,
04:05jusque avant la Révolution, c'était le roi de France, la cour, c'était donc un marché captif.
04:13Il faudra après trouver d'autres débouchés. Les débouchés seront les Halles, seront les Cours
04:20royales d'Europe, où les valises diplomatiques transporteront les fruits dans chacune des
04:27capitales, ce qui créera une espèce de légende légendaire. Les autres armes ont été faites,
04:34les pêches de montreuil comme la Reine d'Angleterre, ce qui n'est pas faux, mais ce n'était pas leur
04:39quotidien. Le reste était vendu à Paris et dans les grandes épiceries qui vont se créer au XIXe
04:50siècle, Fauchon et compagnie. Bon nombre de Parisiens venaient voir l'exposition montreuil
04:55de réputation mondiale. Ça représente un des derniers écrins de verdure, de nature un peu
05:06libre et sauvage par endroit à Montreuil. Je pense qu'il n'y a pas assez de gens qui savent
05:14qu'ils peuvent y aller, que c'est ouvert, qu'il y a plein de petits recoins qu'on peut s'y perdre,
05:19qu'on peut éflammer. Il y a plein d'endroits où on peut y passer l'après-midi et s'allonger
05:27dans l'herbe avec de l'herbe coupée, l'odeur de l'herbe coupée au mois de mai, au mois de juin.
05:31On peut en quelques dizaines de mètres être très très loin de la ville.
05:49La terre est chargée de son passé, elle est polluée par tout ce qu'elle a pu recevoir. Elle
06:07a en même temps encore, on va dire, un patrimoine de graines assez incroyable. D'avoir libéré la
06:14parcelle de l'autre côté, j'ai eu la surprise en avril-mai de revoir ressurgir un champ de pivotage
06:22du passé. Je me suis dit ok, c'est que je suis dans la bonne direction. En même temps, je vois
06:27ressurgir des plans beaucoup plus agressifs et sur la défensive. On est dans cette ambivalence.
06:36Lui, j'ai atterri ici au jardin pouplier avec ma famille. Il y a des renards, des rissons,
06:42c'est vraiment chouette. Mon fils est né ici, il a fait ses premiers pas ici. Le chemin de l'école
06:51de ma fille, c'est à travers les parcelles de Dalia, de Rosier. Je trouve ça vraiment bien,
06:59vraiment vraiment bien. Ce qui est intéressant d'y vivre, c'est qu'on est un peu détaché de
07:05tout le système de consommation d'aujourd'hui. Ça m'a permis de me sentir vraiment en harmonie,
07:15en accord avec un peu mes idées, mes principes. Et puis d'avoir un quotidien très très agréable.
07:22La politique est en pleine conscience de ça, qu'il y a une pépite quelque part. Mais par
07:32rapport au prix, par rapport à ce que ça vaut, ça ne vaut pas autant. L'humain ne vaut pas autant
07:40que l'immobilier aujourd'hui. Il faut savoir que les murs à pêche, ça fait la taille du
07:46prix Saint-Gervais. Donc voilà, l'enjeu il est là.
08:03Et ici c'est un lieu qui est quand même un témoin horticole du passé de Montreuil. Aujourd'hui,
08:09à l'heure actuelle, compte tenu des enjeux climatiques, compte tenu des enjeux sociétaux,
08:13il apparaît plus que primordial et urgent de préserver ce même écrin d'verdure. La ville
08:19n'a pas les moyens financiers d'intervenir, donc elle s'agit des aubaines. Le RECO-BETU,
08:24c'est une aubaine de financement européen très important. EIR, c'est une aubaine de financement
08:31pour les promoteurs.
08:31Moi, je pense quand même en positif.
08:58Ce site-là est très très très très protégé de par les associations qui l'occupent et qui
09:05veulent garder cette valeur-là de nature en fait, de nature dans la ville et le patrimoine des murs
09:13à pêche, etc.
13:58Le RECO-BETU, c'est une aubaine de financement européen très très très protégé de par les associations qui l'occupent et qui veulent garder cette valeur-là de nature en fait, de nature dans la ville et le patrimoine des murs à pêche, etc.