Europe 1
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  • il y a 6 mois
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Transcription
00:00C'est Culture Média sur Europe, 9h30, 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin. Thomas, vous recevez Élodie Frégez.
00:14L'être de héros, c'est le thème de la 28e édition du festival de la Correspondance de Grignan qui aura lieu du 2 au 6 juillet prochain.
00:21Alors, racontez-nous le principe de ce festival, Élodie Frégez.
00:25C'est tout simplement un festival qui met en valeur des correspondances entre personnes plutôt reconnues.
00:33Moi, il s'agit de Marilyn Monroe encore une fois, mais ça pourrait être, je ne sais pas, moi, Camus et son plus grand amour.
00:42Ça pourrait être, je ne sais pas, Napoléon et son plus grand amour.
00:46Et Joséphine, voilà, j'avais oublié son prénom, merci.
00:49Et Jean-Pierre. C'est un festival prestigieux avec des invités de marque.
00:54J'ai vu qu'il y avait Boris Cyrulnik, Caroline Vigneault, Raphaël Personnaz, Pascal Bruckner, le directeur, c'est Éric-Emmanuel Schmitt qui organise tout ça.
01:01Et alors, vous, vous allez effectivement lire les correspondances d'une héroïne de cinéma, de mode et de musique, une icône même.
01:07It's then that those louses go back to their spouses. Diamonds are a girl's best friends.
01:17Vous êtes de très bons choristes, si vous avez le choix pour un concert.
01:22Il y a toutes les tessitures. Il y a tous les talents d'ailleurs.
01:26Il y avait un basson là, c'est vous ?
01:28On travaillait les harmonies ensemble avant l'émission.
01:32C'est la correspondance de Marilyn Monroe que vous incarnerez sur la scène du festival le 4 juillet.
01:36Comme si je venais de naître, c'est le nom de ce spectacle.
01:40Et alors, Marilyn, et vous, c'est toute une histoire, parce qu'en 2011, vous posez pour des photos dans une robe de Marilyn Monroe.
01:46J'ai vu qu'en 2013, dans le clip Comment t'appelles-tu ce matin, vous êtes déguisée en Marilyn.
01:50Et en 2019, vous avez joué Marilyn au théâtre dans Norma Jean Monroe.
01:55Quand on vous a proposé de lire cette scène, vous vous êtes dit, décidément, elle me poursuit ?
02:00Oui, vraiment, je me suis dit, mais c'est dingue quand même qu'à chaque fois, parce que ce n'est pas moi qui vais la chercher.
02:05Les gens font le lien.
02:07Je ne sais pas si ce n'est pas un truc physique, c'est aussi un truc, je pense, de dualité affichée.
02:14Et peut-être de grande fragilité, en même temps de pouvoir non maîtriser, je ne sais pas.
02:22En tout cas, j'avoue que quand j'ai découvert ces correspondances, dont certaines que je connaissais déjà,
02:29mon cœur a palpité fort, parfois, parce que c'est vrai que je m'y retrouve et qu'on peut tous s'y retrouver, évidemment,
02:36parce qu'on est tous emprunts de dualité, et même plus encore.
02:40Ce sont des lettres qu'elle a écrites à partir de 35 ans.
02:43On est en février 61, elle est enfermée, contre son gré, dans l'unité psychiatrique d'une clinique de New York.
02:49Et elle va écrire pendant les 18 mois suivants, jusqu'à la fin de sa vie, en fait.
02:53C'est ça ce que vous allez lire sur cette scène ?
02:55Oui, c'est ça. Elle parle à Lee et Paula Strasberg, qui sont un peu sa seule famille,
03:00qui lui ont appris à jouer à l'acteur studio, à sa psy, Marianne Criss,
03:08qui l'a, je pense, mise dans cet endroit, qu'il lui ne plaît pas.
03:13On comprend très vite que ça la rend complètement dingue, beaucoup plus folle que si elle l'avait été réellement.
03:18Parce que moi, j'estime que cette femme n'était pas folle, mais juste très hypersensible et très lucide aussi.
03:25Et donc inadaptée au monde dans lequel elle vivait à ce moment-là.
03:29Elle critique notamment les médecins hommes qui l'auscultent.
03:32Oui, tout à fait.
03:33Il y en a beaucoup qui défilent dans sa chambre, visiblement.
03:36Oui, les palpations mammaires sont inutiles à un moment. C'est bon, une fois suffit, je crois.
03:42Et elle porte un regard assez lucide, même sur sa propre vie, dans ces textes-là.
03:47Oui, c'est ça qui est touchant.
03:48Il y a plusieurs personnes, plusieurs voix dans ces correspondances de Marilyn.
03:54Il y a les moments où on a l'impression qu'elle se parle à elle-même.
03:58Elle est dans une espèce de réflexion, d'ailleurs.
04:00Il n'y a pas que des correspondances qui s'adressent à quelqu'un.
04:02Il y a aussi des poèmes, des dictaphones à son dernier psychanalyste, Ralph Grinson,
04:08qui ont été retranscrits.
04:12Oui, c'était des dictaphones.
04:13Je ne sais pas si on disait dictaphone à l'époque, mais je pense que si.
04:15Oui, des enregistreurs.
04:17Des enregistreurs.
04:20Et en fait, c'est marrant parce que souvent, on a l'impression qu'elle se parle à elle-même,
04:23comme on pourrait se dire, qu'est-ce que je fais là ? Mais ce n'est pas possible.
04:26Mais est-ce que finalement, je ne suis pas folle ?
04:28Et vraiment, je pense que je vais le jouer comme ça.
04:31Il y a des moments où elle est vraiment dans une introspection.
04:34On rentre dans une intimité qui est un peu difficile à trouver, pour moi, au niveau de la voix.
04:39Et puis d'un seul coup, elle va s'adresser à Ali et Paula.
04:43Et là, c'est sa famille.
04:45Elle va leur dire, mais qu'est-ce que je fous là ?
04:47Vous vous rendez compte ces médecins qui veulent me palper les seins tous les quatre matins ?
04:50Cette femme qui hurle, j'en peux plus, je vais devenir cinglée, sortez-moi de là, aidez-moi.
04:55Elle a parfois un côté presque insupportable parce qu'on se dit,
04:59elle fait la diva, c'est bon, détends-toi.
05:01Mais en fait, pas du tout.
05:02Je pense qu'elle est extrêmement lucide sur ce qu'il a traversé à ce moment-là.
05:06Et on va découvrir ça au Festival de la Correspondance de Grignan.
05:09C'est du 2 au 6 juillet, avec ce spectacle Lecture.
05:12Comme si je venais de naître dans un instant.
05:14Olivier Benkaymoun, ça va être à vous.