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Ce lundi, sur Europe 1, Nicolas Bouzou s'intéresse au programme économique du Nouveau Front Populaire dont les chiffres ont été dévoilés.
Retrouvez "L'édito éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-economique
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00:007h-9h, Europe 1 Matin, l'édito éco.
00:04Bonjour Nicolas Bouzou. Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Alors on parlait avec André Chassagne à l'instant du programme du Nouveau Front Populaire.
00:11Il est maintenant chiffré, est-ce qu'il vous apparaît plus sérieux ?
00:14Écoutez, quand ce programme a été présenté initialement, il évoquait Caracas sans la pluie tropicale,
00:19et bien plus les choses se précisent, plus ce programme semble problématique pour l'économie.
00:24Mais je vais vous donner deux exemples précis.
00:26Alors le premier concerne le SMIC et le blocage des prix.
00:29Le Nouveau Front Populaire propose, comme vous le savez, une hausse du SMIC de 14%,
00:34et en même temps un blocage des prix pour les biens de première nécessité.
00:37Alors concrètement ça ne concerne pas les grandes entreprises qui ne payent quasiment personne au SMIC,
00:41mais les petites PME, tous les petits commerces par exemple, qui animent nos centres-villes
00:46et qui vont faire des pertes à cause de l'effet conjoint de cette hausse du SMIC et du blocage des prix.
00:50Le Nouveau Front Populaire nous dit, pas de problème, l'État prendra en charge les pertes de ces entreprises.
00:56Autrement dit, vous avez une politique qui va placer sciemment des entreprises en faillite,
00:59et on va faire payer le résultat de cette politique par le contribuable.
01:02Difficile de faire plus absurde.
01:04Alors vous identifiez aussi des incohérences dans le domaine fiscal.
01:07Oui, d'après ce que l'on comprend, l'ISF sera rétabli évidemment, mais fortement augmenté.
01:12Je rappelle que son taux montait jusqu'à 5,5% avant sa suppression.
01:16Là, d'après Manon Aubry notamment, il pourrait aller jusqu'à 3%,
01:20et son assiette prendrait en compte les biens professionnels,
01:22c'est-à-dire une entreprise que vous avez créée par exemple.
01:25Plus l'entreprise que vous avez créée se développe, plus elle a de valeur, plus vous êtes taxé,
01:29et vous êtes donc incité à ne jamais développer les entreprises que vous avez créées.
01:33Alors, les économistes du Nouveau Front Populaire répondent à cela.
01:36Eh bien, les gens qui créent des entreprises, donc à vendre les actions de leur boîte pour payer cet ISF,
01:42mais cette vente, dans le programme du Nouveau Front Populaire,
01:45serait imposée à l'Impôt sur le Revenu et à la CSG, fortement augmentée.
01:50D'ailleurs avec une petite particularité...
01:51Donc on serait taxé avant de l'être à nouveau.
01:53Oui, alors avec même un taux marginal supérieur à 100% au-dessus de 400 000 euros de revenus,
02:00si bien que ce nouvel ISF obligerait par exemple des gens qui ont créé des start-up et qui ont eu beaucoup de succès
02:05à vendre très rapidement leurs entreprises à des fonds américains par exemple,
02:10simplement pour pouvoir dégager l'argent nécessaire au fait de payer des impôts en France.
02:13Il y a des économistes importants qui soutiennent ce programme,
02:17Esther Duflo, prix Nobel d'économie, Thomas Piketty également,
02:21ils soutiennent ce programme malgré tout.
02:23Oui, alors vous avez d'autres très grands économistes keynésiens,
02:25plutôt engagés à gauche, c'est le cas d'Olivier Blanchard qui a écrit ce week-end
02:29que ce programme révolutionnaire n'était pas social-démocrate mais confiscatoire,
02:33basé sur l'idée irrationnelle selon laquelle détruire toute incitation à produire
02:38pourrait quand même permettre à l'économie de fonctionner.
02:40Mais votre question, Dimitri, pose aussi la question de l'enseignement de l'économie en France.
02:44Beaucoup d'universitaires n'ont aucune expérience pratique de l'économie,
02:48ils ne connaissent pas le début du fonctionnement d'une entreprise
02:52et sont donc capables de soutenir ce genre d'ineptie qui,
02:54inévitablement, augmenterait la pauvreté dans notre pays.
02:57Signature européen, Nicolas Bouzou. Merci beaucoup Nicolas, à demain !