Le programme économique du Nouveau Front populaire [Olivier Passet]

  • il y a 3 mois
Matraquage fiscal et le risque de sanction par les marchés, c’est la grande peur qui entoure le programme du nouveau front populaire. Mais avant de se lancer dans l’examen des moyens et de leurs effets, interrogeons-nous sur le diagnostic et les fins qui sous-tendent ce compromis. Pour dire les choses sommairement, 1/ La France est confrontée à une triple urgence, sociale, écologique et industrielle qui exige de mobiliser des ressources financières pérenne ; 2/ Le marché et la finance se sont révélés inefficaces en matière de réorientation industrielle et climatique de l’économie ; c’est donc à l’État d’être le maître d’œuvre de ces transformations 3/ La sous-valorisation des salaires, en bas de l’échelle, démobilise le travail et pénalise in fine les entreprises aussi bien en termes de débouchés que de recrutement ; 4/ Le recours disproportionné à la dette a pour première cause la sous-imposition du capital et de ses détenteurs ; Bref, pour que l’État soit moins submergé financièrement par l’urgence sociale et puisse réorienter ses dépenses sur l’investissement, social, écologique, industriel, il faut que les entreprises en fasse plus en matière de distribution primaire du revenu. [...]

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00:00Matraquage fiscal et risque de sanctions par les marchés, c'est la grande peur qui entoure le programme du nouveau front populaire.
00:18Mais avant de se lancer dans l'examen des moyens et de leurs effets, interrogeons-nous sur le diagnostic et les fins qui sous-tendent ce compromis.
00:27Pour dire les choses sommairement, 1. La France est confrontée à une triple urgence sociale, écologique et industrielle qui exige de mobiliser des ressources financières pérennes.
00:392. Le marché et la finance sont révélés inefficaces en matière de réorientation industrielle et climatique de l'économie.
00:47C'est donc à l'État d'être le maître d'œuvre de ces transformations.
00:513. La sous-valorisation des salaires, en bas de l'échelle, démobilise le travail et pénalise in fine les entreprises, aussi bien en termes de débouchés que de recrutements.
01:024. Le recours disproportionné à la dette a pour première cause la sous-imposition du capital et de ses détenteurs.
01:10Bref, pour que l'État soit moins submergé financièrement par l'urgence sociale et puisse réorienter ses dépenses sur l'investissement social, écologique, industriel,
01:21il faut que les entreprises en fassent plus en matière de distribution primaire du revenu.
01:27Face à cela, quels sont les principaux leviers d'action proposés ?
01:32D'abord celui de la planification industrielle et écologique, avec plusieurs axes.
01:38L'indépendance stratégique sur les domaines des semi-conducteurs, des médicaments, des technologies de pointe, de la voiture électrique, des panneaux solaires.
01:47La structuration de filières françaises et européennes dans le renouvelable, de l'amont à l'aval, avec une priorité concernant l'éolien en mer.
01:56L'objectif de sortie du nucléaire de LFI est abandonné.
02:00Deuxième levier, l'investissement public, avec un gros plan de construction, logement social et isolation thermique notamment.
02:08Avec aussi un renforcement des capacités de la santé et de l'éducation par plus de postes, plus de rémunérations et moins de déserts administratifs.
02:18Troisième levier, réformer la finance et la gouvernance d'entreprise, par la création d'un pôle public bancaire,
02:26associant la Caisse des dépôts et consignations et la BPI, dédiée aux besoins sociaux et environnementaux,
02:33par zéro financement bancaire des énergies fossiles, par l'augmentation des réserves des banques pour faire face aux risques climatiques,
02:42par l'incorporation d'un tiers de salariés dans les conseils d'administration, par le conditionnement des aides aux entreprises au respect de critères environnementaux et sociaux.
02:52Quatrième levier, le plus médiatisé, booster l'offre de travail et la conso en revalorisant les bas revenus.
03:01Avec notamment une revalorisation de 14% du SMIC, une hausse de 10% du point de la fonction publique,
03:08l'alignement du minimum retraite dit contributif sur le SMIC, l'indexation des salaires sur l'inflation ou la suppression de la taxe Macron de 10% sur l'énergie.
03:20Et bien sûr, la retraite à 60 ans.
03:23La facture est très lourde pour l'État d'abord, avec un flou sur le chiffrage et le timing.
03:28Pour y répondre, la coalition revendique un financement par l'impôt, les majorations étant concentrées sur les plus hauts revenus et patrimoines.
03:38Progressivité accrue de l'IR au-dessus de 4 000 euros de revenus.
03:42Progressivité de la CSG.
03:44Rétablissement et élargissement de l'ISF.
03:48Cotisation sociale sur les dividendes, les rachats d'actions, l'épargne salariale, la participation.
03:55Deuxième cible, les grands groupes, avec une taxation des superprofits, IAA, grandes distributions notamment, et plus au plan européen.
04:04Enfin, quelques taxes écologiques résiduelles, notamment sur le kilométrage des produits importés.
04:10Côté entreprise, c'est d'abord un choc salarial, avant d'être fiscal, puisqu'il y a statu quo sur l'IS et les impôts sur la production.
04:19Elles doivent néanmoins compter avec une hausse graduelle des cotisations vieillesse et la taxation au moins partielle des heures supplémentaires.
04:28Conscient du risque de fragilisation des PME, le nouveau front ouvre la possibilité d'une modulation selon le type d'entreprise,
04:36d'une protection de la sous-traitance et d'un accompagnement financier des TPE-PME.
04:44Face à ce programme, toujours la même controverse historique.
04:47Soit la volonté initiale s'étiolera dans le jeu des compromis entre les 50 nuances du nouveau front,
04:54soit l'intention de rupture initiale viendra se désintégrer sur le mur de l'argent et de la compétitivité.
05:01Sans entrer dans ce débat trop rabâché, s'il fallait retenir une seule question, c'est celle-ci.
05:08Dans un contexte historiquement tendu des finances publiques, plus d'impôts fait-il plus de rentrées fiscales ?
05:14L'intention de financer le modèle français par de l'impôt équitable est louable.
05:19Mais augmenter la part des salariés rémunérés au SMIC, cela réduit le rendement des cotisations sociales quasi inexistantes à ce niveau de salaire.
05:29Augmenter la masse salariale, c'est diminuer les entrées d'IS.
05:33Taxer le capital, c'est taper sur l'assiette la plus volatile.
05:37Bref, miser sur 50 milliards de rentrées fiscales immédiates est héroïque.
05:43Et se louper sur ce pari, aujourd'hui et maintenant, une erreur qui ne pardonne pas.

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