ROCANCOURT, Le Film: Q&A du film par David Serero au Silencio des Pres (2024)
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00:00Moi j'aimerais savoir, déjà, donc Christophe Rancourt, je pense que c'est un personnage qui te plaît quand même.
00:05Alors en fait, moi ce qui m'a plu, c'était tous ces gens qui, en fait, ont eu un destin un petit peu hors du commun.
00:12C'est le cinquième film que je fais, à la base je faisais surtout de la scène, je produis des spectacles,
00:17et lui il y avait quelque chose de très théâtral dans ce qu'il faisait, son approche, sa psychologie,
00:23et ce parcours de vie absolument, complètement fou, à une époque, voilà, qui était aussi complètement folle.
00:32Et ce qui était très intéressant, c'était l'approche psychologique de ce personnage,
00:37puisque j'ai trouvé que tout ce qui avait été fait sur lui, c'était très à charge.
00:42Vous voyez, d'ailleurs il y avait un truc sur Canal qui avait été fait, qui s'appelle Un posture,
00:47déjà ça vous donne une idée du truc, et là vraiment, je trouvais que personne ne s'était intéressé à son ressenti,
00:54et c'était ça pour moi qui était important.
00:57Alors, je ne suis pas fasciné par du tout l'escroquerie ou la starification des voyous,
01:02vraiment, vraiment, pas du tout, mais par contre, je suis fasciné par le personnage.
01:08Si vous regardez Dark Vador de La Guerre des Etoiles, techniquement c'est quelqu'un qui commet un génocide,
01:13vous voyez ce que je veux dire, mais le personnage, il est fascinant.
01:16Et moi, ça devient le héros de mon film, vous voyez, et c'est ce que j'ai voulu montrer,
01:21et tel que son histoire est complètement folle, et surtout singulière et unique,
01:27il fallait faire un film avec une technique de cinématographie singulière, vous voyez,
01:33qui pouvait nous permettre de se plonger dans sa tête, dans son esprit,
01:38et moi qui pensais rencontrer Richard Roy, j'ai rencontré une sorte de Cyrano,
01:43qui au lieu d'avoir cette impendice nasale qu'il a voulu, comme le dit Edmond Rostand,
01:48être admirable dans tout, lui, il a voulu être admirable dans tout,
01:52sauf que son impendice nasale, lui, c'était sa condition sociale dans laquelle il a grandi.
01:57D'ailleurs, on dit dans le film, plus bas, il ne pouvait pas aller, on ne peut aller que vers le haut.
02:02Ça faisait 20 ans que je connaissais l'histoire de Christophe,
02:06parce que quand j'ai emménagé à New York, j'y vais entre New York et Paris,
02:10on s'en fout, mais je voulais quand même le dire,
02:13et en fait, ce reportage que vous avez vu de CNN, moi je l'ai vu quand je venais d'emménager à New York.
02:19Donc à l'époque, il n'y avait pas bien sûr les réseaux sociaux,
02:22donc quand on voit ce français qui s'est passé pour Rockefeller,
02:25pour un pilote de F1, pour un prince, pour je ne sais pas quoi,
02:29on était tous curieux qui est ce français qui arrive à défier le FBI, quand même.
02:34Parce que pour vous donner une idée, 98% des gens qui sont recherchés par le FBI sont arrêtés en moins de 48 heures.
02:41Lui, il a tenu deux ans, ça vous donne une idée de la puissance du mec.
02:45Donc bien sûr, au concours, j'étais fasciné par cette histoire française,
02:51et puis je pense qu'il y a parmi vous qui ont dû lire le livre qui a été marquant pour ma génération,
02:56le livre « Mes vies », et j'ai contacté son avocat,
02:59parce que si vous voulez contacter des gens, je vous dis qu'il faut passer par l'avocat, pas par l'agent.
03:03Vous passez par l'avocat, parce que l'avocat, il est dans l'obligation légale de faire passer l'offre à son client.
03:08Vous voyez ce que je veux dire ?
03:09Donc moi, qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai pris une consultation avec l'avocat.
03:12Je lui ai dit, voilà, je viens vous voir, en fait, j'ai aucun problème,
03:14je viens vous voir parce que j'aimerais faire un film sur Christophe Ranconco.
03:17Donc il a vu mon travail.
03:19Il faut savoir que ça faisait 20 ans qu'il y avait des producteurs qui voulaient faire le film.
03:23Il y a Thomas Langman qui avait déjà dépensé des millions.
03:26Il y a eu Phil Godot, qui n'a pas eu le produit des gros films,
03:32qui voulait, il y a eu même Martin Scorsese, Michael Mann.
03:34À un moment, le film ne s'est jamais fait.
03:36Donc quand on lui propose à Christophe un documentaire, il n'a pas envie.
03:41Et moi, je lui dis, je préfère faire un film avec Mozart que sur Mozart.
03:46Donc moi, ce qui m'intéressait, c'était de le faire parler,
03:49de faire parler ce personnage que je considère historique.
03:52Pardon, désolé, mais que je considère vraiment historique.
03:55Et donc, il en a parlé à Christophe, Christophe n'avait pas envie,
03:59Christophe n'avait pas envie, mais il a dit, je vais quand même le rencontrer,
04:01parce qu'il avait vu mon travail précédent.
04:04Et on s'est vus, tout de suite, ça s'est plu.
04:06Ils m'ont dit, mais tu sais, avant, ils ont voulu faire des films sur moi.
04:09Ils démarraient de Los Angeles ou ils ne restaient qu'en France, en Normandie,
04:13où ils ne parlaient pas de la suite, du retour, etc.
04:16Je lui ai dit, non, mais moi, votre histoire, elle est très simple.
04:19Je lui ai dit, votre histoire, c'est une histoire française avec un rythme américain.
04:22Il m'a dit, ben, tu as tout compris.
04:25Et là, tout de suite, j'ai dit, non seulement,
04:27on ne peut pas comprendre Christophe Rancourt,
04:29si on ne comprend pas ses parents, si on ne comprend pas l'enfance.
04:32Et on ne comprend pas Christophe Rancourt, parce que ça ouvre aussi un autre sujet,
04:35qui est celui de la rédemption.
04:37C'est pour ça que je démarre le film avec cette phrase,
04:39ne me jugez pas, les tribunaux s'en sont déjà chargés.
04:42Parce qu'aujourd'hui, on parle de la présomption d'innocence,
04:44je ne vais pas rentrer dans le débat, mais on parle de tout ça.
04:47Justement, moi, j'avais tendance, je faisais partie des gens qui disaient,
04:51faites attention, il a fait de la prison, méfiez-vous, il est en prison.
04:54Mais aujourd'hui, j'ai un regard un petit peu plus, je dirais, serein par rapport à ça.
04:59Et c'est ce que ce film m'a fait changer.
05:02Excuse-moi, j'ai dévié un peu de ta question, mon cher Geoffrey.
05:05Alors, je vois que tu aimes bouger comme ça.
05:08Alors, donc, on va bouger. Alors, dis-moi.
05:11Non, c'est vrai qu'à la fin, on sent la rédemption quand même.
05:14Et on sent aussi qu'il attend un peu la fin.
05:17Je le trouve un peu triste à la fin.
05:19Il a ses enfants qui sont très importants dans sa vie.
05:21Il a l'église et la religion.
05:23Et on sent qu'il attend.
05:25Mais est-ce que c'est vraiment ça, Christophe, encore aujourd'hui ?
05:27Ou est-ce qu'il a des projets ?
05:29Et c'est ça qui est extraordinaire, moi, qui viens du monde de la scène.
05:33C'est ça qui est extraordinaire dans le documentaire, finalement.
05:35C'est ce qui est le plus proche de la scène, finalement.
05:38Parce qu'on a des acteurs qui ne sont pas des acteurs.
05:41On ne peut pas faire une deuxième prise du cimetière.
05:44Et ce qu'il raconte, donc, il avait ses livres qui étaient connus.
05:48Mais ses livres, il les écrit quand il est encore en prison.
05:51Il me le dit. Il me dit qu'il y a des choses que je ne pouvais pas dire.
05:53Parce que j'avais peur qu'il n'y ait pas de prescription.
05:55J'avais peur qu'il vienne me rechercher pour autre chose.
05:57Je lui dis d'ailleurs, dans le film, c'était rigolo, je trouve.
05:59Mais ce qui était intéressant, c'était que là, il est libre de tout.
06:03Donc, il a pu raconter l'histoire, l'histoire de M. Wang.
06:06D'abord, tout ce qui est dans le film est entièrement vérifié.
06:09Il n'y a pas un truc qui est faux.
06:11Il n'y a pas un truc qui est exagéré.
06:13Ce qui est important dans un film, c'est ce qu'on appelle les...
06:18Vraiment, les moments, les turning points.
06:21Vous avez une histoire et boum, il y a un turning point.
06:23Vous avez le type qui marche dans la rue, il sort de chez lui, il va à la librairie,
06:27il dit bonjour aux gens, il voit des passants, il rentre dans la boulangerie,
06:31il commande un pain au chocolat.
06:33Là, il y a un type qui rentre, j'invente n'importe quoi,
06:35qui rentre avec un flingue et qui lui dit, tiens la valise, il y a des informations secrètes.
06:39Et là, boum, il y a des types qui arrivent et qui commencent à mitrailler la boulangerie
06:42et il doit se sauver par derrière et là, ça commence.
06:45Le turning point, c'est quand le type vient le voir avec la valise et le flingue
06:51et lui dit, sauve-toi, il y a des informations sensibles dans ça.
06:55Autrement dit, tout ce qui est avant n'est pas intéressant dans l'histoire.
06:58Moi, ce qui m'intéresse, c'est par exemple cette scène-là,
07:01je la démarre au moment où il rentre dans la boulangerie.
07:05J'ai inventé un petit peu, mais c'est ça l'idée.
07:09Oui, monsieur, allez-y. J'ai eu peur qu'il y en ait pas un seul.
07:12Déjà, avant la question, en tout cas, moi, j'ai adoré votre film.
07:15Merci. Merci, papa. Merci beaucoup.
07:18C'est mon père. Non, je plaisante, ça. Pardon, je plaisante.
07:21Vous alliez me cacher, en plus.
07:23En fait, ce que je me demandais, c'est quand vous avez fait ça avec lui,
07:28on imagine Christophe, ça doit être quelqu'un, grosse personnalité,
07:31il n'y avait pas des débats en mode, peut-être qu'il vous disait,
07:34moi, je voudrais faire le truc comme ça, ou il s'est mis en mode acteur,
07:38il a juste suivi vos instructions.
07:40C'est une excellente question. Alors, contrairement à d'autres films
07:43que j'ai faits avant, lui, c'est pas du tout un artiste.
07:47Donc, il s'en fout royalement de son image.
07:50Quand vous avez l'image, vous avez cette image péjorative,
07:53l'escroc des stars, alors qu'il n'y a aucune star qui a été escroquée.
07:56On le montre dans le film, d'ailleurs.
07:58C'est la première fois que son quasi judiciaire est sorti.
08:00Je ne dis pas qu'il a escroqué personne dans la vie, mais des stars, jamais.
08:03Donc, ce qui se passe par rapport à ça, c'est que non, il m'a jamais dit,
08:08ça, je ne veux pas qu'on en parle, ça, je ne veux pas qu'on en parle,
08:11ça, je ne veux pas ci, je ne veux pas ça.
08:13Il a été ouvert à toutes les questions, et en même temps,
08:17j'avais cette approche où je savais, et en même temps, je ne savais pas.
08:21C'est-à-dire que je voulais que, dans le public,
08:23les gens découvrent son histoire et soient amenés jusqu'au bout.
08:28C'est pour ça que ce plan qui est extraordinaire,
08:30quand il est tout seul dans l'église et qu'il marche tout seul,
08:33on se dit, mais ce type-là, tout ce qu'il a vécu,
08:35si ça n'avait pas été archivé, s'il n'y avait pas eu CNN,
08:38s'il n'y avait pas eu, parce qu'il n'y a pas les paparazzis,
08:42il n'y a que deux archives de lui, attention,
08:44il n'y a que les CNN et le paparazzi, il n'y a rien d'autre avant.
08:49Donc, il a fallu faire toutes ces reconstructions,
08:52et en même temps, sa vie, elle était à 100 heures,
08:54il fallait que ce soit un film au montage qui aille à 100 heures,
08:58mais non, il ne m'a jamais dit ça, non, ça, non, ça, non.
09:02Mais en même temps, quand vous faites un documentaire,
09:04il n'y a pas de scénario, parce que si vous faites un scénario,
09:08si vous dites, je veux le film comme ça, comme ça, comme ça,
09:11d'ailleurs, on a eu cette conversation, je dis, si je fais comme ça,
09:14ton film, il va ressembler à celui que j'ai fait avant
09:17et un autre qui a déjà été fait, c'est comme un boxeur, si vous voulez,
09:21d'ailleurs, la façon dont je l'ai filmé, c'est un peu comme un boxeur
09:24qui avait toujours sa garde, et moi, j'allais chercher la caméra
09:27un peu comme ça, j'allais chercher le regard, un petit peu, voyez,
09:31ici, ses yeux, là, voyez, donc j'allais chercher un petit peu ça,
09:34c'est moi qui avais la caméra qui le suivait, mais d'ailleurs,
09:39beaucoup de scènes ont été tournées avec le iPhone,
09:42et je n'ai pas honte de le dire, parce que quand vous arrivez
09:45avec la caméra, les gens, surtout les hommes et les femmes,
09:49les deux, dès qu'ils voient une caméra, ils commencent à essayer
09:52d'être, oui, mais tu comprends, mais ils essayent de jouer,
09:58c'est-à-dire que quand il y a le portable, ils oublient,
10:01donc quand j'étais à l'église avec lui, j'ai le portable comme ça,
10:06et je lui parle, et voilà, et il oublie qu'il y a cette caméra,
10:12il oublie parce qu'il a cette attitude de la prison,
10:15où si vous montrez un peu de faiblesse, un peu d'émotion, c'est terminé,
10:19le documentaire, le scénario s'écrit au fur et à mesure
10:22de la conversation, voyez, moi, c'est ce qui me plaît,
10:25c'est comme je vous donnais l'exemple du boxeur,
10:27c'est qu'on ne sait pas, on doit être préparé,
10:30mais si vous dites, voilà, quand il arrive, je vais faire ça,
10:33je vais faire ça, je vais faire ça, je vais faire ça, c'est fini,
10:36lui, il sait, le gars en face de vous, il vous a étudié,
10:39il a déjà dit coup d'avance, voyez, donc l'idée, c'est aussi
10:42de surprendre le public et d'aller, au début, c'est pour ça que je démarre
10:46toujours mon film par qui êtes-vous, et c'est une question que quand,
10:50je ne sais pas la poser, j'ai pris l'exemple de Mozart,
10:52mais imaginez un Mozart, de dire, qu'est-ce qui se passe dans ta tête
10:55quand tu écris, c'est pour ça que ça m'intéressait de savoir,
10:57quand il est avec M. Huang, qu'est-ce qui se passe dans votre tête,
11:00comment vous préparez tout ça, donc il n'est pas seulement l'acteur,
11:03il est le scénariste, il planque le décor, et en même temps,
11:06je trouve qu'il vous apprend sur vous-même, voyez,
11:09parce qu'il s'en rend compte quand il a 17 usitants qu'il est militaire,
11:14que personne ne le calcule, voyez, qu'il est dans des bases militaires,
11:17que tout le monde s'en fout, mais il ajoute deux recours,
11:21parce que deux recours, des gens lui donnent les clés de leur château,
11:25des familles lui disent, mais nous connaissons la famille Rocancourt,
11:29cette grande famille, et lui, il pense à son père,
11:33qui est dans la caravane, il va au café de flore,
11:36au Demago juste à côté, c'est là-bas qu'il arrive à Paris,
11:39il commande un café, il prend un livre, la Nietzsche,
11:42et Voltaire, par exemple, il l'ouvre comme ça,
11:45il lit deux phrases, il repose, il parle à des gens,
11:48il dit, vous savez, comme dit Voltaire,
11:51il vaut mieux ne pas tata que tatata, et les gens,
11:54mais quelle culture vous avez, oui, oui, oui,
11:57donc ça nous apprend, bosser sur vous-même, voilà.
12:01Est-ce que vous avez beaucoup parlé envers la caméra avec lui ?
12:05Alors, énormément parlé avec lui, d'ailleurs, je planquais très souvent
12:08la caméra avec lui, c'est une très bonne question,
12:11par exemple, vous voyez, quand on est à table et qu'il dit,
12:14s'il y a une chose que j'ai bien réussie dans la vie, c'est bien celle-là,
12:17vous voyez, et là, c'est pareil, donc j'avais la caméra qui était planquée là,
12:20et qui enregistrait, c'est pareil avec sa fille,
12:23sa fille, elle ne voulait pas du tout faire le truc, je lui dis,
12:26non, non, mais c'est pas un tribunal,
12:29c'est, on va déjeuner ensemble, donc on a déjeuné ensemble,
12:32on mangeait, tatata, j'ai laissé les caméras tourner,
12:35ça va, les cours ? Oui, oui, alors, votre père, comment,
12:38qu'est-ce que vous... vous voyez, donc c'était
12:41vraiment une caméra passive, vous voyez,
12:44c'est pour ça que l'action, elle est, quand lui, il n'y est pas,
12:47mais il a une telle empreinte quand il raconte son histoire,
12:50d'ailleurs, quand on avait fait les reconstructions,
12:53il y avait un acteur qui lui ressemblait un petit peu, il n'y a personne qui le ressemblera,
12:56mais il y avait un type qui lui ressemblait un petit peu, et même au montage,
12:59j'ai fini par couper sa tête, parce que
13:02si on voyait quelqu'un d'autre, on perdait
13:05que c'était Rocancourt qui parlait, parce que dès qu'il commence à
13:08parler, à raconter son histoire, il vous plonge
13:11dans l'histoire, parce qu'il a, c'est ça,
13:14l'intérêt du jeu, J-E, vous voyez, de la première
13:17personne, du jeu, pas il a fait, vous voyez,
13:20et quand vous avez le jeu qui vous raconte l'histoire,
13:23tout de suite, c'est du... c'est ça qui est extraordinaire,
13:26donc je l'ai beaucoup filmé en off, mais en même temps,
13:29j'ai pas trop voulu qu'il me raconte l'histoire en amont,
13:32vous voyez, j'ai dit, je vais garder la fraîcheur, vous voyez, et pareil,
13:35quand il vous la raconte, même moi, quand j'étais dans le montage,
13:38au début, le film, je voulais l'appeler Le Caméléon, parce que c'était
13:41ce changement d'identité qui m'intéressait, et puis finalement,
13:44je me rends compte, j'ai fait un film sur l'enfance, et c'est vraiment
13:47pour ça, à la fin, les phrases à tous les enfants de France, c'est moi
13:50qui l'écris, parce que pour moi, c'est un film sur l'enfance,
13:53voilà, parce que, et voilà, peut-être ça peut nous faire
13:56réfléchir sur ces enfants,
13:59mais il a le courage, petite parenthèse, il a le courage
14:02quand même de ne pas prendre,
14:05je dirais, avantages sur son enfance,
14:08il le dit, il le dit, elle peut permettre de comprendre,
14:11mais elle ne donne pas l'excuse, mon parcours de voyou,
14:14je l'ai fait, je l'ai choisi, et il le dit,
14:17après, il n'y a aucune fierté, et au contraire, ce film,
14:20on a montré le film dans des MJC, dans des maisons de jeunes,
14:23etc., c'était aussi pour montrer à des jeunes,
14:26voilà, attention, ne faites pas ça, et comme quoi,
14:29le père, lui aussi, c'est un bon père, puisque voilà, il fait
14:32des nuits blanches quand sa fille, elle n'a pas des bonnes notes,
14:35il veut que sa fille réussisse, voyez, alors qu'on aurait pu
14:38croire le contraire, voilà.
14:41Combien de temps ça vous a pris du début à la fin
14:44pour la rencontre avec Louis ?
14:47Alors, très simplement, on s'est rencontrés en août 2023,
14:50Louis m'a dit, chaque fois que j'ai eu des offres
14:53de films, ça traînait un an, deux ans, et ça ne se faisait plus,
14:56etc., je lui ai dit, moi, c'est très simple,
14:59je t'envoie le contrat,
15:02le moment où tu signes le contrat,
15:05peu importe le jour, le lundi qui suit, je tourne.
15:08Donc, j'ai envoyé le contrat un dimanche,
15:11il a signé un mercredi, on a tourné le lundi,
15:14fin août 2023, je crois,
15:17et après, je suis rentré à New York,
15:20j'ai tourné des trucs, on voit à New York,
15:23dans les Upstate New York, où il n'y a pas de maison,
15:26il n'y a rien, parce que ce n'est pas facile,
15:29mine de rien, les années 90, aujourd'hui, avec tout ce qu'on voit
15:32de l'époque actuelle, de se mettre dans les années 90,
15:35donc, on a tourné tout ça, et on a encore retourné,
15:38je crois, le dernier moment, c'était en février 2024,
15:41mais j'ai démarré
15:44le montage vers novembre,
15:47et je vous dis honnêtement, il y a eu la première du film
15:50le 3 avril, j'ai fait nuit blanche
15:53sur nuit blanche, jusqu'au matin, où je n'ai pas dormi,
15:56à 11h30 du matin, j'ai lancé l'export
15:59du film, et il a été exporté,
16:02et après, on a converti en DCP, donc les formats
16:05pour le cinéma, et le DCP a été fait
16:08à 19h48, et la séance
16:11était à 20h, donc on était vraiment,
16:14donc là, c'est depuis le mois d'avril, il y a eu plein de séances,
16:17il a été montré, donc j'ai pu corriger des petits trucs et tout,
16:20c'était très très intense, parce que j'ai voulu prendre
16:23tout le monde de vitesse, parce que j'ai entendu qu'il y avait un autre film
16:26qui devait être fait, etc., donc j'ai dit, je vais accélérer, je vais prendre tout le monde
16:29de vitesse, et boum, vous voyez,
16:32la bande annonce, tout, on a eu la série La Luna,
16:35on a fait un carton d'audience, on a eu 4 pages dans le Figaro,
16:38donc on a pris vraiment tout le monde
16:41à court, et je me suis fait planter par mon
16:44distributeur, qui me plante un mois avant la sortie
16:47du film, et là, j'ai fait un truc, comme d'habitude,
16:50c'est quand vous êtes en bague, vous voulez monter tout en haut, et j'ai pris
16:53toutes les salles de cinéma de France, que j'ai
16:56répertoriées par régions, et par endroits très bien,
16:59Alsace, Aquitaine, etc., et j'ai appelé une par rue,
17:02je faisais 2-3 régions par jour, quand même,
17:05et j'ai appelé, je disais, voilà, s'il vous plaît, prenez le film,
17:08même une séance, même deux, je viens, j'en pars, etc.,
17:11et le film a été programmé dans plein de salles, il a très bien marché,
17:14et puis Cannes est arrivé au même moment, et puis là, sur
17:17juin, pas tous les jours, mais pratiquement tous les jours, il y a eu
17:20une première dans un nouveau cinéma, il est sorti en Suisse,
17:23il sort en Belgique, à la fin du mois, le 29,
17:26et en septembre, il sort en Grand, aux Etats-Unis,
17:29ce qui est quand même incroyable, avec tout ce qu'il y a eu,
17:32donc, voilà.
17:34C'est particulier, presque chorégraphié, Christophe,
17:37en cours, revient un peu des moments
17:40particuliers, comme par exemple le moment où il se fait arrêter, comment
17:43sont déroulées ces scènes, est-ce que ça a été vraiment chorégraphié ?
17:46Quand il lève les mains, comme ça ?
17:49Non, je lui ai tout simplement dit, dis-moi, quand ils sont arrivés,
17:52les flics, ils l'ont pris en sandwich, c'est que
17:55ils étaient à un tournant, à un rond-point, ils avaient
17:58trouvé l'hôtel où est-ce qu'il était au Canada,
18:01les services de renseignement
18:04canadiens, ils ont trouvé où est-ce qu'il était,
18:07ils vont pour aller le chercher, pour aller
18:10le cueillir à l'hôtel, et Christophe lui avait quitté l'hôtel, en voiture,
18:13il se retrouve comme ça à un rond-point,
18:16et le SWAT team qui le voit, il dit,
18:19c'est lui, ils appellent dans les dockies, c'est lui, et ils font encore un tour de rond-point,
18:22et ils l'ont bloqué sur le rond-point.
18:25J'ai trouvé l'idée de la course-poursuite plus puissante, mais il y a eu après
18:28la course-poursuite, puisqu'après, ils l'ont suivie,
18:31mais il y avait ces plans en drone, comme ça,
18:34pour moi, c'est super à faire, mais non,
18:37ça n'a pas été chorégraphié, je lui ai dit, quand ils sont arrivés, comment t'as fait ?
18:40Il m'a dit, non, aux Etats-Unis, il faut faire comme ça,
18:43il faut tourner, il faut abaisser les bras, voilà.
18:46Ils ont une façon, les deux mains en l'air,
18:49on se tourne, etc. C'est pas vraiment chorégraphié, je lui ai juste demandé
18:52de le faire.
18:55C'est vous qui pouvez porter
18:58ce film là où il mérite
19:01d'aller, puisque c'est l'histoire française.
19:04Merci !