Les Grandes Questions du Sport - Bénévolat sportif

  • il y a 2 mois
Ce mois-ci, Patrick Chêne met en lumière le bénévolat sportif avec ses invités. Véritable épine dorsale du mouvement sportif en France et dans le monde, le bénévolat est un catalyseur qu'il convient de mieux soutenir et développer. Pour en parler, Bénédicte HALBA (docteure en sciences économiques et membre du Think Tank Sport et Citoyenneté), Zélie AMARD (élue au vureau de la FF Volley), Henri-Claude LAMBERT (préparateur mental bénévole Paris Jean-Bouin Hockey), Jean-Paul AUGER (ex-président du comité de Seine-Saint-Denis FF Rando), François MIGAYROU (Co-président Aqualove sauvetage) et Marie-Hélène RUMEN (bénévole à l'US Avignon Pontet Basket).

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Sports
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00:00Merci d'être avec nous sur SPORTS EN FRANCE, les grandes questions du sport, notre rendez-vous
00:17régulier, on vous prend son temps, c'est rare à la télévision maintenant, 52 minutes
00:20pour traiter d'un sujet, alors je ne vous cache pas que pour trouver les invités ça
00:24a été assez facile cette fois-ci, parce qu'il y avait 3 500 000 invités potentiels,
00:31alors c'est un peu plus compliqué quand on traite du dopage ou de la violence dans
00:33le sport, là on traite du bénévolat et je suis ravi parce que c'est un sujet, j'allais
00:38dire feel good pardon, c'est un sujet positif et c'est vrai que dans les grandes questions
00:41du sport on traite souvent de sujets beaucoup plus compliqués, beaucoup plus difficiles
00:45où on marche sur des oeufs si j'ose dire, là c'est du bonheur, rien que du bonheur,
00:49on va mettre en avant ceux et celles grâce à qui le sport français existe et vit bien,
00:55car s'il n'y avait pas ces 3 500 000 bénévoles, le sport français serait en panne, alors
01:01je ne sais pas si c'est aussi actif, aussi vivace dans les autres pays, on en parlera
01:05peut-être, mais en tout cas en France, je peux en témoigner, le sport français vit
01:11et vit bien grâce à ses bénévoles, donc on va non seulement les mettre en valeur
01:15mais essayer de comprendre ce phénomène en France et de l'analyser, pour cela j'ai
01:19le plaisir d'accueillir Bénédicte Talbat, bonjour Bénédicte, vous êtes docteure en
01:22sciences économiques, membre du Think Tank Sport et Citoyenneté et on va essayer de
01:26prendre un peu de recul avec vous et de comprendre ce phénomène de bénévolat, mais il fallait
01:30évidemment des acteurs du bénévolat, j'ai à ma droite Zélie Amard qui est bénévole,
01:35qui est élue à la Fédération Française de Volets et qui était présidente de Saint-Cloud-Paris
01:39Stade Français il y a quelques temps, mais bénévole toujours avec une grosse activité
01:45dans le volet, ensuite je reçois Henri-Claude Lambert, vous êtes bénévole également,
01:50vous êtes préparateur mental de Paris-Jean-Bouin Hockey, donc vous m'expliquerez tout ça,
01:56comment on devient préparateur mental sans être salarié mais parce qu'on vient donner
01:59du temps au sport et à son club préféré, et puis enfin un sport dont on parle de temps
02:05en temps heureusement sur Sport en France, peut-être pas beaucoup ailleurs, c'est la
02:08rando, Jean-Paul Auger vous êtes ex-président du comité de Seine-Saint-Denis de randonnée,
02:15et vous êtes encore très impliqué dans la vie associative de votre département et
02:18de votre comité, on en parlera. Et puis en duplex, parce qu'il fallait aller sur le
02:22terrain en région comme on dit, on va parler dans quelques instants, notamment lors de
02:27la deuxième partie avec Marie-Hélène Rumen, US Avignon Pontet Basket, l'USAP, Marie-Hélène
02:34vous avez une passion dévorante pour le basket et surtout pour le bénévolat, on va dire
02:39tout ce que vous faites dans ce club, et pour être transparent avec les spectateurs je
02:42dirais que ce club je le connais bien, puisque j'ai l'honneur d'en être le président
02:46à Avignon, l'USAP Basket qui évolue en ce moment en Nationale 2, en Nationale 1 l'an
02:51passé, en Nationale 2 cette année. Et puis pour terminer notre tour de table, François
02:56Miguero est avec nous, vous êtes président de l'Aqualoft Sauvetage Montpellier, vous
03:00êtes en direct de Palavas, et on parlera donc, vous allez nous amener un peu de soleil
03:04vous deux, d'Avignon et de Palavas, en cette journée Mossade à Paris, et on parlera également
03:09de votre action de bénévolat au sein de l'Aqualoft Sauvetage de Montpellier. Alors,
03:16je le disais, Bénédicte Talbat on va vous donner plus volontiers la parole dans cette
03:19première partie, car avant de parler du terrain, on va essayer de comprendre ce socle de la
03:24pratique sportive, donc les bénévoles, l'épine dorsale du mouvement sportif, et du sport
03:30en général. Alors, est-ce qu'on peut faire une petite précision d'abord, pour différencier
03:37le bénévolat et le volontariat, c'est pas tout à fait la même chose ? Absolument,
03:41c'est la première définition effectivement qu'il faut bien préciser. Vous disiez que
03:45j'étais, effectivement je représente aujourd'hui le Think Tank Sport et Citoyenneté, mais
03:50en fait ça fait 30 ans que je travaille sur le bénévolat sportif, puisque j'avais été
03:53chargée de mission au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports, et le premier
03:57groupe de travail sur le bénévolat sportif avait été créé au sein du Conseil de l'Europe
04:01à Strasbourg, pour lequel le ministère avait été après missionné pour faire un rapport
04:06sur les enjeux économiques du sport en Europe, dans 12 pays européens, et donc il y avait
04:10un groupe de travail qui était né sur le bénévolat sportif.
04:12C'est bien que vous le précisiez, parce que j'allais dire à un moment dans l'émission
04:15que les politiques ne s'emparent pas beaucoup de ce sujet-là.
04:17Ah si, si.
04:18Vous me comptronisez, j'adore ça.
04:19Donc en fait en 92, et en fait à l'issue de ce rapport sur les enjeux économiques
04:25du sport en Europe, il y avait tout un aspect justement sur le bénévolat sportif, et moi
04:29j'ai soutenu un doctorat d'économie sur le sport, le premier en France et même en
04:33Europe, et il y avait un chapitre de ma thèse qui était dédié justement au bénévolat
04:37dans le sport, comme apport non pas financier mais économique au sport, et j'ai créé
04:41dans la foulée après, donc l'étude est parue à la documentation française, et j'ai créé
04:45dans la foulée un institut sur le bénévolat et le volontariat en 97.
04:49Mais je reconnais que le Think Tank Sport et Soutenir, c'est un excellent, à la fois
04:54pour le soft power, parce que pour dire justement, c'est bien de savoir, mais il faut faire
04:58savoir, et le Think Tank Sport et Soutenir est parfait.
05:01Bénévolat, volontariat.
05:02Alors bénévolat et volontariat, donc il y a cinq thématiques, cinq caractéristiques
05:07qui sont communes.
05:08On est libre, on n'est pas obligé de faire ni du bénévolat ni du volontariat.
05:12Le désintéressement, alors un petit bémol parce que c'est totalement gratifiant pour
05:17le bénévolat et le volontariat, ça autorise une indemnité mais qui n'est pas, qui est
05:21juste un dénommagement parce que ça a plein temps.
05:23La troisième chose c'est qu'en général c'est au sein d'une structure, et c'est
05:27pour les autres, l'altruisme bien sûr, donc c'est la gratuité, le désintéressement
05:30et l'altruisme pour un autre qui est différent de sa famille, de ses amis, c'est-à-dire
05:34qu'on peut commencer à être dans un sport, par exemple, on encade la pratique parce
05:40que vos enfants sont pratiquants.
05:41– C'est souvent comme ça que les bénévoles arrivent dans les clubs via leurs enfants
05:44qui pratiquent.
05:45– C'est exactement ça, donc on est pratiquant et après on encade la pratique parce qu'il
05:48y a ses enfants, mais il n'y a pas que ses enfants, donc on s'adresse à un groupe
05:51plus large, et donc ça c'est la troisième caractéristique.
05:54La quatrième caractéristique c'est pour l'intérêt général, donc on ne sert pas
05:57à des intérêts particuliers, les associations et les pouvoirs publics partagent cet intérêt
06:02général, et la cinquième caractéristique c'est en général au sein d'une structure
06:07non-profit, et donc c'est-à-dire non-nucléative, et qui est l'association et le lieu privilégié
06:13mais il y a plein d'autres lieux.
06:14– Alors il y a un faux ami en anglais, quand on va en Angleterre, notamment pour les Jeux
06:18Olympiques, on entend parler des volonteers, les volonteers en fait ça veut dire bénévole,
06:22ça ne veut pas dire volontaire.
06:23– Non, si si, il y a les deux, en fait il y a les deux, il y a aussi les volontaires.
06:25– Oui mais le volontaire peut être bénévole.
06:27Est-ce que vous trouvez que le cadre du bénévole est assez strict, est assez défini ?
06:33Est-ce que ça ne mériterait pas d'aller un peu plus loin et vraiment de définir ce
06:36cadre, ne serait-ce que pour les bénévoles à qui on va donner la parole tout à l'heure,
06:41je ne pense pas qu'un jour ils aient reçu, quelles sont leurs garanties, ils ont quand
06:44même des droits, ils ont quand même…
06:46– Quand on est bénévole en général, quand on commence un bénévolat dans une association,
06:50normalement on doit vous remettre les statuts de l'association, on doit vous dire justement
06:54quelle est votre mission, et il y a un accompagnement normalement, il y a parfois une formation
06:58qui est proposée, donc tout dépend effectivement de la structure dans laquelle vous êtes et
07:01qui est suffisamment structurée.
07:03Mais effectivement, toute la discussion sur le statut du bénévole ou bien du bénévole
07:10élu peut être abordée, d'autant plus qu'on a eu cette conversation, en fait le bénévole
07:16élu, on cherche de plus en plus de président, de trésorier, secrétaire général, parce
07:20que c'est un petit peu fastidieux, effectivement on a une responsabilité en plus juridique,
07:24et là ça pourrait effectivement jouer, pour le cadre dont vous parlez, mais en revanche
07:29pour les bénévoles opérationnels sur le terrain, ils ne demandent absolument pas ce
07:32qu'est un statut, ils disent c'est basé sur la liberté, si en plus je dois commencer
07:37à remplir toute une presse, etc. ça ne va pas.
07:39En revanche, moi j'ai travaillé sur la valorisation d'une expérience bénévole,
07:42et ça c'est extrêmement important, parce que l'expérience que vous avez en tant
07:45que bénévole doit être reconnue et valorisée, et par exemple sur le marché du travail,
07:49ou bien pour accéder à un diplôme, ou bien pour toute autre activité sociale que
07:54vous faites.
07:55Quelques chiffres, le bénévolat sportif en France, c'est 175 000 associations sportives
07:59qui regroupent 3,5 millions, je vous le disais, de bénévoles sportifs en France, c'est
08:05une source CNOSF de 2020, donc récente vous le voyez, au niveau européen on est à 35
08:10millions de citoyens qui consacrent une partie de leur temps et de leurs ressources en tant
08:15que bénévoles sportifs, est-ce que c'est chiffré ça ?
08:18Oui absolument, et on a commencé à chiffrer régulièrement le bénévolat de manière
08:21générale, au début des années 90 il y avait une grande enquête internationale qui avait
08:26été lancée par l'université John Hopkins à Baltimore, à laquelle a participé justement
08:30la France, et au sein de l'université de Paris 1 il y avait le laboratoire d'économie
08:33sociale qui a commencé à chiffrer systématiquement justement les bénévoles de manière générale
08:38et les bénévoles sportifs en particulier, et donc ça c'était pendant une dizaine
08:43d'années, et en 2001 lors de l'année, enfin depuis les 100 ans de la loi de 1901
08:51en France, on a pu justement donner des chiffres justement sur le bénévolat de manière générale
08:56et sportif en particulier.
08:57On va noter qu'il y a des bénévoles dans d'autres secteurs mais que le sport est le
09:00plus grand vecteur pourvoyeur donc d'activités bénévoles en Europe.
09:05Absolument oui.
09:06Une citation, Hélène Simpson, administratrice, je vais y arriver, de Volunteering England
09:12qui a dit, j'aime beaucoup cette phrase, les gens sont désireux d'investir et de
09:16s'investir dans quelque chose qui ait du sens car tout ne s'achète pas.
09:20Est-ce que c'est pas ça, vous pouvez peut-être maintenant entrer dans le débat, est-ce que
09:24c'est pas ça le fond de tout ça finalement, de se dire dans une société consumériste,
09:29capitaliste ou autre, on va pas faire de politique, est-ce que finalement ce bénévolat ne va
09:33pas permettre de renouer du sens à ce qu'on fait ?
09:35Aujourd'hui, pour avoir envie d'aller dans une association et donner un petit peu de
09:44temps, effectivement, il faut arrêter de penser à l'argent et il faut penser à soi,
09:49à soi-même, est-ce qu'on va pouvoir y gagner personnellement sur des compétences ? Quand
09:55je me retrouve avec un groupe d'enfants par exemple à coacher le week-end, quelles sont
10:00les compétences que je vais pouvoir ressortir de ça ?
10:03Donc ça c'est un peu une valorisation personnelle et puis après il faut penser aussi aux autres
10:09et qu'est-ce que je vais pouvoir leur apporter, c'est reprendre dans les valeurs l'altruisme
10:15et travailler pour les autres.
10:17Zéli Amar, il y a une chose que je retiendrais, c'est que vous avez commencé par la valorisation
10:21personnelle et je trouve ça très sain, parce que le bénévolat c'est pas seulement donner
10:25évidemment de l'altruisme aux autres, mais s'il n'y a pas un échange, si on ne...
10:30Moi je dis souvent dans le bénévolat, dans le club dont je parlais tout à l'heure, je
10:33disais toujours notre salaire ce sont les émotions, notre salaire ce sont les rencontres,
10:37ce sont les victoires, les défaites, tout ça fait partie de... c'est notre salaire
10:41en fait, on n'est pas si bénévole que ça, on est bénévole au niveau financier, mais
10:45on reçoit beaucoup, vous le ressentez quand vous allez poser vos plots dans les circuits
10:48de randonnée non ?
10:49Oui mais le bénévolat finalement effectivement c'est partager, c'est aussi apprendre à
10:59se mettre en valeur, bien souvent on ne se rend pas compte de ce qu'on est capable de
11:04faire et à travers la vie associative et le bénévolat on se découvre et on se projette
11:10vers l'avenir.
11:11Très bien.
11:12Le discours bénévole aurait été de dire oui on est là pour donner, pour donner, j'aime
11:14beaucoup cette approche que... bah oui et donnant, donnant, c'est la même chose pour
11:18vous je pense ?
11:19Alors c'est la même chose bien sûr, tout à l'heure on disait qu'est-ce qui fait que
11:22les gens s'engagent dans un bénévolat et notamment un bénévolat sportif, et bien
11:27c'est à partir du moment où on a effectivement la vision claire de là où on veut arriver.
11:32Par exemple dans un club comme le hockey sur gazon au Paris-Jambon dont je fais partie,
11:38on est à peu près 500 membres, on est devenu l'un des plus grands clubs de France, il
11:41y a un vrai projet et quelque part on nourrit l'ambition de fournir aux Jeux Olympiques
11:45de Los Angeles plusieurs jeunes qui sont aujourd'hui en train de s'entraîner chez nous.
11:49À partir du moment où on partage ça avec des parents, et bien même s'ils n'ont jamais
11:53touché une crosse de hockey sur gazon de leur vie ou même jamais couru, et bien ça
11:57devient automatiquement un but important.
12:00D'autre part, on a eu l'occasion également au Paris-Jambon d'accueillir des mamans ukrainiennes
12:08réfugiées au début de la guerre qui se retrouvaient à Paris, on leur donnait du
12:13travail, un logement, et on est allé les voir en leur disant vous ne voudriez pas faire
12:18du sport ? Et donc quand on a fait un appel à bénévoles pour réussir à trouver des
12:23gens, pour les encadrer, être des profs de gymnastique ou même de sport simplement,
12:28on a eu une pléthore de volontaires parce que ça faisait un sens extrêmement particulier.
12:34François Migueroux à Panavas voulait intervenir aussi sur ce sujet.
12:38Bonjour François, rebonjour.
12:39Pour répondre à ce qui vient d'être dit, en rapport avec le phénomène économique
12:44et la question du marché du travail, le vote hier à l'Assemblée nationale d'une
12:53évolution de l'emperdrement des règles de l'indemnisation au chômage, le fonds
12:57que le ministère a délégué à la formation professionnelle va modifier les éléments
13:07de validation des acquis d'expérience qui aujourd'hui sont trop peu utilisés parce
13:11qu'ils sont trop lourds, trop formels et trop longs à mettre en œuvre.
13:15Et en parallèle, le secrétariat d'État à l'économie sociale et solidaire et à
13:22la vie associative prévoit également de faciliter grandement la valorisation et la
13:30validation des acquis de l'expérience pour les bénévoles en association parce que ce
13:35que vous étiez dit déjà sur le plateau, ceux qui découvrent être capables de faire
13:40peut avoir une valeur professionnelle et peut participer à la valorisation de leur
13:44propre parcours professionnel grâce à cette validation des acquis de l'expérience de
13:50bénévole en association, ça c'est la première chose sur le cadre général.
13:53Donc bien sûr, je ne suis pas le porte-parole des ministères, c'est simplement qu'il
13:57se trouve que je suis mandataire dans le domaine de l'emploi et que je suis cette actualité
14:01de manière très proche.
14:02Et pour refaire le lien avec l'économie qui est le domaine de mon métier, ça vient
14:08d'être évoqué sur la question de l'altruisme et sans vouloir prétendre jouer au philosophe,
14:12est-ce que l'altruisme n'est pas d'abord un égoïsme puisque les neurosciences montrent,
14:17c'est ce qui est mesuré en psychologie comportementale, c'est que ce que vous disiez
14:26tout à l'heure également sur le plateau, les émotions que l'on retire font qu'on
14:31trouve d'abord davantage de satisfaction en soi-même d'avoir donné parce qu'on a
14:35été bénévole et qu'effectivement on ne cherche pas une contrepartie financière
14:39ou monétaire, mais que l'engagement en bénévolat est une valorisation de soi-même
14:43et donc une augmentation de sa confiance en soi, de sa propre estime.
14:48Et en ce sens, on pourrait se poser la question paradoxale, est-ce que l'altruisme n'est
14:52pas un égoïsme dans la mesure où je cherche aussi en m'impliquant à me valoriser et
14:57comme ça a été dit également, à donner un sens à une action en particulière en
15:01participant à la vie associative, vous avez rappelé les chiffres pour le domaine du
15:06sport, mais dans les domaines plus généraux qui nécessitent le recours du bénévolat,
15:13ce sont plusieurs dizaines de millions, je crois qu'on a plus de 20 millions de bénévoles
15:16en France, donc ça excède très largement le domaine du sport.
15:19Alors on dit 15 millions exactement…
15:21Alors il y a deux, effectivement monsieur a raison, il y a deux manières de comptabiliser
15:25et la manière stricte, stricto sensu c'est 15 millions et 20 millions c'est une méthode,
15:30l'art goût sensu où on inclut un peu aussi du bénévolat informel et je voulais rebondir
15:35aussi sur ce que monsieur vient de dire sur la valorisation de l'expérience bénévole
15:40puisque j'ai coordonné de 2003 à 2006 un projet européen dans 7 pays européens
15:45avec 14 partenaires, le premier portfolio qui identifiait et valorisait une expérience
15:50bénévole en termes de compétences et qui a été primé à Helsinki en 2006 et qui a été la base
15:54de la communication de la Commission européenne en 2011 qui était l'année européenne du bénévolat.
15:59Alors juste sur ce que vient de dire François Milleroud, je le rejoins, on peut toujours
16:03se poser la question, philosophe ou pas, savoir si l'altruisme comporte une partie d'égoïsme,
16:08moi je dirais juste que c'est un accord gagnant-gagnant et que s'il n'y a pas d'accord
16:12gagnant-gagnant ça ne marche jamais et c'est peut-être l'occasion de donner la parole
16:16à Marie-Hélène Ruhmenn à Avignon.
16:19Oui, moi je voulais juste dire qu'au niveau de la valorisation des bénévoles,
16:24maintenant c'est inscrit dans les comptes, dans les comptes de l'association
16:28par rapport aux déclarations des heures que les bénévoles passent et ça rentre dans les
16:34comptes comptables d'une association donc c'est quand même un peu reconnu.
16:38Exactement, c'est une obligation légale depuis le 1er janvier 2020 parce qu'en plus du sport
16:44et citoyenneté j'appartiens aux communautés-associations.
16:47Mais arrêtez avec tous ces titres !
16:48Non mais justement ce que je voulais dire, non c'est pas un titre, c'est justement un
16:51engagement bénévole au sein du comité d'association de l'Ordre des experts comptables d'Île-de-France
16:55et depuis donc le 1er janvier le ministère, enfin les pouvoirs publics ont demandé que ce soit intégré
17:02cet apport des bénévoles dans les comptes des associations donc à un niveau qu'on appelle
17:07mésoéconomique c'est-à-dire au sein des comptes des associations où on compte le nombre de bénévoles,
17:12les heures qu'ils ont et on décide par exemple que c'est un SMIC et on multiplie et on a la
17:16valeur effectivement du temps bénévole et à un niveau macroéconomique, c'est l'étude dont je
17:20vous ai parlé là, qui avait été initiée par l'université John Hopkins qui a permis de valoriser
17:25le bénévole dans les comptes de la nation donc macro, méso et au niveau micro, c'est exactement ce
17:29qu'on disait à la valorisation des acquis d'expérience bénévole. Alors Marie-Hélène Roumain a raison, c'est
17:33que c'est aussi une manière de valoriser le travail, de dire vous êtes là, regardez même
17:37financièrement ce que représente votre action. Et quand on dépose une demande de subvention,
17:43madame a tout à fait raison, c'est fondamental de montrer que souvent l'argent est vraiment hyper
17:48minoritaire mais en revanche l'apport des bénévoles et le travail bénévole est vraiment déterminant.
17:53Exactement, vous avez raison, les demandes de subvention, quand on demande une subvention à une
17:56mairie par exemple, on valorise le travail des bénévoles ce qui permet d'ailleurs parfois...
18:00Ça peut multiplier par 10 le budget.
18:02Exactement, et de jouer avec les 80% minimum, maximum que doit donner une...
18:05On voit la véritable valeur de l'association qui est fondamentale.
18:09Exactement, et c'est une belle manière de valoriser le travail des bénévoles.
18:12Dites-moi, est-ce que vous avez des données, Bénédicte Alba, sur l'évolution du bénévolat en France ?
18:17Oui.
18:18On dit toujours que la société aujourd'hui devient de plus en plus égoïste, je pense qu'on va avoir des chiffres qui vont
18:23dévendir ça.
18:24En revanche, quand François parlait justement de l'égoïsme, il a parfaitement raison parce qu'en fait dès le départ,
18:29on a très bien insisté sur le fait qu'il n'y a pas d'altruisme pur, il n'y a que des quasi-altruismes, donc il y a cette
18:34dimension effectivement d'égoïsme, c'est-à-dire qu'en fait on donne parce qu'on a soi-même reçu souvent,
18:40c'est-à-dire que quand on a reçu, on veut remercier et comme on l'a bien utilisé, on va rendre, donc ça c'est vrai.
18:47Donc on disait qu'il y avait les motivations altruistes et quasi-altruistes et égoïstes et c'est pas du tout
18:52choquant même dans le monde associatif et donc Galbraith, ce chercheur anglais, avait
18:58envisagé plein de formes de quasi-altruismes, le quasi-altruisme de génétique par exemple, on a un gène dans la famille, donc on se passe le gène
19:05finalement altruiste ou bien il y a l'enfant gâté, c'est-à-dire qu'on va feindre d'être
19:09bénévole parce qu'on va avoir une bonne image et du coup les gens vont vous aider, donc il y a plein de stratégies qu'ils font
19:14mais de toute façon peu importe les motivations, qu'elles soient altruistes, quasi-altruistes, égoïstes, peu importe,
19:20ce qui est important c'est ce qu'on fait, effectivement, concrètement et le travail qui est fait pour les autres et donc les motivations qu'on va
19:26chercher, cachées, etc, les mauvaises intentions, on s'en moque, l'important c'est ce qui est fait sur le terrain auprès des autres.
19:32– Je suis complètement d'accord avec vous.
19:34– Alors pour l'évolution, grâce aux travaux du laboratoire d'économie sociale depuis le début des années 90,
19:38on est passé d'à peu près 9 millions de bénévoles en France à
19:4115, stricto sensu ou 20 millions comme le disait François.
19:44Est-ce qu'il y a une différence entre le bénévolat dont on parle dans des sports comme la rando ou comme le basket associatif, etc,
19:52et un sport professionnel où est-ce qu'il va être plus difficile de s'engager comme bénévole pour aller servir
19:59des sportifs qui gagnent des millions ou des centaines de milliers d'euros ?
20:03– Il faut que ce soit bien séparé, c'est-à-dire qu'il y ait une partie vraiment bénévole et amateur
20:08et une partie commerciale, mais le fait qu'il y ait des sportifs
20:12professionnels qui fassent ça et qui donnent une super image à un club, par exemple je pense au CSP à Limoges qui faisait vraiment des merveilles à un moment donné,
20:19il y avait quand même des bénévoles, ils étaient tellement fiers d'être bénévoles pour ce club,
20:24ils se moquaient totalement qu'il y ait des basketteurs qui gagnaient, ils étaient heureux parce que…
20:29– C'est encore plus valorisant peut-être de côtoyer ces stars, ces gens-là.
20:32– Ils recevaient énormément en plus parce qu'ils s'engageaient aussi les basketteurs
20:36auprès des bénévoles des associations, ils les remerciaient toujours sur le bon esprit, etc.
20:41– Marie-Hélène Rumen, vous qui intervenez dans un sport collectif où il y a des joueurs professionnels,
20:47est-ce que la reconnaissance des joueurs, autant que des dirigeants que de vos collègues bénévoles, est importante ?
20:54Est-ce qu'il faut avoir cette relation ? Est-ce qu'elle vous nourrit aussi ?
20:58– Oui, bien sûr, il faut avoir cette relation avec les joueurs, c'est bien de pouvoir discuter avec eux,
21:05de voir leur point de vue, et puis leur reconnaissance, oui, c'est toujours agréable à accepter.
21:12– Alors, vous, vous avez une triple activité, j'allais dire, au sein du club,
21:16vous vous occupez d'administratif, de finances, etc.
21:19Ensuite, vous êtes à la table de marque, donc un rôle par rapport à la fédération,
21:24et puis quand il faut aller chercher un joueur à l'aéroport à 150 km,
21:27vous prenez votre voiture et vous allez le chercher.
21:29Comment en êtes-vous arrivé là ?
21:30– Je pense qu'on est nombreux quand même.
21:32– Justement, c'est pour ça que c'est un bon exemple.
21:34– Mais comment ça se passe ?
21:37– Vous avez oublié quelque chose, c'est que je suis aussi élue au comité de basket.
21:41– Voilà, voilà, encore.
21:42Donc vous y parliez tout le temps.
21:44– Oui, je suis arrivée là parce que j'ai une véritable passion pour le basket,
21:49et que j'y trouve mon compte, moi, comme on dit,
21:52et puis ça me fait plaisir de partager avec d'autres personnes,
21:56et j'ai toujours été dans le basket depuis toute petite.
21:59Le bénévolat, j'y suis arrivée, avant d'être à Nusab, j'y suis allée dans d'autres clubs,
22:04et depuis toute petite, je dirais 14-15 ans,
22:08je faisais déjà des tables de marque dans d'autres clubs,
22:12mais je faisais déjà des tables de marque,
22:13donc c'est vraiment une passion, et ça me plaît,
22:16et voilà, c'est comme ça que je suis arrivée là,
22:19et j'y trouve mon compte, j'y trouve mon plaisir,
22:22et puis les échanges avec tout le monde, voilà.
22:26– Merci pour ce témoignage.
22:28Est-ce que les grands événements sont…
22:31on dit toujours que les grands événements peuvent fabriquer les champions,
22:33parce que les jeunes vont regarder les grands champions,
22:35alors ça existera, j'espère, pour les JO de 2024,
22:38est-ce que les grands événements génèrent aussi du bénévolat ?
22:40– Oui, il y a toujours un grand programme de bénévoles,
22:43ils les appellent plutôt les volontaires,
22:45parce que quand c'est un engagement pendant un certain temps,
22:47on va les équiper, les former, etc.,
22:49et puis ils considèrent que volontaire,
22:51c'est plus engagé à plein temps pendant une certaine durée, ce qui est vrai,
22:56mais c'est vrai que ça traîne beaucoup de bénévoles.
22:57– Les programmes de volontaires des JO Paris 2024 sont déjà largement lancés,
23:00et au niveau de la Fédération française de hockey,
23:02il y a eu un appel à volontaires, et il y a eu beaucoup de demandes,
23:05donc on est en train de trier les compétences de chacun
23:07pour pouvoir réussir à attribuer les rôles,
23:09mais oui, bien sûr, les grands événements fédèrent,
23:11et je suis très optimiste, personnellement,
23:14sur le fait que, pour les sports peut-être un petit peu méconnus,
23:17le clairage donné au moment des JO sur ces sports va permettre…
23:22– Et en fonction des résultats de l'équipe de France,
23:25c'est là qu'on va voir, souvent, on s'est rendu compte,
23:28par exemple, dans le judo, où on avait plein de médailles,
23:30ou les scrims, non seulement la pratique était augmentée,
23:34mais alors, plus il y a de pratiquants, et plus il y a de chances de bénévoles,
23:36forcément, donc si vous voulez, c'est étroitement lié,
23:38le nombre de pratiquants qui explose, de licenciés,
23:40et après, les bénévoles, forcément.
23:42– Alors, le volley, justement, qui a eu de si beaux résultats
23:44aux JO olympiques de Tokyo, Zéli Amar, vous êtes élu
23:48au bureau de la Fédération française de volley,
23:50vous avez été présidente de club,
23:52est-ce qu'on peut faire une distinction entre le bénévolat terrain,
23:55où on va avoir des retombées humaines et immédiates,
23:59comme disait Marie-Hélène Rumen, par le contact avec les champions, etc.,
24:03et puis le bénévolat de dirigeants,
24:05où là, on va sortir des réunions tard le soir,
24:08où on va, bon, vous me direz, ça n'empêche pas les gens de terrain
24:10d'en faire aussi, mais est-ce que, justement,
24:13il ne faut pas trouver un juste équilibre entre tout ça,
24:15plutôt que de faire que de l'administratif, que du fédéral,
24:17et finalement, est-ce qu'on se retrouve pas un peu frustré à ce moment-là ?
24:21– On va dire que la médaille aux JO olympiques des Français
24:25a été assez incroyable,
24:27mais je pense que la Fédération française de volley
24:31n'avait pas réussi à anticiper cette masse de nouveaux arrivants,
24:37de nouveaux pratiquants dans les clubs.
24:38– Ce n'est pas la première fois pour le volley,
24:39je pourrais faire l'ancien combattant dans quelques années.
24:41– La différence, c'est que là, en plus, on sortait du Covid,
24:45donc on s'est retrouvés avec très peu de licenciés une année,
24:48et tout à coup, une explosion totale,
24:50donc il a fallu aller chercher des encadrants,
24:52il a fallu trouver, c'était surtout de l'encadrement on va dire,
24:57et trouver des solutions pour pouvoir leur dire,
25:02venez chez nous, venez dans nos clubs, revenez travailler,
25:05parce que finalement, il y a beaucoup de…
25:07enfin chez nous, en tout cas, dans notre sport,
25:09et je crois que c'est le cas aussi dans d'autres sports,
25:10il y a beaucoup d'entraîneurs, par exemple,
25:13qui ont trouvé leur liberté avec le Covid,
25:15qui ont retrouvé leur soirée, leur vie de famille,
25:17et c'est difficile de les faire revenir,
25:20reprendre des activités très chronophages,
25:23et finalement, de se couper à nouveau de cette vie familiale
25:29qui était très sympathique pendant le Covid.
25:31Donc, c'est un travail de tous les jours,
25:34et le fait qu'il y ait des compétitions qui reprennent,
25:36je pense que les gens se sont repris au jeu aussi,
25:38et aujourd'hui, on arrive à avoir à nouveau des encadrants dans les clubs.
25:43Après, sur les fonctions bénévoles, enfin, fonctions dirigeantes,
25:46on va dire, c'est un peu plus difficile,
25:48parce que tout le monde a repris vraiment un rythme de croisière,
25:52de travail qui est beaucoup plus important que pendant le Covid,
25:56on va dire, et donc, on est quand même contentes
25:59de continuer à faire des réunions en visio
26:02qui nous font gagner beaucoup de temps en termes de...
26:04J'allais vous parler de ça.
26:05On a perdu 4 millions de bénévoles pendant le Covid,
26:09on en a rattrapé 2, donc ça veut dire qu'on a encore 2 millions
26:12qui ont disparu, qui vont revenir,
26:14ils ne sont pas perdus pour la cause du bénévolat,
26:15mais ils sont beaucoup plus exigeants,
26:17parce que ça a joué vraiment, effectivement,
26:18on a commencé à dire, mais le temps que je perdais,
26:21le temps familial, mais finalement, il y a un meilleur esprit,
26:23et ça s'est bien arrangé.
26:25Alors, parfois, retourner dans sa famille, ça a été compliqué,
26:28parce qu'il y a énormément de divorces, de séparations aussi,
26:31donc il y a eu les deux, ça a joué dans les choses,
26:34parce que parfois, on se rend compte que sa vie bénévole,
26:37son expérience bénévole, est vraiment complètement liée
26:40avec la vie familiale, en fonction...
26:41On combine la vie professionnelle, familiale et bénévole,
26:45et quand on avait été...
26:47Enfin, on avait manqué cette partie bénévole,
26:49mais il manquait aussi quelque chose,
26:51et donc, du coup, ça a pu aussi exacerber
26:53certaines relations familiales.
26:54Donc, ça peut être aussi un élément positif de refaire
26:58des expériences bénévoles et aller sortir de la maison,
27:02parce que, du coup, on a amélioré...
27:03– Une activité sociale, exactement.
27:04Alors, on va retrouver François Miguerou, Zélia Mar,
27:06juste sans entrer trop dans l'intime, dans votre vie privée,
27:11mais lorsqu'on est une jeune maman, qu'on a deux enfants,
27:14est-ce que de temps en temps, on ne se pose pas des questions
27:15en se disant, je vais passer des soirées à la fédée comme bénévole,
27:20et j'ai les petits à la maison ?
27:23– Alors, elles ont fait beaucoup de visio avec moi.
27:25Non, mais il y a les petites têtes qui dépassaient,
27:28mais l'avantage, c'est vraiment la visio, aujourd'hui,
27:33et de pouvoir travailler de façon complètement différente
27:35par rapport à avant, donc ça, c'est vraiment le point positif.
27:39Après, c'est une question d'organisation.
27:42Je suis mariée, en plus, avec un entraîneur de haut niveau de vol,
27:44et donc, ce n'est pas forcément la chose la plus facile au niveau familial,
27:48mais on arrive à s'organiser.
27:50Et après, elles, elles acceptent aussi d'aller pique-niquer au gymnase
27:55et de me permettre d'encadrer, de gérer des plateaux de compétition,
28:01et puis, de faire parfois des réunions où elles sont là,
28:04où elles font leur pique-nique, du dessin.
28:06– C'est un bon côté, aussi, que vous disiez,
28:08c'est aussi une vie sociale qui nous a terriblement manquées
28:10pendant le Covid.
28:11François Mignot, le Covid, l'impact du Covid ?
28:15– Oui, alors, l'impact du Covid, bien sûr, ça a été très compliqué,
28:17puisqu'on ne peut pas faire d'entraînement en piscine en guiseau,
28:21pas plus que d'entraînement en plage ou en côtier,
28:24donc on a vraiment une démotivation, une perte de la présence des bénévoles.
28:28Mais ce que je voudrais dire sur ce sujet,
28:30c'est que nous, on n'est pas un sport olympique,
28:32on est un sport qui participe aux Jeux mondiaux,
28:34qu'il y avait eu au mois de juillet à Birmingham, aux États-Unis,
28:37mais donc, les Jeux mondiaux, ça n'a pas l'autorité
28:40que les Jeux olympiques, bien sûr.
28:41Et on a vu deux, trois choses intéressantes.
28:44La première, c'est qu'en 2014, nous avons, nous, le club Apollo-Sauvetage,
28:48organisé pour le compte de la Fédération française de sauvetage et de secourisme,
28:52les GRES, c'est-à-dire les championnats du monde de 2014.
28:58Et donc, on avait mobilisé des bénévoles largement au-delà du club,
29:01et là, c'était vraiment une organisation gigantesque,
29:03puisqu'on avait 5 000 athlètes pendant 15 jours,
29:07c'est-à-dire plus de monde que ce qu'il y avait à la même année
29:10aux Jeux olympiques d'hiver à Sochi.
29:11Donc, c'est pour vous donner un repère, non pas de l'autorité ou médiatique,
29:16mais du nombre de bénévoles qu'il a fallu recruter
29:19pour encadrer 5 000 participants pendant toute cette période.
29:23La deuxième, et bien sûr, depuis 2014,
29:26c'est quelque chose qui ne s'est pas reproduit.
29:27La deuxième chose, c'est que tout récemment, le mois dernier,
29:30la France vient d'être 3e nation mondiale dans le sauvetage sportif,
29:36c'était à Richon, en Italie, côté asiatique,
29:39derrière les Intouchables australiens et néo-zélandais,
29:42et nous sommes la première nation européenne.
29:44Vous en avez bien votre sens, ça, ou pas ?
29:47Vous êtes bien, vous êtes là pour votre sport.
29:49C'est de bonne bière, allez, allez.
29:52Et cette année, à nouveau, la Fédération nous a attribué
29:57l'organisation des Champions de France en piscine,
29:59ce sont les images que vous avez à l'écran.
30:02C'est une mobilisation de beaucoup de bénévoles du club.
30:04La Fédération et la métropole de Montpellier
30:09viennent également de nous réattribuer
30:10l'organisation des Champions de France pour mars prochain.
30:13Là aussi, c'est une remobilisation des bénévoles
30:16pour faire fonctionner ces opérations
30:19dans les meilleures conditions possibles,
30:22avec un projet d'organiser les Championnats d'Europe en 2025.
30:25Et pour faire le lien également,
30:26c'est que le lien entre le bénévolat et la vie familiale,
30:30c'est que nous, nous avons découvert le sauvetage sportif
30:33et ensuite le bénévolat dans le club,
30:35parce que nos enfants, quand ils étaient à la fin de l'enfance
30:38et au début de l'adolescence,
30:39en ont eu assez de faire de la natation,
30:41et notre fille s'est passée une année au sauvetage sportif,
30:44notre fille en est suivante,
30:45moi, l'année suivante en tant que pratiquant,
30:47et ensuite, avec la merveilleuse adolescence,
30:50mais véritablement, je pèse mes mots,
30:52que leur a permis ce club, à quoi leur sauvetage,
30:55et que leur a permis ce sport, cette discipline,
30:57c'était la moindre des choses que de participer en tant que bénévole,
31:00et c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
31:01en forme de retour à la vie associative, la vie du club,
31:05d'abord en tant que vice-président pendant des années,
31:07et puis depuis trois ans en tant que co-président,
31:09parce que nous sommes deux, avec Patrick Tomberly,
31:11et donc ça a vraiment été ce parcours qui était familial,
31:14de voir l'épanouissement d'adolescents, de nos enfants,
31:18pendant cette période,
31:19et ensuite, de pouvoir s'impliquer dans le club
31:21pour ce qu'on appelle d'une manière générale l'amour du maillot,
31:24et en notre sport, c'est l'amour du lycra,
31:26puisque c'est ce que nous portons dans le lycra,
31:28quand nous faisons des compétitions en mer.
31:30Jean-Paul Auger, ex-président
31:34de la Fédération française de randonnée de Seine-Saint-Denis,
31:38vous êtes un bénévole engagé.
31:40Alors, on entendait parler d'événements,
31:42là où il y a 4 000 personnes, c'est assez valorisant,
31:45mais lorsqu'on fait de la rando,
31:47j'allais dire, vous avez aussi une action,
31:49alors vous avez été président d'un comité,
31:54vous avez eu des responsabilités,
31:56mais ce qu'il ne faut pas oublier non plus, c'est le boulot de tous les jours,
31:58j'allais dire, parce que c'est bien vous,
31:59quand il y a la télé,
32:00mais de temps en temps, il fallait que dans votre spécialité,
32:04on dit mettre des plots,
32:05allez, racontez-moi un peu la vie d'un bénévole en rando,
32:08parce que c'est quand même quelque chose,
32:10c'est pas très valorisant,
32:11c'est vraiment au service des autres, là.
32:13Alors, les baliseurs qui mettent les plots,
32:16qui mettent les balises pour nos 180 000 km de chemin
32:22à travers la France,
32:24c'est sûr que c'est une action bénévole
32:28obscure, on ne les voit pas et tout,
32:32et c'est quand même une action essentielle.
32:35Et donc, ce sont des bénévoles qu'on a,
32:38en tant que responsable d'un comité ou de la fédération,
32:41on a le souci de les mettre en valeur et de les remercier.
32:46Et la récompense, c'est quand, au niveau d'un comité,
32:53on organise une grande manifestation,
32:55où là, il y a tout un travail de balisage,
32:57de préparation, de communication et autres,
32:59et c'est quand on arrive à avoir
33:01plusieurs centaines, 800, 900, 1000 participants
33:05dans une journée,
33:06et là, c'est l'occasion de mettre en valeur ce travail.
33:12Mais il n'y a pas que ça,
33:13il y a aussi toute l'organisation de manifestations, de formations,
33:18et je dirais justement que dans ce travail de bénévole,
33:21quand on est, par exemple, responsable d'un comité
33:24ou d'une structure assez importante,
33:26c'est là où on mesure, et là, je mesure d'autant plus
33:30que je suis redevenu un bénévole de base,
33:33la différence et le plaisir.
33:36Parce que la vraie difficulté du dirigeant d'une grosse structure,
33:42c'est que c'est chronophage, c'est très administratif,
33:45et on perd, avec le temps, le plaisir de...
33:50la raison pour laquelle on s'est investi.
33:52Et pour moi, d'ailleurs, au bout de 12 ans,
33:54j'ai souhaité arrêter, parce que je me rendais compte
33:57que j'étais devenu un administratif, les dossiers.
34:01En plus, il faut dire aussi que de plus en plus,
34:04l'administration nous mange.
34:07Avant, il y a 15 ans, quand je faisais un dossier de subvention,
34:11ça tenait en deux pages,
34:13et on n'avait pas trop de soucis pour l'avoir.
34:16Maintenant, les dossiers servent pas, les machins...
34:19Et ça, c'est un des éléments importants
34:21qui découragent l'engagement du bénévole
34:24au niveau de responsabilité de président, trésorier et autres.
34:27Et ça, c'est une interrogation
34:29où il faudra se poser toutes les questions
34:32et voir ce qui peut être fait à ce niveau-là.
34:34– Marie-Hélène Rumen, à ce propos-là,
34:36est-ce que l'administratif, lorsqu'il s'agit, je sais que vous le faites,
34:39de faire le budget d'un club, en tout cas,
34:42parce qu'on a le fameux TRH pour montrer à la fédération
34:46qu'on dépense pas trop d'argent en payant les joueurs, etc.,
34:49ça prend trop de place ?
34:50Ou est-ce que vous y trouvez votre compte aussi ?
34:52Dans ce type, est-ce que vous préférez pas être à la table de marque
34:55ou accompagner les joueurs, comme le fait votre mari Bruno aussi,
34:58en conduisant le Psyminibus pour aller jouer à 200 km ?
35:02– Oui, c'est vrai que ça prend beaucoup de temps
35:05et c'est pas la partie la meilleure, je dirais.
35:09Mais il faut le faire, donc on le fait.
35:11Après, il y a tellement d'autres choses qui font plaisir
35:15qu'on le fait et puis ça passe.
35:17Mais c'est vrai que ça prend beaucoup de temps.
35:20– J'en parle en connaissance de cause,
35:22on vous demande toujours plus de choses finalement,
35:24et comment on met une barrière en disant,
35:26alors là maintenant ça suffit, je fais déjà la table de marque,
35:29j'accompagne les joueurs, je m'occupe de l'administratif,
35:33il y a un moment où il faut savoir dire non,
35:36il faut envoyer balader son président, si j'ose dire ?
35:39– Ah ben oui, alors je vais le faire alors, du coup.
35:42Non mais ça j'arrive pas à le faire, on me demande et je le fais
35:46mais c'est vrai que des fois, surtout en début de saison,
35:49après quand la saison a commencé, mais là en début de saison,
35:52avec les licences, les comptes à rendre à la FED, les engagements,
35:55tout ça, c'est vrai que ça prend beaucoup de temps.
35:59– Petit message personnel, la FED pourrait peut-être alléger
36:02un petit peu tout ce qu'elle demande au club.
36:04Et vous de votre côté, bénévole aussi,
36:07je vois que vous êtes préparatoire mental, Paris-Jean-Bouin,
36:10ok, ce sont des activités qui pourraient être payées ça,
36:13où est la frontière, où est-ce qu'on dit tiens,
36:17je suis préparatoire mental bénévole, où finalement, j'ai une compétence,
36:20il y a une exigence du club, en face de ça, je mets un salaire ou des honoraires ?
36:24– Alors vous avez raison, oui, ça pourrait parfaitement être payé
36:27mais je ne pense pas que le club pourrait se le permettre,
36:30donc ça c'est très clair, et tout à l'heure on parlait de transmission
36:34ou de rendre ce que le sport nous a donné, bon ben,
36:37ce sport m'a donné mes plus belles heures sportives de ma vie,
36:40j'ai pu être champion de France en 1981, ça a aidé mon développement,
36:43ma carrière professionnelle aussi, puisque ça figure sur mon CV,
36:46donc à partir de ce moment-là, quand on est en mesure de rendre,
36:49on essaie de rendre, alors après il y a différentes manières de faire,
36:53je suis engagé à la Fédération Française comme membre du comité directeur,
36:56je suis bien sûr, un peu comme tout le monde, à la table de marque,
36:59au bord des terrains, etc.
37:01Et comme ma nouvelle activité professionnelle maintenant,
37:04c'est le coaching, la préparation mentale, j'ai décidé volontairement
37:08de proposer au club d'aller mettre en place une structure
37:11qui permette à l'ensemble des sportifs du club,
37:14pas simplement une élite, hommes et femmes, de travailler
37:17la préparation mentale, qui est un sujet qui est finalement
37:20assez peu travaillé en France aujourd'hui,
37:23on va dire toute fédération confondue.
37:27Donc soit c'est réservé à une élite, soit effectivement,
37:30c'est abordé de manière un petit peu fragmentaire.
37:33Alors concrètement, pour qu'un sportif ait des résultats,
37:36il faut travailler dans les trois dimensions,
37:40la forme physique, bien sûr, la qualité,
37:43les compétences techniques, et le troisième pilier,
37:46parce que c'est un véritable pilier, c'est la force mentale.
37:49Donc quand je parle à des U10, je leur dis, quand vous jouerez
37:53à Los Angeles devant un stade dans lequel il y aura 40 000 personnes
37:56en finale de la Coupe du monde de hockey, il faudra que vous soyez forts.
37:59Donc là, effectivement, il y a un but, donc il y a un but,
38:02donc ils se projettent, donc du coup, ils disent, c'est super,
38:05comment est-ce qu'on commence ? Et on commence par comprendre
38:08ce qu'on fait, ça veut dire quoi ? Un alignement ensemble en équipe.
38:12– Et pour les bénévoles, il y a de la frustration aussi ?
38:15– Bien sûr, vous savez, le sport, en fait, vous êtes constamment frustrés
38:18puisque vous ne passez pas la belle assez vite,
38:21votre entraîneur vous crie dessus, l'arbitre siffle des fautes injustes,
38:24les spectateurs ne comprennent rien, vous n'avez pas pu vous entraîner,
38:28le matériel n'est pas bon, donc vous passez votre temps à être frustrés
38:31et si vous restez dans votre frustration…
38:34– En tout cas, c'est très beau de faire ça bénévolement,
38:38– Alors, il y a aussi un truc important, c'est que tant que je gagne, je joue,
38:41c'est-à-dire que tant qu'en face, je vois que ces choses sont utiles,
38:45efficaces et qu'il y a n'importe quelque chose, on le fait.
38:48Et là, ce n'est pas juste mon problème, et ça, c'est l'essentiel du club,
38:53c'est mon problème et ce que les parents, les enfants en font, etc.
38:57Parce que sinon, effectivement, j'arrêterais de le faire.
39:00– C'est votre salaire.
39:02– Donc, il y a une notion de bénévolat, mais il faut que tout le monde soit conscient
39:06que ce n'est pas un cadeau en plus qui est compris dans le prix de la licence,
39:09ce n'est pas ça.
39:11– Il y a un écosystème vertueux, absolument.
39:13Il suffit qu'il y ait une des parties où il y ait un manque de reconnaissance,
39:16par exemple que la famille commence à critiquer votre travail,
39:19commence à critiquer le club, etc., ça met une très mauvaise ambiance,
39:22et on s'en va, parce qu'effectivement, c'est très ténu l'engagement d'un bénévole.
39:26– Alors, ça me permet de souligner, c'est très intéressant ce que vous dites,
39:29parce que le bénévole, c'est quand même un statut particulier,
39:32ce n'est pas un salarié, c'est-à-dire qu'on ne peut pas lui dire les mêmes choses,
39:35c'est-à-dire que c'est très difficile à manager aussi les bénévoles dans un club.
39:38– Oui et non, parce que si, dans la vie, vous acceptez une mission,
39:43qu'elle soit bénévole ou pas bénévole, quelque part vous êtes engagé.
39:46Si vous acceptez la mission d'aller mettre des balises correctement sur des sentiers
39:49pour pas que vous ayez des milliers de randonneurs qui se perdent,
39:51c'est une responsabilité.
39:52Donc, on ne peut pas s'engager à la légère, même en tant que bénévole,
39:56et c'est ça peut-être le seul moyen qui permet de raccrocher le bénévole
39:59à une certaine qualité d'obligation.
40:01On parlait des tables techniques, des tables de marque,
40:04on parle de parent-coach, on parle de tout ça,
40:06ils ont une responsabilité, effectivement.
40:09Et nous leur disons, quand ils commencent une tâche bénévole,
40:13attention, vous vous engagez, il va falloir terminer le job.
40:16– Bien sûr, à vous de valoriser leur tâche et à l'État aussi,
40:19et ce que disait tout à l'heure Marie-Hélène Rumen à Avignon,
40:22le fait d'être présente sur le bilan de l'association
40:25donne déjà une valeur au travail qui est fait.
40:29– Peut-être d'un des points, peut-être aussi,
40:31c'est intéressant de faire des couples bénévoles professionnels.
40:34La fédération de hockey, par exemple, lors de l'élection de notre présidente,
40:39elle avait décidé dans son programme de dire,
40:41on va arrêter de faire des bénévoles d'un côté et des pros de l'autre,
40:45on va mettre des binômes ensemble pour réussir à aller mieux travailler les systèmes
40:49pour favoriser l'intégration.
40:50Et je pense que c'est une clé de la bonne intégration du bénévole
40:53à des structures administratives qui peuvent être très complexes
40:57et en tout cas preneuses de temps.
40:59– En tout cas, vous, vous êtes passionnant, la preuve, le temps passe trop vite.
41:02Une petite pause et on se retrouve pour une deuxième partie.
41:05On évoquera un peu ce qui se passe à l'étranger
41:07pour voir s'il y a quelque chose d'inspiration possible.
41:09A tout de suite.
41:10– Générique –
41:16– Tiens, je commence avec vous François,
41:19on parlait tout à l'heure de la relation qu'on a avec les bénévoles dans un club
41:23et que ce n'est pas parce qu'on était bénévole que l'engagement était plus léger
41:27et que lorsqu'on s'engageait en tant que bénévole,
41:29on avait autant d'obligations, pratiquement,
41:31que lorsqu'on s'engageait en tant que salarié.
41:35– Oui, parce que quand on est bénévole, entre guillemets, de base,
41:40toutes les fonctions, et on les a toutes faites,
41:42toutes réalisées sans doute dans nos activités,
41:45prendre au plaisir à déplacer des manequins au fond de la piscine
41:48pour la mettre en place pour une compétition,
41:50on participe à la réussite de l'épreuve, à son bon timing,
41:54c'est une bonne épreuve au cardio pour soi-même,
41:56donc ça, pas de problème pour le faire.
41:58Mais quand on s'implique davantage et qu'on rentre dans la gouvernance d'un club,
42:03on devient gestionnaire de bénévoles en quelque sorte,
42:06et sans utiliser de grands mots, on est quand même obligé de faire du management,
42:09avec cette difficulté supplémentaire en deuxième degré,
42:12c'est que nous n'avons pas de relation financière, il n'y a pas de salaire,
42:16nous n'avons pas de relation hiérarchique,
42:18il faut donc arriver d'une manière extrêmement souple,
42:21extrêmement fluide, à s'aligner sur des intérêts communs
42:24qui sont la réussite de l'opération,
42:26qui sont la fierté de la réussite des opérations du club,
42:29de l'association à laquelle on appartient, dont on est adhérent,
42:33donc c'est retrouver véritablement ces éléments de tension et de sens communs
42:36pour que les opérations se passent le mieux possible,
42:39encore une fois, parce qu'on n'est pas,
42:40indépendamment de l'évolution du management en entreprise d'une manière générale,
42:44on n'est pas dans un contexte où on ne peut pas exiger un certain nombre de choses,
42:49il faut véritablement que tout se fasse d'une manière extrêmement engagée,
42:53sans jeu de mots, et que chaque bénévole y mette du sien
42:56et n'attende pas qu'on lui impose d'expliquer comment il va faire sa mission.
43:02Si vous avez des dirigeants, lorsque vous faites une action,
43:06qui ne reconnaissent pas votre action, je pense qu'on passe à autre chose,
43:09on va voir dans le club d'à côté ou on va voir dans un autre sport,
43:12parce que c'est vrai que ce travail-là doit être reconnu.
43:15J'aimerais qu'on réagisse sur ce qui se passe à l'étranger,
43:18alors moi j'avais la sensation quand même
43:20que le bénévolat n'était pas assez encadré en France,
43:22Bénédicte Alba vous avez l'air de me contredire sur ce sujet,
43:26on dit qu'en Slovénie par exemple le travail bénévole est beaucoup plus réglementé,
43:29depuis 2011 il y a une loi, les institutions ont la possibilité
43:32d'élargir leurs activités grâce aux bénévolats,
43:35les bénévoles sont protégés dans tous les domaines,
43:38ils ont droit au remboursement de leurs frais de matériel
43:40qui ne sont pas sujetés aux impôts,
43:42les normes minimales de qualité des processus du travail de bénévole
43:45ont été établies d'une manière claire, est-ce qu'on en est là en France ?
43:48Largement, justement à l'occasion de l'année européenne de 2011,
43:52on avait fait justement un panorama de tous les pays européens,
43:55d'ailleurs qui sont encore accessibles en ligne sur le site de mon institut par exemple,
43:58parce que justement j'aime bien que tout le monde puisse accéder
44:02à cette information qui est publique et donc on voyait les différences
44:05et la France n'est pas du tout mal placée, au contraire,
44:08on a aussi une prise en charge quand on est représentant de sa fédération,
44:11il y a le congé de représentation pour assister par exemple à une instance fédérative,
44:17ou bien pour un congé formation, ou bien justement la valorisation
44:21des acquis de l'expérience bénévole, il y a un portfolio, un outil qui existe,
44:25il y a France Bénévolat aussi qui propose une sorte de petit bilan de compétences bénévoles,
44:30il y a énormément de choses qui sont faites, on n'est pas du tout les derniers de la classe,
44:33au contraire, il y a une vraie réflexion sur le bénévolat,
44:37le statut du bénévole, élu associatif, bénévole terrain,
44:41on sait exactement les profils, quels sont les grands secteurs d'activité.
44:45– On sait que les salariés ont droit à des formations, il y a des comptes de formation,
44:48pour les bénévoles, est-ce qu'on peut avoir accès à des formations, et par quel biais ?
44:53– Absolument, justement il y a un fonds, c'est le CNES à l'époque,
44:57qui dépend du ministère de la Jeunesse et des Sports,
44:59et qui permet justement, quand on fait partie d'une fédération,
45:02de pouvoir accéder à un fonds de prise en charge,
45:06mais c'est vrai qu'une petite association sportive de terrain
45:08n'a pas accès à ces formations, c'est vrai.
45:11– Une question qui s'adresse à vous tous, est-ce que vous sentez,
45:15même s'il y a des jeunes parmi nous, notamment vous, Zéliama,
45:19et des très jeunes aussi ailleurs,
45:21est-ce que vous sentez que les jeunes poussent derrière,
45:24ou est-ce que Marie-Hélène Rumen, est-ce que François Miliereaux,
45:29vous vous sentez un peu inquiets pour la relève, Marie-Hélène ?
45:34– Oui, je suis plutôt inquiète pour la relève,
45:36parce que je ne vois pas trop de jeunes qui veulent s'investir,
45:40il n'y a qu'à voir, on a des matchs de jeunes, de tout petits,
45:44et il faudrait qu'ils soient arbitrés par des plus grands,
45:47et on a beaucoup de mal à trouver des jeunes qui veulent s'investir,
45:51et venir donner un petit peu de leur temps.
45:53On ne leur demande pas grand-chose, on ne leur demande pas d'être là tous les samedis,
45:57mais même un samedi par mois,
45:59c'est compliqué de trouver des jeunes qui veulent s'investir.
46:02– Dans le volet ?
46:04– Dans le volet, c'est un peu la même chose,
46:06je trouve que ça revient doucement quand même,
46:08parce que le manque de terrain pendant les deux années a beaucoup joué,
46:12et que là, on commence à avoir un petit peu des forces vives qui reviennent.
46:18Par contre, on a beaucoup d'étudiants dans leurs cursus universitaires,
46:23ou de grandes écoles, qui sont obligés de faire des heures de bénévolat.
46:28– Ça, c'est une formidable initiative.
46:30– Et donc, on a quand même beaucoup d'étudiants dans nos clubs
46:33qui arrivent avec leur mission de bénévolat,
46:35en disant voilà, je dois faire un volant de tant d'heures,
46:37qu'est-ce que je peux faire pour aider le club ?
46:39Alors, il y en a qui jouent uniquement le jeu de ces heures-là,
46:42et puis il y a ceux qui, finalement, se prennent au jeu et qui vont continuer.
46:47– C'est une manière d'y rentrer.
46:48– Dans la rando, les jeunes sont là ou pas ?
46:50– La moyenne d'âge des randonneurs, c'est 63 ou 64 ans.
46:57Donc, quand un bénévole de 40 ans nous rejoint, pour nous, c'est un très jeune.
47:02Voilà, donc ça dépend de ce qu'on entend parler.
47:04– Je suis très jeune à 40 ans quand même.
47:05– Mais oui, c'est un des soucis comme partout, je crois.
47:10– Aussi, pareil, OK.
47:11– Alors, oui, mais ce n'est pas une fatalité.
47:14Parce que, regardez, nous, on est un club en croissance, d'accord ?
47:18Donc, il n'y a rien de plus simple que, quand des gens viennent inscrire leur enfant,
47:21de leur dire, vous inscrivez votre enfant, ça n'est pas une garderie,
47:25il va apprendre un véritable sport, il va être encadré par des joueurs internationaux,
47:30des professeurs diplômés, il va avoir droit à ça.
47:33Et on aimerait savoir, en échange, quelles sont les compétences
47:35que vous pourriez mettre à disposition du club.
47:37– Surprise.
47:38Mais les gens disent, écoutez, moi, je suis directeur marketing dans une entreprise,
47:42donc je peux vous aider, par exemple, sur les travaux de communication.
47:44Super.
47:45Moi, justement, moi, ça m'intéresse parce que,
47:47comme je travaille dans une boîte de ressources humaines,
47:49si vous avez des jeunes qui cherchent du travail,
47:51des joueurs que vous voulez attirer en leur donnant du travail,
47:54je peux vous aider.
47:55Donc, je pense que ça se travaille dès le début.
47:57Et le meilleur moyen, peut-être, de mettre les jeunes dans cet état d'esprit-là,
48:02c'est de les aider à devenir arbitres.
48:05Parce que quand on devient arbitre, finalement, on prend des responsabilités,
48:08on s'engage, on gagne en maturité et on manque beaucoup d'arbitres en France.
48:12– François Miguerou, dans le sauvetage du côté de Montpellier,
48:16est-ce que les jeunes poussent à la porte de la piscine ?
48:18– Très simplement, ce qu'on constate, c'est un phénomène d'accompagnement,
48:23mais vous le décriviez très bien déjà sur le plateau,
48:26c'est que quand les parents arrivent et inscrivent leurs enfants dans un club,
48:29ils ne peuvent pas se contenter d'être des consommateurs de prestations du club
48:34parce qu'effectivement, il y a d'abord des besoins d'arbitrage,
48:36parce qu'il y a des besoins, des fois, de convoyage, de couvraturage, de déplacement,
48:40parce qu'on est dans un sport qui est à la fois en piscine et sur le côtier,
48:43donc on est un sport avec du matériel,
48:45on respecte, nous, difficilement, à la règle du théâtre,
48:47de l'unité de lieux d'action et de temps.
48:49Quand on a des sites sur la plage, c'est très grand,
48:51donc on a besoin de beaucoup de personnes pour encadrer.
48:54Et les parents, quand ils voient le développement de la pratique chez leurs enfants,
48:57comprennent que sans bénévoles, cette discipline,
49:00comme beaucoup d'autres évidemment, ne peut pas exister.
49:02Donc ça, c'est la première chose.
49:04La deuxième chose, c'est que les enfants grandissent.
49:06En général, avec le bac, le pass,
49:09certains poursuivent ou pas des études supérieures,
49:12et donc certains sont plus ou moins amenés,
49:14en fonction de leur choix personnel, des études, de leur niveau,
49:16à se retirer du sport.
49:18Et donc, on a très clairement un phénomène de cycle,
49:20c'est qu'il y a des parents des plus jeunes qui rentrent
49:22et puis des parents des plus anciens qui sortent.
49:25Si eux-mêmes ne sont pas restés des pratiquants,
49:27eh bien effectivement, nous allons perdre des bénévoles et on va en gagner d'autres.
49:31Donc en permanence, on a une problématique de pyramide des âges,
49:34en quelque sorte, non pas de l'âge de nos bénévoles,
49:37mais de l'âge de nos adhérents, qui conditionne la présence,
49:40la disponibilité et le nombre d'un certain nombre de parents bénévoles.
49:44Voilà ce qu'on peut constater là-dessus.
49:46Mais après, c'est sans doute propre à beaucoup de disciplines.
49:48– Bien sûr, et plus il y a de licenciés, à Avignon, plus de 350,
49:53chez vous, plus de 500, vous disiez.
49:55Évidemment, il y a un vivier de bénévoles là-dedans,
50:00parce que c'est vrai que le bénévolat, moi j'aime beaucoup le souligner,
50:03c'est pas seulement d'être membre d'un comité directeur, diriger,
50:06c'est aussi s'occuper de la buvette, c'est aussi conduire le minibus
50:10pour emmener les enfants jouer, etc.
50:12C'est un panel très large.
50:14– Le profit du bénévole, c'est entre 35 et 55 ans.
50:16Effectivement, c'est qu'en général, quand on a vraiment son travail,
50:19son activité professionnelle qui est stabilisée,
50:22et c'est ça la grande différence avec les jeunes,
50:25c'est qu'ils ne maîtrisent pas leur avenir à un trimestre ou à un semestre,
50:28quand on est au lycée, quand on est à la fac, ils ne maîtrisent pas,
50:31et après ils cherchent des stages, ou après ils cherchent un emploi,
50:34donc ils ne maîtrisent pas ça.
50:35Et en plus, leur activité principale n'est pas rémunérée,
50:37donc souvent, par exemple quand on est étudiant,
50:39il faut travailler pour payer ses études,
50:41donc ça concurrence forcément l'engagement bénévole,
50:43donc c'est pas un manque de générosité, c'est pas un manque d'engagement,
50:47c'est qu'ils ne maîtrisent pas leur temps,
50:48et que parfois, l'activité est complémentaire et doit être financière.
50:52– Allez, 6 invités, c'est rare que j'en ai autant,
50:55je vais vous donner la parole 10 secondes chacun,
50:56je voudrais juste que vous me disiez si vous faites la balance
51:01de ce que vous donnez et de ce que vous recevez,
51:03si vous êtes prêts à re-signer comme bénévole,
51:05et si c'est vraiment quelque chose de positif,
51:06ou si, de temps en temps, vous vous dites,
51:08il va vraiment falloir que je passe la main bientôt.
51:10– Là, après le mois de septembre, je dirais qu'il faudrait passer la main,
51:13je vais attendre pour répondre le mois de décembre,
51:15que ça se soit bien calmé dans les clubs.
51:18– À vous Jean-Paul Auger.
51:20– Moi, je continue à être un bénévole,
51:22mais à un niveau en dessous par rapport aux anciennes responsabilités,
51:27et c'est un moyen d'y découvrir encore plus de plaisir.
51:31– François Viverot.
51:33– Écoutez, on est engagé dans une équipe,
51:34d'abord on est un binôme, on est un coprésident,
51:36donc si l'un lâchait l'autre, ça serait compliqué.
51:39On est engagé avec des projets de fédérations
51:41sur des compétitions nationales et internationales,
51:43et donc, après les départs de fondateurs du club et d'instructeurs d'entraîneurs,
51:47il semblerait difficile d'abandonner le navire quand on a plein de projets,
51:51et que la mer peut changer d'aspect de temps en temps.
51:53– Marie-Hélène Romaine, le plaisir l'emporte sur les exigences ?
51:57– Oui, oui, jusqu'à un certain niveau.
52:00En ce moment, je suis un petit peu en saturation, mais bon, ça va passer.
52:04– Ça, c'est un message personnel.
52:06Et on salue Bruno, notre mari, qui est le photographe du club
52:09et qui lui, accompagne également les joueurs avec le minibus.
52:13– Et qui entraîne aussi cette année.
52:14– Et qui entraîne aussi cette année, oui.
52:16C'est vraiment des bénévoles multicartes, ça mérite vraiment beaucoup de respect.
52:21Ce que j'enseigne régulièrement, c'est à la force mentale,
52:23donc je vais rester fort mentalement et continuer à m'engager.
52:26Mais c'est vrai que les rentrées, c'est des moments forts, extrêmement intenses,
52:31où il y a du renouvellement, il y a beaucoup de choses à faire.
52:34Dernière chose aussi, je crois qu'il faut appeler à la responsabilité.
52:36Vous voyez, les joueurs d'élite qu'on a la chance d'avoir dans nos clubs,
52:40nos différents clubs, où les gens un peu emblématiques,
52:42je pense qu'ils doivent, dans leur contrat moral avec le club,
52:44donner un peu de leur temps bénévolement,
52:47parce que l'exemplarité, c'est un truc super important.
52:50– Le mot de la fin ?
52:51– Alors le mot de la fin, c'est pour vous dire que le bénévolat,
52:53effectivement, c'est une énorme richesse,
52:55parce qu'on reçoit beaucoup plus finalement qu'on ne donne,
52:58et on n'est jamais à la fin, effectivement, des remerciements.
53:01Mais quand même, il faut qu'il y ait une reconnaissance du travail qui est fait,
53:05qu'on reconnaisse vos qualifications, votre expérience professionnelle,
53:09vos qualités personnelles, et qu'on ne vous impose pas des gens qui arrivent,
53:13qui ne connaissent rien et qui vont faire la leçon.
53:15Alors ça, je crois que les gens sont devenus extrêmement sensibles
53:17à ce genre de comportements brutaux, malveillants et extrêmement grossiers,
53:22il faut faire très attention.
53:23Après deux années de Covid, après une année d'Ukraine,
53:26enfin de guerre en Ukraine malheureusement,
53:28je crois que les gens sont extrêmement sensibles,
53:30et il ne faut surtout pas les brutaliser.
53:32– Moi je vais vite rentrer à Avignon,
53:33parce que Marie-Hélène Roumain m'a dit qu'elle avait un peu de saturation,
53:36donc avec Jean-Yves Capot, mon co-président, on va aller s'occuper,
53:39mais je ne suis pas inquiet tellement il y a de la bonne volonté
53:42et de l'enthousiasme chez tous les bénévoles de l'USAP, de France et d'ailleurs.
53:47C'était un plaisir de faire cette émission avec vous,
53:49et puis continuez, bon vent, le sport français a besoin de vous,
53:52vous tous bénévoles qui accompagnez nos champions
53:56et êtes aussi responsables de la performance.
53:582024 se passera bien aussi parce qu'il y a tout ce travail
54:01des bénévoles dans le sport français.
54:03Merci de votre fidélité, à très vite pour un autre numéro
54:06des Grandes Questions du Sport.
54:08Sous-titrage ST' 501

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