Les Grandes Questions du Sport - Sport en entreprise

  • il y a 4 mois
Ce mois-ci dans les Grandes Questions du Sport, Patrick Chêne et ses invités reviennent sur la pratique sportive en entreprise. Enjeux, difficultés et les solutions d'avenir pour améliorer la pratique. Invités : Lilia DOUIHECH-SLIM (Vice-présidente du Think Tank Sport et Citoyenneté) Julien STALIN (DTN adjoint FFSE) Jean-Claude BROSSIER (ex-chef d'entreprise JEROME BTP) Stéphane SUZZONI (Directeur général et co-fondateur MON STADE) Valérie LAQUAY (Responsable du centre sportif MANUTAN)

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Sport
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00:00...
00:17Bonjour à tous, merci d'être avec nous, merci de votre fidélité aux grandes questions du sport aujourd'hui.
00:22Nous allons traiter le sport en entreprise.
00:25Vous savez qu'en 2024, on essaie de viser très large tout ce que peuvent nous apporter ces Jeux Olympiques.
00:31On en parlera évidemment en dernière partie de l'émission.
00:33Mais on va s'intéresser à ce thème avec peut-être trois grandes directions que nous allons emprunter pendant cette émission.
00:39Tout d'abord, quels sont les enjeux ?
00:40On va passer les enjeux de santé, les enjeux d'efficacité à l'entreprise, les difficultés.
00:46En deuxième partie, les freins à la pratique du sport en entreprise.
00:49Et puis, quelles solutions pour l'avenir de ce sport en entreprise ?
00:52Et là, on évoquera évidemment les Jeux de 2024 qui, soyons-en certains, vont tout régler dans notre pays.
00:58Le sport chez les jeunes, l'éducation, l'antidopage, le sport en entreprise.
01:04Voilà, on va juste rester un peu réaliste et espérer en tout cas un impact positif de ces Jeux de 2024.
01:13Puisque pour l'instant, l'impact, ce sera ma seule saillie de la journée.
01:16Il est surtout financier pour le portefeuille des ménages.
01:19Quand ils veulent espérer, allez voir une compétition.
01:21Passons maintenant au sport en entreprise avec nos invités, Lilia Dueschlim.
01:27Bonjour.
01:27Habituée de cette émission, vous êtes vice-présidente du Syngtank Sport et Citoyenneté.
01:32Avec nous également, Jean-Claude Brossier.
01:35Jean-Claude, vous êtes retraité.
01:37J'aime pas ce terme.
01:38Vous êtes, on va dire...
01:40Actif.
01:40Voilà, toujours actif.
01:42Dirigeant, vous étiez dirigeant de l'entreprise Jérôme BTP, mais vous êtes impliqué dans le sport en entreprise.
01:48On en parlera tout à l'heure.
01:49Avec nous également, Valérie Laquet, responsable du centre sportif Manutan.
01:53On expliquera tout ça, parce que j'ai un CV long comme ça sur chacun d'entre vous.
01:57On va y passer la moitié de l'émission.
01:58Vous nous direz tout ça au fur et à mesure.
02:00Stéphane Fusoni est là également avec nous.
02:02Stéphane, vous êtes directeur général confondateur de Monstade.
02:05On s'intéressera aussi à la signification de tout ça.
02:08Et puis, je termine avec Julien Stalin, DTN adjoint de la Fédération française du sport en entreprise.
02:14Là, c'est clair.
02:15DTN, c'est directeur technique national, évidemment.
02:18Alors, première partie, quels sont les enjeux ?
02:20Alors, on a beaucoup de chiffres.
02:22L'OMS, l'OCDE passent beaucoup de temps à faire des études.
02:26Moi, Lilia, je vais être honnête avec vous.
02:29Je n'aime pas trop cette manière de chiffrer d'une manière assez précise, vous savez.
02:34Autant, il est important de savoir que l'activité modérée, c'est à peu près 150 minutes par semaine.
02:40Donc, ce n'est pas grand chose.
02:42Et si on passait de 150 minutes, ça veut dire deux heures et demie, à 300 minutes, cinq heures,
02:50eh bien, on aurait un impact important sur la population.
02:53Alors, moi, ce qui me gêne, mais bon, ça ne regarde que moi, c'est ce chiffrage assez précis.
02:57Dire, voilà, avec ça, on aurait 30 000 décès prématurés en moins.
03:02Une activité physique permettrait d'éviter 11,5 millions de nouveaux cas de maladies non transmissibles d'ici 2050.
03:113,8 millions de maladies cardiovasculaires, 3,5 millions de dépressions.
03:16Voilà, ça, j'avoue que faire de la science aussi loin que ça, ça me gêne un peu.
03:22Ça décrédibilise parfois un peu tout ça.
03:24La réalité, c'est la tendance et on prend ces chiffres avec beaucoup de sérieux, évidemment.
03:29Mais voilà, les 400 000, les 432 000, les 264 000, c'est un petit peu parfois caricatural.
03:35En revanche, ce qu'on peut dire, évidemment, c'est que l'activité sportive,
03:38et notamment si on passe de 150 à 300 minutes par semaine,
03:41aurait un impact très, très important sur l'état de santé global.
03:46Je vois que vous faites une petite grimace, vous m'intéressez.
03:48Stéphane Fusoni, qu'est-ce qui vous…
03:51Non, non, c'est qu'il y a des chiffres qui sont fondés sur des études scientifiques,
03:54sur de très, très grandes cohortes, ça veut dire des populations de plusieurs milliers de personnes,
03:58et qui établissent, comme on établit des preuves d'efficacité des médicaments,
04:03l'efficacité de l'activité physique en tant que traitement, quand une pathologie est là,
04:08ou en tant qu'outil de prévention quand la pathologie n'est pas là.
04:11Et donc aujourd'hui, on sait que l'activité physique prévient la survenue de pathologies
04:14qui sont liées à la sédentarité, qu'elle améliore la condition physique,
04:19qu'elle agit sur les symptômes, et qu'elle améliore la qualité de vie.
04:22Et en regard de ça, il y a des chiffres à chaque fois qui sont fondés sur des études scientifiques sérieuses,
04:26publiées dans des revues sérieuses.
04:28D'accord. On est d'accord.
04:30Il y a un intérêt, Patrick, je pense, à mesurer cet impact social du sport,
04:35parce qu'avoir des chiffres comme ça qui mesurent,
04:39ça permet aussi de convaincre les décideurs de soutenir...
04:43Bien sûr. Non, mais c'est le côté un peu trop précis, moi, qui me gêne.
04:46Parce que c'est proactif, cette étude.
04:48On se dit, tiens, si jamais on ne faisait plus de sport, voilà ce qu'il se passe là.
04:50Sur l'impact médico-économique, effectivement, aujourd'hui, on trouve une grande fourchette de résultats.
04:56Et en ce sens, effectivement, je comprends votre réaction.
04:59Mais après, tout va dans le bon sens d'un impact positif.
05:01Évidemment. Ce qui est intéressant, c'est le global.
05:05Et de savoir qu'il y a un autre chiffre qui m'intéresse d'ailleurs beaucoup.
05:08Moi, c'est le fait, et là, c'est vraiment concret,
05:09c'est qu'il y a 2 millions de personnes en France qui pratiquent le sport en entreprise.
05:13Alors, on peut se dire ici, c'est formidable.
05:15Et on peut se dire aussi que ce n'est pas beaucoup.
05:18Au niveau du nombre de personnes qui pratiquent,
05:20moi, j'ai d'autres chiffres à vous donner, mais c'est pareil.
05:23Ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a une grande majorité de personnes,
05:26que ce soit les employés ou les employeurs qui sont favorables au sport en entreprise,
05:3180%, mais on a, je crois, un employeur sur huit,
05:36c'est-à-dire uniquement 13% des employeurs qui déclarent
05:39mettre en place des dispositifs de sport en entreprise.
05:43Alors, je vous donne la parole, Julien Stalin,
05:46DTN adjoint de la Fédération française du sport en entreprise.
05:49Quel est et quel doit être le rôle de votre fédération
05:53pour inciter justement les entreprises à se lancer dans cette activité très vertueuse ?
05:58On ne va pas revenir sur les chiffres en détail,
06:00mais on est tous d'accord pour dire que plus on fait du sport,
06:02plus on bouge, plus on va se sentir mieux,
06:05plus l'entreprise aussi va y trouver son compte.
06:07C'est votre croisade, j'allais dire, auprès des entreprises ?
06:10Exactement, l'idée, c'est de pouvoir effectivement leur proposer des solutions clés en main
06:16qui soient adaptées à leurs besoins et adaptées aussi à l'ensemble des collaborateurs
06:22qui ont une sensibilité plus ou moins importante sur l'activité physique ou sportive.
06:27Donc, on travaille sur des solutions qui sont adaptées
06:30pour pouvoir répondre effectivement et pouvoir toucher le plus grand nombre dans ce sens-là.
06:35Concrètement, comment ça se passe ?
06:37Est-ce que c'est vous, Fédération française du sport en entreprise,
06:39qui contactez les entreprises ?
06:41Est-ce que ce sont les entreprises qui se disent « tiens, pourquoi pas » qui viennent vers vous ?
06:44Comment s'établit le contact et le lien ?
06:47En fait, ça va dans les deux sens.
06:49Effectivement, nous, on travaille, on est proactifs pour pouvoir aller démarcher les entreprises.
06:54Les entreprises aussi viennent nous solliciter via les réseaux sociaux
07:00qui connaissent notre existence sur les différents événements sportifs
07:03qu'on peut organiser sur le plan national ou même international dernièrement.
07:10Donc là, il n'y a pas de vérité, mais en tous les cas,
07:12on essaye au maximum de pouvoir répondre effectivement au plus grand nombre
07:17et toucher toutes les entreprises, à la fois les grandes entreprises,
07:22on en parlera ensuite, mais aussi les petites et moyennes entreprises.
07:26Il n'y a pas de… voilà.
07:28Alors, Stéphane Souzonis, c'est le moment de nous parler de mon stade.
07:32Nous expliquez d'abord ce dont il s'agit.
07:34Est-ce qu'on peut le décrire comme un centre d'expertise de santé, de sport ?
07:38Tout à fait, c'est un centre d'expertise en santé, sport et performance.
07:42Nous sommes reconnus Maisons Sports Santé par l'Agence régionale de santé.
07:46Et nos métiers, c'est quoi ?
07:47Et bien, c'est d'évaluer et d'améliorer la condition physique d'individus
07:51qui ont un objectif lié à cette activité physique.
07:54On peut avoir des sportifs, quel que soit leur niveau,
07:57des personnes qui veulent rester en forme ou bien des patients
07:59pour lesquels on sait aujourd'hui que l'activité physique est un traitement.
08:02Et je reviens sur vos 150 minutes ou 300 minutes.
08:05C'est un traitement et c'est pour ça que la dose est importante.
08:09Un médicament à faible dose, ça n'a pas d'effet.
08:12À forte dose, ça peut tuer.
08:13L'activité physique, c'est exactement la même chose.
08:16Et le travail que l'on a à faire, c'est de trouver la bonne dose individuellement
08:21pour chaque personne, selon qu'elle veuille se soigner ou performer.
08:24Et le dénominateur commun entre ces personnes, c'est la condition physique.
08:28Parce qu'aujourd'hui, on sait que la condition physique,
08:30c'est mettre ses muscles en mouvement et c'est le mouvement de ses muscles
08:34qui va produire des phénomènes moléculaires complexes
08:39qui vont faire qu'on va lutter contre telle ou telle pathologie
08:41et on va créer un déséquilibre dans l'organisme qui va s'adapter.
08:44Et c'est comme ça qu'on performe aussi.
08:46Quand on est sportif, on se met dans le rouge.
08:48Et quand on est patient et qu'on doit s'améliorer,
08:49on doit se mettre un petit peu dans le rouge
08:51sous la conduite de professionnels de l'activité physique adaptée.
08:53– Alors, je vous pose la même question que je posais à Julien Stalin
08:56parce que j'aime bien les situations concrètes.
08:58Montstade, formidable, j'ai compris à qui vous vous adressiez,
09:02mais comment se fait le lien ?
09:03Est-ce que ce sont des sportifs qui se tiennent,
09:05je veux améliorer ma performance, je viens vous voir.
09:07Comment ça se passe concrètement ?
09:10– Alors aujourd'hui, 85% des personnes qui viennent nous voir sont des patients.
09:13Donc, ils viennent avec une prescription médicale.
09:16Et les services que l'on propose aujourd'hui à Montstade,
09:19on les propose, et c'est pour ça qu'on est là aussi,
09:21également aux employeurs pour leurs collaborateurs
09:24puisque l'entreprise est un terrain de santé.
09:26S'il y a 20% de malades chroniques dans la société en général,
09:29il y en a 20% dans les entreprises et dans les administrations françaises.
09:32Et ça a un impact sur la performance de l'entreprise.
09:36Ça a un impact également sur le bien-être global des collaborateurs.
09:39Et on propose des services également pour ces collaborateurs en entreprise,
09:43pour le maintien et le retour à l'emploi.
09:44– Comment aujourd'hui a-t-on changé de mentalité ?
09:47On s'aperçoit qu'on parle du sport dans la prévention pour la santé.
09:51Est-ce que vous êtes encore dans le schéma, le sport qui soigne ?
09:55Vous disiez, on vous envoie des patients.
09:56Et est-ce qu'on a compris, est-ce que notre société
09:59est en train de prendre conscience que le sport peut soigner,
10:02mais le sport peut surtout être un outil de prévention exceptionnel ?
10:06Est-ce qu'on est déjà dans cette logique ?
10:08– Je crois qu'on l'est de plus en plus depuis quelques années.
10:12Et alors, je vais me permettre d'élargir le propos.
10:14Effectivement, le sport, c'est ce qui nous passionne.
10:16Mais le terme exact, c'est l'activité physique.
10:19Et on parle d'activité physique en milieu professionnel
10:21parce que ça peut prendre différentes formes,
10:23une intervention auprès de collaborateurs.
10:25Ça peut être des séances d'échauffement avant la prise de poste,
10:27comme ça peut être des rencontres sportives organisées par la FFSE,
10:31comme des programmes personnalisés qui sont ceux que l'on propose.
10:34Et dans l'entreprise, je le répète, il y a des malades,
10:37des personnes bien portantes et qui doivent le rester.
10:38Il y a surtout les fameux sédentaires dont on parlait.
10:4212 heures assis quand on est au travail, c'est la moyenne quand même.
10:46Sur une journée de travail, entre le transport et la journée de travail,
10:50la sédentarité est un véritable fléau qui a ses effets délétères
10:54qui sont spécifiques en plus et que l'on doit combattre
10:58avec des pauses actives notamment.
11:01Donc voilà, il y a ces risques professionnels que l'activité physique
11:03peut adresser, la sédentarité, les troubles musculosquelétiques
11:06et les risques psychosociaux également.
11:09– Alors, je vous rappelle le principe de cette émission,
11:11ce n'est pas normatif, ce n'est pas moi qui vous donne la parole,
11:13vous la prenez quand vous voulez, vous réagissez.
11:15Et j'aimerais d'ailleurs que vous réagissiez tous,
11:17vous êtes concernés par ce chiffre, alors ce chiffre qui m'intéresse aussi,
11:21c'est chaque euro investi dans l'activité physique génère un retour
11:25presque double, 1,7 euros, en termes de bénéfices économiques.
11:31Ça c'est une étude de l'OMS et de l'OCDE qui date de février 2023.
11:36Est-ce que vous, dans vos activités, et je viens vers vous Valérie Laquet,
11:40responsable du centre sportif Manutan,
11:42vous êtes également maître de conférences associée
11:44à l'UFR Staps de Paris-Nanterre, ce chiffre vous parle,
11:49et parlez-nous d'abord de votre activité.
11:50Centre sportif Manutan, de quoi s'agit-il ?
11:54– Alors Manutan, ETI, familial, on est leader européen du e-commerce,
12:00B2B, ça c'est notre métier principal,
12:02et le projet Manutan date de 12 ans, le projet sportif,
12:06c'est-à-dire qu'on a intégré dans le dispositif,
12:08dans un siège social qui a été construit, un centre sportif au cœur,
12:12il est au cœur des bâtiments, il est en plein milieu des bâtiments,
12:17et la stratégie Manutan a été de placer ce dispositif sportif
12:23au cœur de la stratégie de recrutement et de placer l'humain
12:26au cœur de la stratégie Manutan, c'est-à-dire que nous,
12:28ce qui nous intéresse, c'est de faire vivre une expérience collaborateur
12:32au travers d'un projet qu'on a appelé projet sportif,
12:34et je rejoins ce que vous avez dit monsieur,
12:36c'est la partie activité physique,
12:38qu'on a mis en place une équipe, d'éducateurs sportifs dédiés,
12:42on a des locaux dédiés, et on fait vivre un projet
12:45autour d'une dizaine d'activités,
12:47et on a à peu près 30 à 35% des effectifs du site.
12:51– Combien d'effectifs dans le site ?
12:53– Alors, effectifs sur le site, on a 700 personnes sur le site,
12:55et on propose une dizaine d'activités qui vont sport de raquettes,
12:59escalade, vous qui aimez le concret, nous c'est du concret,
13:01de l'escalade, du tir à l'arc, du fitness, du pilates,
13:05et on a des personnes qui, chaque semaine,
13:07pratiquent entre une à trois fois par semaine,
13:11une à deux heures d'activité par semaine,
13:13donc de manière très concrète,
13:15nos missions au centre sportif, c'est la création de liens sociaux,
13:18et c'est vrai que c'est extrêmement important au sein des entreprises,
13:21la deuxième chose, c'est la lutte contre la sédentarité,
13:23et la troisième chose, c'est leur proposer des activités
13:25dans lesquelles ils vont progresser et ils vont prendre du plaisir,
13:28parce que c'est ça qui nous importe.
13:30Donc en termes de chiffrage, c'est difficile de chiffrer,
13:35parce que le retour d'expérience est complexe pour nous,
13:38mais en tous les cas, au travers des études qui sont réalisées,
13:41que ce soit des enquêtes internes,
13:42ou que ce soit des trophées sportifs qu'on a gagnés,
13:46on sait qu'on rencontre un véritable enthousiasme
13:49au sein des collaborateurs pour ce projet sportif.
13:52Les gens s'inscrivent, se réinscrivent d'une année sur l'autre,
13:54et organisent leur planning d'activités hebdomadaires
14:00autour de la pratique.
14:01– Alors, c'est la question que j'allais vous poser.
14:03En écho, comment expliquer, parce que votre offre,
14:06je la trouve formidable, bon, si ça se passait comme ça
14:08dans toutes les entreprises, ça se saurait,
14:10comment expliquer ceux qui n'adhèrent pas ?
14:12Est-ce que c'est une question d'emploi du temps ?
14:14Est-ce que vous proposez d'adapter l'emploi du temps du travail,
14:17ou est-ce qu'il faut rester une heure de plus, deux heures de plus ?
14:19Est-ce que c'est un frein, par exemple ?
14:21– Alors les freins sont la localisation des habitations
14:28de nos collaborateurs, ça c'est la première chose,
14:30la partie transport, la partie vie personnelle, la partie santé,
14:34ça ce sont des freins habituels, on les interroge pour connaître
14:38chaque année les motivations de la non-inscription.
14:42Donc on essaie d'adapter et on leur demande
14:44quelles sont leurs propositions, quels seraient leurs souhaits.
14:48Donc ça nous oblige, c'est vrai, à changer nos horaires d'activité,
14:50on fait des nocturnes par exemple, parce qu'on se rend compte
14:52que les gens restent plus longtemps sur site,
14:54on organise l'activité très tôt le matin,
14:57on organise également, comme vous le disiez monsieur,
14:59des échauffements au travail, on organise des séances
15:03au sein de certains services lors de moments très particuliers
15:06et on essaye de créer de la convivialité via des événements internes et externes,
15:10puisque nous participons également à des actions en partenariat
15:14avec les Fédérations Françaises de Sport et d'Entreprise.
15:16Donc on essaie de trouver divers moyens pour les faire participer.
15:20On fait des marches connectées par exemple,
15:22on essaie de trouver tous les systèmes qui vont leur permettre de bouger
15:26pour lutter contre la sédentarité parce qu'on a parfaitement confiance.
15:28– Vous avez du pilier là, Julien Stalin,
15:30là c'est vraiment le schéma que vous rêvez dans toutes les entreprises.
15:33– C'est exactement ça, c'est le modèle totalement vertueux,
15:37qui est exceptionnel et c'est un modèle sur lequel
15:40la Fédération Française du Sport et d'Entreprise peut s'appuyer
15:43et puis qu'on puisse aussi le décliner au plus grand nombre.
15:47Mais au-delà de ça, malheureusement toutes les entreprises
15:51n'ont pas des infrastructures d'aussi grande qualité,
15:55mais c'est effectivement quelque chose qui fonctionne merveilleusement bien
15:58et c'est un bel exemple et une belle réussite en tous les cas sur ce groupe-là.
16:03– Jean-Claude Brossier, votre expérience,
16:04vous êtes ancien chef d'entreprise, Jérôme BTP,
16:07vous êtes investi… – Entreprise qui existe toujours.
16:09– Qui existe toujours, chez vous qui êtes parti mais l'entreprise est restée.
16:13Je vois que vous avez le sourire, donc cette retraite se passe bien
16:16parce qu'elle est très active et dites-moi d'abord,
16:19parlons de votre expérience passée avant de parler de votre engagement d'aujourd'hui,
16:23dans l'entreprise que vous dirigez,
16:25est-ce que vous vous êtes reconnu un peu dans ce qui se passait chez Manutan ?
16:29– Non, pas tout à fait parce que l'entreprise Jérôme
16:32est une PME indépendante, 280 personnes
16:36et on n'avait pas les mêmes moyens financiers pour avoir une salle de sport
16:40et en plus l'activité de l'entreprise…
16:42– C'est ce qui est intéressant, c'est de voir comment on peut agir
16:44sans avoir ce type de moyens.
16:45– Et l'entreprise en fait, c'est 40 chantiers actifs dans un rayon de 500 km
16:49donc voilà, tout le monde n'est pas toujours au siège.
16:53Moi, la manière d'aborder cette problématique du sport
16:57est venue d'un sujet grave pour l'entreprise
17:00et je vais pouvoir vous donner le chiffre
17:03qui correspond à votre retour sur investissement.
17:06Moi, ma problématique c'était de m'attaquer aux troubles musculosquelétiques.
17:10En un mot, tout ce qui concerne la pénibilité, le mal-être au travail, etc.
17:15qui amènent des accidents, qui amènent des burn-out, etc.
17:22Et quand j'ai commencé cette étude dans les années 90,
17:25il n'existait aucun outil, bon, quelques formations gestes et postures
17:30dont tout le monde décriait l'inefficacité.
17:33Et moi, j'ai voulu faire des actions de formation terrain.
17:38Mais pour persuader les gens,
17:40pour moi, ce qui m'a aidé, c'est l'analogie avec le sport.
17:43À l'époque, j'étais marathonien, donc je m'entraînais régulièrement,
17:48je m'échauffais, je m'étirais après les courses, etc.
17:52Alors que moi, mes marathoniens des travaux publics,
17:55eux, ils pratiquaient, mais ils ne s'entraînaient pas et ils ne s'étiraient pas.
18:00Donc, j'ai fait travailler des kinés sur ce sujet
18:08pour avoir véritablement une étude de terrain.
18:11Et pour sensibiliser les gens, l'analogie avec le sport a été fantastique.
18:16Alors, moi, je n'ai pas dans l'entreprise des sportifs que je sponsorise.
18:21Bon, même si on achète des maillots pour des équipes locates de foule,
18:25ou des choses comme ça.
18:26Mais par contre, ce que j'ai pu voir,
18:30et je voudrais réagir sur la notion de pratique sportive,
18:33c'est la pratique d'un exercice physique plutôt.
18:39Ce que je veux dire, c'est que moi, quand j'entends dire mes secrétaires,
18:44parce qu'il n'y a pas que les terrassiers qui sont concernés,
18:46que le week-end, elles se consacrent une heure pour faire de la marche en forêt
18:50avec leurs enfants, pour moi, c'est déjà gagné.
18:53Et lutter contre la sédentarité, c'est aussi ces petits gestes,
18:57ce qu'on appelait des routines qui vont être mises en œuvre régulièrement.
19:03On parlait des chauffeurs de camion.
19:06Voilà un chauffeur de camion qui store le pied en descendant du camion et tout,
19:10parce qu'on ne lui a jamais appris comment descendre de son camion.
19:13Mais il peut très bien avoir, dans l'exercice de sa fonction,
19:17plutôt que d'avoir l'image du chauffeur routier bien bodonnant,
19:20faire des exercices en serrant son volant, en baissant les épaules,
19:24en se redressant pour que sa colonne souffre moins dans l'exercice quotidien.
19:30– L'impact est important aussi, vous parliez de routine,
19:32moi j'aime beaucoup la notion d'habitude qui peut être prise dans l'entreprise,
19:35parce que là où le mouvement devient encore plus la vie,
19:39c'est pour les personnes âgées, pour les personnes très âgées.
19:41Donc quand on a pris ces habitudes grâce à l'entreprise,
19:44on va pouvoir rester en mouvement, car on sait, les personnes très âgées,
19:48le plus grand danger qu'il y ait, c'est l'immobilité, la sédentarité.
19:52Donc on met le virus.
19:55– C'est en ce sens que l'entreprise est un terrain de santé,
19:57parce que, je ne vais pas rafraser une grande marque,
20:00ce qu'on fait à l'intérieur se voit à l'extérieur,
20:02c'est-à-dire ce que Monsieur a proposé à ses collaborateurs,
20:06ils l'ont gardé dans leurs habitudes de vie quotidiennes,
20:09et nous on accompagne aussi aujourd'hui des entreprises pour les salariés seniors,
20:12pour faire exactement ce que vous dites,
20:14c'est-à-dire les préparer à une retraite active.
20:16– Ça me fait penser, avec l'actualité des agriculteurs,
20:19c'est que tous ces gens, et votre exemple des terrassiers était excellent,
20:23ou du chauffeur routier qui va,
20:25mais tous ces gens dont on dit au moins ils se dépensent,
20:29ben oui, mais souvent ils se dépensent mal,
20:30et cet accompagnement prêt et poste est capital,
20:35et va être de grande valeur pour le salarié,
20:39et pour l'entreprise, pour éviter les traumas divers et variés.
20:43– Alors, surtout, ne me demandez aucun chiffre,
20:46mais pourtant je vais vous en donner un, et qui pour moi est significatif.
20:50Quand j'ai commencé à me pencher sur ce sujet,
20:54j'ai regardé ce que nous payons en termes de cotisations,
20:58d'accidents du travail, etc.,
21:00et la cotisation à l'époque, pour 180 personnes, était de 250 000 euros.
21:06La cotisation étant liée à une accidentologie de la branche,
21:11mais aussi de l'entreprise.
21:12Et au bout de quelques années,
21:16la cotisation n'était plus qu'au grand maximum de 100 000 euros.
21:21C'est-à-dire que les 50 000 euros que j'investissais chaque année
21:24pour que des kinés accompagnent les gens sur le terrain,
21:28dans leurs gestes de travail au quotidien,
21:31étaient largement remboursés, et avec un effet qui se coule,
21:36moins d'accidents, moins d'absentéisme,
21:38donc plus de production, donc plus de bénéfices.
21:41Alors, inutile de vous dire que j'étais un PDG heureux.
21:44– Bien sûr.
21:46On voit maintenant ce qui existe.
21:48Quelques réactions sur tout ce qui s'est dit, Lilia, peut-être ?
21:51– Moi, je suis heureuse de voir effectivement des chefs d'entreprise
21:55qui sont très impliqués sur cette cause,
21:58et c'est notamment un critère de réussite.
22:01Il y a ça, et puis il y a aussi le fait d'élaborer un diagnostic
22:06au plus proche, en fait, de ses collaborateurs.
22:09C'est ce que vous disiez tout à l'heure,
22:10comment on arrive à faire en sorte que le maximum de collaborateurs
22:18puissent pratiquer, même les plus éloignés,
22:20je pense aussi aux personnes handicapées,
22:22c'est un des enjeux du sport en entreprise.
22:24Et ça passe effectivement par une co-construction de cette offre,
22:28et je vois que c'est ce qui est mis en place, et c'est fabuleux.
22:32Et alors, on le fait au sein de l'entreprise,
22:34et après, il faut aller chercher aussi de plus en plus d'entreprises.
22:38– Oui, alors, je suis d'accord avec vous, aller chercher les entreprises
22:41et permettre aux entreprises de concerner un maximum de monde.
22:45Parce que tout à l'heure, Valérie Lacaille disait,
22:47si j'ai bien entendu, c'était 30% des salariés qui étaient très actifs.
22:50Or, une étude que je prends totalement en compte,
22:54montre que 79% des salariés interrogés sont concernés
22:58et souhaitent travailler dans une entreprise
23:00qui favorise la pratique du sport.
23:01Donc, il y a une volonté, mais en face, il n'y a pas une offre.
23:04Alors, il y a une très belle offre dans ce que vous proposez,
23:07mais tout ce contexte de vie familiale, de transport, etc.
23:10est un frein, évidemment.
23:11Ça va d'ailleurs être le thème de notre deuxième partie,
23:14les difficultés et les freins à la pratique du sport en milieu professionnel,
23:19juste après une toute petite pause.
23:21C'est la deuxième partie des grandes questions du sport,
23:31consacrées aujourd'hui au sport en entreprise.
23:33Alors, on a vu les belles initiatives, on a vu la volonté politique,
23:37on a vu le bienfait de l'activité sportive pour le salarié,
23:41pour l'entreprise également, pour la société en général.
23:44Voyons maintenant ce qu'on peut changer, ce qu'on peut bousculer
23:46en nous intéressant justement aux freins à la pratique du sport en milieu professionnel.
23:53Jean-Claude Brossier, vous nous avez donné un témoignage très intéressant
23:56avec vos terrassiers et vos chauffeurs notamment,
23:59et même la secrétaire, vous le disiez.
24:02Quelle est la difficulté majeure que vous rencontrez
24:04quand vous voulez essayer d'imposer, d'inoculer l'esprit sportif
24:09et la pratique sportive ou l'activité physique,
24:12comme vous le disiez très bien, dans l'entreprise ?
24:15Alors, même si, comment dire, il y avait une bonne ambiance,
24:20elle existe toujours à l'entreprise, mais bon, c'est toujours une relation hiérarchique
24:25de se dire, tiens, qu'est-ce que le président va encore nous demander ?
24:31Voilà, et c'est de faire comprendre que l'intérêt est un intérêt personnel
24:36et que c'est une véritable révolution culturelle qui s'impose.
24:41Moi, j'ai tendance aussi à penser que l'exemplarité du chef d'entreprise
24:46est quelque chose d'important.
24:47Alors, sur ce sujet-là, moi, je ne suis pas à 30 minutes, 40 minutes et tout ça,
24:53je consacre une heure par jour à mon bien-être personnel.
24:58Donc, je ne parle pas d'activité sportive, ça peut être du sauna,
25:04ça peut être de la piscine, ça peut être du vélo, ça peut être de la marche,
25:08mais voilà, c'est avoir cette conscience de…
25:12Moi, j'avais un slogan, c'est « il n'y a pas de mal à se faire du bien ».
25:15– Vous mettez la sieste dans la liste ?
25:17– Et la sieste, oui.
25:19Parce qu'en fait, si vous voulez, de cette volonté d'impliquer les gens
25:24dans une pratique physique ou sportive, on jouait en fait sur trois tableaux.
25:31Le premier, et qui est important, et on a toujours l'analogie avec le sport,
25:37c'est l'ambiance de travail.
25:38On ne peut pas avoir une équipe qui gagne s'il n'y a pas un esprit d'équipe.
25:43Le deuxième sujet concernait, et là, c'est très technique,
25:48et ça, on sait le résoudre, l'analyse du poste de travail,
25:51et donc de voir comment réaliser le bon geste pour moins s'user au quotidien.
25:57Et le troisième sujet que les chefs d'entreprise
26:00ont souvent des réticences à aborder,
26:03c'est carrément la santé physique de la personne.
26:07Et sur ce sujet-là, moi, je disais,
26:08attendez, on est obligé d'intervenir pour des addictions,
26:12résoudre des problèmes d'alcool.
26:14Aujourd'hui, pour mes successeurs de drogue,
26:16il faut le savoir, au quotidien, en entreprise,
26:19mais pourquoi ne pas parler du sommeil ?
26:22Effectivement, d'une bonne petite sieste réparatrice
26:26qu'on peut très bien concevoir à n'importe quel moment
26:30dans des cycles de travail,
26:31mais aussi l'alimentation, etc., etc.
26:36Alors, il y a une notion qui m'intéresse aussi,
26:37et surtout, c'est la notion de lien social,
26:40Valéry Laquet, vous l'évoquiez tout à l'heure.
26:42Est-ce que vous aviez la possibilité, Jean-Claude Brossier,
26:46comme le disait Valéry Laquet, d'avoir des moments communs ?
26:49Parce que, moi, c'est ce qui m'intéresse beaucoup,
26:51vous parliez de la hiérarchie dans l'entreprise,
26:53quand vous mettez tout le monde sur un terrain de foot
26:56ou dans une épreuve de karting ou je ne sais quoi,
26:59qu'on met le patron avec les salariés,
27:01là, on peut dire que les relations changent et évoluent.
27:04Vous aviez ce luxe ?
27:05Oui, alors, on avait ce luxe d'abord dans l'entreprise
27:09et grâce aux organisations ici représentées,
27:12sur des challenges inter-entreprises,
27:14et de faire des équipes et d'amener un esprit,
27:18bon, ce n'était pas sur une performance,
27:20mais voilà, de composer l'équipe qu'on va tous aller soutenir
27:25et d'avoir ce sujet-là,
27:27et aussi de mettre en valeur dans des journaux internes
27:31des gens autant qui s'occupent de sport
27:35que de s'occuper, par exemple, de clubs sportifs.
27:39Moi, j'ai des salariés,
27:41et sur lesquels, nous, on met ces choses-là en évidence,
27:44qui s'occupent de jeunes,
27:46pour des jeunes équipes de foot ou autres,
27:50de sports collectifs,
27:52et donc, on avait tendance à les valoriser,
27:54enfin, on a toujours tendance à les valoriser
27:57dans l'entreprise.
27:58– Valérie Laquet, vous vous appuyez sur des organisations internes
28:01ou sur ce que vous proposez, Julien Stalin,
28:04et la Fédération française du sport en entreprise ?
28:06– Alors, nous, nous mixons ça,
28:07c'est-à-dire que nous travaillons à la fois en interne
28:09pour accueillir tous les publics,
28:11ça, c'est extrêmement important,
28:13la notion de lien social et la hiérarchie s'impliquent fortement
28:16puisque nos managers et nos dirigeants
28:19participent eux-mêmes aux activités,
28:21et nous nous appuyons sur des structures associatives,
28:25on accueille, par exemple, chaque vendredi matin,
28:27on met à disposition nos locaux
28:29à destination de publics en situation de handicap
28:31via une association qui s'appelle Novo Sport,
28:33sport inclusif,
28:34et demain matin, par exemple,
28:35on a une rencontre sportive,
28:36personne valide, personne non valide,
28:38du foot, demain matin,
28:40beaucoup d'activités de type animation,
28:44tournois de football, blackminton,
28:46ça, ils adorent,
28:46et puis on s'appuie aussi,
28:48on participe à des courses,
28:49des courses assez classiques,
28:50la parisienne, la voie royale,
28:51on amène toute l'équipe,
28:52tout ça, c'est pour renforcer le sentiment d'appartenance
28:54à un collectif,
28:55on est vraiment très attachés au collectif,
28:58et c'est ce qui permet à tout individu,
29:00finalement, de se retrouver
29:02en portant le même maillot,
29:03en étant à côté de son manager,
29:05en étant à côté de son collègue,
29:07et c'est véritablement ça qui anime
29:09le projet sportif Manutan.
29:10Je vais vous raconter une anecdote
29:11que vous avez le droit de ne pas croire,
29:12mais qui est vraie,
29:14un chef d'entreprise d'une très grosse boîte française
29:16faisait des sorties à vélo avec ses employés
29:19et on n'avait pas le droit de le doubler.
29:22Oui, j'espère que ça n'existait pas
29:24et que justement, vous pourriez…
29:25Mais c'est une histoire vraie,
29:27c'est-à-dire que, surtout,
29:28on ne passe pas devant le patron
29:29parce que ça le vexe,
29:30mais je pense que vous êtes loin de tout ça,
29:32enfin, je l'espère en tout cas.
29:33Et moi, j'ai oublié effectivement
29:35les rencontres de foot
29:37où les dirigeants participent
29:39et puis les courses à pied
29:40que moi, j'ai pu faire
29:42à côté de mes collègues
29:43et je tolérais qu'ils me doublent,
29:45surtout les années passées.
29:46Il vaut mieux quand même pas faire
29:47les diamants croisés au patron,
29:49ça peut porter malheur.
29:51Qu'est-ce que vous proposez exactement,
29:53alors, Julien Stalin,
29:55à ces entreprises-là,
29:56comme vous parliez tout à l'heure,
29:59Jean-Claude, de ces manifestations
30:02proposées par la Fédération française
30:03du sport à l'entreprise,
30:04qu'est-ce que vous proposez ?
30:05Alors, effectivement,
30:06sur la partie événementielle,
30:08on a une offre assez développée,
30:10à la fois sur nos territoires,
30:12qui s'appellent les lauriers du sport
30:14ou des challenges inter-entreprises.
30:17Ensuite, on a un événement
30:19qui fonctionne plutôt très bien,
30:21début septembre,
30:22sur la course de la diversité.
30:24Ça, au niveau, voilà,
30:26la dimension de pouvoir tous se réunir
30:28et courir un peu pour la même cause,
30:30c'est quelque chose qui fonctionne bien.
30:32On a des Jeux nationaux du sport d'entreprise
30:34qui s'organisent tous les ans.
30:36On sort de l'organisation des Jeux européens
30:38du sport d'entreprise à Bordeaux,
30:40en juin dernier,
30:42où on avait 7500 participants
30:44avec, voilà,
30:46beaucoup de délégations représentées.
30:48Donc, on est très actifs
30:49sur la partie événementielle.
30:51Et puis, de façon complémentaire,
30:52ce que vous disiez, monsieur Brossier,
30:54c'est, enfin, là où je souhaite
30:58commenter un petit peu ce que,
30:59voilà, ce que vous apportiez,
31:01c'est vraiment le fait que l'entreprise,
31:04enfin, l'équipe dirigeante, les dirigeants,
31:06s'ils sont partis prenants du projet sportif
31:09ou de mettre en activité les collaborateurs,
31:12ça, c'est un vrai gage de réussite
31:15si c'est partagé, voilà, par les dirigeants.
31:19Si ce n'est pas partagé par la direction,
31:21on a plus de difficultés, effectivement.
31:23Vous le disiez sur la partie formation.
31:26Par exemple, nous, on propose
31:28une certification de référent
31:30à l'éveil musculaire au sein des équipes.
31:32Si ce n'est pas partagé par la direction,
31:34c'est compliqué de pouvoir l'imaginer,
31:36que ça puisse vraiment perdurer dans le temps.
31:38Dès l'instant où c'est partagé,
31:40nous, on a vraiment des exemples très positifs
31:43sur la mise en place de l'éveil musculaire
31:46adaptée à l'activité professionnelle de l'entreprise
31:50ou des différents secteurs.
31:51Donc, vraiment, la partie dirigeante
31:55qui sont à l'initiative de ça,
31:57c'est vraiment très important pour la réussite.
31:59Allez-y.
32:00Oui, je voulais dire aussi à propos de ces routines
32:03dont on parle pour une activité sportive.
32:06Nous, ce qu'on avait mis en œuvre
32:08et initié dans l'entreprise
32:09et qui a été copié après
32:11par beaucoup d'entreprises du BTP,
32:13et c'est heureux,
32:14c'est tout ce qui concerne les échauffements.
32:17Et quand je parlais tout à l'heure
32:18de révolution culturelle,
32:20en fait, le retour que nous faisaient les salariés,
32:23c'était de nous dire,
32:25ouais, mais passez-moi l'expression,
32:27on passe pour des cons, quoi,
32:28à faire des échauffements dans la rue.
32:30Et donc, ce qu'on avait fait,
32:32on avait fait comme les agriculteurs aujourd'hui,
32:35on avait bloqué les rues
32:36et on interrogeait les gens qui passaient
32:38en disant, voilà,
32:39vous voyez des gens s'échauffer,
32:41vous, votre réaction, c'est quoi ?
32:43Et il n'y avait à 100%, dans 100% des cas,
32:46que des réactions positives pour dire,
32:48mais oui, c'est brillant,
32:49et où je le fais, où je devrais le faire ?
32:52Et il y avait une vision très, très positive des choses.
32:54Et au-delà de l'exemplarité,
32:56après, ça devient un espèce de mot d'ordre,
32:59et dans l'entreprise, c'est un mot d'ordre,
33:01bien dans son poste, bien dans sa tête,
33:03bien dans son corps.
33:04Voilà, on donne une dynamique positive
33:07et qui contribue à ce que, moi,
33:09j'ai toujours défendu vis-à-vis des chefs d'entreprise,
33:12ce concept de bien-être au travail
33:15et qui a un retour financier extrêmement important
33:19dans l'ambiance de l'entreprise
33:21et dans la performance de l'entreprise.
33:24Est-ce qu'il y a un rôle des icônes ?
33:26Je m'explique, on sait que beaucoup d'enfants
33:29se lancent dans la pratique d'un sport
33:30parce qu'ils admirent un tel ou un tel,
33:32parce qu'ils ont assisté à des matchs d'un bon niveau.
33:35Est-ce que c'est une dimension qu'on peut avoir
33:37dans le sponsoring d'une entreprise ?
33:39De dire, bon, c'est bien beau de mettre des panneaux
33:42pour la notoriété de l'entreprise,
33:44mais est-ce qu'il ne serait pas intelligent aussi
33:46d'amener les salariés assister aux compétitions sportives
33:51et d'avoir des déclics ?
33:52Parce que les enfants peuvent avoir des déclics,
33:53mais les adultes aussi, de dire, tiens,
33:55j'ai assisté à un match de basket, de volet, de badminton,
33:58je vais m'y mettre aussi,
33:59et pourquoi pas au sein de l'entreprise.
34:00Mais bien sûr, et le sportif accompagné par l'entreprise
34:03a aussi un rôle de modèle.
34:06J'ai eu la chance de travailler avec Martin Fourcade
34:09sur un projet justement sur cette analogie
34:10et on travaillait sur les freins et barrières à la pratique.
34:13Et bien, Martin Fourcade, il a les mêmes difficultés que nous
34:15pour se lever le matin, aller s'entraîner,
34:18faire ses boucles par moins 20 dans la neige
34:21et nous mettre nos tennis pour aller courir.
34:23Et donc, tous les freins et barrières que l'on connaît,
34:26une sportive me racontait, puisque mère de famille
34:29qui élève ses enfants, combien c'était difficile d'eux.
34:32Et en fait, c'est exactement la même chose
34:34pour les athlètes du quotidien,
34:36pour nous qui ne sommes pas sportifs de haut niveau,
34:38que pour ces athlètes de haut niveau.
34:39Donc, au-delà du spectacle qui a cet effet inspirant,
34:42effectivement, spectacle sportif,
34:43il y a véritablement aussi encore de l'analogie
34:46à aller chercher chez les sportifs.
34:48Et je voudrais dire aussi une chose peut-être
34:50pour les téléspectateurs employeurs qui se disent
34:52mais c'est compliqué, c'est le Tourmalet, c'est 17 virages.
34:55Non, c'est très simple.
34:56En fait, on promeut l'activité physique.
34:58L'activité physique, c'est trois choses.
35:00C'est être assis moins, bouger plus,
35:02améliorer sa condition physique.
35:03Donc, ça peut être du sport, mais ça peut être,
35:05on l'a vu, plein d'autres choses.
35:07Ensuite, aujourd'hui, il y a de plus en plus de méthodologies
35:09qui sont accessibles.
35:11Il y a des plateformes, une plateforme gouvernementale
35:13portée avec l'Union Sport et Cycle
35:15qui s'appelle Solutions Sport Entreprise
35:17où sont référencées la plupart des prestataires.
35:21Et cette méthodologie, elle va nous permettre
35:23de cerner les motivations des collaborateurs.
35:26Très important parce que quand on met du sport
35:28dans l'entreprise, en général,
35:29ce sont ceux qui sont déjà sportifs qui viennent.
35:31C'est pour eux un effet d'aubaine.
35:32Mais non, il faut aller chercher ceux qui en sont éloignés.
35:34Et ceux qui sont éloignés de ça,
35:36leur problème principal aussi, c'est le regard des autres.
35:39Donc, il faut trouver des leviers
35:42parce que le regard de l'autre dans l'entreprise,
35:43ce n'est pas le même que si je cours autour d'une piste
35:46de façon anonyme.
35:47Donc, il y a plein de choses à trouver, des leviers.
35:48Mais aujourd'hui, les recettes sont véritablement disponibles.
35:52Les fédérations, comme la FFSE, proposent des solutions.
35:55Nous proposons des solutions.
35:56Et finalement, il y a une solution adaptée à chaque entreprise
35:59selon son objectif, selon ses moyens
36:01et selon son territoire également.
36:03– Est-ce que la solution la plus simple n'est pas également
36:05de participer, ça se fait, je sais, au coup d'une licence sportive,
36:09de proposer aux salariés de payer 50% de la licence
36:14lorsqu'ils rentrent dans un club ?
36:15Ça se fait, ça ?
36:16– Oui, ça fait partie de ce que nous avons mis en œuvre
36:20par l'intermédiaire du comité d'entreprise.
36:23– Très bien.
36:24Thierry Braillard, lorsqu'il était ministre des Sports,
36:26avait une initiative formidable, c'était d'initier des partenariats
36:30entre les sportifs de haut niveau et les entreprises
36:32en favorisant justement et surtout en cassant des a priori.
36:36Vous avez des TPE qui se disaient
36:38jamais je pourrais avoir un athlète sélectionné
36:41pour les Jeux Olympiques qui représente ma boîte,
36:43bien si, c'était tout à fait possible pour des sommes
36:45complètement raisonnables et on a vu d'ailleurs récemment,
36:47vous avez peut-être suivi, un sportif qualifié
36:50pour les Jeux Olympiques qui est obligé de faire un compte
36:52litchi ou je ne sais quel, cross-funding, crowdfunding
36:56pour essayer de financer sa préparation.
36:59Donc est-ce que l'entreprise ne doit pas évoluer là-dedans aussi
37:01et voir autrement qu'un homme sandwich
37:06quand on prend un champion et de lui faire dire
37:09voilà, l'entreprise d'Intel est formidable,
37:12c'est quelque chose qui vous parle Lilia ?
37:15– Vous avez donné l'exemple effectivement
37:17de ce qui a été mis en place sous Thierry Braillard
37:19et ça donne des bons résultats, oui, tout à fait.
37:22– Stéphane Souzoni, je sais que vous savez que j'adore les études,
37:25vous en avez une pour moi ?
37:26– Je vais vous en citer une qui est très pratique,
37:29c'est un constat qui va faire le lien entre la sédentarité
37:32dont on parle qui est ce nouveau fléau
37:36et l'activité physique et le sport en entreprise.
37:38En fait, une des premières études qui s'est intéressée à ça,
37:41c'est une étude menée par un médecin qui s'appelle M. Morris à Londres
37:45et il était médecin de la régie des transports londonien
37:48et il a voulu évaluer le risque de mortalité
37:52des agents des bus londoniens.
37:55Eh bien, le chauffeur a un risque de mortalité par maladie cardiovasculaire
38:00supérieur de 50% au contrôleur
38:02et pourquoi ?
38:03Parce que le contrôleur dans les bus impériales londoniens,
38:06il a un étage à monter pour faire son contrôle
38:09et ça, ça a été le départ en fait des études épidémiologiques
38:12et en particulier dans le monde du travail
38:14et on comprend très simplement pourquoi ce contrôleur allait mieux.
38:18– On va rester dans le concret, moi j'aime bien le concret,
38:20vous savez les personnes âgées ou qui vont être âgées
38:22ou qui vont prendre le retraite qui vous disent
38:24nous on va déménager parce qu'il y a des escaliers dans la maison
38:26et on va tout mettre de plein pied
38:28et chaque fois je me permets d'être totalement étonné,
38:30je me dis mais les jours où vous ne pouvez plus monter les escaliers
38:32de toute façon vous n'allez pas rester dans les maisons,
38:34donc montez les escaliers dix fois par jour
38:36et vous allez rester beaucoup plus longtemps dans votre maison,
38:38on est tous d'accord.
38:39– On est tous d'accord et si je peux citer une autre étude ?
38:41– Allez !
38:43– Par rapport à ces personnes âgées, il y a une étude australienne
38:46qui a étudié une cohorte de quelques milliers de patients de plus de 70 ans
38:51et 5 ans après on regardait parmi ces patients de plus de 70 ans
38:55ceux qui étaient encore en vie
38:57et on a constaté que ceux qui étaient encore en vie
38:59étaient ceux qui marchaient à plus de 3 km heure,
39:01donc on en a constaté que la mort marchait à moins de 3 km heure
39:06et qu'il fallait marcher plus vite que la mort
39:08et donc on en revient à cette notion, vous parliez de 150 minutes
39:11mais en fait ce qui est important au-delà du temps
39:13c'est l'intensité que l'on met dans la pratique
39:15et donc il faut marcher à plus de 3 km heure
39:17pour éviter que la faucheuse ne nous rattrape.
39:19– Donc prenez vos chronomètres, c'est facile à calculer tout ça
39:22et marchez à plus de 3 km heure,
39:24– À 70 ans, à 70 ans après on peut faire mieux.
39:26– On pourrait à 12 etc. mais ça c'était une très très vieille époque.
39:31– Oui, si vous permettez aussi en complément et ça c'est…
39:34– Une étude ?
39:35– Non, non, non.
39:36– Une réflexion ?
39:36– C'est l'expérience de mes interventions devant des chefs d'entreprise
39:40ou plus particulièrement dans des entreprises qui m'invitaient.
39:45C'était de les inviter déjà à regarder un état des lieux aujourd'hui
39:49sur leur accidentologie, l'âge de leurs salariés etc.
39:54et de leur dire s'ils n'étaient pas encore assez motivés,
39:58rien n'ira en s'améliorant.
40:00Parce que vous parliez de sédentarité
40:04mais on peut parler aussi de la malbouffe,
40:06on peut parler de la pollution
40:08et de manière générale des évolutions de mode de vie.
40:12Je vous cite un exemple qui pour moi est parlant.
40:17Il y a 40 ans quand je commençais à travailler,
40:20quand je recrutais un jeune CAP,
40:23c'était un gamin qui arrivait à l'entreprise en vélo ou à pied.
40:28Souvent, je suis de tour, c'était un jeune issu du milieu agricole,
40:34donc quelqu'un déjà qui a 15-16 ans me dépassait d'une tête.
40:38Aujourd'hui quand je recrute un jeune CAP,
40:41je le cherche derrière la chaise.
40:44Voilà, il a été accompagné par papa et maman et tout,
40:49on voit une évolution importante.
40:53Et ça, je pense que c'est un degré supplémentaire de motivation.
40:57En plus, je parlais de l'âge,
40:59mais comme on veut continuer à augmenter la durée de vie au travail,
41:05autant que ce soit en bonne santé
41:07si on veut avoir des salariés présents et performants.
41:10– Ces constats empiriques sont également validés par des études.
41:12Il y a la fameuse étude de Tom Kinson,
41:14reprise par Casorla et le professeur François Carré récemment,
41:18que si on met sur une même ligne de départ pour une course de fond
41:22un enfant né en 1970 et un enfant né en 2010,
41:27eh bien celui des années 1970 arrivera en vent avant l'autre
41:31et en meilleure forme que celui des années 2010.
41:35Donc la condition physique se dégrade.
41:36Ce que vous avez constaté à l'embauche des CAP,
41:39ce sont aussi des indicateurs de conditions physiques
41:41qui sont constatés par les chercheurs.
41:42– La malbouffe, il y a quand même un rôle très important aussi là-dedans.
41:46– Et les écrans.
41:48– Et les écrans, c'est un sujet d'actualité gouvernementale en plus en ce moment.
41:54– Il y a une émission spéciale là-dessus tellement c'est…
41:57Alors parlons un peu des Jeux.
41:59Pour changer j'allais dire, les Jeux de 2024 arrivent,
42:02on leur demande beaucoup, on attend beaucoup d'eux.
42:05Est-ce que du côté de la Fédération française du sport d'entreprise,
42:08on espère, on attend un impact des Jeux ?
42:11– Oui, on attend un impact,
42:13on a un événement qui prépare un petit peu
42:17ou qui va nous mener vers les Jeux olympiques l'été prochain
42:21qui s'appelle « Faites vos Jeux en entreprise »
42:23donc qui s'adresse à l'ensemble des entreprises sur le territoire
42:26sur quatre temps dédiés, sur la course à pied dans un premier temps,
42:32sur du rugby 5 contre 5 en pratique mixte.
42:37Et sur le début d'année 2024, on est sur un événement Babington
42:41et puis en mixte, en double mixte également.
42:45Et puis on finira ce dispositif-là sur du basket 3-3 mixte également
42:50et on aura une épreuve finale au niveau national
42:54et qui passera symboliquement le témoin vers les Jeux l'été prochain.
42:59Donc effectivement, nous on souhaite s'inscrire dans cette démarche-là,
43:04pouvoir la pérenniser dans le temps aussi,
43:06de pouvoir continuer à faire vivre ce dispositif-là après les Jeux olympiques.
43:13Donc on attend effectivement un héritage lié à tout ça
43:19et aussi on met en œuvre un dispositif qui a du sens et qui va dans la bonne direction.
43:25Il y a un effet généralement médaille.
43:27Alors je ne sais pas si c'est la même chose dans les entreprises.
43:29Lorsqu'on l'a vu avec le handball, avec les sports collectifs,
43:33avec cette réussite exceptionnelle des précédents Jeux,
43:36on a vu qu'on se bousculait aux portillons
43:38pour prendre une licence en basket, en handball, en volet.
43:41Est-ce qu'on peut parler du même impact dans l'entreprise ?
43:46Moi je ne le constate pas.
43:48C'est-à-dire que les pratiques sont vraiment liées à la sociologie.
43:54C'est-à-dire qu'on a une pyramide des âges
43:57avec les mêmes pratiques que ce que l'on trouve à l'extérieur.
44:00On ne va pas avoir de gros changements.
44:02Des pratiques assez populaires que sont le foot, le tennis de table
44:06et puis musculation fitness.
44:08Des pratiques un petit peu plus élitistes sur le tir à l'arc,
44:12sur l'escalade ou le squash par exemple.
44:14À ma connaissance, on n'a pas cet impact-là.
44:18En revanche, il y a un impact fort des Jeux.
44:21C'est-à-dire qu'on nous sollicite pour organiser des événements.
44:24Oui, on veut se confronter,
44:26on veut se rencontrer dans l'état d'esprit des Jeux.
44:30Julien, vous avez remarqué quelque chose après le vendre-balle,
44:33après le volet, après une attente des entreprises
44:36d'organiser des compétitions où la France avait brillé ?
44:40Oui, on est dans la dimension grande cause nationale, le sport.
44:45C'est quelque chose qui résonne aussi chez les entreprises.
44:49Ils souhaitent mettre en oeuvre de la pratique sportive
44:53sous toutes ses formes.
44:56Ça va dans le sens de ce que disait Valérie.
44:59Et puis ensuite, c'est pouvoir surtout s'adresser à tout le monde
45:06parce qu'il n'y a pas toujours la finalité du résultat de la médaille.
45:10Ça va être pour une petite partie des collaborateurs.
45:13Donc, ils vont pouvoir aller se challenger,
45:15par exemple, sur vos Jeux en entreprise ou sur des Jeux nationaux.
45:19Et puis aussi, il faut qu'on soit en capacité
45:21de pouvoir s'adresser au plus grand nombre
45:24et pouvoir proposer des solutions adaptées.
45:28C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
45:29La pratique sportive autant que la compétition, le fait de bouger.
45:33L'activité physique au quotidien qui commence par les escaliers
45:36de vos seigneurs tout à l'heure et qui se poursuit par la compétition.
45:39C'est un continuum, l'activité physique.
45:41Le sport n'en est qu'une des déclinaisons.
45:43Et la grande cause nationale, c'est l'activité physique et sportive.
45:46Ce n'est pas limité au sport et le bilan, on le tirera après les Jeux.
45:50Mais ce qui est certain, c'est que c'est une formidable caisse
45:53de résonance dans la société en général,
45:55pour les entreprises en particulier, même dans la fonction publique.
45:57Il y a un appel à projet qui a été lancé là pour améliorer
46:01les conditions de travail dans la fonction publique et qui est dédié
46:04à la promotion de l'activité physique en milieu professionnel.
46:06Et en ce moment même, il y a plein d'administrations
46:08qui sont en train de déposer des dossiers pour avoir des subventions,
46:12pour engager les agents dans une pratique d'activité physique quotidienne.
46:18Alors, c'est intéressant aussi, tout à l'heure,
46:19je disais que ça peut prendre différentes formes.
46:21Cet appel à projet est structuré à trois niveaux et c'est des niveaux
46:24qu'on retrouve dans les normes AFNOR de promotion de l'activité physique.
46:27Un, ce sont des actions d'information, de sensibilisation pour motiver et engager.
46:31Ce ne sont pas des conférences, des ateliers.
46:33Deux, ce sont des actions qui vont concerner l'environnement de travail,
46:36du mobilier actif, du design actif pour inciter à la pratique.
46:39Et trois, ce sont des offres de pratique comme celles que peuvent proposer
46:43la Fédération ou d'autres acteurs.
46:45Voilà, donc c'est structuré comme ça.
46:47Et l'année dernière, il y avait déjà eu cet appel à projet.
46:49Il y avait eu plus de 200 candidatures, 20 ont été retenues.
46:52Et je pense que cette année, il y en aura plus.
46:54Donc oui, ça bouge et on tirera le bilan après.
46:57– Alors, Solange Debois, on a entendu le chef de l'État espérer,
47:01réclamer pratiquement une place dans les cinq meilleures nations
47:05au niveau des médailles.
47:08Est-ce qu'on peut être troublé par ça ?
47:09Est-ce qu'on peut se dire, est-ce que des Jeux réussis sont des Jeux
47:12où on est dans les cinq premières médailles,
47:14quand on les organise soi-même ?
47:16Personnellement, je ne pense pas.
47:17Je pense qu'il y aura d'autres critères de réussite.
47:19C'est seulement sur l'impact dont vous parliez.
47:22Et puis, vous, si vous avez une petite baguette magique,
47:26qu'est-ce qui manque ?
47:27Qu'est-ce qu'on peut faire ?
47:28Allons-y, mouillons-nous.
47:30– Pour nous, en tout cas, pour Sport et Citoyenneté,
47:32on n'est clairement pas sur les médailles,
47:33on est sur la pratique sportive pour le plus grand nombre.
47:37C'est assez évident parce que les bénéfices,
47:40en termes de santé publique, sont phénoménaux.
47:43Et donc, l'héritage pour nous, c'est cet impact social,
47:46c'est le fait que de plus en plus de personnes viennent au sport.
47:50– C'est surprenant que vous vous disiez ça,
47:52et vous avez raison de le dire.
47:54C'est un raisonnement citoyen, mais que le chef de l'État,
47:57et je ne suis pas là pour faire son procès, pas du tout,
47:59c'est globalement l'état d'esprit français que de dire
48:03« j'aimerais que notre peuple français devienne vraiment sportif,
48:07qu'il y ait de l'activité, etc. »,
48:08plutôt que de dire « ah, si on pouvait être dans les cinq premières des médailles,
48:11c'est peut-être un peu étonnant. »
48:12– Je pense qu'il dit les deux.
48:13– Oui, je pense qu'il dit les deux aussi.
48:15– Il dit les deux, c'est pas incompatible.
48:17– Après, il y a une ambiguïté, quand on dit « devenir une nation sportive »,
48:22les États-Unis sont une nation sportive, ils trustent les médailles.
48:25Par contre, en termes de santé publique, en termes d'obésité et de mode de vie,
48:30on voit bien la différence entre le sport et l'activité physique quotidienne
48:34et les comportements et modes de vie que vous évoquiez.
48:36Donc maintenant, pour répondre à la question,
48:38je pense que ce qui manque chez nous,
48:39et si on doit le remettre dans le contexte du sport en entreprise,
48:43c'est un statut pour le sportif, c'est des accompagnements,
48:46on en a parlé tout à l'heure, pour le sportif,
48:48pendant sa carrière, après sa carrière, pendant ses études.
48:51Ça, ça manque peut-être pour atteindre ces objectifs-là.
48:54– Et puis il faut faire une nation de sportifs.
48:57C'est une nation sportive, mais c'est une nation de sportifs.
49:00Et il y a un jargon qu'on appelle, c'est ce qu'on dit maintenant,
49:04la littératie physique, et l'idée derrière, c'est de s'approprier en tant que personne,
49:08parce qu'on est avant tout concerné, cet engagement envers l'activité physique
49:16et les bienfaits qu'elle peut nous apporter.
49:18Parce que l'idée derrière, c'est de gagner des années de vie en bonne santé.
49:22Et donc c'est fondamental que chacun, à titre personnel, se rende compte de ça.
49:28Et moi, je pense qu'à l'école, en entreprise, et plus globalement,
49:32il y a ce message à faire passer,
49:34que c'est notre responsabilité en premier lieu.
49:37– Oui, moi je suis un petit peu réservé.
49:39Vous évoquiez au début le prix des places pour aller…
49:43Donc, est-ce que les gens vont vivre les Jeux olympiques
49:46en regardant la télévision et en consommant plus de bière ?
49:49– Ou en mangeant plus de pizza.
49:51– Oui, moi je pense qu'un marqueur fort, ça aurait été de dire,
49:56Nation olympique, une heure de sport à l'école,
50:00pas une demi-heure ou trois quarts d'heure,
50:02mais vraiment qu'on donne cette impulsion.
50:05Et vous parliez de l'éducation, moi je pense que j'ai six petits-enfants,
50:11j'aimerais qu'ils puissent être comme les jeunes Allemands que j'ai connus
50:16quand je faisais les échanges entre France et Allemagne,
50:23quand on les voyait, comment ils faisaient du sport l'après-midi,
50:27les cours magistraux le matin, on n'en est pas là.
50:31– On n'en est pas là du tout.
50:32– Donc ça, ce serait le marqueur essentiel parce que c'est la jeunesse
50:36qui après va garder ces routines qu'on évoquait
50:40et qui feront partie de leur cycle de vie.
50:43– Je vais terminer par la petite blague du début sur les études,
50:45mais j'ai fait une émission ici sur Sport, Enfants, Éducation,
50:48où on m'a donné les chiffres de pratiques à l'école, d'études,
50:53qui étaient totalement faux, parce qu'on imagine que les enfants,
50:57hop, une minute, ils attaquent le sport, pas du tout,
51:00ils vont se changer, ils marchent 20 minutes,
51:02vous me direz, ils marchent déjà jusqu'à la salle,
51:05il faut 40 minutes de sport et ils rentrent.
51:07Voilà, c'est cette philosophie presque qui nous manque,
51:11de se dire vraiment, ce n'est pas une corvée,
51:12il ne faut pas aller se mettre 40 minutes à faire du sport,
51:15il faut vraiment changer les mentalités.
51:17– Et peut-être d'imaginer aussi des échauffements avant d'entrer en cours
51:21pour être mieux dans sa peau, dans sa classe.
51:25– Les 30 minutes d'activité physique à l'école participent un peu de ça,
51:30mais justement, il faut aller plus loin.
51:32– Oui, il faut aller plus loin, l'aménagement du temps scolaire.
51:35– Oui, et puis pour faire le rabat-joie jusqu'au bout,
51:37aller dans le cours de maths qui suit et de voyer l'odeur dans la classe,
51:40puisque évidemment, chez nous, la douche après le sport,
51:42ça n'existe pas à l'école, évidemment.
51:45– C'est tous ces contre-arguments
51:47qu'il peut y avoir aussi dans le monde de l'entreprise,
51:49et il y a un vrai enjeu de communication interne sur ce qu'est le sport,
51:53et pas forcément le prendre comme effectivement
51:55cet aspect un petit peu contraignant,
51:58mais plutôt comme un loisir et comme un plaisir.
52:01– Il y a une chose qui peut nous rendre optimistes,
52:03vous en êtes un exemple,
52:04c'est que les chefs d'entreprise d'il y a 40 ou 50 ans
52:08n'avaient pas le même look souvent, la même allure, mais c'est vrai.
52:13– Merci.
52:14– C'est vrai.
52:15Aujourd'hui, le chef d'entreprise, son image,
52:17c'est le gars qui va faire du marathon, qui…
52:19Voilà, il donne aussi cette image.
52:21Le chef d'entreprise des grandes boîtes du CAC 40,
52:24ça ne s'appelait pas comme ça à l'époque,
52:26il y a quelques années, ce n'était pas ça du tout.
52:28C'était plutôt une cigare, le déjeuner et un petit pouce café et après…
52:33C'est vrai, on a quand même changé nos habitudes,
52:35on peut être un peu optimiste là-dessus,
52:36on a quand même, en termes d'objectifs de santé publique,
52:40je pense qu'on tient quand même un peu le bon bout dans ce…
52:42Et vous en êtes un des ambassadeurs.
52:44Merci en tout cas d'avoir participé à cette émission,
52:46c'est toujours agréable d'être dans une chaîne
52:49où on peut prendre près d'une heure pour traiter les sujets vraiment,
52:52et non pas seulement les survoler.
52:53Je vais remercier les équipes techniques,
52:55Anthony Dravet à l'édition qui m'a aidé à préparer cette émission,
52:58Thomas Mutos, notre réalisateur,
53:01Clément Rieter au son,
53:02Vincent Devamme à la vision,
53:05et Pierre Duchemin au maquillage.
53:08Merci d'être fidèle à Sport en France,
53:10on se retrouve bientôt.
53:25Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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