Pendant deux semaines, Eliot Deval et la rédaction d'Europe 1 vous propose deux heures de décryptage d'analyse autour des élections législatives.
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00:00et nous accueillons Céline Hervieux. Bonjour Céline, vous êtes l'une des figures montantes du Parti Socialiste,
00:06vous êtes candidate aux législatives, vous êtes arrivée en tête au premier tour dans votre circonscription.
00:12Mais de manière, je voulais vraiment vous poser cette question sans la moindre polémique. Céline Hervieux, qu'est ce qui vous lie à des
00:20candidats ou futurs députés comme Louis Boyard, David Guiraud ou encore Ercilia Soudet ?
00:26Alors il y a une chose très simple qui nous lie dans un premier temps, c'est déjà
00:31le refus de voir l'extrême droite gagner le pouvoir et gagner les élections législatives qui arrivent et
00:37la perspective de voir entrer Jordane Bardella à Matignon, ça c'est vraiment un point commun qu'on a pour le coup avec toutes les personnes que
00:43vous avez citées, donc c'est déjà important et c'est notre priorité dans les jours qui arrivent.
00:50C'est une valeur cardinale, c'est à dire qu'il faut tout oublier si
00:54c'est pour battre le rassemblement national, il faut peut-être taper dans la main de Louis Boyard, ça peut être l'un de vos collègues à
01:00l'Assemblée sans aucun problème. Alors non, ce ne sera pas mon collègue puisque moi je suis
01:04socialiste, donc je siégerai demain si j'ai l'honneur d'être élue députée au sein du groupe socialiste et donc je n'ai pas pour
01:12volonté de défendre les positionnements de Louis Boyard en particulier si vous voulez, mais on appartient à une coalition tous ensemble et oui, le barrage
01:20républicain, c'est une valeur encore cardinale de la gauche, je vous le confirme. On voit que ce n'est pas le cas de l'ensemble des camps républicains
01:26malheureusement, donc c'est ce qui nous rassemble aujourd'hui, c'est notre objectif.
01:30Céline Hervieux, le nouveau Front Populaire est devenu la deuxième force politique du pays, crédité à 27,99% des voix au niveau national
01:38après le premier tour. Vous obtiendriez
01:41180 à 200 sièges dans la future Assemblée, mais avec les jeux de désistement, tout peut changer bien sûr. Ce nouveau Front Populaire,
01:47est-ce qu'il est Elisabeth Borne ou Gérald Darmanin compatibles ?
01:54Alors le nouveau Front Populaire, si vous voulez, déjà on va voir les rapports de force
01:57à l'Assemblée, après on va travailler avec tous ceux qui acceptent justement de porter une voie progressiste,
02:04écologiste, féministe, de défense d'une justice sociale. Si par hasard Darmanin, j'en doute plutôt pour Darmanin, éventuellement Madame Borne
02:12accepte de nous rejoindre dans ce combat, évidemment ils seront bienvenus. Il faut qu'on reconstruise un paysage politique
02:18tous ensemble. Le cœur, vraiment, ça a été le moteur de cette réforme des retraites que vous avez tous combattu du côté du nouveau Front Populaire.
02:25Au final, là, on peut avoir une alliance, on peut oublier le passé en quelque sorte.
02:31Il n'est pas question aujourd'hui d'alliance a priori avec les macronistes ou ex-macronistes. Il n'est pas question de ça.
02:38Il faudra voir les rapports de force, si vous voulez. Si l'ERN obtient une majorité absolue à l'Assemblée,
02:42évidemment qu'on se tournera vers l'ensemble des Républicains pour faire front
02:46à des propositions de loi
02:48ubuesques, tout plus dangereuses les unes que les autres. Et à ce moment-là, on ne fera pas la différence.
02:53Par contre,
02:54s'il n'y a pas de majorité absolue, là, le poids politique de chaque groupe, et notamment de l'opposition de la gauche, sera importante.
03:00Et donc, dans ce cas-là, je ne vois pas tellement bien le rapport avec Madame Borne.
03:04N'hésitez pas à réagir au 01-80-20-39-21.
03:09Appel non surtaxé. Vous avez peut-être, vous aussi,
03:12beaucoup de choses à dire à Céline Hervieux, aujourd'hui, qui est l'une des figures montantes du Parti Socialiste.
03:18Souvent, on a pu entendre que cette alliance est une alliance contre nature. On a pu entendre également que c'était une alliance,
03:25une bonne idée, pour faire barrage contre le Rassemblement National.
03:29Faire barrage contre l'ERN, Céline Hervieux, ça veut dire quoi concrètement ?
03:34Alors, concrètement, ça veut dire qu'en fait, on constitue un front républicain, et qu'on considère que le Rassemblement National, par les propositions
03:41principales qu'il porte, notamment sur la préférence nationale, sur les atteintes aux droits des femmes, sur les atteintes à l'état de droit, à l'indépendance des magistrats,
03:49à la liberté, par exemple,
03:53aux atteintes à l'audiovisuel public, notamment au service public de l'audiovisuel,
04:00qui sont, selon nous, des menaces sur les libertés publiques et sur notre état de droit. Donc, à partir de ce moment-là,
04:06on considère qu'évidemment, il faut faire barrage, mais attention !
04:11Moi, je parle bien du projet politique du RN, et je veux m'adresser aussi à tous les électeurs, parce que les dix millions de Français
04:17qui ont voté pour le RN, je veux leur dire que ce n'est pas perdu, que nous ne leur tournons pas le dos,
04:22et que, malheureusement, j'espère qu'on n'arrivera pas à constater l'incompétence du RN,
04:28mais qu'en tout cas, il y a une autre voie qui est possible.
04:30C'est un barrage, on va dans l'idéologie, on entend souvent, c'est contre le fascisme, le retour du fait, voilà.
04:35Non, moi, je n'utilise pas cette expression.
04:37C'est une question qui m'intéresse, et Charlotte de Manalas, elle vous a interpellée.
04:39Je voudrais juste avoir des précisions sur ce que vous appelez, d'abord, un front républicain, ça suppose que le Rassemblement National n'est pas républicain,
04:46donc j'aimerais bien savoir ce qu'il est, là, aujourd'hui, puisque c'est un parti à la fois autorisé et qui
04:51se présente devant les urnes parce qu'il est autorisé à le faire. Donc, est-ce que c'est quoi ? Il est impérialiste,
04:56monarchiste, je ne sais pas quel est le modèle
04:58défendu par le Rassemblement National, c'est la première chose. Et la deuxième chose, la préférence nationale que vous citez,
05:04j'ai souvenir que toute la gauche a accusé le projet de loi sur l'immigration, défendu par le gouvernement,
05:09voté avec les amendements des ALR et soutenu aussi par les voix du Rassemblement National.
05:13Vous avez dénoncé, précisément, la préférence nationale. Donc, j'imagine que ça s'étend à des gens avec qui vous vous alliez
05:19précisément pour combattre le Rassemblement National,
05:21aujourd'hui. Et ensuite, sur la question de l'état de droit et du droit des femmes, j'aimerais bien savoir que vous nous donniez les mesures
05:26exactes que vous pointez sur ces deux sujets.
05:28Oui, bien sûr. Alors, sur la question du droit des femmes, tout simplement, le fait que le Rassemblement National
05:34a exprimé, pour une partie d'entre eux, qu'ils ne souhaitaient pas avoir inscrit dans la Constitution, par exemple, l'IVG,
05:39il se trouve que le Rassemblement National n'est pas au pouvoir.
05:41Mais on a encore le droit de ne pas être d'accord ou pas ?
05:43Ecoutez, moi, j'ai le droit de vous dire que je pense que c'est une atteinte au droit des femmes de ne pas donner accès au droit absolu d'obtenir l'IVG.
05:51Attendez, je vous réponds point par point.
05:53Oui, mais pas tous en même temps, s'il vous plaît.
05:56Laissez-moi terminer. L'extrême droite, quand elle arrive au pouvoir, en l'occurrence, c'est souvent une atteinte pour les droits des femmes.
06:01On a entendu des propos sur les femmes qui restent à la maison, etc.
06:04Je ne reviendrai pas sur ce point. J'ai déjà répondu sur l'IVG, qui me semble un droit fondamental.
06:11Donc, moi, en tant que femme, ça me pose un problème.
06:14Deuxième point sur la question de l'arc républicain.
06:16Évidemment, moi, je respecte, je suis une démocrate, donc je respecte le vote des Français.
06:21Je viens de vous dire que les gens méritent le respect, quel que soit leur vote.
06:24Et les élus du Rassemblement National seront reconnus comme tels.
06:28Évidemment, ils ont le droit de siéger, puisque nous sommes dans une démocratie, dans un État de droit.
06:32Quand on dit que le Rassemblement National n'est pas dans le champ républicain ou à un statut à part, disons, dans le champ républicain,
06:38c'est parce que nous considérons que la République, si vous voulez, ce n'est pas un mot comme ça, fantoche, qu'on calque de cette manière.
06:44Ça correspond à des principes et à des valeurs.
06:47Et notamment, la question de l'égalité.
06:49La constitution de notre pays indique que les hommes naissent libres et égaux en droit.
06:54Et donc, il n'y a pas de distinction à faire dans les droits et l'accès aux droits, à la santé, par exemple, au logement,
07:01et à tout type de droit, qu'on fasse la différence entre un étranger ou un Français.
07:05C'est ça. Et vous avez dénoncé la sortie du champ républicain.
07:08Tout le monde veut réagir, Charlotte Bernayla, sans un mot, s'il vous plaît.
07:11Simplement, sur cette question des distinctions, ces distinctions existent aujourd'hui.
07:15Il n'y a pas un droit universel.
07:18Le droit de vote, évidemment. Il faut être citoyen.
07:20Il y a une différence entre citoyen et étranger.
07:22Est-ce qu'elle vous empêche de dormir ? Je n'ai pas l'impression.
07:24Sur la question de la santé et de l'accès, il y a des critères, évidemment, qui sont posés.
07:28Des critères de délai, des critères d'argent.
07:32Il y a énormément de critères qui sont posés.
07:34Est-ce que vous êtes contre, désormais, la distinction entre un citoyen et un étranger ?
07:39Puisque c'est sur ce terrain que vous allez.
07:41Est-ce que c'est ça qui est anti-républicain ?
07:43Ou auquel cas, franchement, c'est une nouvelle définition de la République ?
07:46Sur l'accès à la santé, oui, je suis contre la distinction.
07:48Pour moi, ce n'est pas une question de papier.
07:50Quand vous arrivez à l'hôpital, d'ailleurs, vous avez été anti-républicain.
07:52Permettez-moi de terminer une phrase, s'il vous plaît, Mme Bernayla.
07:54Les médecins, une grande partie...
07:57On échange tranquillement et sereinement.
07:59On a besoin d'un peu d'apaisement dans ce débat.
08:01Un grand nombre de médecins se sont exprimés en disant qu'ils refuseraient
08:06de ne pas prendre en charge des personnes en fonction de leur statut administratif.
08:10Premier point.
08:12Et ensuite, sur les droits sociaux, oui.
08:14Et d'ailleurs, la suppression de l'AME, qui est une mesure proposée
08:18par le Rassemblement National, est une absurdité,
08:20non seulement sur le plan humain, mais sur le plan sanitaire.
08:22Donc il y a plein d'éléments, si vous voulez, comme ça.
08:24Mais ce n'est pas ça qui est important.
08:26Ce qui est important, c'est le projet aussi que porte le Fonds Populaire
08:29sur ces questions, et justement la revalorisation des services publics,
08:32et notamment de l'hôpital.
08:33Céline Hervieux, quand vous parlez de champ républicain,
08:35d'un projet qui est incompatible aux valeurs de la République,
08:39je sais qu'au Parti Socialiste, vous êtes nombreux
08:41à lutter contre l'antisémitisme.
08:43Est-ce que de dire que l'antisémitisme est résiduel en France
08:46est champ républicain compatible ?
08:49Là aussi, on peut s'interroger.
08:51C'est pour ça, peut-être, que les auditeurs et les Français
08:53peuvent considérer qu'il y a une alliance contre-nature
08:56entre la social-démocratie et la France insoumise.
08:59Louis Dragnel, vous êtes le chef du service politique d'Europe 1.
09:02Vous souhaitez poser une question à Céline Hervieux.
09:04Oui, par rapport à ce que vous disiez à l'instant,
09:05c'est-à-dire que vous parlez du Rassemblement National
09:07en projetant des mesures qui ne sont même pas dans leur programme.
09:09Quand vous parlez, par exemple, de l'IVG,
09:11quand vous parlez du statut de la femme,
09:13il n'y a pas marqué dans le programme que la femme doit rester à la maison.
09:16Sinon, je peux vous dire que ça aurait fait un tollé depuis bien longtemps.
09:18En revanche, il y a quand même des choses qui étonnent.
09:20Quand vous parlez de République, vous vous êtes alliés,
09:22donc dans le cadre de cette alliance,
09:24le Nouveau Front Populaire, avec un fichier S,
09:26Raphaël Archenault.
09:28Vous avez Philippe Plantoux,
09:30Archenault, c'est son vrai nom,
09:32Raphaël Archenault,
09:34parce qu'il a donné sept identités différentes à la police.
09:37La vraie, c'est celle-ci.
09:39Il y a Philippe Poutou, quand même,
09:41qui fait l'objet d'enquêtes pour apologie de terrorisme.
09:43Je note simplement quelques mesures
09:45dans le programme du Nouveau Front Populaire.
09:47Vous voulez lutter contre la surpopulation carcérale
09:49en faisant de la régulation, c'est-à-dire
09:51en libérant des détenus.
09:53Vous souhaitez créer un statut de réfugié climatique.
09:55En fait, il y a un moment donné,
09:57parce que vous dites qu'il faut accorder du sens aux mots,
09:59au-delà des mots,
10:01dans la réalité, dans les faits,
10:03qui est plus dangereux que qui ?
10:05Une réponse rapide, s'il vous plaît,
10:07de Céline Hervieux, rapidement, avant la pause.
10:09Je vais vous passer les 45 noms
10:11des personnes investies dans le champ
10:13du Rassemblement National et qui ont tenu
10:15des propos complètement en dehors du champ républicain.
10:17Écoutez, moi, je vais vous dire,
10:19sur l'antisémitisme, monsieur Deval,
10:21pour vous répondre, l'antisémitisme,
10:23il est dangereux d'où qu'il vienne.
10:25Et la gauche a été très claire, il faut dénoncer.
10:27Il faut dénoncer.
10:29Moi, je vous le dis,
10:31au nom du Nouveau Front Populaire
10:33et du Parti Socialiste,
10:35au nom du Nouveau Front Populaire,
10:37l'antisémitisme est dangereux d'où qu'il vienne.
10:39Il faut le combattre d'où qu'il vienne.
10:41La pause.
10:43On revient dans un instant, le RN aux portes du pouvoir.
10:45Dimanche soir, voit-il Matignon
10:47s'éloigner avec ses alliances
10:49et la pluie de désistement pour le second tour.
10:51On écoutera Marine Le Pen à ce propos.
10:53Et le bras de fer qui s'engage avec
10:55l'Élysée, l'Élysée qui appelle Marine Le Pen
10:57au sang-froid après ses accusations
10:59de coup d'État administratif.
11:01On a besoin de tout comprendre
11:03et ce sera avec vous, Louis Dragnel,
11:05chef du service politique d'Europe 1.
11:07Tout de suite.
11:0916h18, Eliott Deval sur Europe 1.
11:1116h46
11:13sur Europe 1.
11:15On est toujours en direct et on est ensemble
11:17jusqu'à 18h. Il y a Paul Melun,
11:19essayiste autour du plateau,
11:21dans le studio. Gauthier Lebret est avec nous,
11:23Charlotte Dornelas, Louis Dragnel,
11:25du service politique d'Europe 1, et Céline Hervieux,
11:27candidate socialiste
11:29au front populaire
11:31aux législatives, qui est arrivée en tête
11:33au premier tour dans sa
11:35circonscription.
11:37On était en train de parler de cette alliance
11:39avant la pause, peut-être contre
11:41nature de la France insoumise
11:43avec le parti socialiste, peut-être
11:45un avis là-dessus, Gauthier Lebret.
11:47Qu'est-ce que vous en pensez ?
11:49On a fait le tour. Louis n'a pas encore cité
11:51David Guiraud parce qu'on parlait de l'antisémitisme.
11:53David Guiraud, c'est quand même un député de la France insoumise
11:55qui a traité Meher Habib de porc,
11:57insultant antisémite,
11:59vraiment dans ce cas-là, de plus fort.
12:01Moi, je voulais poser une question sur
12:03les alliances, justement. Parce que là, on a eu
12:05une alliance avec la gauche, et demain, on aura peut-être
12:07une alliance avec le bloc macroniste.
12:09C'est les bruits de couloirs, les rumeurs
12:11des dernières heures. Est-ce que
12:13vous imaginez, Céline Hervieux, faire partie d'une
12:15coalition qui irait des écologistes
12:17au LR, anti-Ciotti ?
12:19Écoutez,
12:21honnêtement, c'est difficile de se projeter
12:23là, tout de suite, si vous voulez. On est déjà en train
12:25d'essayer d'éviter le pire.
12:27Si les macronistes...
12:29Moi, j'ai voté Macron
12:31deux fois, en 2017-2022,
12:33contre le Rassemblement national.
12:35Je constate les dégâts aujourd'hui, si vous voulez,
12:37sur le terrain, et tous les jours dans ma fonction
12:39d'élu locale.
12:41Évidemment qu'aujourd'hui,
12:43c'est compliqué pour moi de vous dire que
12:45on va vers quelqu'un qui ne nous a
12:47jamais tendu la main, et qui a soi-disant
12:49vendu un message en nous disant qu'il marchait
12:51sur ses deux pieds, droite-gauche,
12:53c'était toutes la même chose, et qui ne
12:55nous a jamais écoutés. Il n'a
12:57jamais essayé, sur sa gauche,
12:59de trouver du compromis. Donc aujourd'hui, c'est
13:01difficile pour moi de vous répondre.