• il y a 4 mois

Pendant deux semaines, Eliot Deval et la rédaction d'Europe 1 vous propose deux heures de décryptage d'analyse autour des élections législatives.
Retrouvez "Eliot Deval sur Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eliot-deval-sur-europe-1

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Transcription
00:0016h48, très précisément, j'ai dans la main la lettre, mais j'ai pas le droit d'en parler.
00:09Embargo jusqu'à 17h. Attention gars, vous n'avez pas le droit d'en parler pour l'instant de cette...
00:13Comment ? 16h45 ! Je crois qu'on peut y aller.
00:17On a dit 17h ! Autour du plateau, je rappelle, il y a Gauthier Lebret, Gabriel Cluzel, Raphaël Stainville,
00:26Arthur Delaborde du service politique d'Europe 1, également Bastiste Morin, chef du service économique d'Europe 1.
00:34On était en train de parler des grands dîners... On a le droit de la donner ?
00:36On a le droit de la donner ou pas ? Attends, je demande quand même...
00:38Oui, oui, c'est bon. Ah bah donc ça y est, on peut la donner.
00:41Bénédicte Gauthier Lebret. Je vous la donne, chers auditeurs.
00:43Qu'est-ce qu'il y a de dingue ? Écoutez bien, en résumé, Gauthier Lebret, faites vos valises, vous allez à maintenance.
00:49Chères Françaises, chers Français, les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés.
00:56Je salue cette mobilisation. Personne ne l'a emporté. Voilà ce que dit Emmanuel Macron.
01:02J'essaie de résumer, je la lis quasiment en direct avec vous.
01:05Aucune force politique n'obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires.
01:14C'est à ce titre que je demande à l'ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines,
01:19l'état de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l'indépendance française,
01:25d'engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays.
01:34Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités.
01:38C'est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre.
01:42Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun.
01:50Je résume. Wait and see. On attend. On temporise. Pour l'instant, pas de gouvernement.
01:55Le prochain gouvernement sera un gouvernement pluriel.
01:58Monsieur Laurent Jacobelli, je peux vous la donner la lettre si vous le souhaitez.
02:02Une première réaction du porte-parole du Rassemblement National.
02:05On a un président spectateur, donc il dit aux partis politiques, débrouillez-vous entre vous, je verrai bien ce qu'il en sort.
02:10Il définit d'ailleurs un nouvel arc républicain, respecter les institutions, respecter la démocratie.
02:16Qui est dedans, qui n'y est pas ?
02:18Est-ce que nous y sommes avec le Rassemblement National ?
02:21Qui mène les négociations ?
02:22Dans les autres pays où il y a des coalitions, c'est le parti arrivé en tête qui mène les coalitions avec les autres.
02:27Si on applique la même démarche, c'est le Rassemblement National qui doit mener les négociations.
02:32Tout ça est un peu flou.
02:34C'est plein de bonnes intentions, comme toujours.
02:37C'est relativement creux, comme toujours.
02:39Mais on ne sait pas où on va, comme toujours.
02:41Si l'extrême droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu'elle accède au gouvernement.
02:48Voilà, M. Laurent Jacobelli, la réponse d'Emmanuel Macron dans cette lettre.
02:53Si je peux me permettre, ça veut dire que les Français ont refusé que le PS arrive au gouvernement ?
02:57Parce qu'ils ont fait moins que nous.
02:58Que LFI arrive au gouvernement, ils ont fait moins que nous.
03:00Que la majorité actuelle, ou sortante.
03:02Donc tout cela n'est pas cohérent.
03:04Mais le choix des mots, la définition des mots employés par le président est problématique.
03:08Lorsqu'il parle de républicain, lorsqu'il parle d'orientation européenne, qu'est-ce qu'il met derrière ces notions ?
03:14Ce qui m'intéresse, c'est qu'il parle de l'extrême droite, mais pas une fois.
03:19Il parle de l'extrême gauche, du risque d'avoir des gens qui n'ont pas du tout la même notion de la laïcité,
03:26du respect des valeurs de la police, de la sécurité, des questions migratoires.
03:31Donc là, pas une seule fois.
03:33On a vu ça avant le second tour.
03:36L'objectif, c'était d'empêcher le RN d'avoir la majorité absolue.
03:40Ils ont réussi, quitte à donner une majorité relative au nouveau Front Populaire.
03:44Et vous avez bien vu que tout le reste n'était pas grave.
03:47L'antisémitisme, c'était pas grave.
03:49Les déclarations de David Guiraud qui traite Meilleur Habib de Porte, c'est pas grave.
03:53Le clip de Sébastien Delogu qui grime le même Meilleur Habib en pieuvre
03:57et qui met le mot four comme Durafour Crématoire de Jean-Marie Le Pen, c'est pas grave.
04:01Jean-Luc Mélenchon qui parle d'antisémitisme résiduel comme le point de détail.
04:05Tout cela n'était pas grave.
04:07L'objectif, c'était d'empêcher le RN d'avoir la majorité absolue.
04:10Et donc, on a fermé les yeux du côté de la majorité sur toutes les dérives, les outrances
04:14et plus que ça, de la France insoumise et du nouveau Front Populaire.
04:18Donc, c'est logique de ne pas en parler dans cette lettre.
04:20Il n'a pas un mot de l'appel à marcher sur Matignon.
04:23Ça ne lui pose pas de problème.
04:25C'est quand même assez affligeant de voir qu'en effet, rien n'est dit sur l'extrême-gauche.
04:31Je rappelle qu'il y a un député nouvellement élu qui a dit qu'il voulait revenir sur la baïa.
04:34Moi, je croyais que c'était le combat des combats de Gabriel Attal.
04:37Je rappelle les trois grandes phrases de cette lettre d'Emmanuel Macron.
04:41Personne ne l'a emportée.
04:43Il demande aux forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines
04:46de bâtir une majorité solide.
04:48Et les Français ont choisi par les urnes le Front Républicain.
04:51Les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes.
04:55Voilà pour les déclarations les plus marquantes de cette lettre
04:59qui, disons-le, ne change strictement rien pour l'instant.
05:03Vous n'êtes pas surpris quand même.
05:04Exactement, rien ne bouge à ce stade.
05:07Ce qui est rare de constater que finalement aucun bloc, aucune composante même de ces blocs n'est prêt à bouger.
05:13Donc, on s'oriente tout droit vers une impasse institutionnelle.
05:17Il y a un ministre qui a employé l'expression
05:20« on pourrait ouvrir un business dépassation de pouvoir ».
05:23Pour l'instant, c'est à peu près vers quoi on s'oriente.
05:26Emmanuel Macron ne donne pas vraiment d'indication.
05:28Il faudra savoir ce qu'il entend par ces forces républicaines
05:32qui l'appellent à s'unir.
05:34Est-ce que les Insoumis font partie ?
05:37Puisque ça a été assez évolutif chez Emmanuel Macron,
05:40la notion d'axe républicain.
05:42On comprend en tout cas que l'ERN n'est pas inclus
05:47dans ce qu'il appelle les forces républicaines.
05:49Les Insoumis le sont-ils ?
05:51C'est encore l'interrogation.
05:52On va avoir, je suppose, une grille de lecture.
05:54Je pense que non.
05:55Vous n'êtes pas sûr ?
05:57Il n'en a pas parlé.
05:58Tiens, Sandra est en direct avec nous.
06:00Merci Sandra.
06:01Lettre en direct.
06:0201-80-20-39-21.
06:05Je vous ai lu une partie de cette lettre d'Emmanuel Macron
06:08qui temporise, qui espère qu'il y aura une grande alliance
06:11face à ce grand danger qu'est l'extrême droite et la peste brune.
06:17Qu'est-ce que vous en pensez ?
06:18Bonjour à tous, merci de prendre mon appel.
06:21Ce que j'en pense, c'est que la question à se poser,
06:24c'est qui est responsable de cette situation ?
06:26Et le responsable, c'est Emmanuel Macron.
06:29C'est à lui de trouver des solutions et certainement pas
06:31à des alliances qui vont être, à mon avis, perverses
06:35pour les gens qui vont les signer.
06:37C'est-à-dire que si les LR se mettent avec Renaissance,
06:41on est repartis pour du en même temps.
06:43Donc c'est parfait.
06:45Pour moi, ça me va.
06:47Et puis la solution, ils se sont dévistés
06:52pour laisser élire le Nouveau Front Populaire.
06:56On y va, on va au bout, on va au bout.
06:59Et puis ça va être le bazar pendant six mois.
07:01Et puis il va assumer sa situation.
07:04Parce que M. Macron, c'est un pervers narcissique.
07:06Il met les gens dans des situations inexplicables.
07:09Mais attendez, vous vous rendez compte
07:11ce qu'il nous a fait vivre depuis quelques mois ?
07:13C'est terrible.
07:14Il ne se rend pas compte à quel point les Français
07:16sont dans une situation désespérée pour certains.
07:19Sandra, on peut être en désaccord complet
07:23avec la politique du Président de la République.
07:26On peut considérer que ses propos peuvent être heurtants.
07:29Reste qu'il est le chef de l'État
07:32et qu'importe, on respecte.
07:34Pervers narcissique, je l'enlève, Sandra.
07:36Vous pouvez l'enlever, mais je peux vous assurer
07:39qu'il en a toutes les caractéristiques.
07:41Je ne sais pas, vous êtes psychologue, Sandra ?
07:43Non, mais par contre, quand vous êtes dans la manipulation,
07:47dans le monopoly...
07:49Je peux vous dire, regardez...
07:51Oublions l'aspect pervers narcissique.
07:54Ce qui m'intéresse, c'est le statu quo.
07:55Vous vous dites que la balle est dans le camp d'Emmanuel Macron.
07:58C'est pas aux gens qui ne pensent pas la même chose
08:02de devoir s'allier.
08:03Ça, c'est intéressant.
08:04Et ça l'est à nouveau.
08:06Il renvoie la balle aux gens.
08:08C'est-à-dire que lui, il a pris une décision.
08:09Il a mis la France dans une situation compliquée.
08:12Maintenant, débrouillez-vous.
08:13Ça, c'est très vrai.
08:14Merci beaucoup, Sandra.
08:16Merci, Sandra, d'avoir réagi.
08:18Merci de nous écouter tous les jours
08:20et d'écouter religieusement Gauthier Lebret,
08:22même s'il est parfois très long.
08:23Je voudrais juste aller voir Baptiste Morin,
08:26qui est le chef du service économique d'Europe 1,
08:28parce que cette instabilité politique
08:30entraîne aussi une inquiétude sur les marchés,
08:33les entreprises étrangères qui vont dire
08:35« Attendez, les amis, j'ai besoin de savoir
08:37qui sera le prochain Premier ministre,
08:38parce que je ne vais pas investir, sinon. »
08:40Oui, on disait beaucoup au lendemain de la dissolution
08:42que la perspective du RN majoritaire à l'Assemblée,
08:45c'était ça qui faisait que les marchés refluaient,
08:48que la bourse était en négatif.
08:50On se rend compte depuis lundi
08:51que la bourse est en négatif.
08:53Lundi, mardi, hier, à moins 1,5 %.
08:56Ce qui fait peur aux entreprises,
08:58c'est d'abord l'incertitude et le blocage total,
09:01le fait qu'il n'y aura aucune politique,
09:03aucune réforme prise,
09:05et pourtant il y a des urgences,
09:06notamment sur le front des finances publiques.
09:08Et ce qui fait peur aussi,
09:09on en a un peu parlé,
09:10c'est le programme du Nouveau Front Populaire,
09:12même s'il paraît totalement inenvisageable
09:15qu'avec aussi peu de députés,
09:16ce programme puisse être appliqué,
09:18puisse être appliqué à la lettre.
09:20Ça paraît impossible,
09:21mais ça donne quand même des idées
09:23et surtout ça donne une image de la France
09:25qui n'est pas la bonne, en tout cas,
09:28pour des investisseurs étrangers.
09:30S'il y a une chose qui a plutôt réussi
09:33ces dernières années,
09:34c'est la vision qu'ont les investisseurs étrangers
09:36sur la France.
09:37Ça, ça a plutôt bien marché.
09:39Ce qui se passe depuis 48 heures
09:41n'aide pas sur cet aspect-là.
09:43Merci beaucoup, Baptiste Morin.
09:45Laurent Jacobelli,
09:46je rappelle peut-être l'une des phrases
09:48les plus importantes de cette lettre
09:50d'Emmanuel Macron,
09:51qui dit que personne ne l'a emporté.
09:52Effectuellement, c'est vrai.
09:54Il devrait rajouter que s'il y a
09:56un grand parti qui est défait,
09:58c'est le sien,
10:00puisqu'ils avaient une majorité relative
10:02à l'Assemblée nationale.
10:03En 2017, ils avaient plus de 300 députés
10:06et aujourd'hui, Renaissance en a 98.
10:08Au sein même de Renaissance,
10:09ils sont tous en train de se diviser.
10:11Ça peut être aussi un élément
10:12qu'il fallait peut-être rajouter dans la lettre.
10:14Force est de constater qu'aujourd'hui,
10:15ils sont obligés de créer
10:16des alliances dites plurielles,
10:17en 30 secondes.
10:18Est-ce que vous êtes inquiet pour l'avenir ?
10:20Oui, je suis inquiet pour l'avenir de la France,
10:22parce qu'effectivement,
10:23on va rentrer dans une période de chaos,
10:24une période où on ne va prendre aucune décision
10:25alors qu'il y a des mesures urgentes à prendre.
10:27On est au bord de la faillite,
10:28il y a des Français qui ne mangent plus à leur faim,
10:30qui ont du mal à se soigner,
10:31il y a de l'insécurité dans les rues
10:32et de plus en plus,
10:33notre identité est mise à mal.
10:34Donc oui, il y a des mesures urgentes à prendre
10:36et on ne prend pas de mesures urgentes
10:37quand on fait le mélange des contraires.
10:38Donc c'est très grave.
10:39Emmanuel Macron a, une fois encore,
10:40créé le chaos.
10:41On a l'impression que c'est
10:42à peu près sa seule colonne vertébrale.
10:44Notre pays doit pouvoir faire vivre,
10:46comme le fontant de nos voisins européens,
10:48cet esprit de dépassement
10:49que j'ai toujours appelé de mes voeux.
10:50En fait, ce qu'il dit dans cette lettre,
10:52c'est qu'il espère une alliance
10:53à l'allemande, à l'italienne.
10:55Bien sûr.
10:57Emmanuel Macron n'a toujours pas compris
10:59que la France, ce n'est pas l'Europe.
11:00Oui, moi je suis quand même frappé
11:01de l'absence de compromis.
11:02La France a une identité politique.
11:03Je suis quand même frappé
11:04de Laurent Wauquiez,
11:05de la gauche,
11:06qui pense qu'elle a gagné
11:07et qu'elle peut appliquer son programme.
11:08Le compromis, visiblement,
11:09on ne connaît pas la définition.

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