Antonin GASQ atelier des Couronnes

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Métier d'art : L'atelier des Couronnes d'Antonin GASQ. Entretien avec Evelyne ARTAUD, critique d'art.
Transcript
00:00C'est un atelier d'artistes en fait, voilà.
00:30Le lieu dit déjà beaucoup de choses sur votre travail.
00:35Avec Jean par exemple, avec Jean Legat, c'était un vrai plaisir de travailler.
00:40Il est venu ici, on a fait des sculptures ensemble, on a fait les montages.
00:47J'ai fait les montages des sculptures ensuite.
00:49Il est revenu ici, il y avait une belle lumière.
00:53Il est venu pendant peut-être 15 jours au moins.
00:5815 jours, 3 semaines.
01:00Pour suivre le…
01:01Non, pour peindre.
01:02D'accord.
01:03Ah oui, c'est vrai.
01:04Pour peindre, puisque cette œuvre-là, c'est le peintre art historique.
01:08Et donc pour poser les pinceaux sur la casquette, et puis pour peindre le tableau.
01:15Donc il est venu faire la peinture ici, donc ça c'était un vrai plaisir.
01:19J'ai travaillé avec d'autres personnes qui sont…
01:22On a fait, on dira, un travail presque de complicité.
01:27Oui.
01:28Chacun, à travers son travail, dit ce qu'il a à dire, ou en tout cas,
01:31essaye de dire, essaye de…
01:35Souvent sans la parole, d'ailleurs.
01:37Oui, oui, oui.
01:38Ce sont des attitudes, déjà, des regards.
01:41Quelquefois, il y a des connivences.
01:43C'est toujours des moments forts, quoi, qui restent.
01:47Bien sûr, bien sûr.
01:48Voilà.
01:49Comme vous parliez d'Hispythie tout à l'heure, quand il partait à Carrard.
01:54C'est vrai que chaque fois que je vois…
01:56Alors bon, pour les petits formats, ce n'est pas un souci,
01:59mais quand il y a des grands formats qui sortent de l'atelier…
02:02Moi, j'ai le souvenir avec des camions grus qui venaient sortir des pièces de plusieurs tonnes.
02:07C'est très émouvant.
02:09Et c'est très, très émouvant, parce que c'est le…
02:12Et puis, à partir du moment où c'est sur le camion, ça ne vous appartient plus, quoi.
02:18Voilà, ça vous échappe complètement en pneu.
02:22Et là, c'est…
02:25Je me souviens notamment, j'avais fait un…
02:28C'était pour les Halles, pour le Jardin des Halles à Paris.
02:33Il y avait une fontaine.
02:34Oui.
02:35J'avais l'impression de perdre un enfant.
02:37Parce que ça ne m'appartenait plus.
02:39Ça y est, c'était sur le camion.
02:41Ça partait.
02:42Voilà, ça partait.
02:43Et ça m'a renvoyé à mon adolescence, quand j'ai quitté la maison,
02:48quand j'ai quitté la famille, sur ma mobilette,
02:51avec le tourne-disque dans une sacoche, le disque dans l'autre.
02:56Vous voyez ?
02:57Je savais que…
02:58Et j'étais conscient que j'échappais à mes parents.
03:01Et j'ai ressenti exactement la même sensation.
03:05Quelque chose qui vous échappe, qui ne vous appartient plus.
03:07Vous n'avez plus du tout la main dessus.
03:11Alors autrement, vous travaillez aussi pour des musées,
03:14mais pas simplement pour des artistes vivants.
03:17Oui, oui.
03:18J'ai beaucoup travaillé pour la RMF.
03:22Je suis un peu travaillé pour le musée d'Orsay,
03:24j'ai travaillé pour Grevin,
03:27pour des musées de province aussi.
03:31Des architectes qui faisaient appel à vous ?
03:33Quelquefois, oui.
03:34Pour le 1% ?
03:36Voilà, le 1%, ça serait un débat qui mériterait une émission à part entière.
03:47Le 1%.
03:48Non, des architectes, oui.
03:50Après, des maisons, que ce soit des maisons pour le luxe,
03:56soit Cartier, Minarici…
04:01Pour qui j'ai travaillé ? Je n'ai plus les noms.
04:05Vous savez, je perds un peu la mémoire.
04:10J'ai longtemps travaillé avec Cartier, Hermès aussi.
04:15Alors, ça vous fait quoi aujourd'hui de quitter tout ça ?
04:25Ça va mieux.
04:29Ça va mieux.
04:30Ça a été très dur à un moment donné.
04:32Oui, oui.
04:33Ça a été très très dur.
04:34La chose que je vais regretter, c'est la lumière.
04:36Oui, oui.
04:38Parce que je n'aurais pas cette lumière.
04:42Vous allez continuer à travailler ?
04:44Je vais continuer.
04:46Oui, oui, je vais continuer.
04:47J'ai acheté une maison.
04:49Ça, je vous avais dit.
04:50Oui, oui, oui.
04:52Un petit atelier qui va faire 60 m2.
04:56Là, il y en a plus de 200.
04:58Je vais tout en mettre.
04:59Je vais tout stocker, je vais me débrouiller.
05:01Je n'ai pas envie de faire le tri ici.
05:03D'accord.
05:05Je vais tout mettre en caisse.
05:06Je vais travailler tranquillement.
05:09Je vais faire le tri.
05:11Et j'ai des travaux dans l'atelier à Perse.
05:14Je suis en train de faire toute la couture.
05:15D'accord.
05:16Ça, c'est de la charpente.
05:17D'accord.
05:18Donc, j'en profiterai pour faire une isolation.
05:19D'accord.
05:21Et puis, mettre de la lumière.
05:23Du grenier qui est au-dessus de l'atelier.
05:25D'accord.
05:26Pour avoir la lumière qui descend.
05:27Oui, parce que...
05:28Voilà.
05:29Donc, ça sera petit.
05:30Ça va faire 60 m2.
05:31Oui, oui.
05:32Mais, voilà.
05:33Ça va vous permettre de continuer à travailler.
05:35Voilà.
05:36De continuer à travailler.
05:37Il n'y aura pas la 7 atmosphère là.
05:38Je suis heureux.
05:39Je suis heureux.
05:40Mais, je travaillerai à l'extérieur comme je...
05:41Ici, on est en ville.
05:42Oui, bien sûr.
05:43C'est-à-dire que pour moi, il y a...
05:44Enfin, on est...
05:45On est...
05:46On est hors...
05:47Hors ville.
05:48Enfin, on est hors...
05:49Hors chambre.
05:50Enfin, on est...
05:51Ici, oui, oui.
05:52Ici, on est un peu à l'abri.
05:53Oui, oui.
05:54Moi, je suis...
05:55Je me sens un peu...
05:56Je me sens un peu...
05:57Un peu protégé, là.
05:58Oui.
05:59Et partout, en plus.
06:00Donc, c'est...
06:01On apprend beaucoup.
06:02J'aime bien beaucoup, aussi, votre travail.
06:03Parce que je pense que c'est une bonne chose.
06:05de l'intérêt...
06:06On est dans l'œuvre en même temps...
06:07Alors, là, c'est intéressant, ce que vous dites.
06:08C'est-à-dire que, à 13 ans, j'étais...
06:09J'étais à l'usine en train de...
06:10En train de travailler, en train de commencer à faire du modellage.
06:11Et donc, les artistes qui arrivent, si vous ne l'avez pas vu,
06:12ils sont...
06:13Ils sont dans le modèle.
06:14Ils sont dans le modèle,
06:15il n'y a rien qui vous dérange.
06:16Mais, c'est...
06:17C'est un...
06:18C'est un...
06:19C'est un...
06:20C'est un...
06:21C'est un...
06:22C'est un...
06:23C'est un...
06:24C'est un...
06:25en train de travailler, en train de commencer à faire du modellage et donc les artistes
06:33qui arrivent, si vous voulez, où leur discours est incompréhensible, ils vous parlent de
06:42leur travail mais moi je vois un objet, soit de le reproduire, soit de le transformer,
06:50soit on s'est avéré de base pour faire autre chose et je ne comprends pas leur discours,
07:00c'est quelque chose d'hermétique, ce n'est pas uniquement le vocabulaire, le vocabulaire
07:07de l'artiste. Et d'autres vont vous parler de l'entièreté de l'oeuvre, aussi bien de la
07:21matière que de la façon dont ils ont procédé, quelques fois les outils qu'ils ont employés. Là,
07:30ça devient un peu plus accessible parce que ce ne sont pas que des intellectuels, ce sont aussi
07:36des techniciens. Et ça va loin, par exemple Pagès, il conçoit ses sculptures pour être
07:45démontées, remontées, il y a aussi toute la présentation, tout le souci du transport pour
07:53ne pas déplacer des smear marks, il est capable de livrer une sculpture en 3-4 morceaux et puis
08:01après on monte. Et donc je trouve que ça aussi c'est intéressant, à la fois sur la conception
08:08de l'oeuvre et puis comme vous le dites, ce n'est pas l'idée, c'est comment ça se monte. D'ailleurs
08:17Pagès il a travaillé sur l'équilibre et le déséquilibre et effectivement une sculpture
08:23qui est en déséquilibre, il faut bien que ça tienne d'une façon ou d'une autre et qu'on ait
08:28l'impression qu'elle est en train de tomber. Donc c'était très intéressant. Il le faisait par
08:36montage. Oui, il le faisait par montage. Après il y a les points d'équilibre, on sait qu'à un moment donné, on ne peut pas aller plus loin.
08:41Dans les oeuvres aujourd'hui, on parle beaucoup du transport des oeuvres, mais ça c'est
08:52quelque chose de relativement récent, le transport des oeuvres, parce qu'il faut qu'on puisse les
09:01déplacer, qu'on puisse les exposer à droite ou à gauche, leur faire faire des parcours quelquefois
09:06sur des kilomètres ou sur des continents. Le transport des oeuvres, c'est vraiment une histoire du 20e siècle.
09:18Parce qu'avant, les oeuvres étaient destinées à rester en place. Là où on les avait conçues.
09:24Vous avez 7, 8, 10 tonnes de pierres, de bronze, c'était destiné à rester en place.
09:31On peut déplacer une sculpture, on peut déplacer une stèle pour la changer d'endroit,
09:36mais ce n'était pas destiné, si vous voulez, à être exposé dans divers endroits. Elles étaient
09:42d'ailleurs conçues pour l'endroit, avec l'artiste, avec l'architecte. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'intervenants.
09:51Et là, on trouve quelques écrits, mais c'est toujours de la poésie, souvent de la poésie, non?
10:13Oui, c'est dire que c'est plus facile d'avoir quelques verres sous les yeux que d'avoir tout Thomas Mann affiché sur l'œuvre.
10:33C'est une nécessité pour vous d'être accompagné par cette musique?
10:45Oui, il y a la musique, il y a le rythme, il y a le sens de l'écrit aussi.
10:54Oui, c'est important parce que moi, je parle beaucoup. J'ai une tendance à parler. J'aime bien les gens qui parlent.
11:05Mais malheureusement, je trouve qu'on parle moins. On parle beaucoup, on bavarde beaucoup, mais on parle moins.
11:18Et c'est un peu dommage. J'ai l'impression que c'est de plus en plus difficile de bien parler avec les gens parce qu'il y a une espèce de retenue.
11:31Alors, ce n'est pas que de la pudeur, c'est de la peur, c'est l'incertitude aussi chez les gens.
11:37De ne pas oser dire ses doutes.
11:40Or, à partir du moment où on vient au monde, on est déjà dans le doute puisqu'on ne sait pas quand ça va s'arrêter.
11:47On ne sait pas pourquoi.
11:49On ne sait pas pourquoi non plus.
11:51La poésie, j'ai un souvenir de la poésie. J'avais une institutrice quand j'étais au cours élémentaire première année.
12:05Ça remonte à un moment. Elle était jolie. Qu'est-ce qu'elle était jolie. Elle s'appelait Mademoiselle Caste.
12:14Je me souviens de son nom. Un jour d'automne, dans la cour de l'école primaire, il y a eu un coup de vent, sa jupe s'est soulevée.
12:24Elle était toujours très bien habillée, très jolie. Enfin, je la trouvais très jolie.
12:30Et elle nous a lu une poésie. Je ne sais pas si ce n'était pas Émile Véraren d'ailleurs.
12:38Et alors, il y avait ce visage, cette voix et la musique avec les rimes. Et ça, ça m'avait marqué.
12:52C'était un tout. Il y avait un ensemble qui était parfait. Quand vous êtes gamin, on ne sait pas ce que c'est que la perfection.
13:01Mais par contre, on est sensible à la grâce. Et pour moi, c'est un moment de grâce.
13:07Parce qu'un livre de poésie, je ne sais pas. Je prends par exemple un livre d'Henri Echave.
13:13Je peux l'ouvrir à n'importe quel moment. Je suis fatigué ou pas. Je me pose. Je vais passer cinq minutes à lire quelques verres, à réfléchir.
13:24C'est ce que vous disiez du rêve.
13:26Mon travail, c'est un travail très féminin.
13:30Un travail d'empreinte.
13:32Un moule, ça s'appelle aussi une matrice.
13:35Oui, bien sûr.
13:37Donc chaque fois, je fais. J'enfante.
13:40Oui.
13:41À un moment donné, j'avais travaillé pour, à l'époque où je travaillais pour l'ARMN.
13:45Je leur avais fait La Bacante-Laurier de Carpeau.
13:51Elle est derrière vous.
13:55C'est la troisième en partant de la gauche sur l'étagère.
14:01D'accord.
14:03Avec les feuilles dans la couronne.
14:06Oui, ça va.
14:07D'accord.
14:10Et là, j'en avais une vingtaine à faire.
14:14Elles étaient dans l'atelier.
14:17Je les avais mises à sécher.
14:21Et ça a été...
14:25Ça a été une des plus belles images que j'ai jamais vues.
14:29Oui.
14:30Au niveau de la...
14:32De la force.
14:38Du symbole, si vous voulez.
14:40On aurait pu ne pas arrêter, si vous voulez.
14:43Chaque fois que j'en rajoutais une, ça rapportait de la force à l'ensemble.
14:47Ah, c'est ça.
14:48Et il y en avait, je crois, 20 ou 22.
14:50D'accord.
14:51Oui, qui étaient mises sur trois niveaux.
14:56Quand vous voyez l'ensemble...
14:58C'est la danse.
14:59Oui, c'est la danse.
15:01C'est magnifique.
15:03Il a vraiment le soleil.
15:05En plus, pour le garçon, il est mort jeune.
15:08Et quand j'ai...
15:10À un moment donné, j'ai vécu un peu à Valenciennes.
15:14Et il était de Valenciennes.
15:16D'accord.
15:17Il y a un musée à Valenciennes.
15:19Je vous conseille d'aller voir le musée Carrefour à Valenciennes.
15:22D'accord.
15:23Vous avez...
15:24Ils ont refait un...
15:26Magnifique musée avec une verrière un peu comme au Grand Palais, mais beaucoup plus petite.
15:29D'accord.
15:30Avec une très belle verrière.
15:32Et il y a pratiquement...
15:33Un beau collage culture.
15:34C'est magnifique.
15:35Il y a tout le monde à Carrefour.
15:36C'est fantastique.
15:37Vraiment.
15:38Là, j'avais fait un...
15:42J'avais fait un moule à...
15:44Un moule à pièces.
15:46Un moule à pommes creuses pour tirer des terres.
15:48Oui, c'est très délicat.
15:50Ils m'avaient commandé quelques pièces.
15:54Et vous gardez à chaque fois un...
15:56Pas toujours.
15:57Un tirage, non ?
15:58Non, pas toujours.
15:59Non, pas toujours.
16:00Il est mort et je pense que la famille ne s'intéressait plus à son travail, alors qu'elle s'intéressait à la partie.
16:05Mais c'est vrai qu'il y a des oeuvres comme ça qui disparaissent.
16:08Il y a un musée quand même à Annecy.
16:11Sur le...
16:12En forçant sur le mercureux, sur le pommerol.
16:18J'adore les chablis.
16:19Non, vous savez pourquoi je mets ça ?
16:21Non.
16:22Parce que je laisse ça.
16:24Ça, ça donne une petite idée aux gens de ce qu'ils doivent amener.
16:27S'ils veulent...
16:28S'ils veulent être bien avec vous.
16:30Voilà, voilà.
16:31D'accord.
16:32C'est pas bête, c'est pas bête.
16:33Parce que sinon, vous avez des gens qui viennent avec de la pelure d'oignon.
16:36Ah oui, non, oui.
16:37Et non, ça ne va pas.
16:38Là, bon...
16:39Ils ont du tapis noir.
16:41Il y a quand même un stand-in.
16:44Ça, c'est le milieu aussi.
16:46Pas le vien, on va boire un coup.
16:48Oui, on va boire un coup.
16:51Tiens, fais-toi ça.
16:54La petite réclame de Nicolas.
16:56Oui, bien sûr.
16:57Qui s'appelait...
17:00C'était Nectar.
17:01Ah, d'accord.
17:03Et Nectar, je lui en avais offert un.
17:06Il est revenu avec ça.
17:08Oui, avec un joli...
17:11Avec une jolie tête derrière.
17:17Deux garçons à l'heure.
17:18J'ai trois enfants.
17:19J'ai une grande-fille.
17:20Ah, oui.
17:21D'un premier mariage.
17:23D'accord.
17:24Qui est là, en train de travailler.
17:27Ah.
17:28Avec son fils à côté.
17:30D'accord.
17:31Voilà.
17:32Ma fille Maroussia et mon petit-fils Maxime.
17:34Voilà.
17:35C'est de mon grand-père, ça.
17:36Ah oui ?
17:39Et l'atelier de votre grand-père ?
17:42Ah, pas du tout, pas du tout.
17:43Non, non, il était pour Guillaume.
17:45D'accord.
17:46Mais mon grand-père et mes deux voisins étaient sculpteurs.
17:49D'accord, d'accord.
17:51Il y a une tradition de sculpteur dans la maison, de marbriller.
17:56Et moi, quand j'étais enfant, j'étais bercé par...
18:00J'aimais beaucoup mon grand-père.
18:01J'ai toujours dû sculpter.
18:03Et mon père était céramédite.
18:05En fait, ce qui s'est passé, c'est que mon...
18:11Il y a une tradition de sculpteur dans la famille.
18:13Bercé par ça, moi, enfant, je me dis, je serai sculpteur.
18:17Ne serait-ce que par amour du grand-père.
18:19Et mon père n'a jamais voulu.
18:23Il m'a dit, tu feras n'importe quoi, tu seras mécanicien, tu seras garçon coiffeur,
18:27mais tu ne seras pas sculpteur.
18:29Il était bizarre.
18:32En fait, ce qui s'est passé, c'est que mon grand-père,
18:34c'était le plus jeune d'une fratrie de trois.
18:36Ah, d'accord.
18:37Voilà.
18:38En 1905, la séparation de l'exil de l'État.
18:40Donc, mon père avait 26 ans.
18:42Il sortait des Beaux-Arts, etc.
18:44Mais jusqu'en 1905, tous les sculpteurs...
18:48Travaillaient pour...
18:49Travaillaient pour les églises.
18:50Bien sûr.
18:51Parce que c'était l'État qui payait.
18:52En 1905, le clergé coupait les vivres.
18:56Et les sculpteurs qui n'avaient pas eu le temps de...
18:59De se remettre.
19:00De se mettre en selle, ont commencé à crever de faim.
19:05Véritablement.
19:06Ce qui était le cas de mon grand-père.
19:07Mais pas de ses deux frères aînés.
19:09Il y en a un qui était Premier Grand Prix de Rome,
19:11l'autre était...
19:12Il avait déjà...
19:13Il travaillait très bien sur Dijon et sur Lyon.
19:15Donc, ils avaient des belles commandes.
19:16Mais pas...
19:17Pas votre grand-père.
19:18Pas le grand-père.
19:19Donc, il s'est dit...
19:20Il avait épousé une dame qui avait quelques...
19:23Un petit peu de bien.
19:24Il s'est dit, je vais faire de la céramique.
19:26Et puis, il a fait de la céramique.
19:28Il ne s'en est jamais sorti.
19:29Enfin, mon père a fait de la céramique aussi.
19:31Moi, j'ai fait de la céramique, pour le coup.
19:34Si vous voulez, j'ai commencé à...
19:36Avant d'arriver là, puisque je voulais rester dans le volume, etc.
19:40Mon père était chef de fabrication dans une usine de céramique.
19:43Moi, j'ai dit, il y a un atelier de modelage.
19:44Je vais aller dans l'atelier de modelage.
19:45C'est comme ça que j'ai commencé à 13 ans.
19:47Voilà.
19:48J'ai fait du modelage, de céramique.
19:49Et...
19:50Et...
19:51Et puis, petit à petit, je me suis rapproché.
19:55Après, j'ai taillé de la pierre.
19:56J'ai fait de...
19:57Puis, je me suis retrouvé...
19:59Je me suis retrouvé ici.
20:00Comme ça.
20:01Mais sans vraiment perdre...
20:02Le...
20:03Le...
20:04Le...
20:05Le fil, si vous voulez, de rester dans l'esprit.
20:07En tout cas, me rapprocher le plus possible de la sculpture.
20:10Sans être sculpteur moi-même.
20:12Même si je...
20:14Même si ça me...
20:15Je sculpte et je...
20:16Mais je...
20:17Je ne suis pas un sculpteur, si vous voulez.
20:18Oui, au sens professionnel du terme.
20:20Au sens professionnel du terme.
20:21Moi, j'ai 70 ans.
20:22Donc, je reprends encore un projet.
20:23Je reprends l'atelier à Douarnenez.
20:25Je me donne encore 23 ans.
20:2723 ans.
20:28Oui.
20:29Je me donne encore 23 ans du...
20:30Voilà.
20:31Pour bien m'installer.
20:32Et puis, profiter de...
20:33Profiter de l'atelier.
20:34Et après, à partir de 93 ans...
20:38Là, je me dis, je vais commencer à penser à une retraite un peu douce.
20:41Voilà.
20:42Donc, rendez-vous dans 23 ans.
20:43Dans 23 ans.
20:44D'accord.
20:45Mais là, il vous faudra peut-être un pied pour tenir la chose.
20:47Parce que je crois que l'image va trembler un peu.
20:52J'avais un tabouret qui n'était pas celui-ci.
20:56Qui était à côté.
20:58Sur lequel je posais ma gamelle d'eau.
21:00Et je prenais mon plâtre.
21:02Je gâchais mon plâtre.
21:03Voilà.
21:04Au bout d'un moment, si vous voulez, le plâtre, naturellement, était tombé.
21:09Il avait fait quelque chose comme ça.
21:10Sur le tabouret.
21:12Au bout de 15 ans, vous avez une excroissance du mur.
21:15Qui venait descendre sur le tabouret.
21:19Donc, imaginez de...
21:21Vous faites des projections de plâtre sur le mur.
21:23Vous avez la pluie qui vient de prendre le tabouret.
21:26Et qui venait englober ce bac bleu.
21:30Qui était à côté.
21:31Donc, vous aviez une excroissance comme ça.
21:35Et vous avez l'impression que ça sortait du mur.
21:37Et puis, un jour, César est arrivé.
21:39Il a trouvé ça très chouette.
21:42Et puis, il a voulu...
21:44Il voulait acheter la...
21:46L'œuvre.
21:47Il voulait acheter l'œuvre.
21:48Voilà.
21:49Et comme ce n'était pas un garçon...
21:53Ce n'était pas un garçon toujours très gentil avec les praticiens.
21:56Et je lui ai dit que je ne vendais pas mes outils de travail.
22:01Et je lui ai dit que je ne vendais pas mes outils de travail.
22:02Et je lui ai dit que je ne vendais pas mes outils de travail.
22:03Et je lui ai dit que je ne vendais pas mes outils de travail.
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22:05Et je lui ai dit que je ne vendais pas mes outils de travail.
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22:22Et je lui ai dit que je ne vendais pas mes outils de travail.

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