• il y a 3 mois
Conjoncture laitière

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00:00Bonjour, bienvenue sur le plateau de la Space Web TV, le plateau où j'accueille Gérard
00:15Rieu. Vous êtes responsable du service économie des filières à l'Institut de l'élevage.
00:20On va parler de filières laitières. Les marchés mondiaux du lait sont plutôt porteurs
00:24depuis plusieurs mois. Est-ce qu'on peut faire un rapide bilan de ces derniers mois
00:29et de ces marchés ? Oui, bonjour. Effectivement, on a affaire
00:35à des marchés des ingrédients laitiers, beurre et poudre de lait qui sont, on va dire,
00:41très bien orientés depuis un an. Donc, ils ont connu une hausse régulière et même
00:48rapide ce printemps dernier. Et aujourd'hui, on est plutôt sur un scénario de stabilisation,
00:56de cours qui sont très fermes et plutôt stables et qui ont, on va dire, augmenté
01:02globalement de près de 50% d'un été à l'autre. Aujourd'hui, on est sur une période
01:10toujours haussière ou la fin de la hausse se profile ?
01:15Plutôt, effectivement, une stabilisation des prix, même si l'offre est changée
01:25sur le marché mondial, aujourd'hui est ralentie puisque les principaux exportateurs ont une
01:33production laitière qui a plutôt reculé globalement, donc peu de disponibilité. Mais
01:39compte tenu des niveaux des prix, aujourd'hui, finalement, les acheteurs sont moins présents
01:45et sont plutôt attentistes. Il faut dire qu'un certain nombre, notamment en Asie et
01:50plus particulièrement en Chine, ont beaucoup acheté en début d'année puisqu'il s'attendait
01:57à une baisse de disponibilité, ce qui a participé à la hausse forte des cours durant
02:04le second trimestre.
02:06L'an dernier, sur ce même plateau, j'ai reçu votre collègue Baptiste Lelion qui
02:12m'avait expliqué que les prix en France auraient pu remonter à partir de début 2013.
02:19Les éleveurs ont attendu près de huit mois pour voir les prix repartir à la hausse en
02:25mettant de côté le principe de saisonnalité des prix.
02:30Qu'est-ce qui explique ce décalage d'une part dans l'analyse de l'Institut de l'élevage
02:35et finalement sur les prix qu'on a constatés dans les exploitations ?
02:40Effectivement, le prix du lait a remonté tardivement et progressivement puisque la
02:48filière laitière française a été confrontée et est confrontée finalement à deux marchés
02:55très différents.
02:56D'un côté, son principal débouché qui est la consommation française de produits
03:02laitiers.
03:03Cette consommation est aujourd'hui plutôt stable, même légèrement baissière.
03:09Nous sommes dans une conjoncture de crise économique de presque non-croissance.
03:15De ce fait, les distributeurs ont fait et font pression pour que les tarifs des transformateurs
03:27n'augmentent pas.
03:28Ce qui fait que les négociations en début d'année ont été très difficiles.
03:33Au final, il a fallu l'entremise d'un médiateur pour essayer de débloquer la situation.
03:42C'est la situation du marché traditionnel qui absorbe la plus grande part de la collecte
03:49française.
03:50Si on ajoute le marché européen, c'est grossièrement les trois quarts de la collecte
03:59française, même un peu plus, 80% qui s'écoule sur ces marchés.
04:02Et à côté de cela, on a effectivement la demande internationale en ingrédients laitiers
04:09qui est très dynamique et qui a tiré les prix.
04:13Aujourd'hui, on est dans cette logique haussière avec retard.
04:17C'est un peu un fait habituel, c'est qu'en France, ça répond plus tardivement, plus
04:24lentement qu'en Allemagne par exemple.
04:26Mais à l'inverse, lorsque les marchés se retournent, la baisse est également plus
04:32modérée et plus progressive.
04:34Donc quelque part, il y a une logique d'amortisseur.
04:37C'est vrai que ce n'est pas toujours bien vécu, d'autant plus que globalement, quand
04:44ça baisse ou quand ça baisse ensuite, on a plutôt l'impression que ce sont les distributeurs
04:51qui récoltent la mise.
04:53Ceci dit, pour les prochains mois, pour les éleveurs français, comment ça va se passer ?
05:00Est-ce que les prix qui repartent à la hausse seulement aujourd'hui vont se maintenir
05:06à des niveaux relativement élevés si on regarde les 6-8 prochains mois ?
05:11Sur le premier semestre, on était sur un prix du lait de base à autour de 325 euros
05:20les 1000 litres.
05:21Et sur le second semestre, compte tenu des niveaux de prix de cet été, de la très
05:26bonne tenue des marchés, on peut s'attendre à des niveaux de prix moyens au niveau de
05:31la ferme France autour de 360-365 euros les 1000 litres pour le lait standard.
05:39Ce qui veut dire que sur l'année, on devrait être pour le moins à 340 euros les 1000
05:44litres.
05:45Donc peut-être entre 340-345, peut-être mieux, mais ça va dépendre de chaque entreprise.
05:50Si bien que comparé à 2012, c'est une hausse de au moins 25 euros les 1000 litres,
05:57voire on peut l'espérer, plutôt proche de 30 euros les 1000 litres.
06:01Et là, tout va dépendre aussi du rapport de force entre transformateurs et distributeurs
06:08donc sur la capacité finalement à faire passer des hausses dans une conjoncture économique
06:13qui semble quand même s'améliorer au niveau de la France.
06:17Compte tenu du retard pris par la hausse des prix en France, on peut s'attendre à des
06:24niveaux de prix élevés, y compris en 2014, au premier semestre 2014, ou c'est trop
06:29aléatoire pour le confirmer ?
06:31Bon, sauf, on va dire coup de trafalgar, sauf crise imprévue, on est quand même sur
06:38un scénario normalement, on va dire bon à très bon jusqu'à l'été prochain, c'est
06:47à dire que là, effectivement, la production laitière, elle tend à repartir dans les
06:52grands bassins d'exportation, mais on ne sent pas pour l'instant un rebond spectaculaire.
06:58La principale inconnue sera la reprise de la production en Nouvelle-Zélande, est-ce
07:05qu'elle sera au rendez-vous ? Est-ce que la Nouvelle-Zélande va connaître une nouvelle
07:11croissance de production ou est-ce qu'au contraire, elle va dans un premier temps se
07:14stabiliser ? J'ai envie de dire que là est aujourd'hui la principale inconnue du côté
07:20de l'offre laitière, puisque du côté européen, on sent que ça repart relativement fort.
07:28Donc, ça, c'est côté offre et côté demande, il y a effectivement toujours des incertitudes,
07:34mais en tendance, on va dire la demande est bonne.
07:37Donc, on va dire un prix en tendance autour de 340-345 euros, indépendamment de la saisonnalité,
07:49au moins sur le premier semestre 2014, n'est pas impossible, mais même fort probable.
07:55Jean Rioux, merci beaucoup.

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