Pac 2015
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00:00— Laurent Pinatel, au lendemain des annonces de François Hollande sur la PAC, c'est un petit peu la douche froide, si je comprends bien votre sentiment aujourd'hui.
00:14— C'est la douche froide. Et puis c'est quelque part aussi de dire... Bah ils ont osé. Ils ont osé faire cette PAC-là et nous la vendre avec ce paquet-là, quoi.
00:23Ça veut dire c'est une PAC de céréalier vendue à des éleveurs. Il y avait une belle boîte à outils. Stéphane Le Foll, c'était vraiment employé pour avoir
00:33les possibilités de réorienter l'agriculture française. Ils avaient des jolis outils. Ils ont refusé de s'en servir au dernier moment.
00:38Pourquoi, comment ? Je pense qu'il y a des lobbys qui ont dû agir par derrière. — Aucune des mesures ne vous convient, aujourd'hui ?
00:44— Eh ben il y a quand même la volonté sur le deuxième pilier autour de l'ICHN qui peut paraître séduisante. Mais en fait, en relevant les plafonds,
00:52en fusionnant avec l'APHE, ça perd vraiment de son sens. Et la tendance lourde, c'est de dire on va exporter, on va aller conquérir les marchés mondiaux.
01:01Et c'est absolument pas cette agriculture-là qu'on défend. La convergence, elle est à minima. On a l'impression qu'on est sur tous les curseurs bas
01:07que l'Europe autorisait. Et en plus, on remet de la progressivité. Ça veut dire qu'on va limiter l'action et l'effet dans le temps.
01:14On va y aller de... Vraiment, petite marche par petite marche. Et à la fin, on va pas aller vraiment loin, quoi. À force de faire des petits pas,
01:20on va vraiment pas loin. C'est ça, le problème. — Vous dénoncez aussi la méthode. Vous avez été consultés pendant plusieurs mois.
01:27Et au final, vous avez une « impression d'échec » ? — Oui. Je pense que la méthode... On était roulés dans la farine sur la méthode, clairement.
01:36On nous a consultés. On a joué le jeu. On a fait des propositions très chiffrées. On a allé loin dans le travail. Et on regrette pas, hein,
01:42parce qu'il nous semble que c'était ce vers quoi il fallait aller et que c'était pertinent. Après, on s'aperçoit qu'en fait, tout s'est réglé en 3 heures
01:48dans le bureau du président de la République en tête à tête avec le président de la FNSA. Tout ça pour ça. C'était pas la peine de nous embêter
01:54avec cette concertation, quoi. Je pense que le ministre de l'Agriculture avait peut-être un peu l'ambition que ce soit la sienne.
01:59Aujourd'hui, quoi qu'il en dise, c'est pas lui qui était aux manettes. C'est François Hollande et c'est Xavier Belin qui ont décidé de l'avenir
02:04des paysans français. — La suite, c'est quoi pour vous ? Il y a encore des marges de manœuvre possibles pour vous satisfaire un minima
02:12dans les détails techniques à peaufiner ? — Oui. Alors nous, déjà, au premier abord, ce qui nous semble important, c'est d'utiliser au maximum
02:21le couplage pour les productions en difficulté, fruits, légumes et petits ruminants. Ça, c'est quelque chose d'essentiel.
02:27Il y a des marges de manœuvre. On va faire en sorte que le gouvernement soit obligé de les utiliser. Ça, c'est la première chose.
02:33Et sur le deuxième pilier, développement rural, il nous semble important qu'il y ait des mesures agroenvironnementales qui réorientent
02:39l'agriculture vers des pratiques plus vertueuses et moins industrielles. — Vos messages, finalement, que vous avez martelés pendant des mois
02:44sur la politique agricole commune, vous avez le sentiment aujourd'hui qu'ils ne sont pas bien passés, en tout cas auprès de François Hollande.
02:52Ça va être quoi, la méthode pour vous pour faire passer des idées que vous n'arrivez pas à faire passer en entretien privé, par exemple, avec François Hollande ?
03:00— Alors il y a deux niveaux. Il n'y a pas que nos messages qui sont pas passés, visiblement, parce qu'il y avait énormément de gens
03:04qui étaient sur ce fameux scénario 3 sur lequel on n'est pas arrivé. Je prends un exemple parmi tant d'autres. Le Parti socialiste avait dit
03:11« Nous, il faut que ce soit le scénario 3 ». Et je serais assez curieux de savoir la réaction du Parti socialiste, qui voit aujourd'hui
03:17son ancien premier secrétaire choisir plutôt le scénario d'Oxavie Belin que le scénario de sa maison mère. Donc il n'y a pas que nous
03:23qui avons été un peu abusés. Donc ça, c'est la première chose. Eh ben nous, voilà, on a communiqué, on a fait confiance. Visiblement, il fallait pas.
03:30On va changer de ton. On va agir d'autres façons pour se faire entendre, puisque visiblement, là, on a été écoutés poliment.
03:36Mais ça suffit pas. On va changer de ton. — À la manière de ce que vous avez entrepris, notamment dans le cas de la ferme des Milvaches,
03:43par exemple, de durcir votre mobilisation ? — Oui, clairement. Nous, on va partir sur de... Voilà. S'il faut créer du rapport de force
03:50pour être entendu, on va créer du rapport de force. On sait faire. On l'a prouvé par le passé. On l'a prouvé récemment
03:55sur la ferme des Milvaches. Créer du rapport de force, on sait faire. S'il faut en passer par là, eh ben on va en passer par là.
04:00Sous-titrage Société Radio-Canada