Jean-Marie Séronie : « Ce n’est pas le budget en soi qui fait une réforme ! »

  • il y a 3 mois
Réforme de la Pac 2021-2027

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Transcription
00:00Jean-Marie Saronni, la Commission européenne a fait sa proposition législative pour la réforme de la PAC.
00:08Est-ce que le contexte interne à l'Europe et externe également est favorable aujourd'hui à une réforme de la politique agricole commune ?
00:16Quand on regarde les grandes réformes de la politique agricole commune, il y en a eu très peu,
00:211992 avec la mise en place des paiements directs et 2003 avec le découplage,
00:26il y avait à chaque fois une conjonction de contraintes externes,
00:31notamment les négociations internationales à l'OMC en 1992 mais aussi en 2003,
00:36de contraintes internes à l'Union européenne en 1992,
00:39on avait un budget qui n'était plus maîtrisé et qui débordait de partout, il fallait prendre des décisions.
00:44Alors qu'en est-il aujourd'hui ?
00:46Aujourd'hui, au plan externe, on n'a pas de contraintes de l'ordre de l'OMC
00:53ou de contraintes véritablement politiques ou réglementaires.
00:56Par contre, on a un contexte géopolitique qui interpelle l'Union européenne,
01:02que ce soit en termes de sécurité, en termes de difficulté du multilatéralisme,
01:09de la montée des accords bilatéraux, des changements de position de la politique américaine,
01:14donc qui sont des facteurs à la fois nécessitant une adaptation
01:19mais en même temps des facteurs d'insécurité importants qui ne sont pas en soi favorables à une réforme.
01:24Et au plan interne, on a un peu le pendant avec la question des migrations,
01:28qui est une question aussi qui mobilise beaucoup l'Union européenne et on le voit ces jours-ci.
01:35On a le Brexit qui est une source d'incertitude importante en matière de budget,
01:42donc ça c'est des facteurs qui ne sont pas favorables à une réforme.
01:46Les difficultés budgétaires de l'Union européenne,
01:49liées au fait que les Britanniques étaient des contributeurs nets au budget,
01:53donc il y a un trou qui apparaît avec leur départ,
01:56et que d'autre part nous sommes confrontés à de nouveaux besoins qu'on a évoqués,
02:01les besoins de sécurité, mais aussi l'accompagnement de l'innovation et du numérique
02:05qui nécessitent de nouvelles mobilisations financières,
02:09font que les budgétaires ont envie de réformer la PAC pour réduire le budget.
02:15Donc aujourd'hui on a un contexte assez mouvementé qui n'est pas véritablement favorable à une grande réforme,
02:22par contre on a une contrainte budgétaire qui pèse lourd sur le budget.
02:25Quel est le poids de la France aujourd'hui ?
02:28On voit la France se positionner sur le budget,
02:31on parlera ensuite probablement du fond de la réforme sur les questions agricoles, les mesures à prendre.
02:38Quel est le poids selon vous de la France dans les futures négociations ?
02:43C'est une constante de la position française.
02:46Nous n'avons jamais accepté la réforme de 1992,
02:49sur le fond nous avons du mal à accepter que l'agriculture soit rentrée dans l'économie de marché,
02:56et en 92, en 2003, à chaque réforme nous avons mené un combat que nous avons en général gagné pour le maintien du budget,
03:06c'est notamment en 2003 le fameux accord Chirac-Schroder de sanctuarisation du budget,
03:10et là nous sommes repartis pareil, nous sommes repartis à défendre le budget,
03:13mais en 92 ou en 2003 nous avons très peu pesé sur l'orientation de la réforme,
03:19et un budget ce n'est pas une réforme, une réforme ce sont les actions et c'est la politique conduite,
03:23et en gros de 92 jusqu'en 2007-2008 nous avons très peu pesé sur les réformes,
03:29depuis nous avons repris une position différente,
03:33nous avons compris qu'il fallait passer des alliances, anticiper les discussions,
03:37et nous avons au final davantage de poids.
03:40Alors qu'en sera-t-il aujourd'hui ? Nous sommes partis sur une grande défense budgétaire,
03:46le ministre mobilise des coalitions avec les pays du sud plutôt qu'avec les pays de l'est,
03:52ce qui est un peu curieux d'ailleurs, qui est très différent de ce qui s'est passé en 2013,
03:56par contre ce qui est assez nouveau c'est qu'il me semble que la politique française depuis un an, un an et demi,
04:05et je pense notamment à la logique des états généraux,
04:08et la politique de la commission sur la PAC se trouve en résonance, ce qui est assez nouveau.
04:14Cette idée du président de la République que je caricaturerai en disant faire payer moins le contribuable,
04:20et davantage le consommateur, c'est quelque part un peu le sens d'un dévolé des états généraux,
04:26c'est complètement cohérent avec une baisse du budget de la PAC,
04:31mais on ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est complètement cohérent et en phase.
04:34Le fait de demander des plans de filière et le fait que dans la proposition de la commission,
04:40il y a le fait de généraliser les programmes opérationnels,
04:43qui aujourd'hui étaient réservés uniquement aux fruits et légumes,
04:46mais de les généraliser sur l'ensemble des filières,
04:49ce qui veut dire d'affecter une partie du budget à la liberté des états,
04:53de décision des états, d'affecter une partie du budget non plus en aide directe,
04:56mais en aide aux filières, est complètement cohérent avec les plans de filière.

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