Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : quel est le plan du Président ?

  • il y a 5 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours en compagnie du chef du service politique d'Europe 1, Louis de Racknel,
00:07et le chroniqueur éditorialiste politique Jean-Claude Dacier,
00:10pour commenter cette arrivée, comme vient de le dire Maël Hassani,
00:13d'Emmanuel Macron dans cet avion qu'on a appelé Air Sarko-One, je crois.
00:17Il a été construit à cette époque-là pour Nicolas Sarkozy.
00:21Non, non, il appartenait à un autre pays, il avait été acheté par...
00:24Ah, c'est ça ! Et on le lui avait beaucoup reproché !
00:27L'opposition s'était déchaînée !
00:30Mais on me dit qu'il a été changé entre-temps, enfin bon...
00:33Ah non, il a évolué, il a eu des transformations, mais...
00:35Ah oui, c'est ça, on l'a updaté.
00:38Il a eu la chance de voler à bord de cet avion plusieurs fois.
00:40Ben oui, en tant que journaliste politique, généralement, on vous emmène avec le président.
00:44Donc il est dans cet avion, il atterrit à 23h30, il peaufine, on imagine, des discours, un texte,
00:51et quand on pose la question aux personnes en Nouvelle-Calédonie
00:57qui ont vécu cette semaine de violence,
01:00les concessionnaires qui ont vu toutes leurs voitures incendiées,
01:04les magasins pillés, etc.,
01:07écoutez ce que dit Robert, il est chef d'entreprise en Nouvelle-Calédonie.
01:11Il y a une des deux entreprises qui a brûlé, l'autre en attend.
01:14On voit aux caméras de surveillance les jeunes qui sont devant,
01:17ils sont en train d'accumuler des palettes en bois,
01:19il est évident qu'ils vont les allumer et l'entreprise va partir.
01:23Mais ce n'est pas la seule, à l'heure où je vous parle, il y en a cinq qui sont en train de brûler.
01:26Pour les entrepreneurs, c'est la panique totale,
01:29on voit ces entreprises partir qui sont le fruit d'un travail, d'une vie,
01:32par moment, c'est désespérant.
01:34Ce que l'on attend dans un premier temps, c'est le rétablissement de l'ordre, de la paix,
01:39et surtout des actions concrètes pour sanctionner lourdement
01:44les personnes qui sont à l'origine de ce qui s'est passé.
01:47On ne peut pas laisser ce qui se passe actuellement impuni, ce n'est pas possible.
01:52Le chef d'entreprise en Nouvelle-Calédonie, témoignage recueilli par Juliette Smely
01:58du service Économie d'Europe 1, Louis de Ragnel.
02:01Évidemment, le Président ne va pas arriver et sanctionner tout de suite
02:05les casseurs ou les pilleurs ou les émeutiers, il y a un message beaucoup plus global,
02:09et ce qu'on attend du Président, c'est qu'il prononce
02:13peut-être un report de ce dégel du corps électoral.
02:18C'est ce qui se murmure en tout cas à l'Élysée,
02:21comme dans les principaux ministères concernés, ministère de l'Outre-mer, ministère des Armées.
02:25Simplement, Emmanuel Macron, c'est aussi un pari,
02:28parce qu'il fait le pari qu'il parviendra à mettre autour de la table
02:32tous les acteurs calédoniens, et donc des acteurs canaques avec des caldoches,
02:38donc des camps qui aujourd'hui se déchirent, s'entretuent.
02:43Le préfet, le haut-commissaire parlait de climat de guerre civile, voilà.
02:46La volonté du Président de la République, c'est encore le vivre ensemble,
02:50Il est condamné à ça, on est tous condamnés à ça, il n'y a pas que le Président.
02:54Vous, comme moi, comme Jean-Claude Asselineau, on est condamnés à la Présidence.
02:57Il le faut, il faut le souhaiter, il faut le désirer,
03:00et je pense que c'est aussi ce que le Président va essayer de dire aux parties prenantes sur place.
03:05Simplement, vous parliez tout à l'heure du bilan,
03:08et aujourd'hui c'est extrêmement grave ce qui s'est passé.
03:11Je pense que les Calédoniens subissent quelque chose qu'en métropole,
03:14on ne supporterait jamais.
03:17Globalement, on les entend peu, alors nous on leur donne beaucoup la parole,
03:20mais en ce moment, je pense qu'en métropole,
03:23les gens ne mesurent pas à quel point la situation est dégradée.
03:26Il y a plus de 400 entreprises qui ont été dégradées, incendiées ou brûlées.
03:29Alors derrière, on parlait de la réponse pénale,
03:32on est à plus de 220 gardes à vue,
03:35il y a eu 144 gardes à vue pour atteintes aux biens,
03:3925 pour violences contre des policiers, des gendarmes et des militaires,
03:42et il y a eu déjà 31 comparutions immédiates et 11 incarcérations.
03:47Et rappelons-le de gendarmes morts qui ont été rapatriés sur la base d'Istre et décorés.
03:50Absolument, mais c'est vrai qu'11 incarcérations aujourd'hui,
03:53c'est assez peu, c'est de la détention provisoire,
03:56mais je pense qu'effectivement, il y a une attente en matière de réponse pénale,
04:00de fermeté, parce que ce qui s'est passé est totalement inacceptable,
04:03et il faut aussi adresser le message aux autres territoires d'outre-mer
04:07que s'ils étaient tentés de faire la même chose,
04:10la réponse de l'État serait aussi assez ferme.
04:12En 24 heures, est-ce qu'il aura le temps de donner également une réponse pénale
04:15en plus d'une décision politique ?
04:17Institutionnelle, en l'occurrence.
04:19Je pense qu'il ne peut pas, Emmanuel Macron, proposer une solution politique
04:22sans parler de ce qui s'est passé aussi,
04:24et qui a meurtri essentiellement les Caldoches,
04:26parce que c'est eux qui sont, enfin c'est les Blancs globalement,
04:29qui sont visés par les attaques,
04:31et je pense que si Emmanuel Macron veut exiger des Blancs,
04:35des Caldoches et donc des populations qui viennent plutôt,
04:38qui sont européennes sur place,
04:40il exige d'eux un certain nombre de concessions,
04:42il ne peut pas, de l'autre côté, éluder la question des dégradations
04:45et des réponses pénales.
04:46Sur Clodacier.
04:47Bon, c'est clair que le retour à l'ordre républicain est une évidence.
04:53Je pense qu'ils vont y arriver.
04:57En revanche, le Président de la République a pris un certain nombre de risques
05:00en allant là-bas pour une durée de temps qui sera courte.
05:0424 heures de visite pour 50 heures d'avion.
05:06Je pense qu'il n'a pas le droit d'échouer, il le sait,
05:09et je pense qu'il va devoir faire un exercice
05:12qui est à l'opposé de ce qu'il fait d'habitude.
05:14Il ne va pas falloir qu'il parle trop longtemps,
05:16ou trop souvent, ou à tout propos,
05:19sachant tout, disant tout.
05:22Je pense qu'il faut qu'il écoute.
05:24Et là-bas, il y a, dis-t-on, je ne connais pas bien la Nouvelle-Calédonie,
05:27mais il apparaît-il un rythme de vie qui n'est pas le même,
05:30en tout cas chez les Kanaks.
05:32C'est du côté des Kanaks qu'il y a des problèmes lourds, graves.
05:35Donc il va falloir qu'il les écoute,
05:37et qu'ils réussissent la trouvaille
05:42d'essayer d'amorcer un dialogue renoué
05:47entre les Kanaks les plus raisonnables
05:50et les Kaldochs, qui eux ont subi,
05:52tu as eu raison de le souligner,
05:54ont subi des dégâts considérables,
05:56et qui ne sont pas acceptables.
05:58Je ne suis pas sûr que la partie soit si facile que ça à gagner.
06:01— Alors ce que vous dites, c'est que,
06:03on est presque dans un roman de Benjamin Constant,
06:05où vous dites que le Président doit changer de nature,
06:08s'adapter.
06:10Louis Dragnel, c'est assez inédit dans le quinquennat
06:15et les deux ans du deuxième quinquennat,
06:18les sept ans qu'on a vus, qu'on a observés.
06:21Jean-Claude a raison, le Président est très verbeux,
06:23il fait des discours fleuves.
06:25Quand il invite des intellectuels à l'Elysée,
06:27ça dure jusqu'à 3h du matin, jusqu'à ce qu'il y en ait un qui dise
06:29qu'il faut peut-être qu'on aille se coucher.
06:31Ce n'est pas habituel, ce que dit Jean-Claude,
06:33de dire qu'il va falloir qu'il écoute
06:35et qu'il ne parle pas.
06:39— Du moins au début !
06:41— Il n'a pas d'autre choix.
06:43Si ce déplacement échoue,
06:46et que les violences reprennent,
06:48concrètement, il faut savoir de quoi on parle.
06:52Ça va être réellement la guerre civile,
06:54la partition du pays ?
06:56Le plan d'après, c'est l'évacuation des Européens
06:59et des ressortissants ?
07:01— Si ça échoue,
07:03il n'a pas d'autre choix que de réussir.
07:07Pour réussir, il doit faire en sorte
07:11que les Canaques, ceux qui seront là,
07:13qui participeront aux réunions,
07:15se disent au moins entendus
07:17et acceptent de se revoir.
07:19— Il faut qu'il les écoute,
07:21il faut qu'il prolonge probablement de 24h,
07:23il ne faut pas qu'il reparte demain soir.
07:25— Il a un voyage en Allemagne,
07:27première visite d'État depuis sa réélection.
07:30— Vous savez qu'Olaf Scholz n'a pas du tout d'humour,
07:32donc s'il annule, ça va être compliqué.
07:34— Je ne sais pas si ça va le faire sourire dans tous les cas.
07:36— Ça ne peut pas être un retour.
07:41— Il y a quand même des questions essentielles.
07:45Est-ce qu'Emmanuel Macron reconnaîtra
07:47la légitimité du troisième référendum ?
07:49Les Canaques le contestent et se sentent humiliés.
07:51Est-ce qu'Emmanuel Macron annoncera
07:53la réunion du Congrès ou pas ?
07:55C'est un vrai sujet.
07:57Si Emmanuel Macron renonce,
07:59ça veut aussi dire qu'il s'assied
08:01sur une loi qui a été votée
08:03par le Sénat et l'Assemblée nationale.
08:05— Tous les responsables politiques
08:07disent que c'est quelque chose qu'il faut refaire.
08:09— Tout ça est un choix politique.
08:11Emmanuel Macron s'est mis
08:13dans une situation dans laquelle
08:15il n'y a que des mauvaises solutions.
08:17Je pense que la moins mauvaise,
08:19c'est de reculer pour sauver la Nouvelle-Calédonie.
08:21On verra ce qui se passera.

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