Pierre De Vilno revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui, il revient sur les bourdes répétée du président Joe Biden lors de sa campagne pour les présidentielles.
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00:00Europe 1 et vous, 11h-13h, Pierre De Villeneuve.
00:18La Big Boy Press Conference, la conférence du grand garçon,
00:23ça vous donne quand même une idée de ce qu'on invente
00:27pour présenter Joe Biden qui, du haut de ses 81 ans,
00:32a du mal à se déplacer.
00:34On a l'impression que c'est Z6PO, de temps en temps,
00:36dans la gare des étoiles, qui démarche un petit peu.
00:40Je ne sais pas ce qui se passe, mais je suis sûr que c'est à vous.
00:43C'est ça, c'est qu'il a une démarche un peu bizarre.
00:46Et surtout, Joe Biden, on l'a vu dans les différentes conférences de presse,
00:51fait des erreurs, il a confondu le président égyptien, le président mexicain,
00:55et ça n'a pas loupé dans la Big Boy Press Conference,
00:57il a également présenté Volodymyr Zelensky de façon un peu bizarre.
01:11Voilà, alors ça fait désordre, comme on dit.
01:15Président Poutine, il le dit trois fois avant de se corriger,
01:19parce que quelqu'un, j'imagine, lui donne un petit coup de coude en disant
01:22« Non, mais c'est Zelensky, ce n'est pas Poutine. »
01:24Et ensuite, il se serait excusé comme quoi, vous comprenez,
01:27je suis tellement concentré sur le fait qu'il faut battre le président Poutine
01:32que du coup, j'ai dit son nom.
01:34Nous sommes avec Anne Toulouse et avec Jean-Éric Branat, il me semble.
01:40Les deux sont au téléphone, je crois.
01:42On me confirme ?
01:44Bonjour.
01:45Oui, Anne, chère Anne.
01:47Honneur aux dames, puisque quand même.
01:50Et puis, Anne Toulouse est la correspondante d'Europe 1 aux États-Unis.
01:54Chère Anne Toulouse, comment est-ce que vous avez apprécié
01:58cette conférence de presse du grand garçon ?
02:01Écoutez, je dois dire ici que ça nous fait beaucoup moins rire,
02:04parce que ce sont deux hommes, Donald Trump, qui n'est pas le sujet aujourd'hui,
02:08et Joe Biden, pour lesquels on va voter,
02:11j'allais dire dans presque quatre mois, mais non, beaucoup plus tôt que ça,
02:15puisque vous savez qu'on commence à voter dans la plupart des États américains
02:18six semaines avant la date officielle du scrutin.
02:21Donc, dans un peu plus de deux mois, on va avoir à choisir,
02:24alors ce sera entre Joe Biden ou quelqu'un d'autre.
02:27En tout cas, ce n'est pas la conférence de presse d'hier soir
02:30qui a fait beaucoup bouger l'aiguille du compteur,
02:32puisque ceux qui veulent le conserver à la présidence,
02:35enfin, je veux dire qui veulent le conserver comme candidat à la présidence,
02:38ont pu voir un homme qui a quand même développé des idées complexes,
02:42qui était en train de tirer le bilan de ce qui est sa plus grande fierté,
02:48en fait, pendant son mandat, c'est le renforcement de l'OTAN.
02:51Il l'a fait, comme je l'ai dit, avec de la substance,
02:54mais dans le même temps, vous parliez tout à l'heure
02:57du fait qu'il ait confondu le président Zelensky avec Poutine.
03:01Eh bien, dès le début de sa conférence de presse,
03:04il a dit « je suis fier d'avoir à mes côtés la vice-présidente Trump ».
03:07Donc, ça partait assez mal.
03:10Et puis, il y a eu du Joe Biden, c'est-à-dire des hésitations,
03:14il est parti souvent dans des digressions,
03:18enfin bref, on a vu un homme fatigué.
03:20Et ce matin, je regardais le titre du magazine « The Atlantic »
03:23qui disait « heartbreaking », ça veut dire « ça vous brise le cœur ».
03:26Parce qu'il y a quand même quelque chose de très triste
03:28de voir cet homme qui n'a pas démérité pendant sa carrière
03:32se livrer en pâture comme cela à la presse
03:35et défendre d'une manière un peu pathétique
03:37le droit de faire un second mandat.
03:40Et moi, je trouve même qu'il y a une dimension surréaliste à tout cela.
03:43Quand on en est à se demander
03:45si arriver jusqu'au bout d'une conférence de presse
03:49est le test pour continuer sa présidence,
03:53alors que c'est un exercice basique pour n'importe quel chef d'État,
03:56on se demande dans quel État est tombée cette course à la Maison-Blanche.
04:00Jean-Éric Brana, pardonnez-moi cette question,
04:02mais quand on a vu Michael Douglas, George Clooney,
04:05demander maintenant à Biden de renoncer,
04:08premièrement, est-ce qu'il y a un plan B chez les démocrates ?
04:12Deuxièmement, pourquoi est-ce qu'on a poussé Biden,
04:15ou est-ce que Biden s'est poussé tout seul à être le candidat des démocrates ?
04:20Alors vous posez la bonne question.
04:22Je crois qu'il y a effectivement des nids de la part des démocrates
04:25qui ont été derrière Joe Biden lorsqu'il est rentré en primaire,
04:31c'est-à-dire qu'il a suivi cette compétition
04:33qui lui permettait d'être le candidat de tous les démocrates.
04:37Et à ce moment-là, il y aurait dû avoir des voix qui s'élevaient
04:40pour lui rappeler d'abord qu'il avait sous-entendu qu'il serait un pont,
04:44c'est-à-dire un moment privilégié, certes, pour battre Donald Trump
04:49et qu'ensuite il passerait la main à sa successeur
04:53qui devait être Kamala Harris, elle était là pour ça,
04:56c'est bien pour ça qu'il avait choisi comme colistière,
04:58et ça ne s'est pas fait.
04:59Et là, on a effectivement un enchaînement
05:03qui a fait que Joe Biden est parti sur la mauvaise voie
05:07et met avec lui tout le parti démocrate qu'il a soutenu
05:10puisque rappelons qu'il a gagné chacune de ses courses
05:13avec plus de 80% et qu'il est aujourd'hui indéboulonnable
05:17puisqu'il a gagné à la régulière, comme on dit.
05:20Et c'est ça qui pose le problème dans lequel se trouve le parti démocrate.
05:24Mais est-ce que ce n'est pas un vote par défaut des militants démocrates
05:27en se disant que de toute façon,
05:29peut-être qu'ils sont un peu plus intelligents que les Français
05:31sur le vote utile, comme on appelle ça,
05:33en se disant finalement c'est Biden, c'est comme ça, on va faire avec ?
05:36Mais ce n'est pas un vote par défaut.
05:37Ce qu'il y a, c'est que personne ne s'est présenté contre lui.
05:40Oui, mais c'est encore une étape de dessus ça.
05:43Voilà, dans les primaires, tout le monde peut y aller
05:46et défier le président.
05:47Je crois que le déni était assez général
05:50et l'idée qu'on était toujours en 2020
05:54dans cette campagne dans laquelle il fallait absolument battre Donald Trump.
05:58Seulement, on a oublié qu'à ce moment-là,
06:00c'était la sortie de la COVID
06:02et que les Américains cherchaient un protecteur.
06:05Aujourd'hui, on est dans une autre séquence politique.
06:08La COVID est loin derrière nous
06:10et ce que cherchent les Américains, c'est autre chose.
06:13Il y a aussi deux éléments qui ont été oubliés.
06:17C'est d'abord que Trump pouvait rebondir.
06:20Alors, tout le monde pensait qu'il était mort et enterré.
06:23J'ai écrit un article en août dernier
06:26en expliquant qu'on s'était trompé
06:28et que Trump était en train de revenir.
06:30Ce qui s'est fait d'ailleurs,
06:31Trump est aujourd'hui loin devant Joe Biden.
06:35Et puis, la deuxième, c'est l'âge du capitaine
06:38puisque quand même, 82 ans à la fin de l'année,
06:41c'est quand même très âgé
06:42puisqu'à la fin du mandat, s'il est réélu, il aura 86 ans.
06:45Et là, on est dans d'autres dimensions.
06:47Ça n'est jamais arrivé aux Etats-Unis.
06:49Ça n'est jamais arrivé.
06:50Anne Toulouse, vous qui avez écrit l'art de Trumper,
06:52dernièrement, vous me disiez dans une émission ici même
06:56quand on avait eu la chance d'avoir votre passage à Paris,
06:59vous me disiez, c'est terrible
07:01parce que les Américains, entre le choix entre deux,
07:05presque octogénaires pour Trump et octogénaires pour Biden,
07:09alors que des gens comme moi,
07:12on aimerait voter pour les indépendants.
07:14Vous me disiez, moi je fais mes courses au supermarché
07:17et il y a plein de gens qui pensent que moi,
07:18qui voudraient avoir une autre alternative.
07:21Oui, on peut dire que ça ne s'est pas arrangé depuis.
07:23D'ailleurs, si vous voyez ce matin
07:25la une du Washington Post que j'ai sous les yeux,
07:28les deux tiers des Américains voudraient que Joe Biden ne se représente pas.
07:33Et ce qui est beaucoup plus grave pour lui,
07:35c'est que 56% de ceux qui ont l'intention de voter démocrate
07:40voudraient quelqu'un d'autre.
07:42Le pourcentage est un peu plus favorable pour Donald Trump
07:48puisque c'est en gros la moitié des électeurs potentiels.
07:52Donc, on voit bien qu'on a deux candidats dont on ne veut pas
07:55et c'est là que les partis doivent peut-être faire leur examen de conscience,
07:59mais je n'y crois pas trop.
08:00Parce que ce qui s'est passé effectivement,
08:02comme le disait Jean-Éric,
08:04c'est que le parti démocrate a complètement bloqué les autres candidatures.
08:10Et Joe Biden dit, j'ai 3900 délégués,
08:14donc je suis de facto le candidat
08:17et j'ai eu 84% ou 89% des voix.
08:22Ça représente 14 millions de voix.
08:24Parce que les gens votent très peu aux primaires.
08:26Ils ont d'autant moins voté qu'il y avait un seul candidat.
08:28Vous pensez quand même que c'est un pays qui a 330 millions d'habitants,
08:32dont les deux tiers sont en âge de voter.
08:34Donc la plupart des gens se sentent exclus de cette élection
08:37et c'est vrai que de voir étaler le désarroi d'un homme
08:41qui refuse de partir...
08:44Parce qu'en ce moment, la situation est complètement bloquée.
08:47Vous avez d'un côté le président qui dit,
08:49mais le droit est de son côté.
08:51Moi j'ai le nombre de délégués,
08:53les gens ont voté pour moi, on va parvenir sur ce vote.
08:55Donc je reste le candidat,
08:57d'autant qu'il est persuadé qu'il est à même de battre Donald Trump.
09:03Excusez-moi, il est tôt ici.
09:05Ce qui n'est pas impossible.
09:07Et puis de l'autre côté,
09:09vous avez des voix qui se font entendre de plus en plus souvent.
09:12Vous parliez de George Clooney, c'est un peu anecdotique.
09:14Mais il y a surtout Nancy Pelosi,
09:16qui elle-même a 84 ans d'ailleurs,
09:18mais qui est dans une forme éblouissante.
09:20Je ne suis pas sûr, Anne Toulouse,
09:22dans l'esprit des Américains,
09:24c'est quand même un acteur immense, international.
09:26Je ne suis pas sûr que ce soit anecdotique.
09:28Ce ne sont pas les acteurs qui font la politique.
09:30Je pense que George Clooney a sa notoriété,
09:32et il est surtout
09:34un grand leveur de fonds
09:36pour le parti démocrate.
09:38Ce qui est extraordinaire,
09:40c'est que maintenant, il écrit
09:42« J'aime Joe Biden, mais... »
09:44Vous savez, quand on dit « mais » en amour comme en politique,
09:46c'est très très très mauvais.
09:48Il explique qu'il l'a vu il y a près d'un mois,
09:50et qu'il s'est dit « mais ce n'est pas possible,
09:52cet homme ne peut pas diriger les États-Unis ».
09:54Mais que ne l'a-t-il dit il y a un mois ?
09:56Ça aurait fait gagner du temps au parti démocrate.
09:58Et il a quand même mis à ce moment-là
10:0036 millions dans les caisses.
10:02Donc il y a en ce moment une curée
10:04de gens qui savaient et qui n'ont rien dit,
10:06qui est quand même un petit peu gênante.
10:08Je voulais vous interroger aussi,
10:10parce qu'en tant que femme,
10:12il y a une personne dont on la voit
10:14beaucoup en ce moment, c'est Jill Biden.
10:16Quel est son rôle en ce moment ?
10:18On a parfois, pardonnez-moi l'impression,
10:20qu'elle tient son mari par le bras,
10:22qu'elle le guide,
10:24qu'elle est très écoutée aussi.
10:26Elle n'a pas la même aura peut-être
10:28que, je parle sous votre contrôle,
10:30que Michelle Obama à une époque,
10:32mais on sent qu'elle est quand même très très présente.
10:34Elle est très très présente
10:36et surtout, dit-on, très présente
10:38dans la décision de son mari
10:40de rester au pouvoir.
10:42Et on voit en ce moment monter à Washington
10:44une certaine humeur et je dirais presque
10:46un ressentiment contre la Première Dame
10:48et surtout contre le fils de Joe Biden,
10:50Hunter, qui est un personnage
10:52un peu trouble.
10:54Qui avait eu des ennuis judiciaires.
10:56Oui, et qui continue à en avoir.
10:58Et on dit que ce sont ses deux conseillers préférés,
11:00les plus proches,
11:02qu'il les écoute, qu'il a un petit cercle autour de lui
11:04qui d'abord a protégé Joe Biden
11:06au point que le public,
11:08parce que ça aussi, les gens se demandent,
11:10mais il n'est pas devenu comme ça
11:12le soir du débat.
11:14On l'a vu d'ailleurs, petit à petit,
11:16à chaque apparition publique,
11:18il avait l'air de plus en plus fatigué.
11:20Disons, pourquoi nous a-t-on caché ça ?
11:22Pourquoi a-t-on fait une campagne
11:24comme si rien ne se passait ?
11:26Et là, il y a tout de même des questions
11:28à la Première Dame qui s'est beaucoup agitée
11:30ces derniers temps, puisqu'elle faisait
11:32des meetings politiques à la place de son mari.
11:34On me dirait que ça arrive souvent aux Etats-Unis.
11:36Mais enfin, les gens n'ont pas voté pour Joe Biden,
11:38ils n'ont pas voté pour son fils,
11:40ils n'ont pas voté pour son entourage.
11:42Donc c'est la grande question en ce moment.
11:44Qui savait ? Qui n'a rien dit ?
11:46Et qui tire les ficelles ?