• il y a 5 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

Category

🗞
News
Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre De Villeneuve.
00:04Premier invité dans cette Europe 1 Soir du 16 juillet 2024, le président du groupe LR au Sénat et sénateurs.
00:11Bonsoir Bruno Rotailleau.
00:12Bonsoir Pierre De Villeneuve.
00:13Merci d'être avec nous ce soir en direct.
00:15La démission de Gabriel Attal s'est donc fait.
00:19Emmanuel Macron a jugé par ailleurs dans ce communiqué de l'Elysée
00:25qu'il était de la responsabilité de son camp de mettre une proposition sur la table en vue d'une coalition majoritaire
00:32ou d'un large pacte législatif, c'est en tout cas ce qu'il a dit en Conseil des ministres.
00:37Alors pacte législatif, ça nous dit quelque chose parce que c'est à peu près ce qu'a dit il y a quelques jours Laurent Wauquiez.
00:44Vous n'avez pas l'impression qu'il vous tend la main ?
00:46On verra. Nous nous sommes mis d'accord la semaine dernière avec Laurent Wauquiez.
00:50Pour nos deux groupes, lui préside le groupe des députés, la droite républicaine
00:55et nous, je préside le groupe LR au Sénat.
00:59Pourquoi est-ce qu'on a fait cette proposition ?
01:02Tout simplement parce que nous sommes responsables.
01:04On n'a pas du tout envie que le pays soit bloqué.
01:08On n'a pas du tout envie au moment où la France est en train de chuter,
01:11notamment en matière budgétaire et financière, qu'on laisse les choses à Volo.
01:16Et donc on est responsables et même si on ne souhaite pas aller dans une coalition ni aller dans un gouvernement...
01:23Vous ne le souhaitez pas ?
01:24Non, notre exigence c'est de mettre sur la table un pacte législatif avec quelques textes.
01:29Quelques textes qui recevraient l'assentiment des Français très large.
01:33Je pense au pouvoir d'achat, je pense à l'immigration, je pense à la sécurité, à la justice des mineurs.
01:38Des textes qui pourraient, je pense, non pas faire consensus.
01:42Parce que si on veut régler le problème, il faut des réformes qui soient des réformes vigoureuses.
01:48Mais en tout cas c'est notre responsabilité de le faire.
01:50Mais là-dessus vous êtes d'accord avec de nombreux autres partis et notamment le Rassemblement National.
01:54Si je vous écoute sur l'immigration, sur le pouvoir d'achat, sur les frontières...
01:57Pas exactement, parce que vous voyez par exemple sur les sujets économiques et sur le pouvoir d'achat.
02:01Le programme du Rassemblement National, comme à gauche d'ailleurs,
02:04comme d'ailleurs quasiment le programme des trois blocs politiques,
02:08c'était dépenser plus et travailler moins.
02:12La mise en cause de la réforme des retraites par exemple, travailler moins au cours de la vie.
02:15L'abrogation.
02:16Voilà, l'abrogation.
02:17Je me souviens très bien que le Rassemblement National, quand j'avais fait voter moi au Sénat,
02:21les 15 heures d'activité en contrepartie du RSA, parce qu'on est contre l'assistanat.
02:25Marine Le Pen et son groupe avaient voté contre.
02:27Donc il y a des divergences profondes, notamment en matière économique.
02:32Mais sur l'immigration vous êtes plutôt d'accord.
02:34Elle avait voté d'ailleurs les propositions que nous avions votées au Sénat.
02:37Je m'en souviens.
02:38Le texte immigration.
02:39Donc moi je pense qu'on peut mettre sur la table, avec Laurent Wauquiez,
02:42son groupe a commencé à travailler, le mien se réunit jeudi,
02:45mais on a déjà co-écrit, si j'ose dire, un certain nombre de propositions.
02:49Ce sont des propositions que nous présenterons, soit au Président de la République
02:53ou au futur Premier ministre, s'il y en a un de plein exercice bientôt.
02:58Oui, alors en attendant, vous le dites effectivement et vous espérez comme tous,
03:03un Premier ministre, là en attendant on a un gouvernement qui est démissionnaire,
03:07qui se charge des affaires courantes.
03:10Benjamin Morel, le constitutionnaliste qui était à votre place il y a quelques jours dans cette émission,
03:14dit que c'est un gouvernement de mort vivante,
03:17parce que ce sont des missionnaires mais ils sont quand même en charge des affaires courantes.
03:20Donc on ne peut pas leur demander de partir.
03:24Ça peut tenir jusqu'à quand ça ?
03:25Il a raison, il a raison Benjamin Morel, d'utiliser et qu'on prie cette expression.
03:29Écoutez, plusieurs choses.
03:30La première c'est qu'il est normal que le gouvernement de Gabriel Attal démissionne
03:35et que le Président de la République accepte cette démission.
03:38La prolongation de ce gouvernement avait été incomprise,
03:41parce qu'elle avait été comprise comme une sorte de déni démocratique, première chose.
03:45Deuxième chose, vous me posez une question, combien de temps ça peut tenir ?
03:49Quelques semaines.
03:50Ça peut tenir pour moi...
03:51Pas jusqu'au budget en octobre ?
03:52Certainement pas.
03:53Ça peut tenir pour moi le temps de la trêve olympique.
03:57Et je pense que les forces politiques qui sont ici représentées à l'Assemblée Nationale
04:01pourraient s'accorder sur ce plan là.
04:03Mais nous avons très sérieusement, très méticuleusement au Sénat regardé les précédents qui ont existé.
04:10Ça peut durer quelques jours, mais certainement pas des semaines et des semaines.
04:15Mais pourquoi ?
04:16Parce que c'est inconstitutionnel.
04:18Parce qu'entre être ministre ou premier ministre et être député, il faut choisir.
04:23Alors certes, ils vont pouvoir le 18, c'est-à-dire jeudi, participer au vote.
04:27Ils seront malgré tout ministres démissionnaires.
04:29Ils vont pouvoir participer parce qu'il y a une sorte d'entre-deux.
04:32La constitution ne dit rien, les lois organiques ne disent rien.
04:36Aucun vide juridique.
04:38Il y a un vide pour quelques jours.
04:40Mais très franchement, je l'affirme à ce micro, les gens un peu sérieux considèrent que
04:45pousser un gouvernement démissionnaire chargé d'expédier des affaires courantes jusqu'au budget, c'est impossible.
04:51Mais pour moi c'est impossible, y compris jusqu'au mois de septembre.
04:57Il faudrait qu'à la fin deuxième quinzaine d'août ou début septembre, il y ait de nommé un premier ministre.
05:03Sinon, on sera dans un cadre d'inconstitutionnalité.
05:06Il y a deux solutions.
05:08Soit le conseil constitutionnel fait respecter la conformité à la constitution.
05:12Vous y croyez ?
05:13Vous y croyez ?
05:14Vu la proximité qu'a le président avec le conseil constitutionnel.
05:17Hypothétique, puisque ça a été avancé par certains observateurs.
05:21Soit c'est le bureau de l'Assemblée Nationale.
05:24Je pense, alors ça n'est pas complètement tranché, mais il me semble qu'une analyse juridique pourrait conduire à ce que le bureau de la nouvelle Assemblée Nationale puisse traiter ce genre de choses.
05:35Mais c'est très clair, aller des semaines et des semaines durant en cumulant le poste de ministre et de parlementaire, en l'occurrence député, c'est anti-constitutionnel.
05:48Je cite le président de la République ce soir dans le communiqué.
05:51Il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour bâtir un rassemblement autour de projets et d'actions au service des Françaises et des Français.
06:01Ça vous rappelle un personnage d'un dessin animé de Walt Disney, non ?
06:05Oui, oui, bien sûr.
06:06Le serpent ?
06:07Le serpent K dans le livre de la jungle ?
06:09Vous avez l'impression d'être hypnotisé par le président de la République.
06:12J'ai du respect.
06:13La blague à part.
06:14Je suis un opposant du président républicain, mais je ne peux pas le comparer.
06:18C'est la démarche, on n'est pas du tout en train de comparer le président à un serpent de dessin animé, on est d'accord.
06:24On est juste là dans la démarche de savoir s'il n'essaye pas d'une certaine manière de vous tendre la main pour rentrer dans cette coalition.
06:32Je vais vous poser la question autrement Bruno Rataillo.
06:35Est-ce qu'il n'est pas plus raisonnable aujourd'hui, dans cette situation qui est devenue une situation urgente et vous venez de râper le calendrier concernant le gouvernement,
06:43est-ce qu'il n'est pas plus raisonnable de former une coalition qui irait peut-être justement de certains socialistes à vous les LR,
06:50en regroupant le bloc central, pour répondre à ces 70% d'électeurs, participation de 70% d'électeurs qui ne comprennent toujours pas comment est-ce qu'on a pu en arriver là ?
07:03Première chose, Emmanuel Macron poursuit dans la lignée de la lettre aux Français, qui n'était pas une lettre aux Français, qui était une lettre aux partis politiques.
07:12Il n'a jamais évoqué d'ailleurs le message qu'ont voulu porter les Français, notamment au moment du premier tour.
07:18Le problème est qu'il dynamite le paysage politique et ensuite il dit maintenant débrouillez-vous.
07:23C'est un peu quand même ce qu'il dit, y compris à travers le communiqué que vous lisiez.
07:28Deuxième chose, je ne crois pas du tout à une grande coalition, et notamment avec la gauche.
07:33Pourquoi ? Parce qu'on ne pense rien de commun.
07:37Je vais vous donner quelques exemples.
07:39J'écoutais sur votre antenne tout à l'heure les risques d'attentats islamistes.
07:43Je veux rappeler que le Parti Socialiste est co-signataire, dans le cadre du nouveau Front Populaire, d'un accord des gauches, qui est un accord pour moi d'extrême gauche.
07:55Ils veulent par exemple abroger la loi sur la sécurité globale, qui est un outil pour lutter contre le terrorisme.
08:00Ils veulent abroger la loi séparatisme, qui est un outil pour lutter contre l'islamisme.
08:04Est-ce qu'on n'est pas en train de parler de certains socialistes qui, là pour le coup, seraient prêts à quitter le nouveau Front Populaire ?
08:09La coalition voulue par le Président, c'est...
08:13On prend dans les 193 députés du nouveau Front Populaire, et on sait qu'il y a à peu près une soixantaine de socialistes,
08:19peut-être de renier sur ces socialistes...
08:21Et sur quel projet ? Ce que je veux dire, c'est sur quel projet ?
08:24Il faut maîtriser l'immigration.
08:27On a un texte qui est prêt.
08:29Le Conseil constitutionnel l'avait censuré, mais il suffit simplement de réintroduire dans le périmètre du texte
08:35les articles qui avaient été censurés au titre de l'article 45 de la Constitution,
08:39pour le rendre, si j'ose dire, constitutionnel.
08:42Est-ce que les socialistes, même bon temps, sont prêts à l'accepter ?
08:45Ils n'ont pas été prêts à l'accepter, ni au Sénat...
08:47Il faut leur poser la question.
08:48Ils ne l'ont pas fait, ni au Sénat, au moment du vote.
08:50Donnez-leur le temps de le faire, puisque de toute façon on a pris tellement de temps déjà pour essayer de construire quelque chose.
08:55Ils ont eu le temps au Sénat, ils ont eu le temps aussi à l'Assemblée Nationale.
08:58Pareil sur la sécurité. Est-ce qu'on est prêts à une révolution pénale ?
09:01Pour faire en sorte qu'on accepte en France une justice qui emprisonne et qui condamne à des courtes peines
09:08dès lors qu'il y a des violences exercées physiquement sur des personnes.
09:12C'est ça le problème.
09:13Il y a un autre problème.
09:14Il y a un autre souci sur une grande coalition.
09:16On l'a vu dans des pays d'Europe, en Autriche ou ailleurs.
09:20Faire une grande coalition, ce serait donner définitivement le monopole de l'opposition aux deux ailes radicales.
09:27A LFI d'un côté, au RN de l'autre.
09:30Ça c'est une évidence.
09:31Ça voudrait dire qu'il y a un bloc, toujours le bloc central, qui serait finalement le grand en même temps.
09:37Je considère que si on en est là aujourd'hui en France, c'est à cause de l'en même temps.
09:41Et ça serait dangereux avec 143 députés RN qui pourraient faire tomber des textes à tout va.
09:47Ou LFI, par exemple sur le budget.
09:50Moi je considère que le premier danger, le premier acte législatif, ce sera le budget.
09:56On est à deux doigts d'une crise financière.
09:58Pierre Roscovici l'a rappelé à travers la Cour des comptes encore hier.
10:01Absolument, absolument, dans un quotidien économique.
10:04Et si on n'est pas capable de faire voter un budget où on est au moins 20 milliards.
10:11A mon avis, sans doute au moins 25 milliards d'euros d'économie.
10:14Croyez-moi, on sera tout près de la crise financière.
10:18Est-ce que vous qui avez travaillé avec Laurent Wauquiez sur les projets qui se donnent 100 jours pour les mettre en place.
10:28Est-ce que là-dedans il y a la possibilité de faire des économies en France sans pour autant rentrer dans un plan d'austérité ?
10:33On y travaille, bien sûr on y travaille.
10:36Et on ne fait pas seulement qu'y travailler.
10:38Moi je veux simplement rappeler qu'au Sénat, nous avions proposé, mon groupe, la majorité sénatoriale.
10:43Lorsqu'on a examiné et étudié la loi de finances pour 2024, on avait proposé déjà 7 milliards d'économies.
10:51Que Bruno Le Maire, extraordinaire, avait balayé d'un verre de main.
10:56Aujourd'hui, il se donne bonne contenance et le bon rôle.
10:59Mais c'est ça, donc on est prêts, nous, à assumer un certain nombre de choses.
11:03Pas pour nous, pas dans notre intérêt, mais dans l'intérêt des Français.
11:06Parce que s'il y a une crise financière, c'est pas les boursiers qui seront atteints, ça sera aussi les petits épargnants.
11:12Si je comprends bien Bruno Retailleau, vous êtes majoritaire au Sénat, donc il n'y a pas de sujet.
11:17Les députés LR, ils sont 66 à l'Assemblée Nationale.
11:21Mais le but, si je comprends bien, avec l'or invoqué, c'est de rester une force de proposition.
11:26Ne surtout pas rentrer dans une coalition, parce que pour parler dans un langage familier,
11:32si vous rentrez, vous les LR, dans une coalition, vous allez vous griller.
11:36C'est pas surtout ça, c'est qu'une coalition avec la gauche, c'est du grand en même temps.
11:41Et sur des sujets qui sont des sujets très importants, de dépenses, des impôts,
11:45eux suggèrent d'augmenter la dépense publique, ils suggèrent d'augmenter les impôts.
11:48Ils ne veulent pas réduire l'immigration.
11:49Vous n'aurez plus d'élan pour 2027 ?
11:51Non, c'est très franchement...
11:52S'il y a un calcul comme ça aussi ?
11:54C'est pas notre calcul, c'est pas mon calcul.
11:56Ce que je veux, moi, si on doit poser des propositions sur la table, c'est pour l'intérêt supérieur de la nation.
12:03Et le problème de la grande coalition, c'est que quand on mélange tout, on arrive à rien de bon. C'est ça le souci.
12:09Merci beaucoup Bruno Retailleau d'avoir été l'invité d'Europe 1 Soir à 19h30.
12:14Dans un instant, on passe en revue l'actualité avec les débatteurs du soir.
12:18Jules Thorez et Sarah Salman, à tout de suite sur Europe 1.

Recommandations