«La gauche a appris depuis François Mitterrand que le parti de Le Pen était une assurance-vie pour faire élire ses députés»

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00:00Lors de l'édito politique de Karl Meus, bonjour Karl, bonjour Christophe, rédacteur en chef au Figaro Magazine, ce matin vous nous parlez de la

00:09tentation d'exclure le Rassemblement National des postes à responsabilité qui

00:15se prépare à l'Assemblée Nationale. Pourquoi la gauche, puisqu'il s'agit principalement d'elle,

00:20pardon je vais y arriver, veut-elle exclure le RN de ses postes ?

00:23Parce que pour la gauche, le RN n'est pas un parti républicain.

00:27A vous de noter qu'elle ne pousse pas son raisonnement jusqu'à demander son interdiction. Pour autant, la gauche n'est pas folle.

00:32Elle a appris depuis François Mitterrand que le parti de Jean-Marie Le Pen puis de Marine Le Pen était une assurance-vie pour faire élire ses députés.

00:39Le front républicain mis en place entre les deux tours des élections législatives

00:42l'a montré, qui a permis au nouveau front populaire de virer en tête et de priver le RN d'une majorité absolue qui lui tendait les bras

00:49à l'issue du premier tour.

00:51Cette campagne a été un cas d'école en la matière puisque le second tour n'a tourné qu'autour de la menace RN,

00:56qualifiée par de nombreux responsables de gauche, de menace fasciste.

01:00Pour autant, vous qui avez de la mémoire Christophe, vous n'avez pas oublié que la gauche a travaillé pendant deux ans à l'Assemblée Nationale

01:06avec le RN.

01:07Et ce n'est pas si loin en effet, il me semble que le Rassemblement National avait deux vice-présidents dans la précédente législature, c'est ça ?

01:13Exactement, vous avez raison.

01:14Sébastien Chenu et Hélène Laporte.

01:16Le premier député du Nord est un ancien de l'UMP, il a même été chef de cabinet de Christine Lagarde,

01:22ministre du commerce extérieur.

01:24Et la seconde, élue du Lot-et-Garonne, est une ancienne conseillère en gestion de patrimoine.

01:28Tout à fait le profil de dangereux fasciste, n'est-ce pas ?

01:31Bon, plus sérieusement, ces deux personnalités ont été pendant deux ans vice-président de l'Assemblée Nationale, vous l'avez dit,

01:36aux côtés notamment de l'insoumise Caroline Fiat et de la socialiste Valérie Rabault.

01:40Je n'ai pas souvenir que ces deux femmes, mais ça a pu m'échapper, ont dénoncé les comportements fascistes de leurs deux collègues.

01:46Et quand ils présidaient les débats au sein de l'hémicycle, en remplacement de la présidence, comme c'est leur rôle,

01:51je ne crois pas que la gauche ait hurlé au scandale en quittant l'hémicycle.

01:55La NUPES était moins regardante quand il s'agissait de voter la motion de censure contre le texte sur les retraites.

02:01Alors là, les voix du RN, ça ne les gênait pas du tout pour tenter de faire tomber le gouvernement.

02:05Alors, comment exclure en 2024 un parti qui a obtenu plus de 10 millions de voix et fait élire

02:10plus de 140 députés, quand on le faisait participer au fonctionnement de cette même assemblée deux ans plus tôt,

02:16alors qu'il n'avait que 89 représentants ?

02:18« Comment réagit-on au RN face à cette tentative d'exclusion ? »

02:22Alors, on le prend très mal, évidemment. Si ça devait arriver, les votes pour les postes de vice-président,

02:28casteur et secrétaire, qui ont lieu demain,

02:30les dirigeants du RN ne se priveraient pas de crier au scandale démocratique.

02:34Et comment leur donner tort ?

02:35Ils font savoir depuis le début de la semaine qu'ils ont malgré tout des moyens de rétorsion

02:39envers ceux qui voudraient les excuses.

02:41Un peu comme Bernard Blié, qui via son personnage de Raoul Wolfoni dans les Tontons-Flingueurs,

02:46je vois que vous avez la référence,

02:48explique, moi, quand on m'en fait trop, je ne correctionne plus, je dynamite, je disperse, je ventile.

02:53Avec plus de 140 députés, en comptant les amis d'Éric Ciotti, le RN est le premier groupe à l'Assemblée

02:58et a de quoi mettre le bazar dans la répartition des présidences de commissions, par exemple.

03:02Et il ne va pas s'en priver.

03:03Comme me le disait hier un élu RN, on peut bouleverser bien des équilibres,

03:08en votant en bloc, voire en fractionnant les votes.

03:11L'avantage d'avoir un groupe soudé qui obéit aux ordres.

03:13Tous les scénarios sont possibles à ce stade.

03:15Si on n'est pas respecté, on ne jouera pas constructif, ajoutait cet élu,

03:19qui, en bon cinéphile, prenait l'exemple de Claude Brasseur dans le film Camping,

03:24vous avez la référence aussi, furieux de ne pas retrouver son emplacement habituel,

03:29disait, vous avez connu Jacky Pic gentil, vous allez connaître Jacky Pic méchant.

03:33Et s'il est beau au camping cet été, ils ne diront pas bonjour à Patrick non plus,

03:37signature européen, Karl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.

03:40Merci Karl, à demain.

03:41A demain Christophe.

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