«Les électeurs français peuvent avoir la désagréable impression que leurs votes n'ont pas été pris en compte»

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Transcript

00:00L'heure de l'édito politique de Karl Meus, bonjour Karl !

00:04Bonjour Christophe !

00:05On va évidemment parler de la réélection de Yael Brown-Pivet à la présidence de l'Assemblée Nationale

00:09et vous faites le parallèle avec celle d'Ursula von der Leyen hier à la tête de la Commission Européenne.

00:14Karl, quel est le lien entre ces deux femmes ?

00:17Il faut que tout change pour que rien ne change. Voilà le lien entre ces deux femmes.

00:22Même si cette phrase est prononcée par Tancred, le neveu du prince Salinas dans le livre Le Guépard

00:27de Giuseppe Tomasi de Lampedusa et adapté au cinéma par Luciano Visconti.

00:32La France de 2024 n'est évidemment pas l'Italie de la seconde moitié du XIXe siècle,

00:36mais les électeurs français peuvent avoir la désagréable impression que leurs votes successifs n'ont pas été pris en compte.

00:41Concernant le scrutin du 9 juin, il faut reconnaître que la France ne pèse que pour 80 députés européens sur les 770 du Parlement.

00:49Difficile de modifier le cours des choses.

00:51Mais malgré tout les électeurs français qui ont clairement manifesté leur volonté de changement

00:56peuvent avoir l'impression que les institutions européennes n'écoutent pas leur choix.

01:00Et concernant le scrutin des 30 juin et 7 juillet, là effectivement c'est plus compliqué.

01:05Pourquoi dites-vous que c'est plus compliqué ?

01:06Parce que les électeurs ont confirmé au moins au premier tour leur volonté de changement en plaçant en tête le Rassemblement National.

01:12Quant au second, si le barrage du Front Républicain a brouillé la lecture du scrutin,

01:16les macronistes sont ceux qui ont perdu le plus d'élus.

01:19Et pourtant, c'est l'une d'entre eux, Yael Bohn-Privé, qui a été élue de justesse grâce aux voix des ministres démissionnaires

01:26et qui retrouve son fauteuil de présidente de l'Assemblée Nationale.

01:29Comment voulez-vous que les électeurs s'y retrouvent si quand ils expriment une volonté de changement,

01:33les politiques leur répondent par la continuité ?

01:36Justement, à propos d'Emmanuel Macron et vu le résultat d'hier soir,

01:39et c'est là qu'on s'interroge, Carl, pardon, j'étais allé un petit peu trop vite,

01:42qu'est-ce que cela peut produire dans l'électorat provincial ? Parce que ça c'est très important.

01:46Exactement, c'est difficile de le prévoir même si on a une piste avec ce qui s'est passé entre 2005 et 2008.

01:51Vous vous souvenez, en 2005, Jacques Chirac convoque un référendum pour faire approuver le traité constitutionnel européen.

01:57Les Français le rejettent à plus de 55,6%.

02:00Mais en 2008, Nicolas Sarkozy, élu président, fait ratifier par le Parlement le traité de Lisbonne

02:05qui reprend les dispositions du traité constitutionnel rejeté.

02:08Alors même si c'était une de ses promesses de campagne, de passer Parlement plutôt que de passer par le référendum,

02:15une partie des électeurs s'est quand même sentie flouée.

02:17Et Emmanuel Macron a été frappé d'entendre en 2018 une partie des gilets jaunes évoquer cet épisode

02:23comme une des raisons de l'expression de leur colère.

02:26Entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a perdu près de 2 millions d'électeurs

02:31quand Marine Le Pen en a gagné 2,6 en 2012 par rapport au score de son père de 2007.

02:37Le non-respect du vote de 2005 n'est évidemment pas la seule explication de ces chiffres.

02:42Mais il contribue à les expliquer en partie.

02:44Même s'il ne peut se représenter, Emmanuel Macron devrait quand même être vigilant sur la suite.

02:48Alors justement, nous y voilà.

02:50À propos d'Emmanuel Macron, et vu le résultat d'hier soir, que peut faire le Président de la République ?

02:56Emmanuel Macron a laissé entendre qu'il déciderait du nom du Premier ministre justement en fonction du vote d'hier.

03:02La défaite du nouveau Front populaire lève cette hypothèque.

03:05Il n'y aura pas de Premier ministre du nouveau Front populaire.

03:08Emmanuel Macron va s'employer à le chercher au sein de la coalition qui a fait élire Yael Brune privée,

03:14quitte à l'élargir sur sa gauche.

03:16Et surtout, je crois que le Président ne va pas abouder son plaisir devant les mines défaites des déresponsables du nouveau Front populaire

03:22qui nous expliquent depuis le 7 juillet qu'ils ont gagné les législatives et qu'ils doivent gouverner.

03:27Le résultat d'hier montre que ce n'est pas du tout le cas.

03:30Le nouveau Front populaire, arrivé en tête au premier tour, a été battu par une coalition au tour suivant.

03:35Ça ne vous rappelle rien, Christophe ?

03:36Si, bien sûr que si.

03:37Le résultat des législatives, quand le RN victorieux du premier tour a été battu au second par le barrage du Front républicain.

03:44Ça s'appelle l'effet boomerang.

03:46Et j'avoue que prendre un boomerang en pleine figure, ça fait mal.

03:49Oui, mais c'est le principe du boomerang, il revient toujours au lanceur, c'est juste une question de temps.

03:53Signature Europe 1, Karl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.

03:56Merci Karl, bon week-end, à lundi.

03:58Bon week-end, Christophe.

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