Le coordinateur de la France insoumise et député des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, était l’invité de #LaGrandeInterview de Florian Tardif dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Manuel Bompard, vous êtes coordinateur de La France Insoumise et député réélu des Bouches du Rhône.
00:05Tout d'abord, avant d'aborder, il y a de nombreuses questions dans l'actualité,
00:09permettez-moi de revenir sur les propos tenus par Thomas Porte lors d'un rassemblement à Paris en soutien au peuple palestinien.
00:17La délégation israélienne n'est pas la bienvenue à Paris, je le cite.
00:21Les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus au JO, il faut utiliser cette échéance,
00:25tous les leviers que nous avons pour créer des mobilisations, êtes-vous à l'aise avec ces propos ?
00:30D'abord, je veux vous dire que c'est une position que nous avons déjà défendue,
00:35qui consiste à dire que face aux violations du droit international,
00:38qui sont reconnues d'ailleurs par les instances internationales de l'état d'Israël depuis maintenant plusieurs années,
00:45il est légitime de considérer que le comité international olympique pourrait prendre à l'égard de la délégation israélienne
00:53les mêmes décisions qu'elle a prises à l'égard de la délégation russe,
00:56c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de dire que les athlètes ne peuvent pas participer,
01:00mais qu'ils pourraient participer sous bannière neutre.
01:03Ce n'est pas leur mettre une cible dans le dos, c'est un terme qui a été repris par plusieurs de vos opposants,
01:09le ministre de l'Intérieur, par exemple Gérald Darmanin,
01:11qui a d'ailleurs expliqué hier que la délégation israélienne serait protégée 24 heures sur 24, est-ce que c'est normal ?
01:17Non mais c'est normal que l'ensemble des délégations qui vont participer aux JO soient protégées,
01:22il n'y a pas de sujet sur cette question.
01:25Mais je trouve que la campagne de haine qui s'abat sur Thomas Porte depuis qu'il a tenu ses propos
01:30est tout simplement inacceptable et insupportable.
01:34On a le droit en France de considérer que oui, un événement comme celui des JO
01:39permet d'utiliser en quelque sorte un moyen de pression diplomatique à l'égard d'un gouvernement
01:47qui mène, il me semble quand même important de le rappeler, à l'égard de la population palestinienne,
01:52des actions qui sont des actions inacceptables,
01:54et encore une fois qui ont été pointées du doigt par les instances internationales.
01:57Je vous rappelle qu'on parle de 40 000 morts directes, que l'on estime à…
02:01Chiffre du Hamas ?
02:02Non, pas chiffre du Hamas…
02:04Ministère de la Santé du Hamas ?
02:05Non mais, non, monsieur, enfin excusez-moi,
02:07ces chiffres sont aujourd'hui les chiffres qui sont considérés comme étant les seuls chiffres raisonnables,
02:12et c'est les chiffres qui sont repris, y compris par la Maison-Blanche.
02:15Donc on peut dire que c'est les chiffres de la Maison-Blanche, si vous voulez.
02:17Il y a eu un article…
02:18Je vais toujours aux sources.
02:19Il y a eu un article dans la Revenue Le Lancet qui est sorti la semaine dernière
02:22qui estime à 160 000 personnes le nombre de victimes civiles directes ou indirectes.
02:26Je ne suis pas du tout en train de minimiser les victimes, bien au contraire.
02:28Ben précisément, je ne vous fais aucun reproche à vous personnellement,
02:31je vous dis juste que j'aimerais bien qu'en France, on arrête, si vous voulez,
02:35d'essayer de sauter sur la moindre polémique pour rappeler ce qui se passe précisément là-bas.
02:39Pas du tout, on commente des propos qui ont été tenus lors d'un rassemblement ce week-end.
02:44Oui, c'est notre devoir d'humanité, en vérité, de dire que ce qui se passe là-bas est inacceptable.
02:50Vous savez qu'on a retrouvé des traces de polio dans les eaux à Gaza,
02:54qu'on est dans une situation sanitaire qui est tout simplement insupportable.
02:57Et donc dire que les événements internationaux sont aussi des événements
03:00qui doivent permettre d'utiliser des moyens d'action diplomatiques,
03:03oui, ça me paraît une position qui est une position tout à fait compréhensible.
03:06Je trouve qu'il y a un deux poids deux mesures qui est insupportable.
03:08Quand Madame Hidalgo disait que les athlètes russes n'étaient pas les bienvenus à Paris,
03:13elle voulait dire par là même que la délégation russe, les athlètes allaient concourir sous bannière neutre.
03:19Personne n'a trouvé que ces propos étaient tout à fait insupportables.
03:21Vous êtes contre le deux poids deux mesures.
03:22À ce moment-là, il y a une délégation, par exemple, palestinienne.
03:24Est-ce qu'il faudrait qu'ils concourent sous bannière neutre ?
03:26Mais pour quelle raison ?
03:27En quoi la délégation palestinienne viole le droit international ?
03:30Je ne parle pas de ça, mais par exemple, par rapport à ce qu'ils ont fait au 7 octobre.
03:34Je ne parle pas du peuple palestinien, mais je parle bien évidemment de ces attaques terroristes
03:38qui ont été commises à l'égard du peuple israélien.
03:42Je ne crois pas.
03:43L'autorité palestinienne n'a pas de responsabilité dans les actions inacceptables qui ont été commises le 7 octobre.
03:48L'autorité palestinienne n'en a aucune.
03:50L'autorité palestinienne.
03:51Vous êtes d'accord ? Vous êtes d'accord ? L'autorité palestinienne n'en a pas.
03:54Bon, là, il ne s'agit donc pas de ça.
03:57Il s'agit de dire si, oui ou non, le gouvernement israélien viole le droit international.
04:02Et la réponse est oui.
04:03C'est votre position.
04:04Non, ce n'est pas ma position.
04:05Il y a encore une action.
04:06Il y a encore une action.
04:07Il y a encore une décision qui a été prise par la Cour internationale de justice.
04:11Vous parlez de deux poids, deux mesures.
04:12Donc, c'était pour cela que je vous posais cette question-là.
04:14Non, il n'y a pas de deux poids, deux mesures.
04:16En l'occurrence, vous comparez l'action de l'autorité palestinienne à l'action de l'autorité israélienne.
04:23L'une de ces deux autorités, en l'occurrence le gouvernement israélien, a été jugée coupable de violation du droit international.
04:30Et qui est contestée aussi par une partie de la population israélienne.
04:32Non, mais d'accord, mais il y a des autorités internationales, monsieur.
04:34La Cour internationale de justice, qui est l'organe suprême rattaché à l'ONU, vous contestez sa légitimité à prendre des décisions.
04:40Aucune, non.
04:41Bon, à partir de ce moment-là, à partir du moment où cette Cour internationale de justice prend une décision et accepte et enterrine l'idée que l'État est israélien…
04:49Je ne suis pas sûr sur ce deux poids, deux mesures qu'on pourra être d'accord sur ce point, mais pourquoi pas ?
04:54Non, mais ce n'est pas une histoire d'être d'accord ou pas.
04:56Dites-moi, quel est le jugement d'une autorité internationale qui considère que l'autorité palestinienne…
05:00Je ne remets pas du tout en cause ce jugement, j'essaye juste de comprendre votre logique vis-à-vis des athlètes israéliens par rapport aux autres athlètes ou aux autres délégations.
05:09Ma logique, monsieur, elle est très très simple.
05:11À partir du moment où un État est considéré comme violent le droit international, il est légitime de considérer que les événements internationaux doivent être des moyens d'action diplomatique pour y mettre un terme.
05:23Juste un deux poids, deux mesures parfois sur les propos que vous pouvez tenir à l'égard de l'autorité israélienne vis-à-vis, par exemple, de ce qui s'est passé effectivement le 7 octobre.
05:32Alors, on ne va pas revenir sur ces actes que vous ne qualifiez pas d'actes terroristes.
05:36Mais attendez, ce n'est pas vrai ce que vous êtes en train de dire.
05:38Mais enfin, si vous voulez répéter des contre-vérités, faites-le.
05:40Non, je ne répète pas de contre-vérités, j'ai juste tenté de vous interroger.
05:43J'ai qualifié ces actes d'actes terroristes, donc ne dites pas quelque chose qui est inexact, s'il vous plaît.
05:47Pour le reste, l'autorité palestinienne n'a pas été jugée violent le droit international, comme c'est le cas aujourd'hui du gouvernement israélien.
05:57Donc, il n'y a aucun deux poids, deux mesures dans mes propos.
05:59Et s'il y a bien un deux poids, deux mesures, vous devez donc m'expliquer la raison pour laquelle on considère que face aux violations du droit international de la Russie,
06:07les athlètes russes doivent concourir sous bannière neutre aujourd'hui.
06:10Et pourquoi on considère scandaleux de demander la même chose pour les athlètes israéliens ?
06:14Là, il y a un deux poids, deux mesures qui est effectivement incompréhensible et inacceptable.
06:17Je crois que nous avons entendu votre position sur ces news européens.
06:20Énormément de sujets, comme je le disais.
06:22La facture, par exemple, des concessions reste sur ce thème qu'est l'olympisme.
06:26Pour éviter des grèves pendant les Jeux olympiques, devrait dépasser les 500 millions d'euros.
06:30Est-ce qu'on n'achète pas la paix sociale aujourd'hui dans notre pays ?
06:32Je ne sais pas ce que vous appelez la facture des concessions.
06:35S'il s'agit de dire que les travailleuses et les travailleurs qui vont être mobilisés pendant tout l'été ont le droit d'avoir accès à des primes,
06:41vous pouvez appeler ça une concession.
06:44Qu'il y ait des primes, oui.
06:46Que l'on fasse pression sur certaines organisations pour essayer d'obtenir de l'argent,
06:51tout simplement en menaçant la tenue des Jeux olympiques.
06:54Est-ce que c'est une méthode viable ou non, selon vous ?
06:57Non, mais attendez, monsieur.
06:58À partir du moment où il y a des travailleurs qui vont être mobilisés pendant tout l'été pour travailler, il est légitime.
07:02C'est sur la menace, par exemple, qui a été opérée vis-à-vis de la cérémonie d'ouverture ou autre.
07:06Ce ne sont pas des menaces, monsieur.
07:08Ça s'appelle du rapport de force.
07:09À partir du moment où le gouvernement ne voulait pas accorder à ses travailleuses ou à ses travailleurs les droits sociaux auxquels ils avaient le droit,
07:16il est normal que ceux-ci se mobilisent pour faire en sorte de faire valoir leurs droits, tout simplement.
07:21Je ne vois pas qu'est-ce qu'il y a de scandaleux à dire qu'une personne qui va être monopolisée, mobilisée pendant tout l'été,
07:28a le droit de faire en sorte que sa mobilisation soit reconnue par le gouvernement.
07:37Ça me paraît assez légitime.
07:38Au début du vote des ministres démissionnaires, vous avez déposé un recours au Conseil constitutionnel.
07:42Pourquoi et que contient précisément ce recours ?
07:44Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a un article de la Constitution qui rappelle la séparation des pouvoirs
07:48et dit qu'on ne peut pas être à la fois ministre d'un gouvernement et député.
07:53Il y a eu des précédents, vous le savez.
07:54Oui, je le sais.
07:55Mais ça produit des situations qui sont des situations ubuesques.
07:58Excusez-moi de vous le dire.
07:59Par exemple, nous, les députés, on a le droit de poser des questions écrites aux ministres.
08:02Vous savez ça ?
08:03Qu'est-ce que ça veut dire ?
08:04Ça veut dire que monsieur Darmanin a le droit de se poser une question écrite à lui-même.
08:07Il comprend qu'on est dans une situation qui est complètement inacceptable.
08:11Or, il se trouve que le vote sur l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale,
08:16s'est joué à, je crois, de mémoire, 12, 13 ou 14 voix.
08:20Il y avait 17 ministres qui ont participé au vote.
08:23Donc, il est légitime de notre part de dire qu'il y a quand même quelque chose qui nous choque
08:27et d'utiliser les voix de recours qui sont les nôtres,
08:30c'est-à-dire ici, en l'occurrence, une saisine du Conseil constitutionnel.
08:32Est-ce que le fait que les élus du Rassemblement national n'aient aucun poste stratégique,
08:36est-ce que cela vous choque ?
08:37Non.
08:38Pourquoi ?
08:39Tout simplement parce que vous savez…
08:40Vous dites aux électeurs du Rassemblement national que vous votez mal ?
08:43Non, je leur dis qu'ils votent bien ce qu'ils veulent, ce n'est pas le sujet.
08:46Personne n'empêche leur député…
08:47Un petit peu ?
08:48Non, non, non, ce n'est pas le sujet.
08:49Personne n'empêche leur député…
08:50Non, mais attendez.
08:51Personne n'empêche leur député de les représenter à l'Assemblée nationale.
08:55Personne n'empêche leur député…
08:56Un tout petit peu tout de même.
08:57… de voter.
08:58Ils n'ont pas le droit à des postes stratégiques importants à l'Assemblée nationale.
09:01Mais, attendez, mais…
09:07Mais, monsieur, vous êtes un…
09:08C'est le règlement de l'Assemblée nationale.
09:09Vous êtes un démocrate ou pas ?
09:10Je suis un démocrate et j'aurais fait d'ailleurs exactement la même chose si l'ensemble des
09:14postes stratégiques n'avaient pas été considérés pour la France insoumise qui
09:19représente néanmoins un point important à l'Assemblée nationale.
09:21Ce n'est pas le sujet.
09:22Ce n'est pas le sujet.
09:23Si vous êtes un démocrate, vous acceptez le résultat du vote, or il se trouve que…
09:24Vous ne l'acceptez pas, non ?
09:25Non, mais c'est vous qui ne l'acceptez pas parce qu'il se trouve que…
09:27Si, je crois.
09:28… les élections au bureau de l'Assemblée nationale sont une élection, une élection
09:32des députés qui élisent des députés parmi eux pour exercer des actions…
09:35Mais il y a un règlement qui a été modifié en 2017 avec un système par points.
09:38Non, monsieur.
09:39Ils auraient dû avoir huit points, mais ce n'est pas grave.
09:41Non, monsieur.
09:42Mais non, ce que vous dites est faux.
09:43Il y a la possibilité d'avoir…
09:44Vous pouvez relire le règlement de l'Assemblée nationale.
09:45Mais je le connais très bien, le règlement de l'Assemblée nationale, mais il y a des
09:48élections pour élire la présidence de l'Assemblée nationale, les vice-présidents, les secrétaires
09:51et les casteurs.
09:52Pour ma part, et la délégation et le groupe de la France insoumise, nous avons voté pour
09:58les candidats que nous avons proposés, nous, les Insoumis.
10:00Qu'est-ce que vous êtes en train de me dire ? Qu'il aurait fallu que je vote pour
10:03les candidats du Rassemblement national ?
10:04Qu'il y ait une répartition, peut-être ?
10:06Non, répondez à ma question.
10:07Il aurait fallu que je vote pour les candidats du Rassemblement national ?
10:10Oui, potentiellement, oui.
10:11Pour qu'il y ait une représentation du Rassemblement national, comme il faudrait
10:14qu'il y ait une représentation de la France insoumise, c'est exactement la même chose.
10:16Non, ce n'est pas exactement la même chose.
10:18Ce n'est pas exactement la même chose.
10:19Tout simplement parce que je ne conteste pas le vote des citoyens.
10:22Mais moi non plus, je ne conteste pas le vote des citoyens.
10:25Les députés du Rassemblement national, comme l'ensemble des députés, vont siéger
10:28à l'Assemblée nationale.
10:29Ils voteront pour ou contre des propositions de loi.
10:31Vous ne voulez pas répondre à la question.
10:32Ce n'est pas le sujet.
10:33Mais ce n'est pas que je ne veux pas répondre à la question.
10:34Je vous ai répondu très clairement.
10:35Non seulement, je ne suis pas choqué, mais en plus, je pense que c'est une bonne chose
10:38de faire en sorte qu'un parti qui n'est pas un parti comme les autres, oui, je considère
10:42que, en tout cas, je ne l'aiderai pas à avoir des fonctions à responsabilité au
10:47sein du bureau de l'Assemblée nationale.
10:48Et pour le reste, je veux vous dire le fait que le camp macroniste, qui, malgré ses combinaisons
10:54pour essayer de constituer un accord avec les Républicains, ait été mis en minorité
10:58dans le bureau de l'Assemblée nationale, ça aussi, je pense que c'est une bonne chose
11:01pour la démocratie.
11:02Parce qu'il me semble que quand il y a des élections législatives, la première chose
11:06à faire, c'est d'accepter le résultat des élections et de ne pas essayer de contourner
11:10le résultat de l'élection par des combinaisons politiciennes comme celle auquel on a assisté
11:15en fin de semaine dernière, entre le camp macroniste et les Républicains.
11:19Sur le nouveau Front populaire, est-ce que vous avez un nom pour Matignon ?
11:22Non, nous avons la semaine dernière décidé de concentrer…
11:27Vous êtes gêné ?
11:28Non, je ne suis pas gêné.
11:29Enfin, je ne sais pas ce qui vous permet…
11:30Non, du sourire, peut-être ?
11:32Quand on sourit, vous savez, ce n'est pas forcément parce qu'on est gêné, mais
11:36ça a l'air d'être votre interprétation, mais j'étais en train de vous dire, nous
11:39avons fait le choix de nous concentrer la semaine dernière à l'Assemblée nationale
11:43sur les élections dont on vient de parler, c'est-à-dire celles de la présidence de
11:46l'Assemblée nationale et les présidences de commissions, etc.
11:49C'était notre première étape, notre priorité.
11:51Le président de la République avait dit « j'attends de voir la configuration de
11:55l'Assemblée nationale pour la suite », or, ce qui ressort de cette configuration
12:00de l'Assemblée nationale, c'est que le nouveau Front populaire est majoritaire au
12:03sein du bureau de l'Assemblée nationale.
12:04À partir de ce moment-là, il appartient…
12:06Donc, il faut nommer quelqu'un à Matignon, issu du nouveau Front populaire ?
12:09Bien évidemment.
12:10Et qui, à ce moment-là ?
12:11Non, mais d'abord, il faut prendre les choses étape par étape.
12:13La première étape, c'est dire que le président de la République doit se tourner vers le
12:16nouveau Front populaire pour nous demander de constituer un bouleversement.
12:19D'accord.
12:20Aujourd'hui, Emmanuel Macron vous appelle.
12:21Vous lui dites quoi ?
12:22Je lui dis que nous allons lui proposer un candidat Premier ministre.
12:24D'abord, j'attends qu'il m'appelle, si vous voulez bien.
12:26Parce qu'il ne faut pas…
12:27C'est un petit peu facile, peut-être, non ?
12:28Non, non.
12:29Ce n'est pas facile, en fait.
12:30C'est la base de la démocratie de considérer que la formation politique, en l'occurrence
12:34la coalition…
12:36Vous n'avez pas de nom pour l'instant à lui procurer ?
12:38Mais s'il nous appelle, il aura un nom.
12:40Il n'y a aucun problème.
12:41Ah, s'il vous appelle, alors dans une dizaine de minutes, vous lui donnez un nom ?
12:43Bien évidemment.
12:44Qui ?
12:45Bien évidemment.
12:46Mais je vous le dirai quand nous aurons terminé nos discussions.
12:48Peut-être que ça ne me regarde pas, mais ça regarde les électeurs, gros électeurs
12:50qui nous regardent et qui nous écoutent sur Europe 1.
12:52Franchement, il faut prendre les choses étape par étape.
12:55Je vous entends, je comprends.
12:56Bon, donc prendre les choses étape par étape, c'est dire que la responsabilité, elle
12:59appartient aujourd'hui au président de la République de se tourner vers le nouveau
13:02front populaire pour lui demander de constituer un gouvernement.
13:04S'il le fait, nous terminerons nos discussions et lorsque nous aurons terminé nos discussions,
13:09nous lui proposerons effectivement un candidat ou une candidate à la fonction de Premier
13:13ministre.
13:14Est-ce que vous essaieriez de soumettre ce nom potentiellement au vote au sein de votre
13:17groupe ?
13:18De mon groupe ?
13:19Non, mais dans…
13:20Du nouveau front populaire.
13:21Ah, au sein du groupe.
13:22Non, mais ça, j'ai entendu que cette proposition avait été faite.
13:24Mais moi, je souhaite qu'on continue à travailler sur la base de ce qu'on a fait pour l'instant,
13:28c'est-à-dire de chercher un consensus entre les différentes formations politiques.
13:31Or, si on faisait un vote aujourd'hui, il est possible qu'on ne permette pas que
13:35ce consensus puisse voir le jour et donc que cette coalition du nouveau front populaire
13:38se sépare ou se divise et je pense que ce serait une erreur.
13:41Et je pense d'ailleurs que c'est le souhait, la volonté, j'ai entendu le ministre
13:45Darmanin le dire encore hier soir à la télévision.
13:48Qui appelle les socialistes d'ailleurs.
13:49J'ai vu.
13:50Pour essayer de les rejoindre.
13:51C'est pour ça que je pense que ce serait une erreur de s'engager sur cette voie.
13:53Moi, je souhaite qu'on trouve une solution par le consensus, il y a des discussions,
13:58c'est pas absurde d'avoir besoin de plusieurs jours pour déterminer quelle doit être
14:02la composition d'un gouvernement du nouveau front populaire.
14:04Donc pas de vote, on vous a entendu.
14:05Je comprends qu'il y ait de l'impatience, mais il faut laisser le temps au temps.
14:08Peut-être du désarroi.
14:09Et je souhaite que le nouveau front populaire soit en capacité de s'accorder sur un non
14:14et sur la composition d'un gouvernement, avec une seule condition, faire en sorte
14:17que le programme du nouveau front populaire puisse être mis en œuvre.
14:20Gérald Darmanin, justement, on vous en parlait à l'instant, dit
14:22l'augmentation du SMIC défendue par la gauche n'est pas un mauvais débat
14:24et nous aurions tort de l'écarter d'un revers de la main.
14:26Que lui répondez-vous ?
14:28Non, je lui réponds qu'il ne faut pas prendre les gens pour des abrutis.
14:32Abrutis ?
14:33Oui.
14:34Vis-à-vis du ministre de l'Intérieur ?
14:35Je lui dis qu'il ne faut pas prendre les gens pour des abrutis.
14:38Je ne suis pas en train de l'insulter, lui.
14:41Quand M. Darmanin et sa majorité a, depuis maintenant sept ans, voté contre toutes
14:48les propositions, toutes que nous avons faites pour l'augmentation du SMIC,
14:52pour l'indexation des salaires sur l'inflation, pour l'augmentation du point d'indice
14:56des fonctionnaires, quand il a voté contre l'ensemble de ces propositions
14:59depuis sept ans, je vois bien la petite manœuvre politicienne qui vient maintenant
15:03pour dire non, non, mais je ne suis pas fermé à cette hypothèse,
15:06mais je ne le crois pas.
15:07Et je pense que cette idée que finalement au lendemain des élections,
15:11une fois qu'on a défendu un programme, il faudra en défendre un autre,
15:14je pense que c'est une idée qui fait beaucoup de mal à la démocratie.
15:16Vous voyez ?
15:17Jean-Luc Mélenchon, candidat en 2027.
15:18Dernière question.
15:19C'est à lui qu'il faut poser la question.
15:21J'ai lu une interview dans la presse italienne.
15:23J'ai lu la même interview, c'est pour ça que je vous pose la question.
15:25Je crois qu'il y a une phrase très claire dans laquelle il dit
15:27je n'ai pas dit que j'étais candidat.
15:28Oui, mais il dit aussi qu'il se prépare à un duel avec Marine Le Pen.
15:31Je pense qu'il faut se préparer effectivement au fait que la bataille,
15:36le duel de la prochaine présidentielle sera entre l'extrême droite…
15:38Donc candidat ou pas candidat ?
15:40Non mais attendez, laissez-moi terminer juste une fois si c'est possible.
15:42Allez-y, allez-y.
15:43Entre l'extrême droite et ce que représente aujourd'hui la gauche de rupture
15:47autour du programme notamment que nous avons défendu dans ces élections législatives.
15:51C'est de ça dont nous parlons aujourd'hui.
15:53Ensuite, la question de savoir qui est la personne qui portera ce programme
15:57lors de la prochaine présidentielle.
15:59Je pense que c'est un peu prématuré pour la poser.
16:01Et en l'occurrence, je ne crois pas que c'est ce que Jean-Luc Mélenchon
16:03ait dit dimanche.
16:04Par contre, oui, il a dit qu'à la fin ça se terminerait entre l'extrême droite et nous.
16:08C'est une analyse que je partage.
16:10Merci beaucoup Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise
16:12et député des Bouches-du-Rhône.
16:13C'était votre grande interview sur CNews Europe.