• il y a 5 mois
Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire au poste de Première ministre, est l'invitée du Grand Entretien. Alors que sa candidature a été annoncée en fin de journée ce mardi, Emmanuel Macron a donné l'impression de la balayer ou en tout cas, de ne se concentrer que sur les JO 2024. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-24-juillet-2024-6495550

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00:00C'est donc sur son nom que le Nouveau Front Populaire a fini par s'entendre pour le poste de Première Ministre et c'est à France Inter qu'elle accorde ce matin sa première interview.
00:10Un nom que vous ne connaissiez sans doute pas, vous qui nous écoutez hier soir.
00:14Lucie Castex, bonjour.
00:15Bonjour.
00:1637 ans, énarque, haute fonctionnaire en charge des finances de la ville de Paris, engagée pour la défense des services publics au sein d'un collectif Nos Services Publics dont vous êtes coporte-parole et co-fondatrice.
00:27Je brosse donc votre portrait à grands traits encore une fois puisque les Français qui nous écoutent vont pour beaucoup faire connaissance avec vous ce matin.
00:34Ils peuvent vous poser comme d'habitude toutes leurs questions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter avec le bouton « Réagir ».
00:43On va parler, Lucie Castex, évidemment de votre profil, de votre projet.
00:47Mais d'abord, vous avez entendu Emmanuel Macron hier soir balayer votre candidature en direct une heure à peine après le communiqué du Nouveau Front Populaire.
00:56Ce n'est pas le sujet, a dit le Président de la République.
00:59Qu'est-ce que vous vous êtes dit en l'écoutant ?
01:01Je me suis dit que l'inconséquence du Président de la République était inquiétante.
01:06Le déni de démocratie en refusant d'appeler la formation politique qui est arrivée en tête aux élections est grave dans un contexte où les Français se sont mobilisés massivement pour faire barrage au Rassemblement National.
01:18Et les résultats des élections sont absolument clairs.
01:20C'est un rejet de la politique du gouvernement, du gouvernement sortant.
01:25C'est la demande d'une nouvelle orientation politique, d'une rupture pour le pays.
01:28Services publics, pouvoir d'achat, justice fiscale, écologie, c'est très clair.
01:33Le moment est grave, mais je pense qu'un espoir est levé.
01:36Je suis prête, nous sommes prêts.
01:38Je demande maintenant au Président de la République de prendre ses responsabilités et de me nommer Premier ministre.
01:44Vous vous attendiez vraiment à ce qu'il vous nomme Premier ministre en direct hier soir ? Vous y croyez vraiment ?
01:51Nous croyons vraiment qu'il est temps de prendre ses responsabilités, que le moment est grave et qu'on ne peut pas ajourner ce type de décision, oui.
01:56Emmanuel Macron assure, lui, que le gouvernement qui a démissionné mais qui reste pour gérer les affaires courantes sera en place au moins jusqu'à la fin des Jeux Olympiques le 11 août.
02:07Peut-être même, il le laisse entendre, jusqu'à la fin des Paralympiques le 8 septembre.
02:12Vous comprenez qu'il n'a aucunement l'intention de vous nommer à Matignon, ni aujourd'hui, ni jamais ?
02:18Je ne sais pas. Seul lui le sait et probablement qu'il saura faire preuve de responsabilité.
02:23Mon objectif est clair, c'est éviter la paralysie. Il faut être responsable. Nous sommes responsables avec le Nouveau Front Populaire.
02:29Et il me semble que les électeurs ont envoyé un message clair en faveur d'un changement de cap.
02:33Et donc on ne peut pas rester dans la paralysie de cette façon, comme le propose Emmanuel Macron.
02:38Juste une parenthèse, c'est un hasard si le Nouveau Front Populaire a envoyé son communiqué et sorti votre nom une heure avant l'interview du chef de l'État ?
02:46Il faudra leur demander, mais j'imagine que ce n'est pas un hasard. Le timing était opportun.
02:50Encore une fois, il s'agit d'inviter le président de la République à prendre ses responsabilités. Il n'y a pas de difficultés là-dessus.
02:55Ce qu'il dit Emmanuel Macron, c'est qu'il faut entendre le message de ceux qui, après le barrage au Rassemblement National,
03:00d'après lui, veulent que les forces républicaines se mettent d'accord.
03:04Est-ce que vous pourriez être celle qui tend la main, à gauche, à droite, pour un gouvernement de coalition, d'union, peu importe comment on l'appelle ?
03:12Celle qui tend la main et qui est capable de rassembler, je pense que c'est ce pourquoi ma candidature a été choisie par les forces du Nouveau Front Populaire.
03:20Tendre la main dans le cadre du Nouveau Front Populaire et aussi évidemment aux forces vives de la nation, à la société civile, bien sûr.
03:28En revanche, j'ai toujours pris au sérieux les désaccords politiques.
03:32Il n'y a pas de coalition possible entre des personnes qui pensent qu'il faut financer davantage les services publics et ceux qui pensent qu'il est urgent de réduire les moyens.
03:39Il n'y a pas d'accord possible entre ceux qui veulent que chacun paye sa juste part d'impôts et ceux qui proposent plutôt des allègements d'impôts aux personnes les plus favorisées, etc.
03:51Une chose est claire, une coalition avec le camp présidentiel est impossible du fait de nos désaccords profonds.
03:57Et je pense que ce n'est pas ce qu'attendent les électeurs qui ont placé, encore une fois, le programme de rupture du Nouveau Front Populaire en tête des dernières élections.
04:04Avec d'autres, peut-être, le Nouveau Front Populaire avec 193 députés est à une centaine de sièges de la majorité absolue.
04:11Alors avec qui vous pourriez aller trouver une majorité ?
04:15Ou est-ce que vous dites, comme d'autres, comme Jean-Luc Mélenchon par exemple, c'est le programme, rien que le programme, du Nouveau Front Populaire et aucune concession ?
04:24Ce qu'on dit c'est que le programme du Nouveau Front Populaire est notre base.
04:28Il a mis d'accord toutes les forces de gauche de ce pays.
04:32C'est un exploit, je souhaite quand même qu'on le reconnaisse, c'est très important.
04:36Ensuite, il s'agira de convaincre à l'Assemblée pour faire adopter ses mesures.
04:40C'est la base, ça veut dire que vous êtes plus souple ?
04:43Ce n'est pas une question de souplesse, on avance, on construit au fur et à mesure.
04:46Ce n'est pas une question de souplesse, c'est notre base, nous nous sommes mis d'accord là-dessus, c'est notre base de travail.
04:51Ensuite, nous savons que c'est compliqué, nous n'avons aucun doute sur le fait que c'est compliqué puisque nous sommes bien conscients que nous n'avons pas de majorité absolue.
05:01Donc nous allons travailler ensemble, l'idée c'est de convaincre texte après texte, loi après loi.
05:07On va chercher des accords et d'ailleurs ce changement va opérer une modification de méthode qui est absolument importante par rapport à ce que faisait le gouvernement actuel.
05:16On va aller chercher des coalitions et je pense qu'il y a des sujets, notamment les services publics, je me permets de parler de ces sujets parce qu'ils me tiennent particulièrement à cœur.
05:22Je pense que le délitement des services publics a fait partie de ce qui a nourri les votes pour le Rassemblement National.
05:30Et donc je pense que les sujets, par exemple liés aux services publics, peuvent rassembler très largement et les députés, hors du Nouveau Front Populaire,
05:37prendront leur responsabilité à ce moment-là lorsque nous proposerons des textes de nature à améliorer le fonctionnement des services publics.
05:43Lucie Castex, candidate présentée par le Nouveau Front Populaire et proposée à Emmanuel Macron pour ce poste de Première Ministre.
05:49Au Standard de France Inter, Daniel a une question pour vous. Bonjour Daniel.
05:55Bonjour, bonjour à vous tous. Je vous entends mais en même temps je suis un peu surpris.
06:05Il est clair que vous n'avez pas la majorité si vous êtes désigné, donc vous ne pouvez pas être désigné s'il n'y a pas d'accord avec d'autres.
06:15Moi je ne comprends pas pourquoi vous voulez faire un accord texte par texte plutôt qu'un accord qui contiendrait l'essentiel du programme du Front Populaire
06:28mais qui serait le résultat d'une concession comme ça se fait dans tous les pays d'Europe. Il n'y a pas de surprise là-dessus, ça peut être long.
06:37Mais est-ce qu'on ne peut pas arriver à discuter sur des bases ? Moi je pense clairement que c'est ce que les électeurs ont demandé et en tout cas ce que je demande.
06:48Je suis un électeur de gauche.
06:49Donc des alliances avec d'autres partis Daniel ?
06:51Oui bien sûr.
06:52Merci beaucoup votre réponse Lucie Castex. Est-ce que vous êtes prête, comme le dit Daniel, à former un gouvernement avec d'autres qui ne seraient pas issus des rangs du Nouveau Front Populaire ?
07:05Alors déjà je ne suis pas du tout en opposition avec ce que vous venez de dire Daniel, la question est très pertinente.
07:10Mais je pense l'avoir dit, notre base de départ c'est le programme du Nouveau Front Populaire.
07:14Ensuite si des députés, si des personnalités politiques mais aussi des personnalités de la société civile souhaitent nous rejoindre sur la base de ce programme,
07:21donc en accord avec ce programme, nous serons évidemment constructifs et on acceptera ça.
07:27En revanche je l'ai dit, il y a des désaccords politiques profonds entre nous, entre notre programme et celui de la majorité présidentielle actuelle.
07:35Et donc il ne me semble pas possible de faire ce type d'accord s'ils ne souhaitent pas venir vers nous.
07:40Mais s'ils ne viennent pas de la majorité, s'ils ne viennent pas de la droite, s'ils ne viennent pas du Rassemblement National, ils viennent d'où ?
07:45C'est pour ça que je dis qu'on partira de notre programme et ensuite on construira des accords sujet après sujet.
07:50Je pense que par exemple les sujets écologiques qui sont absolument déterminants pour l'avenir de notre nation devront faire l'objet d'accords.
07:57Et je pense que nous pourrons trouver des accords larges à l'Assemblée sur ce sujet.
08:01Et encore une fois les députés prendront leur responsabilité à cet égard.
08:04Mais ce sur quoi je souhaite insister c'est quand même que nous souhaitons engager un changement de méthode.
08:08Depuis plusieurs années nous assistons à une pratique du pouvoir extrêmement verticale.
08:14Un parlement méprisé, un président qui décide souvent seul et un dialogue social au point mort.
08:19Lorsqu'on parle de fédérer et d'aller chercher largement des positions et des accords, c'est aussi avec ces acteurs-là, aussi avec les syndicats, aussi avec la société civile.
08:28Et ce que nous proposons donc avec le nouveau Front Populaire c'est un changement de cap, avec un changement de méthode.
08:32Nous allons renouer le dialogue avec les syndicats, avec les associations et nous allons redonner au Parlement son rôle central dans notre démocratie.
08:39Alors on va prendre le temps de parler de vos convictions, de votre profil, de vos priorités si vous étiez nommé à Matignon.
08:45Mais d'abord pour revenir sur cette décision, à aucun moment, au moment d'accepter, vous ne vous êtes dit que vais-je donc faire dans cette galère ?
08:52Non, c'est pas comme ça que ça se pose. C'est un immense défi que j'accepte avec responsabilité et je pense qu'il y a tout à faire.
09:02Mais mon approche est bien sûr collective et c'est un engagement que je suis honorée d'accepter.
09:08Et vous comprenez pourquoi ? Est-ce que vous le savez ? Comment vous avez réussi à mettre d'accord après 17 jours de négociations tendues les partenaires du NFP, en particulier les socialistes et les insoumis ?
09:20Je pense que c'est à eux qu'il faudrait leur poser cette question. Ce qui est sûr c'est que moi je ne viens pas d'un de ces partis.
09:26Donc j'ai une personnalité à part, hors du monde politique et je pense que mes convictions pour la défense des services publics ont joué beaucoup dans cette désignation.
09:37Vous n'êtes pas une politique professionnelle, c'est vrai. On dit que vous venez de la société civile, ce qui veut tout et rien dire.
09:43Mais en l'occurrence vous êtes ancienne élève de l'ENA, vous êtes haut fonctionnaire, vous travaillez avec Anne Hidalgo à Paris.
09:50Vous avez tout de même une expérience électorale d'engagement partisan en 2015 sur la liste de Nicolas Mayer-Rossignol aux élections régionales en Normandie.
09:59Vous êtes plutôt tendance socialiste ?
10:01Je ne suis d'aucune tendance et c'est pour ça que je pense que le consensus a pu se faire autour de mon nom.
10:07Aujourd'hui je ne représente aucune tendance parmi le Nouveau Front Populaire, j'adhère totalement au programme du Nouveau Front Populaire et je suis une femme de gauche engagée.
10:17Je reviens sur ce profil, 37 ans, donc vous êtes jeune, vous êtes issue de l'ENA, vous venez, encore une fois, selon la définition qu'on met derrière cela, de la société civile.
10:31C'est un profil qui pourrait correspondre en fait aux macronistes de 2017, ça pourrait éventuellement rassurer certains ?
10:38Je ne sais pas si ça rassurera les macronistes, mon sujet c'est de susciter l'adhésion des français pour un programme qu'on mettra en oeuvre collectivement.
10:46C'est vraiment ça ma priorité.
10:48Je vous pose la question parce que vous dites vous-même, j'ai un profil technique qui pourrait correspondre aux aspirations du Président de la République.
10:53J'ai un profil qui est à la fois technique et à la fois de citoyenne engagée.
10:59Mon profil technique oui, j'ai exercé des responsabilités au ministère des Finances et à la cellule de lutte contre le blanchiment des capitaux et la criminalité financière.
11:06Mais j'ai aussi un engagement extrêmement sincère et actif dans le milieu associatif, en particulier dans le domaine de la défense des services publics.
11:15Parlons donc du projet que vous voulez porter.
11:18Vous avez dit que la base c'était le programme du nouveau Front Populaire.
11:22On va essayer de rentrer dans le détail.
11:24Et d'ailleurs je crois qu'au standard de France Inter, Santiago voulait vous poser une question à ce sujet.
11:30Bonjour Santiago.
11:31Oui bonjour.
11:32On vous écoute.
11:33Alors déjà, j'espère que vous serez bientôt nommé Premier Ministre.
11:39C'est complètement délirant que Macron appelle des élections anticipées juste avant les JO et après il dit non mais attendez on fait trêve olympique.
11:46Je trouve ça ridicule.
11:47Mais bref, si vous êtes nommé Premier Ministre, ce que je me demandais c'était par quoi est-ce que vous commencez dans le programme ?
11:54Et surtout, comment est-ce que vous mettez en œuvre telle ou telle mesure ?
11:58Est-ce que vous utilisez les décrets ?
12:00Est-ce que vous soumettez au vote à l'Assemblée pour trouver des majorités de cas par cas ?
12:04Est-ce que des textes passés par 49.3 peuvent être annulés aussi par 49.3 ?
12:09Pendant quel ordre vous comptez aller ?
12:11Merci Santiago.
12:12D'abord, votre toute première priorité, Lucie Castex, pour répondre à la première question de Santiago.
12:17Alors, nos premières priorités c'est vraiment d'acter un changement de cap programmatique pour la France.
12:24Parmi ces premières priorités, il y a l'abrogation de la réforme des retraites, car c'est une réforme injuste.
12:30On peut peut-être répondre à Santiago justement sur la méthode.
12:34Mathilde Panot, ici même, chef des députés insoumis, hier matin, nous a annoncé le dépôt d'une proposition de loi d'abrogation de cette réforme des retraites à 64 ans.
12:43Alors, est-ce que vous passez par l'adoption de cette proposition de loi en essayant de convaincre d'autres députés pour la faire adopter ?
12:48Est-ce que vous passez par décret, qui est aussi une option qui a été évoquée au Nouveau Front Populaire ?
12:54Ou par 49.3, comment vous faites ?
12:56Sur la méthode, on est encore en train de travailler dessus, précisément sur l'abrogation de la réforme des retraites.
13:02La priorité c'est d'abord d'abroger le texte, et ensuite il faudra donner la main aux partenaires sociaux.
13:06Et j'insiste vraiment là-dessus, c'est la façon dont on conçoit l'exercice du pouvoir.
13:10Il faudra donner la main aux partenaires sociaux, notamment pour une conférence de financement, pour savoir comment on financera l'abrogation de la retraite à 64 ans.
13:19Et puis il faudra remettre certains sujets sur la table, notamment le sujet de la pénibilité du travail, des petites retraites, etc.
13:25Et ça, ça doit passer par des discussions, encore une fois, avec les forces vives et les partenaires sociaux.
13:30Et donc il faudra se donner le temps de construire cette réforme des retraites, une fois l'abrogation actée.
13:35Donc abrogation de la réforme des retraites, revalorisation des salaires, SMIC à 1600 euros, priorité aussi ?
13:40La priorité c'est la revalorisation des salaires dans leur ensemble, pour qu'on puisse vivre correctement de son travail.
13:45Ça comprend le SMIC, oui, mais aussi le point d'indice des fonctionnaires.
13:48Et j'insiste vraiment beaucoup là-dessus, parce que ça me tient particulièrement à cœur.
13:51Aujourd'hui, on a un service public qui est totalement désaffecté.
13:54Les concours de la fonction publique n'attirent plus.
13:58Et ça n'est pas seulement une question de salaire, c'est aussi une question de conditions de travail, mais beaucoup quand même de moyens.
14:04Pour vous donner un exemple, à l'issue de la campagne de recrutement de cette année pour les enseignants,
14:09il y a près de 3200 postes qui ne sont pas pourvus dans le primaire et le secondaire.
14:13Très concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?
14:14Ça veut dire que les enfants qui vont arriver à l'école en septembre n'auront pas tous un enseignant face à eux.
14:19Donc ça, c'est extrêmement important.
14:20Sur les services publics, qui est votre cheval de bataille, je l'ai dit notamment autour de ce collectif,
14:26Nos services publics, dont vous êtes la co-fondatrice,
14:29l'éducation reste le premier poste de dépense de l'État.
14:33La justice bénéficie aujourd'hui d'un budget historiquement haut.
14:38Vous parliez des enseignants, il y a eu des primes qui ont été mises en place pour les enseignants.
14:42Il y a eu le Ségur de la santé pour l'hôpital.
14:44Est-ce que c'est une question de moyens ? Est-ce que c'est une question de politique ?
14:48Vous dites qu'Emmanuel Macron n'a aucun bilan là-dessus ?
14:51Alors c'est à la fois une question de moyens et aussi une question de vision.
14:55S'agissant des moyens, oui, les moyens ont augmenté très à la marge.
14:58Mais il est maintenant documenté très largement que les moyens sont insuffisants pour répondre aux besoins de nos concitoyens.
15:04On le voit chaque jour à l'hôpital, dans les cours de justice, on le voit chaque jour à l'école.
15:08Ça, c'est absolument incontestable.
15:10Mais aussi, c'est une question de vision.
15:12Progressivement, on a détruit le sens du service public et on a privé le service public de son objectif principal
15:20qui est servir le public, qui est répondre aux besoins des gens.
15:24Ça passe par une survalorisation du fonctionnement du secteur privé.
15:28Ça passe par une externalisation massive de certaines missions, dont des missions qui étaient entièrement dévolues avant à l'État,
15:35notamment des prestations intellectuelles.
15:36On a vu la polémique McKinsey qui a été extrêmement documentée.
15:40Donc je pense que c'est à la fois une question de moyens et à la fois une question de vision sur la place qu'on veut donner aux services publics dans notre pacte social.
15:46Et je pense que les gens attendent massivement un retour des services publics dans notre société.
15:51Question, justement, Lucie Castex de l'ISA.
15:53Bonjour, Lisa.
15:54Oui ?
15:55Nous écoutons votre question pour la candidate au poste de Première Ministre présentée par le Nouveau Front Populaire.
16:00Bonjour.
16:01Bonjour. Lucie Castex qui lutte contre la criminalité financière et pour la restauration des services publics comme Premier ministre.
16:08C'est un immense espoir.
16:10On a eu une suppression de 75 000 lits d'hôpitaux en 16 ans.
16:1517 000 depuis 2017.
16:18Macron a supprimé 4 000 emplois de contrôleurs fiscaux.
16:23Chaque contrôleur redresse 10 firmes par an et rapporte des dizaines de fois son salaire à Bercy.
16:28Je ne comprends pas très bien.
16:29Que peut Mme Castex face aux 80 milliards d'évasion fiscale et 120 milliards de corruption selon Anticor ?
16:40Et pour rappel, il y a 300 économistes dont Thomas Piketty, Gabriel Zucman qui disent que le programme économique du Front Populaire est le meilleur.
16:49Merci.
16:50Merci Lisa pour cette question et ces remarques qui vont sans doute faire plaisir à Lucie Castex.
16:56Mais quand même, une question de fond.
16:59Vous qui êtes engagée aussi sur la lutte contre la fraude financière.
17:03Comment vous faites pour récupérer ces milliards d'évasion fiscale ?
17:07Alors merci pour cette question qui en effet me tient beaucoup à cœur.
17:10Et je pense que vous touchez là un élément central de la vie en collectivité.
17:15La fraude fiscale des particuliers et la fraude fiscale des grandes sociétés sont des phénomènes d'ampleur.
17:21Alors en France, on n'a pas de calcul précis de ces phénomènes.
17:25Mais on estime qu'en fourchette grossière, entre 7 et 27 milliards d'euros la fraude pour les particuliers.
17:32Et à peu près 25 milliards d'euros la fraude pour les grandes entreprises.
17:35Donc c'est massif. Ce sont des montants massifs.
17:38Vous l'avez très bien souligné Madame, les effectifs ont été de plus en plus réduits en matière de lutte contre la fraude fiscale.
17:44Et même des rapports d'inspection interne à l'État montrent qu'en matière de lutte contre la criminalité financière de grande ampleur,
17:50la criminalité dite à col blanc, sont insuffisants pour faire face à l'ampleur du problème.
17:56Et donc il faut à la fois se fixer un objectif politique clair qui est qu'on lutte pour faire revenir des recettes dans les caisses de l'État.
18:03Mais aussi parce qu'il s'agit d'un enjeu de justice sociale et de justice fiscale.
18:07Et il est absolument fondamental de montrer aux gens que l'on lutte efficacement contre ces phénomènes.
18:12En parlant de justice fiscale, il faut le financer ce programme.
18:16La France aujourd'hui a 1000 milliards d'euros de dettes. Comment vous le financez ? Sur qui vous augmentez les impôts ?
18:22Alors effectivement il faut financer et c'est d'ailleurs tout l'intérêt du programme du Nouveau Front Populaire.
18:27On fait souvent le procès en responsabilité et en compétence à la gauche.
18:32Je pense que le gouvernement à cet égard a un bilan extrêmement négatif.
18:36Le gouvernement a réduit massivement les recettes qui rentraient dans les caisses de l'État pour financer notamment les services publics.
18:43Et c'est pour ça qu'on se retrouve dans cette situation.
18:45A l'inverse, le programme du Nouveau Front Populaire propose de faire rentrer des recettes grâce à une réforme fiscale de grande ampleur.
18:51Sur qui ?
18:52Les personnes les plus riches, les grandes entreprises, rétablissement d'un ISF, étalement de l'impôt de manière plus juste.
19:01Donc contribution plus juste des gens en fonction de leurs moyens.
19:04Et puisqu'on parle des finances, vous êtes directrice des finances de la ville de Paris depuis octobre 2023.
19:09Auparavant vous étiez conseillère d'Anne Hidalgo en charge des questions budgétaires.
19:13Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent que vous n'êtes pas une candidate sérieuse puisque la ville de Paris va avoir l'année prochaine 10 milliards d'euros de dette ?
19:21Alors je réponds tout d'abord que la dette de la ville de Paris n'a aucune commune mesure avec la dette de l'État français.
19:27Et que donc il est un peu ironique d'entendre des leçons de la part des personnes qui sont responsables de la dette de l'État français.
19:34D'autre part je suis fière d'avoir participé au financement de projets à très long terme qui vont améliorer la vie des gens,
19:41la vie des Parisiens et des Parisiennes notamment en matière d'écologie.
19:44Donc c'est fondamental.
19:46Et enfin il est important de souligner qu'aujourd'hui les collectivités territoriales dans leur ensemble sont dans une situation financière et budgétaire extrêmement problématique
19:54du fait des politiques mises en oeuvre par le gouvernement sortant.
19:57Un dernier mot Lucie Castex, question de Catherine sur l'application de France Inter.
20:02Qu'est-ce que vous ferez si le Président continue de refuser votre candidature ?
20:06Nous continuerons à mettre la pression sur le Président pour qu'il tienne compte du verdict des urnes.
20:14Et nous comptons aussi sur la société pour nous aider à pousser cet élan.
20:17Puisqu'un espoir est né, il faut maintenant le concrétiser.
20:19Merci d'avoir accordé ce matin à France Inter, Lucie Castex, votre première interview en tant que candidate présentée par le Nouveau Front Populaire pour ce poste de Première Ministre.
20:29Merci à vous.

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