Attaques contre la SNCF : la France est-elle prête à lutter contre ces risques sur nos réseaux ferroviaires ?
Dans Europe midi, Thomas Schnell et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00Europe 1-13h continue jusqu'à 14h avec vous Thomas Schnell et vos deux débatteurs Bernard Cohen Haddad et Philippe Guibert.
00:08On va essayer ensemble de comprendre ce qu'il s'est passé et se demander si la France était prête à ce risque d'attaque sur notre système ferroviaire 4.
00:16Attaque ciblée 1, déjouée sur l'axe sud-est.
00:20Accueillons messieurs, je vous propose par téléphone Julien Joly, bonjour.
00:24Bonjour.
00:25Vous êtes spécialiste des transports au sein du cabinet Wavestone, il est impossible aujourd'hui en France de protéger l'ensemble de notre réseau ferroviaire ?
00:33Oui c'est impossible, en tout cas la SNCF a bien identifié les points névralgiques, les points critiques du réseau.
00:40Le réseau ferroviaire fait près de 30 000 km et il est très difficile d'assurer une présence 24h sur 24 avec des agents.
00:47Mais à l'emploi des moyens de sécurité, on pourra en parler pour sécuriser au maximum ces lieux critiques.
00:53Comment expliquer que des gestes aussi rapides qu'un incendie puissent avoir de telles répercussions ?
01:00Les points qui ont été ciblés aujourd'hui n'ont pas été ciblés au hasard, ils n'ont pas été choisis au hasard.
01:06Il s'agit de lieux de bifurcation du réseau ferroviaire, c'est-à-dire qu'une attaque dans ces lieux-là perturbe très largement le réseau et différents axes ferroviaires.
01:16Et puis le type d'installation attaquée, l'enquête est toujours en cours, mais il s'agit vraisemblablement d'équipements électriques qui visent à assurer la signalisation ferroviaire,
01:26qui permettent de faire circuler les trains sur le réseau, mais également des équipements de pilotage des aiguilles,
01:30également des éléments de communication qui sont essentiels à la circulation des trains sur le réseau.
01:35Et qui a accès à ces équipements ?
01:37Je pense que c'est plutôt des professionnels, en tout cas vu la concomitance des attaques qui ont été faites aujourd'hui.
01:45Les lieux ciblés sont plutôt difficiles d'accès d'après les premières informations,
01:50donc c'est plutôt des personnes qui connaissaient le réseau, qui ont préparé leur attaque méthodiquement.
01:55Et puis surtout ce qui est remarquable, c'est que l'SNCF a l'habitude de ce type d'attaque,
02:00mais jamais dans de telles proportions et surtout jamais avec une telle concomitance dans quatre lieux en parallèle.
02:07Donc c'est vraisemblablement l'oeuvre de personnes aguerries aujourd'hui.
02:12Julien Joly, la SNCF dit pas de retour à la normale avant la fin du week-end, c'est un scénario optimiste ?
02:18Je pense que c'est un scénario plutôt réaliste.
02:21Il y a 800.000 voyageurs qui sont aujourd'hui impactés.
02:24Le contexte, vous le savez, est très particulier puisqu'il y a la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques qui se déroule ce soir.
02:31Et les transports sont très perturbés par ailleurs.
02:34Il y a certaines gares qui vont être fermées à partir de 16h, notamment pour les départs.
02:40On a la gare d'Austerlitz qui est d'habitude une gare qui permet de faire du report de voyageurs de Montparnasse vers Austerlitz.
02:46Donc cette gare va être perturbée.
02:48Et puis également la circulation routière va être assez impactée en région parisienne.
02:52J'ai fait le test, il reste quelques places de covoiturage par exemple sur Nantes,
02:56mais en tout cas le retour à la normale risque de prendre du temps.
03:00Et vraisemblablement il y aura des perturbations jusqu'à la fin du week-end,
03:04le temps que les plans de transports perturbés soient mis en place,
03:07et puis le temps de résorber, de transporter tous les voyageurs qui ont été impactés par cette situation.
03:12Le système D pour les 800 000 naufragés du système ferroviaire.
03:15Merci Julien Joli, spécialiste des transports au sein du cabinet Wavestone, d'avoir été avec nous dans Europe 1 13h.
03:22On l'entendait, c'est des sites sensibles, fragiles ces installations aujourd'hui en France.
03:29C'est par là qu'on peut s'attaquer Paris, on l'a vu, quadrillé par la police.
03:34Donc à défaut ils se sont attaqués à ces équipements-là ?
03:39Oui, mais encore une fois, comme l'a dit notre invité à l'instant,
03:43ça suppose une bonne connaissance du réseau pour aller toucher les points hypersensibles
03:49qui vont bloquer ou quasiment bloquer la circulation des TGV,
03:54et donc un peu la circulation en France de manière générale.
03:58Et donc, encore une fois, c'est le côté professionnel qui me frappe dans cette opération.
04:06Et donc ça pose la question, est-ce que les autorités avaient vu venir ce type de risque ?
04:11Est-ce qu'il était possible de l'éviter ?
04:14C'est plus facile à dire dans un studio de radio que quand on est responsable.
04:19Voilà, je ne sais pas combien il y a de points sensibles de cette nature
04:23sur les milliers de kilomètres de réseaux ferrés et de réseaux TGV,
04:28donc je ne sais pas, c'est toujours facile de faire du Yaka Faucon en studio,
04:33est-ce qu'il était possible de les protéger de manière préventive ?
04:37Bon, c'est forcément néanmoins des questions qui vont se poser,
04:41dans la mesure où on peut imaginer que nos services et les autorités avaient anticipé toutes les hypothèses,
04:47et que l'hypothèse d'une tentative de sabotage de notre réseau ferré
04:52faisait quand même partie des hypothèses plausibles.
04:56Même s'il y a un caractère inédit par l'importance, la concomitance,
05:01le sabotage de ligne TGV n'est pas complètement une nouveauté.
05:05La SNCF l'a dit, c'est la France qui est attaquée.
05:08Aujourd'hui on doit relever le défi, nous sommes prêts,
05:10ont répété les autorités ces derniers jours.
05:12On est prêts, Bernard Konadat ?
05:14J'espère qu'on est prêts, vu le nombre de forces de l'ordre qu'on a mobilisées
05:19dans tous les sites olympiques et au-delà sur l'Hexagone,
05:23et au-delà même, on a vraiment besoin de dire aux Français
05:28qu'ils peuvent déjà avoir des Jeux Olympiques sécurisés pour l'image de la France,
05:32qu'il y a capacité aussi d'assurer la sécurité des athlètes,
05:37de l'ensemble des touristes qui vont venir.
05:40Mais on le redit, le risque zéro n'existe pas, c'est une action symbolique,
05:45c'est une action qui a été prise à un moment de blocage de l'ensemble
05:49d'un certain nombre de signaux, puisque ce sont des aiguillages, etc.
05:52On voit bien que le but c'était tout simplement de désorganiser,
05:55de faire parler de soi, de faire parler tout simplement
05:59de cette capacité de gâcher la fête.
06:02En cela, c'est réussi, puisqu'on ne parle que de cela depuis ce matin.
06:06Des agents sont à la hauteur, puisqu'il y en a un qui a été déjoué, une attaque.
06:09Voilà, et c'est aussi pour cela qu'il faut rendre hommage
06:12à l'ensemble des forces de l'ordre, qui ne peuvent pas être partout et sur tous les sites.
06:17Néanmoins, c'est vrai qu'il y a encore des trous dans la raquette,
06:20pour exprimer une action, et c'est là-dessus auquel il faut porter vigilance aujourd'hui.
06:23Au-delà du symbole, c'est une journée de galère aujourd'hui dans les transports,
06:26alors qu'on annonçait une journée noire sur les routes et dans le train également.
06:30C'est compliqué pour Renzo, que l'on accueille dans Europe 1 13h par téléphone.
06:34Bonjour Renzo, racontez-nous comment se déroule votre trajet ?
06:40Bonjour à tous, j'avoue que je n'ai pas pu avoir mon trajet,
06:46puisque je devais rejoindre ma famille ce matin, aux alentours de 7h,
06:51et finalement, on nous a annoncé que ça allait être repoussé.
06:54Vous deviez partir de Paris pour aller où ?
06:57Jusqu'à Rennes, pour rejoindre ma famille à Rennes, pour l'anniversaire de ma mère.
07:01Et puis finalement, je n'ai pas du tout pu partir,
07:03parce qu'on nous a dit dans un premier temps que c'était repoussé,
07:05puis au bout d'une heure d'attente, que c'était annulé.
07:07Vous avez été averti avant d'arriver à la gare, ou vous avez tout découvert sur place ?
07:12Ah non, on a découvert sur place.
07:14En plus, j'ai tendance à arriver un peu en avance,
07:16donc j'étais en avance et j'ai reçu le message, j'étais déjà à Montparnasse.
07:20Et donc aujourd'hui, plan B, vous restez à Paris, vous avez trouvé une solution ?
07:25La solution, ça va être tout simplement de fêter l'anniversaire de ma mère en visio,
07:28parce que non, je n'ai pas pu prendre un autre train, je n'ai pas pu faire autrement,
07:31donc je suis bloqué sur Paris.
07:32Bon, peut-être l'occasion de suivre la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques,
07:36des Jeux Olympiques en compensation.
07:37Merci Enzo d'avoir appelé Europe 1 13h.
07:41Messieurs, Philippe Guibert, Bernard Cohen Haddad,
07:44la grande fête va quand même commencer ce soir, malgré ces perturbations.
07:50Paris va de nouveau être la capitale mondiale des Jeux Olympiques, 100 ans après.
07:56Quel sentiment ? Vous avez hâte aujourd'hui ?
07:59Vous sentez cet engouement, une excitation à l'approche de cette cérémonie d'ouverture ?
08:04J'ai l'impatience de voir ça depuis le temps qu'on nous en parle,
08:07et compte tenu de l'ampleur des dispositifs déployés,
08:12oui, je suis très impatient de voir ça.
08:15L'engouement chez les Parisiens est un peu, comment dire, rafraîchi,
08:20un peu comme par la pluie ce matin,
08:22dans la mesure où, effectivement, les difficultés pour bouger,
08:29pour aller à son travail, tout ça, évidemment, calme un peu les ardeurs.
08:35Néanmoins, si on passe sur ces désagréments qui sont quand même passagers,
08:39même s'ils peuvent être embêtants,
08:41on attend quand même de voir cette cérémonie,
08:43qui est quand même une première,
08:45qui consiste à faire une cérémonie d'ouverture au sein de la ville,
08:50à ciel ouvert, et non pas dans un stade, dans un lieu sportif particulier.
08:55C'est un peu la philosophie qui a présidé à l'organisation de cette cérémonie d'ouverture,
09:00et donc on espère que le spectacle va être à la hauteur.
09:03Bernard Cohen Haddad, le spectacle du siècle vaut quelques ponts fermés et quelques quais inaccessibles ?
09:08Oui, et des métros aussi comme neutralisés,
09:10bien entendu, moi je crois que c'est un événement exceptionnel,
09:13je suis très enthousiaste,
09:15je regrette que certains n'aient pas pu avoir plus de place,
09:17les places étaient très chères,
09:19moi je n'en ai pas,
09:21je vais regarder ça à la télévision,
09:23mais on attend cette cérémonie dans ce qu'on nous dit une ville inclusive,
09:27donc soyons positifs,
09:29et puis ne boudons pas notre plaisir,
09:32les grincheux Ecologie des Verts et les FITS,
09:34qui nous disent que les jeux vont coûter cher,
09:36en attractivité c'est phénoménal,
09:38et surtout, il faut quand même le rappeler aussi,
09:40ça fait 100 ans qu'on attend ça,
09:42c'est la mise en valeur de nos savoir-faire,
09:45de nos métiers, de notre ville,
09:47des territoires, puisqu'il y a aussi des épreuves dans les territoires,
09:51et puis rendre hommage à nos athlètes,
09:54qui depuis des mois, athlètes et para-athlètes,
09:57travaillent pour nous ramener des médailles.
09:59Le spectacle concrètement, vous attendez à quoi ?
10:02Qu'est-ce que va raconter Thomas Joly dans sa parade fluviale ?
10:06Qu'est-ce qu'il pourrait raconter de la France ?
10:08Je ne sais pas, avec la France,
10:10si on peut raconter beaucoup de choses qui intéressent le monde quand même,
10:13je crois que c'est le général De Gaulle et Malraux
10:16qui disaient que la France n'a jamais été aussi grande
10:18que quand elle parlait au nom de l'humanité,
10:20et qu'elle défendait notamment la liberté.
10:23Je crois que dans l'histoire de France, il y a quelques épisodes
10:26qui permettent de détailler cette formule.
10:30Donc je crois qu'il y a de quoi faire déjà avec l'histoire de France,
10:35et il y a de quoi faire avec une France ouverte sur le monde,
10:39qui à travers ses Jeux Olympiques,
10:42veut un peu redonner un souffle,
10:44malgré la période que l'on vit qui est extrêmement tenue,
10:48avec des conflits extrêmement forts,
10:50avec beaucoup de tensions internes à nos sociétés,
10:53redonner la vision d'un pays qui a envie de vivre ensemble,
10:59qui est capable d'ambition et d'optimisme.
11:02Je vous entendais parler des Grincheux,
11:04ils sont assez bien répartis un peu partout sur le spectre politico-médiatique,
11:09et donc effectivement, j'espère qu'ils vont faire taire les Grincheux.
11:13Bernard Cohen Haddad, on se rappelle des grands spectacles,
11:16la Coupe du Monde 98, le bicentenaire de la Révolution.
11:19Oui, je me souviens effectivement, avec ses belles voix et ses belles images,
11:25Jacques Lang avait réussi son coup à cette époque, il faut quand même le reconnaître.
11:29Moi ce que j'attends, c'est qu'on mette en valeur la France,
11:32au-delà des polémiques, je n'ai pas voulu trop lire,
11:34rentrer dans, est-ce qu'on va parler de ceci, de Vercingétorix,
11:37est-ce qu'on va nous parler de Victor Hugo,
11:40je n'ai pas voulu rentrer, je pense qu'un spectacle,
11:42il faut le prendre un petit peu comme ça.
11:44Donc je vous dirai demain, si vous m'invitez, je plaisante,
11:47ce que j'en pense, mais moi j'ai envie qu'on parle de la France,
11:51la France humaniste, la France des Lumières, la France qui rayonne,
11:55la France éternelle, la France des Français,
11:58et la France que l'on aime à l'étranger, c'est-à-dire une France qui ouvre les bras,
12:02mais qui n'est pas complètement absente aux préoccupations quotidiennes des Français.
12:07Et peut-être aussi l'engouement démarrera après cette cérémonie des Français,
12:11et les commerçants aussi seront peut-être rassurés
12:14quand le niveau de sécurité va redescendre d'un cran après cette cérémonie.
12:18Oui parce qu'aujourd'hui c'est plutôt le coup de blouse,
12:21c'est pas le coup de foudre, on a quand même moins 50% sur Paris
12:24et les métiers du commerce et de l'artisanat et des services de vente,
12:28et c'est vrai qu'il y a une petite angoisse, mais soyons positifs.
12:33Un mot de ces commerçants, les remontées que vous avez,
12:37c'est de l'inquiétude pour cette semaine entre deux,
12:40les Parisiens sont partis, les touristes intéressants ne sont pas arrivés.
12:42Oui et l'inquiétude, à vrai dire, les chiffres ne sont pas bons depuis le début du mois,
12:45on a eu une météo, et on le voit encore aujourd'hui, extrêmement mauvaise,
12:49il n'y a pas autant d'afflux de touristes qu'on l'attendait,
12:52il y a des contraintes de sécurité, de mobilité, le problème aussi de pouvoir d'achat.
12:57Donc on est, je vous dis, entre moins 30, moins 50% sur les commerces de proximité.
13:02Ceux qui pensaient faire du chiffre d'affaires, ceux qui ont embauché des saisonniers,
13:05ceux aussi qui ont acheté des fournitures, espérons que ça va repartir.
13:12Espérons. Un dernier mot, Philippe Guybert ?
13:14Oui, ce que vous dites est parfaitement juste sur le sentiment parisien des commerçants.
13:18Je pense qu'on ne mesure pas bien, nous autres parisiens, ce qui se passe en province,
13:23où les nuisances liées aux JO sont tout de même beaucoup moins importantes,
13:27et je pense que cet engouement est réel, parce que les Français adorent les grandes cérémonies sportives,
13:33les JO c'est magnifique, comme la Coupe du monde de football,
13:36et donc il faut, malgré ces nuisances, malgré, effectivement, vous avez tout à fait raison,
13:41les commerçants qui sont inquiets et embêtés, il faut garder l'optimisme,
13:47il faut garder l'énergie et l'envie d'aller voir ces JO.
13:50Les réjouissances commenceront à partir de ce soir.
13:52Merci beaucoup Bernard Cohenada, président de la CPME.
13:54Merci Philippe Guybert, enseignant, ancien directeur du service d'information de gouvernement.
13:58Merci d'être avec nous, vous suivrez ce soir cette cérémonie,
14:01on la vivra ensemble d'ailleurs sur Europe 1, il est 13h45.