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00:00J'aimerais qu'on évoque quand même ce baromètre Harris interactive, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur,
00:08fait partie des personnalités politiques du gouvernement qui recueillent le meilleur indice de confiance auprès des Français.
00:15Comment vous vous interprétez cette bonne santé dans l'opinion du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, messieurs ?
00:22D'abord, moi j'ai l'impression que si les Français ont une si bonne appréciation de Bruno Retailleau,
00:30c'est qu'il n'est pas, contrairement à beaucoup d'autres, dans la posture, qu'il sente que dans ses discours et dans les actes qu'il prend,
00:38il y a une sorte d'ajustement qui ne tient pas à des circonstances ou à des positionnements qui seraient avantageux pour sa carrière,
00:48mais parce que ce qu'il dit, ce qu'il fait, il y croit profondément et depuis des années, parce qu'il est vertébré,
00:56parce que ce discours vient de loin et nourrit et pensé depuis de longues années, le fait qu'il arrive à des fonctions avec les missions qui sont les siennes,
01:11les Français lui créditent ça, ils lui créditent une parole de vérité, là où les autres sont le plus souvent peut-être dans la communication.
01:20Et Raphaël Stainville, ce qu'il faut souligner également, c'est que les cinq ministres qui sont en tête sont des ministres de droite.
01:26On trouve Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, qui fait jeu et cale avec Bruno Retailleau.
01:34La France n'a jamais été autant à droite.
01:37Elle est à droite, elle n'a jamais sans doute été aussi à droite sur tous les sujets régaliens, sécuritaires, identitaires et migrations.
01:47Ça je vous l'accorde volontiers. Sur le plan économique et social qui est loin d'être négligeable, c'est beaucoup plus compliqué.
01:53Vous ne pensez pas que les Français sont un petit peu à droite en ce moment, Philippe Guybert ?
01:56Non mais c'est ce que je viens de vous dire, ils le sont beaucoup sur les sujets régaliens.
02:01Maintenant quand vous prenez un sujet comme les retraites, je ne sais pas si on peut dire que les Français sont à droite.
02:06Oui mais là oui, mais vous souvenez-vous qu'on a eu trois mois de mouvements sociaux, que ça a été un traumatisme démocratique,
02:12le fait que cette réforme des retraites n'ait pas été votée par le Parlement mais adoptée par 49.3 et vous voyez qu'il y a une majorité à l'Assemblée.
02:21De ce point de vue-là, le RN a un positionnement très habile depuis une dizaine d'années avec Marine Le Pen,
02:28qui consiste à être très à droite sur les sujets régaliens, mais sur les sujets économiques et sociaux, très anti-libéral,
02:34en tout cas très dans la tradition de l'État-providence à la française, qui est un sujet quand même au moment où on doit réduire le déficit et notre dette.
02:45Il ne faut pas oublier que Marine Le Pen a pris la décision de censurer ce gouvernement, le gouvernement Barnier,
02:50pas ce gouvernement, sur l'indexation des pensions de retraite entre le 1er janvier et le 1er juillet, qui était quand même une mesure...
02:57Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD, j'aimerais vous poser cette question.
03:03N'y a-t-il pas risque d'interaction politique entre Gérald Darmanin, garde des Sceaux, Bruno Retailleau à l'intérieur ?
03:10Parce que Gérald Darmanin semble vouloir peut-être transposer ses méthodes de l'intérieur à la justice. Est-ce que les deux ne risquent pas de se marcher un petit peu dessus ?
03:20Ça, je n'en sais rien. Les deux hommes, en tout cas aujourd'hui... Enfin, la seule chose qu'on peut considérer et qui me semble intéressante,
03:30c'est que pour la première fois, on a un duo qui semble aligné entre la police et la justice.
03:35C'est le moteur même de ce gouvernement, ces jours.
03:37Jusqu'à présent, on avait des binômes qui marchaient dans des directions opposées.
03:43Et là, tout concourt à penser que Bruno Retailleau et Gérald Darmanin vont aller dans le même sens.
03:49Alors, est-ce qu'il y a une volonté chez Gérald Darmanin de marcher sur les plates-bandes de Bruno Retailleau, d'avoir une communication presque outrancière pour faire passer ses idées ?
04:05Placenet dans les prisons, notamment.
04:07Tant que cela concourt et que cela va dans le bon sens et de ce que souhaitent les Français, je pense que les deux ont intérêt à cette communication et surtout à cette action.
04:17Philippe Guibert ?
04:18Oui, ils peuvent avoir un intérêt commun. Il y aura des rivalités de communication, il y aura des rivalités d'ambition à un moment ou à un autre.
04:26Mais le paradoxe, c'est qu'effectivement, c'est une force de ce gouvernement d'avoir un ministre de l'Intérieur et un ministre de la Justice qui sont relativement alignés et qui partagent une même vision des choses.
04:38Mais le paradoxe, c'est que ce gouvernement ne va pas jouer sa survie sur ce sujet-là.
04:43Le paradoxe, c'est que ce gouvernement va jouer sa survie sur le budget, c'est-à-dire sur des sujets économiques, sociaux, de dépenses publiques, de fiscalité.
04:54Et donc, il y a quelque chose d'étonnant dans le fait que finalement, on prend en compte des préoccupations des Français dans le domaine du régalien parce que Darmanin et Retailleau sont en ligne avec ce que demandent 70% des Français sur ce sujet.
05:11C'est d'ailleurs une des raisons du fait que Retailleau soit devenu un personnage aussi populaire.
05:18Mais sur les autres sujets, c'est beaucoup plus compliqué et ça va être beaucoup plus difficile pour ce gouvernement.
05:23Il faut trouver un équilibre entre les demandes contradictoires des Français qui ne veulent pas plus de dépenses publiques pour les autres, mais pour eux, il ne s'agit pas d'y toucher, et même chose pour les impôts.
05:34Et si vous voulez obtenir la neutralité à défaut d'une neutralité bienveillante du ORN et de Marine Le Pen, il faut aussi donner des gages au ORN avec...
05:43La présence de Retailleau dès le dé, le gouvernement Barnier n'a pas obtenu grand-chose en matière de neutralité de Marine Le Pen.
05:49On en parlera juste après la pause publicitaire, messieurs Guybert et Stainville, de la cote de popularité d'Emmanuel Macron qui ne va pas fort.
06:00C'est quasiment tout proche de sa cote la plus basse. C'était donc au moment des Gilets jaunes en novembre 2018, donc ça ne va pas fort pour le président de la République.
06:11On en parlera dans un instant. A tout de suite.