• il y a 3 mois

Dans Europe midi, Thomas Schnell et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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Transcription
00:00Europe 1 13h continue jusqu'à 14h, il est 13h19 et on vous retrouve Thomas Schnell avec vos deux débatteurs,
00:05l'écrivain et philosophe Nathan Devers et l'écrivain et essayiste Paul Melun.
00:09Bonjour à vous, merci d'être avec nous.
00:12Où étiez-vous hier soir à 20h37 et à 22h31 pour les deux finales de Léon Marchand ?
00:20Est-ce que vous avez vous aussi vibré comme des millions de français en voyant les performances hors normes du Neigeur ?
00:25Oui j'ai vibré sur mon téléphone parce que j'étais en plateau sur CNews
00:31chez votre excellent confrère Eliott Deval, donc je ne pouvais pas regarder, ça n'aurait pas été sérieux de ma part alors que je parlais de sujets infiniment sérieux
00:38si j'étais en train de sauter de joie sur mon téléphone.
00:41Le sport est quelque chose de très sérieux.
00:43Oui, vous avez raison, mais là, sérieux triste, c'était ce qui m'occupait la télé.
00:47Nathan Devers ?
00:48Moi j'ai regardé ce matin sur mon téléphone aussi et en effet, victoire magnifique,
00:54genèse, apparition, émergence foudroyante d'un héros du sport.
01:00J'ai trouvé incroyable la manière dont il, quand il plongeait, il faisait alors je crois que ça s'appelle des coulées en natation,
01:07cette manière de rester sous l'eau extrêmement longtemps, d'avoir un corps qui épouse totalement la forme de l'eau
01:13et qui devient presque une sorte d'animal marin qui va à une vitesse folle.
01:18Donc oui c'est des moments de joie et qui se remettent dans le contexte plus général depuis la cérémonie d'ouverture
01:23d'une forme d'optimisme français qui est retrouvée.
01:26C'est vrai qu'il y a eu des scènes de liesse auxquelles on a assisté hier lors de ces deux victoires.
01:30Dans les rues, les gens sortaient, les passants s'arrêtaient devant les cafés qui retransmettaient les images de ces deux finales
01:39200 mètres brasses, 200 mètres papillons, des scènes comme seule le football nous en avait fait connaître jusque là.
01:45On avait le sentiment qu'on avait gagné la finale.
01:47Oui, ce qui était impressionnant, c'est par exemple dans le combat d'escrime qui a eu lieu,
01:50ils ont dû interrompre le combat tant le public était en liesse les dernières secondes avant que Léon Marchand arrive tout au bout du bassin.
01:58Donc c'était absolument incroyable et je rejoins ce que disait Nathan.
02:01En plus de ça, il n'y a guère que les sportifs qui peuvent susciter cette forme d'admiration quasiment divine.
02:09C'est-à-dire que les acteurs de cinéma, les chanteurs, les écrivains n'arrivent pas à susciter une pareille adhésion, une pareille admiration aussi instantanée.
02:20Il y a bien des gens, il était déjà très connu Léon Marchand, mais il y a bien des gens qui à mon avis l'ont découvert ces derniers jours
02:25et qui maintenant dormiraient quasiment avec un poster de lui dans leur chambre.
02:29Et seul le sport peut créer cette espèce de déclic dans nos esprits où soudain cette apparition est là
02:37et effectivement le monde s'arrête de tourner pour observer avec une forme de fascination.
02:43Et je crois qu'effectivement cette fascination là, vous parliez du football,
02:47elle existe avec des footballeurs qui sont des idoles contemporains,
02:50mais avec un nageur, avec un sportif dans un sport individuel, je trouve que la personnification est encore plus puissante.
02:57C'est-à-dire qu'on l'observe vraiment avec un engouement, avec un enthousiasme qu'on voit rarement ailleurs.
03:02Le héros, c'était votre mot Nathan Devers, c'est le héros dont les français avaient besoin, Léon Marchand ?
03:06Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça, parce qu'en effet, Paul a raison,
03:13il y a une sorte aujourd'hui, on peut dire, mais pas d'ailleurs qu'aujourd'hui, c'est très très ancien,
03:16presque de religion du sport, une sorte de divinisation du héros sportif,
03:21qui est à la fois l'individu de l'instant, à la différence par exemple d'un artiste, d'un chanteur, d'un auteur.
03:27Le sportif, c'est celui qui travaille pendant 4 ans, tout se joue en 10 secondes, même pas,
03:31sur des détails, sur des choses absolument minuscules.
03:36Donc il y a presque une part, en effet, presque sacrée qui vient revêtir la figure du sportif.
03:43Cependant, je pense que ce qui est important, ce n'est pas tellement cet extase-là,
03:48mais dans sa dimension sociale, dans sa dimension historique, c'est ce que cet extase veut dire.
03:53La victoire de 1998 à la Coupe du Monde, ce n'est pas seulement la victoire d'une équipe de foot,
03:57c'est la victoire aussi, la célébration d'un modèle de société, de cette France black-blanc-beur, shirakienne, etc.
04:04Aujourd'hui, il me semble que la couleur que prend la joie qu'on peut associer à tel ou tel médaille d'or,
04:11ce n'est pas seulement la célébration des médailles d'or, c'est fondamentalement le fait d'avoir vécu,
04:16collectivement, c'est la première fois depuis très longtemps dans l'histoire de France,
04:19qu'on a une émotion collective, unanime, pour du positif.
04:22La dernière fois, c'était les attentats et c'était du négatif.
04:24C'est vrai, à en faire regretter presque certains d'avoir quitté Paris pour ces Jeux Olympiques.
04:30Il y a 20 ans, on avait connu la folie Lormannodoux aussi, c'était à Athènes.
04:34Là, on passe quand même un cap inimaginable avec des performances que personne n'arrive à comprendre physiquement parlant.
04:39Comment fait-il deux heures seulement et deux médailles d'or ?
04:43C'est impressionnant, il est génétiquement différent de ses concurrents.
04:48Oui, c'est vrai que ce qui est absolument éblouissant et absolument bluffant,
04:51mais d'ailleurs chez Léon Marchand comme chez tous nos athlètes en réalité,
04:55c'est les facultés, on parle souvent des facultés physiques des sportifs.
04:59Là, c'est les facultés mentales aussi.
05:01Vous savez, une des premières choses que vous disent ces sportifs de très niveau quand vous parlez avec eux de leur succès,
05:05ils vous disent « j'étais dans ma bulle » et ils se mettent dans une forme de bulle,
05:08ils se coupent du monde, ça requiert quand même une force mentale très importante.
05:12Ils font fi justement d'une bonne partie de ce que nous, nous vivons, à savoir la cérémonie d'ouverture, etc.
05:18Même si bien sûr, ces éléments extérieurs peuvent avoir une incidence sur leur performance sportive
05:24parce qu'ils ne vivent pas complètement dans une bulle, ce ne serait pas humain.
05:27Mais quand même, je pense surtout dans les sports individuels,
05:30où c'est vraiment un combat entre soi et soi-même finalement,
05:33avec ses propres records, avec ses propres faiblesses, avec ses propres forces,
05:37il y a une vocation, si vous voulez, vraiment d'une très grande puissance,
05:41je pense, mentale, psychique pour en arriver là.
05:44Et c'est peut-être ce qui moi me fascine le plus dans la personnalité des sportifs de haut niveau
05:49et c'est souvent une des premières questions que je leur pose quand je les rends compte
05:52parce que je trouve ça proprement fascinant.

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