ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos
Chaque matin de l'été, à 8h15, Thomas Bonnet reçoit une personnalité au centre de l'actualité. Ce vendredi, Samira Sitaïl, ambassadrice du Maroc en France.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Chaque matin de l'été, à 8h15, Thomas Bonnet reçoit une personnalité au centre de l'actualité. Ce vendredi, Samira Sitaïl, ambassadrice du Maroc en France.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour Samira Sittail, vous êtes ambassadeur du Maroc en France.
00:07Mardi, le président de la République française a adressé une lettre au roi Mohamed VI du Maroc.
00:12On peut y lire cette phrase, je la cite,
00:14« Le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
00:20C'est un geste fort, presque historique, même du chef de l'État.
00:23Comment vous avez accueilli cette déclaration ?
00:25Évidemment, Rabah ne peut que se réjouir de cette évolution significative de Paris.
00:31Je vous ai passé à lui, Thomas Bonnet.
00:33Oui, bonjour, bien sûr.
00:35Je vous disais que Rabah ne pouvait que se réjouir de cette évolution significative de la position de la France,
00:42en sachant que cette position ne vient pas du néant.
00:46Il y a un plan d'autonomie qui a été présenté par le Maroc depuis 2007,
00:50et la France soutient ce plan d'autonomie.
00:52Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est qu'effectivement,
00:55ce soutien, cet appui de la France à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud,
01:03d'une part, et puis d'autre part, ce plan d'autonomie considéré dorénavant par la France
01:08comme étant la seule base pour le règlement du différent.
01:13Est-ce que vous vous y attendiez ?
01:15Est-ce que c'est une surprise pour les autorités marocaines, cette prise de position ?
01:19En réalité, je suis tentée de dire non, que ce n'était pas une surprise,
01:24que c'est dans l'ordre des choses, et que c'est en parfaite cohérence avec la position de Paris
01:30aux côtés de Rabah sur ce conflit, depuis, encore une fois, au moins 2007,
01:35c'est-à-dire depuis que le Maroc a posé sur la table de négociation cette proposition d'autonomie.
01:41Et le premier pays qui a salué cette proposition d'autonomie à l'époque, évidemment, c'était la France.
01:48Pourquoi maintenant ? Un mot sur le timing.
01:50On rappelle que ce courrier a été envoyé pour la fête du trône, les 25 ans de l'intronisation de Mohamed VI.
01:56Pourquoi maintenant, alors ?
01:57D'abord, il fallait une occasion pour le faire, et la fête du trône, en effet, en était une.
02:04Et puis, je vous rappelle que c'est un long processus qu'il y a eu avant.
02:08Nous avons commencé à recoconstruire cette relation qui est la nôtre depuis octobre dernier.
02:17Donc, c'est l'aboutissement de plusieurs mois de discussion, où nous avons coché toutes les cases,
02:24à commencer par celle de la confiance, et que nous avons posé sur la table un certain nombre de sujets
02:30pour rénover ce partenariat, le partenariat qui est le nôtre,
02:35et en faire quelque chose d'exceptionnel, si vous voulez que nous en parlions.
02:39Bien sûr, on va en parler.
02:40Pour nos téléspectateurs et nos auditeurs d'Europe 1 qui nous écoutent,
02:43rappelons quand même quel est l'enjeu du Sahara occidental.
02:47C'est un territoire disputé.
02:48Comment vous pourriez résumer la situation de ce territoire sur les dernières décennies ?
02:52Alors, écoutez, ce territoire, d'abord, il faut préciser qu'avant que les Espagnols
02:58ne le colonisent pendant 91 ans, jusqu'à 1975, ce territoire était marocain,
03:06partie intégrante de l'Empire shérifia.
03:10Et personne ne peut le contester, encore moins les historiens,
03:14qui constatent évidemment, et encore moins sur le plan juridique,
03:18le lien ancestral entre les tribus habitant dans cette région et le sultan du Maroc.
03:24Et ces liens font que ce Sahara appartenait et était sous souveraineté marocaine.
03:30Et depuis, il est disputé, il y a le fameux front polisario
03:32qui conteste la souveraineté du Maroc, justement, sur ce territoire.
03:36La milice du polisario, créée en 1973 par le dictateur libyen Muammar Gaddafi,
03:44dans un contexte de guerre froide,
03:46dans un contexte où une monarchie comme celle du Royaume du Maroc,
03:51dans cette région du monde, devait être combattue.
03:55Lorsque Muammar Gaddafi revient le meilleur sentiment,
03:58c'est l'Algérie qui prend le relais en 1975 pour pouvoir soutenir,
04:04armer, utiliser, tel un marionnettiste, cette milice du polisario
04:11pour défendre ses intérêts contre ceux du Maroc.
04:14On va revenir sur le rôle de l'Algérie dans un instant,
04:16mais un autre passage de la lettre adressée par Emmanuel Macron au roi Mohamed VI,
04:20la France apporte son soutien au plan proposé en 2007 par le Maroc.
04:24Pouvez-vous nous détailler ce qu'il y a dans ce plan ?
04:27Ce plan comprend une large autonomie.
04:30La décision par les populations locales, qui vont élire leurs représentants.
04:37Les populations locales prennent en main leur destin.
04:43D'ailleurs, elles le font déjà de multiples manières.
04:48Pour caricaturer, mais si nous devions faire une comparaison,
04:52ce serait un peu comme les Landers.
04:55D'ailleurs, sa majesté Hassane II faisait cette comparaison.
04:58Donc, une très large autonomie des 12 grandes régions du Maroc,
05:02y compris celles des provinces du Sud, avec un drapeau et une monnaie commune.
05:07Mais des prérogatives qui resteraient liées, gérées par le Maroc,
05:12sur les questions régaliennes, par exemple ?
05:14Sur la question de la politique étrangère, de toute évidence.
05:17Mais les affaires internes, les affaires des provinces du Sud,
05:22seront gérées par les habitants des provinces du Sud eux-mêmes.
05:27Et c'est toute la force de ce plan d'autonomie.
05:30Je vous rappelle Thomas Bonaille, qui est depuis les 23 dernières résolutions des Nations Unies,
05:36considère ce plan d'autonomie comme étant une option crédible et sérieuse
05:43pour le règlement de ce dossier.
05:45Si vous permettez, pendant une dizaine d'années,
05:48nous avons testé l'option du référendum entre 1991 et 2001.
05:53Parce qu'il était prévu dans les accords de cessez-le-feu, on le rappelle,
05:55qui ont été signés en 1991.
05:57Et nous n'avons pas réussi à mettre en place, à concrétiser cette option de référendum,
06:03tout simplement parce que nous ne sommes pas mis d'accord sur le corpus électoral.
06:08Les adversaires du Maroc ont mis à l'intérieur de ce corpus électoral
06:13tout un tas de populations qui n'étaient pas originaires des provinces du Sud.
06:17C'est ce qui fait que le corpus électoral n'a pas pu être déterminé, identifié.
06:22Et de l'avis même des Nations Unies, le droit international, c'est les Nations Unies,
06:28c'est le Conseil de sécurité, et de l'avis même des Nations Unies,
06:32du représentant personnel du secrétaire général des Nations Unies,
06:36M. Van Valsum, en 2008, constatait que l'option d'une indépendance était irréalisable
06:44et que l'option d'un référendum également était irréalisable.
06:48C'est vous dire l'importance que revêt aujourd'hui ce plan d'autonomie
06:52pour régler ce différend artificiellement dopé depuis plus de 49 ans.
06:58Vous en parliez, le rôle de l'Algérie dans cette situation.
07:03La décision d'Emmanuel Macron a suscité une crise diplomatique avec l'Algérie
07:06qui a décidé le retrait immédiat de son ambassadeur en France.
07:10Par son geste, la France, dit Ahmed Attaf, le ministre algérien des Affaires étrangères,
07:14défend la légitimité de l'ordre colonial.
07:17Qu'est-ce que vous répondez à cette déclaration ?
07:19J'ai envie de répondre par une question, Thomas Benay.
07:22Pourquoi l'Algérie n'a-t-elle pas rompu ses relations diplomatiques avec les États-Unis
07:27ou rappelé son ambassadeur des États-Unis ?
07:29Parce que les États-Unis ont reconnu également ce plan en 2020.
07:32Lorsque les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ces provinces du Sud,
07:36pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ?
07:38Je me contenterai de poser juste cette question.
07:40Vous parliez justement des États-Unis.
07:42Ils ont reconnu en 2020 la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
07:46Parmi les raisons qui ont expliqué ce changement de position des États-Unis,
07:50il y a les accords d'Abraham qui ont été passés entre le Maroc et l'État d'Israël.
07:54Où en est-on de ce processus de normalisation des relations entre le Maroc et Israël actuellement ?
08:01Écoutez, entendons-nous bien déjà.
08:03La souveraineté du Maroc reconnue par les États-Unis et par l'État d'Israël
08:08ne fait pas l'objet d'un deal à partir duquel les accords d'Abraham seraient signés de l'autre côté.
08:14Le Maroc est un pays qui, bien avant les accords d'Abraham,
08:21avait déjà établi des relations avec Israël.
08:24Nous les avions rompues au moment de la première intifada.
08:28Nous avons repris ces relations qui, par ailleurs, je vous le signale,
08:33font que nous avons un rapport et une relation extrêmement particulière avec l'État d'Israël.
08:38D'abord parce que nous avons 10 % de la population israélienne qui est d'origine marocaine,
08:43ce qui n'est pas rien.
08:44Donc ce lien que nous entretenons, il est humain, il est identitaire
08:49et ne tient pas d'un deal qui aurait été passé entre deux États.
08:53Ça, c'est une mise au point que je tenne les affaires.
08:56Pour ce qui est de la situation actuellement...
08:59Excusez-moi, j'ai oublié votre question.
09:00Non, simplement le rôle que peut jouer le Maroc dans la situation...
09:04Il le joue déjà.
09:05Vous savez, il le joue déjà.
09:06Aujourd'hui, lorsqu'il s'est agi au premier jour du Ramadan
09:11d'aider les populations palestiniennes en détresse à accéder à une aide humanitaire,
09:17nous sommes le seul pays que l'État d'Israël a autorisé
09:21à acheminer des aides humanitaires par voie très terrestre,
09:24à l'époque plus de 21 tonnes,
09:27et je répète encore une fois, par voie terrestre,
09:29lorsque les autres pays, y compris les États-Unis,
09:33n'étaient pas autorisés à le faire, si ce n'est par voie aérienne.
09:37Nous avons réalisé il y a quelques semaines encore
09:40l'envoi d'une seconde aide humanitaire.
09:43Nous avons bien évidemment une relation très particulière
09:47également avec le peuple palestinien.
09:49Il s'agit pour nous de soutenir la solution à deux États,
09:54ce que fait également la France, notre partenaire,
09:57et la plupart des pays dans le monde.
10:00Les droits inaliénables du peuple palestinien
10:03ne sauraient être balayés du revers de la main.
10:06Et en même temps, encore une fois,
10:10nous entretenons des relations avec les deux partis
10:12qui nous permettront, de manière crédible,
10:16de nous asseoir à la table de négociation
10:18lorsqu'il faudra le faire.
10:19Samira Sittail, revenons sur les relations
10:21entre la France et le Maroc.
10:24Les deux pays ont eu des relations parfois compliquées.
10:28Il y a eu des affaires qui ont empoisonné
10:30ces relations diplomatiques.
10:32Affaire d'espionnage, crise des visas.
10:34Est-ce que vous diriez aujourd'hui que ça va mieux,
10:37que les relations sont bonnes entre les deux diplomaties ?
10:40D'abord, on se rend compte que sur le plan de l'espionnage,
10:43lorsque vous avez un État qui s'appuie
10:47sur le rapport d'une entité,
10:51d'un ensemble de journalistes,
10:53citons-les d'ailleurs Forbidden Stories
10:56et une association qui s'appelle Amnesty International,
11:00lorsqu'on se rend compte que des décisions
11:02aussi importantes sont prises sur la base d'un rapport
11:07avec des informations fournies par des voies plutôt obscures,
11:12et qu'on se rend compte aujourd'hui
11:13qu'aucune preuve n'a jamais été apportée
11:16sur la possession de cette technologie...
11:19On parle de l'affaire Pegasus.
11:21Bien sûr. Quand on parle d'espionnage,
11:23on parle de Pegasus.
11:24Aucune preuve, au jour d'aujourd'hui,
11:27n'a jamais été apportée sur l'implication du Maroc
11:30et la possession par le Maroc de cette technologie.
11:34Sachons exactement de quoi nous parlons.
11:36Avec le recul, nos partenaires...
11:37Ça avait quand même créé des petites tensions diplomatiques.
11:39Bien sûr qu'elles ont été créées,
11:41parce qu'elles ont été dopées artificiellement.
11:44Et aujourd'hui, vous diriez que ça va mieux quand même ?
11:46Non seulement je dirais que ça va mieux,
11:47mais je dirais que c'est totalement derrière nous,
11:50qu'encore une fois,
11:51toutes les cases de la confiance ont été cochées,
11:54que nous nous sommes expliqués sur les malentendus,
11:58sur les maladresses.
12:00On s'est parfois un peu même tourné le dos,
12:03mais encore une fois,
12:04cette relation qui est tout simplement irremplaçable
12:08entre le Maroc et la France,
12:09qui est très forte parce qu'elle repose
12:12sur une amitié, une fraternité
12:14et sur des intérêts communs
12:17pour la prospérité de nos deux peuples.
12:19Vous savez, ça ne se limite pas à des chiffres,
12:21des pourcentages, des contrats signés ici et là.
12:25C'est vraiment quelque chose de très intense.
12:27Nous avons 1,7 million de Marocains d'origine
12:31ou binationaux établis en France,
12:33qu'ils soient de confession musulmane
12:36ou qu'ils soient de confession juive.
12:38Et ça, je peux vous dire que ça renforce
12:40substantiellement les liens.
12:42Justement, sur la question des visas
12:44et de la coopération entre la France et le Maroc,
12:46sur la question migratoire,
12:49comment se passe cette coopération en ce moment ?
12:51Alors écoutez, sur la coopération migratoire,
12:54nous avons par exemple, par rapport aux visas,
13:00à certaines catégories de visas,
13:02nous avons aujourd'hui...
13:04La situation est totalement rétablie, rappelez-vous.
13:06Il y a eu un moment de crise des visas,
13:08ce qu'on appelle la crise des visas.
13:10La situation est aujourd'hui totalement rétablie.
13:13Alors évidemment, les consulats sont un peu débordés en France
13:16parce qu'ils sont noyés de demandes,
13:18mais avec mon homologue Christophe Lecourtier,
13:22j'ai bon espoir que tout ceci rentre dans l'ordre
13:25assez rapidement et c'est déjà le cas.
13:27Sur la coopération migratoire, vous savez,
13:29il y a tout un tas de sujets extrêmement sensibles.
13:33Je ne vais pas revenir sur les chiffres,
13:35je dirais simplement que nous travaillons surtout,
13:39pour ne pas caricaturer cette question,
13:43sur le démantèlement de tous ces réseaux
13:46qui font que des individus, souvent en détresse,
13:50qu'ils soient sur le territoire africain
13:53ou qu'ils soient un peu plus à l'est,
13:56se laissent leurrer par un rêve
13:59qui voudrait qu'ils viennent en Europe.
14:01Alors nous avons un rôle très important au sud de l'Europe,
14:04sur le plan de la sécurité de l'Europe.
14:06Il n'y a pas que la question migratoire,
14:08il y a également les questions liées au terrorisme.
14:10Je résumerai ça très rapidement aux questions de sécurité.
14:13On arrive au bout de cette interview, allez-y.
14:14J'entends bien.
14:15Le fait est que la coopération est très importante,
14:17qu'elle se développe et qu'encore une fois,
14:19elles sont basées sur un rapport de confiance
14:21très fort entre nos deux pays.
14:24Merci beaucoup Samira Sida et l'ambassadeur du Maroc en France.
14:27C'était votre grande interview en direct sur CNews et sur Europe.
14:30Merci.