Avec Armand de Rendinger, consultant international spécialiste des Jeux olympiques, Auteur de “Le pari olympique de 2024, chance ou malédiction ? 24 défis à relever” (éditions Vigot)
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00:00Un des défis à relever, c'était le français. Pourquoi le français ?
00:04Parce qu'on se demande un peu si le français est toujours vraiment la langue officielle des Jeux Olympiques.
00:09Déjà, Armand de Rendrager, vous nous rassurez, c'est toujours la langue officielle.
00:14Ah bah oui, c'est la langue officielle et beaucoup de monde se bat pour qu'elle reste toujours.
00:18Malheureusement, c'est beaucoup plus des étrangers qui se battent pour qu'elle reste que nous propres français.
00:24On n'est pas, je dirais, les meilleurs en la matière.
00:27Alors pourquoi ? Est-ce que c'est les étrangers ou les membres de la francophonie, en gros ?
00:33C'est ça que vous voulez dire, c'est qu'ils parlent français, mais pas les français.
00:38C'est les membres de la francophonie, bien sûr.
00:41Et bien au-delà, ce ne sont pas les français parce que c'est les membres de la francophonie,
00:46de même que les étrangers considèrent qu'on massacre nous-mêmes notre propre langue.
00:50Il faut savoir que tous ces pays, et ce n'est pas uniquement des pays coloniaux de l'époque
00:55où le français était la langue la plus importante dans ces pays qui dépendaient de nous.
01:01Non, aujourd'hui, notre langue française est considérée comme massacrée par nous, et j'en fais partie sans doute.
01:0910% d'illettrés en France, 50%, le sondage que l'on fait,
01:14montre clairement que le français est mal parlé et mal écrit en France.
01:19Ceci est lié, je crois d'une part, à un problème au niveau de l'école.
01:23C'est un problème beaucoup plus vaste politique.
01:26Mais au niveau de l'olympisme, il est clair qu'il y existe des gens qui se battent à l'étranger
01:32pour que le français reste toujours ce qu'elle est, la langue officielle des Olympiques,
01:37l'anglais est la seconde langue.
01:39Lorsqu'il y a un conflit d'interprétation juridique sur des termes importants,
01:46c'est le français qui prédomine.
01:49Pourvu que ça dure, Armand Drandinger, on voit bien que c'est la langue officielle,
01:55mais certains d'entre nous sont allés sur les sites olympiques,
01:58on s'est baladés autour de ces sites-là, et quasiment tout est en anglais.
02:03Oui, tout est en anglais, parce que nous ne faisons pas l'effort
02:07pour défendre notre patrimoine culturel qui est la langue française.
02:11Ça a commencé, je l'irai très tôt, regardez la polémique qui s'est instaurée
02:16au moment de la préparation de cette organisation des Jeux Olympiques,
02:20lorsqu'on a inventé ce slogan parfait, qui est universel, du made for sharing.
02:26Les Jeux Olympiques, c'est l'amour des Jeux, c'est ça que veut montrer la France.
02:32Là, pas du tout, on a défini un slogan qui a fait polémique,
02:37mais qui malheureusement a fait plus polémique à l'étranger qu'en France,
02:41parce qu'en France, on a l'impression de s'en foutre un peu d'autres langues,
02:44alors que c'est véritablement le patrimoine culturel olympique,
02:47et il faut le reconnaître comme tel.
02:49Il y a un autre problème qui se pose, en clair,
02:51c'est qu'effectivement la langue française, pendant des années,
02:54était la langue majoritaire parlée au sein des membres du CIO.
02:57Or, le nombre de membres du CIO, je me souviens,
02:59quand j'ai commencé à plonger dans l'olympisme en 1980,
03:03plus de 60% des membres du CIO, sur la centaine qui existait,
03:07parlaient un français, et un français impeccable.
03:10Maintenant, on a fait un récent sondage,
03:13il ne sont plus que 17 à 18% à parler un français couramment au niveau du CIO.
03:1850% en moins, c'est terrifiant.
03:20Comment vous expliquez ce changement brutal ?
03:23Ce changement brutal vient du fait, d'une part,
03:25c'est lié à l'Olympisme, l'Olympisme est universel.
03:28Au début, il n'y avait que la langue française et la langue anglaise,
03:31reconnue comme telle par Pierre de Coubertin.
03:33Mais depuis, le CIO, vu son éclectisme et son universalisme,
03:37a considéré que des langues comme le russe, le chinois, l'arabe, l'indie, l'espagnol,
03:44devaient devenir, non pas des langues officielles,
03:46mais des langues parlées et reconnues comme telles.
03:48Ça, c'est la première raison.
03:50La deuxième raison, ou des raisons évidentes et économiques,
03:53quand on regarde tous les sponsors qui sont derrière les Jeux Olympiques,
03:56l'essentiel n'est représenté que par des sponsors
03:59qui ne sont pas d'origine française, d'une part,
04:03et qui plus est, d'origine européenne.
04:05Le seul sponsor européen véritable qui existe, c'est Atos.
04:08Il est français, mais on ne parle qu'anglais dans le cadre de ce sponsoring.
04:12Et ça, c'est un problème majeur.
04:14Donc, ce que vous êtes en train de nous dire,
04:16ce n'est pas nécessairement les décisions, les choix du CIO qui sont à remettre en cause,
04:20c'est vraiment très global.
04:22C'est qu'en fait, la francophonie et le français se font petit à petit grignoter
04:26et que les Jeux Olympiques sont une forme de symbole,
04:30de l'héritage du français qui était très important
04:35et aujourd'hui qui l'est finalement de moins en moins et de moins en moins présent.
04:39Oui, c'est tout à fait vrai.
04:41C'est l'évolution telle qu'elle.
04:43Mais il appartient à la France,
04:46puisque ça fait partie des valeurs olympiques en quelque sorte,
04:49la langue française, la culture française,
04:51sans avoir la prétention d'être des Français qui expriment tout,
04:54qui devinent tout, qui ont leur propre message et ainsi de suite.
04:57Non, il y a une contribution intellectuelle à apporter de la part des Français
05:02pour que le français se maintienne au niveau des Jeux Olympiques.
05:05Or, aujourd'hui, des pays, je prends certains pays africains
05:08ou même des pays asiatiques que j'ai eu l'occasion de rencontrer,
05:11sont fiers de parler français et tout ce qu'ils veulent.
05:13Et ils regrettent que la France est très timorée en la matière et ne défend pas.
05:18C'est une vision quand même un peu pessimiste,
05:21mais c'est factuel et c'est pessimiste d'ailleurs.
05:24Non, ce n'est pas forcément pessimiste.
05:26C'est la dure réalité que vous êtes en train de décrire.
05:29C'est la dure réalité.
05:31Mais c'est la dure réalité.
05:33Je vois qu'il y a des symboles qui restent très importants.
05:36Vous avez parlé juste avant que nous nous entretenions
05:39de la fameuse cloche qui se trouve au Stade de France,
05:41qui se retrouvera à Notre-Dame.
05:43Voilà un symbole qui marque fort,
05:45un attachement à quelque chose qui appartient à la France.
05:48Reconsidérons aujourd'hui que les Jeux Olympiques,
05:51s'ils existent, ils existent bien sûr par les athlètes,
05:54bien sûr par tout l'argent qui circule,
05:56mais circulent aussi par toute une série de contributions intellectuelles,
06:00culturelles et le français en fait partie.
06:02C'est indispensable.
06:04Les membres du CIO qui parlent français sont particulièrement fiers.
06:07Les 17-18% qui parlent un français impeccable,
06:09mieux que vous et moi réunis,
06:11nous en sommes fiers.
06:12Eh bien, battons-nous pour cela.
06:14Merci beaucoup.
06:15Le message est passé.
06:16Merci beaucoup de vous avoir écouté.
06:18Merci de m'avoir écouté.
06:20Et à votre disposition.
06:22Merci beaucoup.
06:23À très bientôt.
06:24Armand Drédinger, consultant international, spécialiste des Jeux Olympiques
06:26et auteur du Paris Olympique de 2024.
06:28Chance ou malédiction, 24 défis à relever.