Faut-il armer tous les policiers municipaux de France ?

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Transcript

00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Thierry Guerrier.

00:05Deuxième des grands sujets de l'actualité que nous traitons ce matin,

00:09c'est ce choix des polices municipales, des élus, des maires d'un certain nombre de villes balnéaires

00:16de la côte ouest, de Loire-Atlantique, qui ont décidé d'armer leur police municipale comme la police nationale.

00:22Faut-il armer tous les policiers municipaux en France ?

00:25On est à peu près à 6 policiers sur 10 en France, policiers municipaux,

00:30qui sont armés de pistolets tout à fait conséquents, qui désarment létal, comme celle de la police nationale.

00:37On était à 4 sur 10 il y a encore une dizaine d'années.

00:41Donc vous voyez, il y a une progression très nette.

00:43Bonjour M. le maire de La Baule, Franck Louvrier. Bonjour Franck Louvrier.

00:47Bonjour Thierry Guerrier.

00:48Alors, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions, parce que vous êtes un des maires qui a décidé depuis un an.

00:54Déjà, il y a eu un débat dans votre conseil municipal, certains n'étaient pas d'accord, d'armer vos policiers municipaux.

00:59Qu'est-ce qui se passe ? C'est une conséquence indirecte des Jeux olympiques en fait.

01:02Oui, c'est surtout le fait qu'on passe d'une ville de 18 000 habitants à 180 000 l'été.

01:0910 fois plus.

01:1110 fois plus. Et le fait est que les policiers municipaux sont souvent les primo-arrivants sur une opération.

01:17C'est pas que la police nationale n'est pas là, mais elle a généralement un territoire plus large,

01:21alors que les policiers municipaux sont des polices de proximité, donc ils arrivent les premiers.

01:25Sauf que la délinquance ne peut pas le trier entre des policiers municipaux et des policiers nationaux.

01:29Et donc, de ce fait-là, ils nous demandent, à juste titre, d'être protégés.

01:33Et qu'on doit protéger ceux qui nous protègent.

01:35C'est la raison pour laquelle on a décidé de les armer en létal.

01:39On avait la chance d'avoir un stand de tir sur notre territoire, sur la commune,

01:44qui vient d'être homologué hier par le centre national de formation.

01:48Et donc, de ce fait-là, on peut permettre à l'ensemble de nos anciens policiers municipaux,

01:54ou anciens gendarmes, en fin de compte, de retrouver des armes létales,

01:57pour pouvoir faire leur travail le mieux possible.

01:59Parce que jusque-là, c'était des matraques et des tasers, simplement,

02:02qu'ils avaient comme outil de réplique un peu plus virulente quand ils se faisaient attaquer et agresser.

02:07Et ça suffit pas, vous dites. Mais pourquoi ça suffit pas ?

02:10Pourquoi ça suffit pas ? Parce que la violence, elle est réelle.

02:13La violence ne fait que s'amplifier.

02:16Moi, j'ai une ville à 75 kilomètres de La Baule, qui est Nantes,

02:19où, vous savez, l'insécurité est très forte.

02:22J'ai une autre ville, qui est une sous-préfecture, qui est Saint-Nazaire,

02:24où les tensions sont importantes.

02:26Et comme vous le savez, l'insécurité, elle est perméable.

02:31Elle n'est pas trop fière.

02:32Oui, ça dégorge chez vous, c'est-à-dire qu'ils se déplacent.

02:35Et d'une façon ou d'une autre, on a besoin de protéger ceux qui ont en charge, justement,

02:40à la fois de surveiller notre ville et de protéger les habitants.

02:44C'est la raison pour laquelle on a un tissu aussi de caméras très important.

02:47On a plus de 300 sur la ville, pour permettre justement de mieux travailler

02:51et surtout d'essayer de travailler en sérénité.

02:54Parce qu'en fin de compte, un policier est en danger.

02:57Et en quoi, honnêtement, une arme létale, un pistolet automatique puissant,

03:02donne-t-il davantage de sérénité aux policiers ?

03:05Ce n'est pas, au contraire, un élément d'aggravation des conflits ?

03:10Non, ça sécurise.

03:12Vous savez, moi j'ai travaillé au ministère de l'Intérieur plusieurs fois

03:15et on le savait très bien, il y a deux éléments qui sont importants.

03:18D'abord, les effectifs, il faut avoir du monde,

03:20parce que quand vous êtes seul face au danger, bien sûr, vous vous sentez en insécurité.

03:24Et puis aussi le fait que vous avez les outils pour pouvoir éventuellement riposter si vous êtes attaqué.

03:30Et ça a à la fois, bien sûr, un effet dissuasif,

03:33mais c'est aussi un effet sécurisant pour la personne qui l'apprête.

03:36Bon, mais Franck Louvrier, doté d'un policier municipal,

03:40même quand il a de l'expérience, parce qu'il a été gendarme ou policier national ailleurs,

03:45le doter d'une arme aussi puissante, ça impose quand même un contrôle, une maîtrise de soi,

03:50donc une formation adéquate et psychologique,

03:53et puis aussi au combat, notamment,

03:56et puis aussi une capacité technique, tout simplement, d'utiliser ces armes, d'apprendre à tirer.

04:00Vous avez le temps, les moyens de les former ?

04:03Oui, alors on a la chance d'être une ville saisonnière,

04:05donc parfois, l'hiver, on a un peu plus de temps que l'été,

04:07donc de ce fait-là, on a le temps de faire des formations.

04:09Ce n'est pas une formation, c'est des formations,

04:11c'est des autorisations préfectorales, c'est un contrôle psychologique,

04:14enfin, c'est tout un parcours.

04:16Mais vous avez eu le temps de faire ça depuis la décision d'armer vos policiers ?

04:20Oui, si vous voulez, on l'a décidé il y a plus d'un an maintenant,

04:22et aujourd'hui, sur les 30 policiers municipaux, il y en a déjà 8 qui portent l'arme,

04:27et l'objectif, c'est que l'année prochaine, ils soient en grande partie tous armés,

04:31en tout cas ceux qui le souhaitent.

04:33Et donc, pour nous, c'est vraiment...

04:35On n'avait pas de religion à la matière, si vous voulez,

04:37comme vous l'avez dit à juste titre, il y a eu des discussions au conseil municipal,

04:40on a même fait un sondage auprès de la population, pour savoir ce qu'ils en pensaient.

04:43Et ils donnent quoi le sondage ?

04:44Le sondage, il était très simple, c'était 52% des gens favorables,

04:4748% qui ne l'étaient pas, vous voyez, donc c'était vraiment partagé.

04:50Oui, c'est moitié-moitié.

04:51Et donc, de ce fait-là, on a vraiment échangé,

04:54on a essayé de comprendre quelles étaient leurs demandes,

04:57et on s'est aperçu que, quand vous regardez les autres communes du même style que la nôtre,

05:02on est aussi vers ce type d'équipement, donc on est allé vers ce type d'équipement.

05:05Bon, mais là, en ce moment, est-ce que les Jeux Olympiques

05:08vous ont amené à accélérer au fond ce processus d'entrée en scène

05:13de la police municipale avec ce nouvel armement ?

05:16Je vous pose la question, parce qu'en réalité,

05:18il y a moins de policiers nationaux chez vous cet été,

05:21vous n'avez plus ni les CRS ni les gendarmes en renfort que vous aviez jusque-là,

05:25les mêmes effectifs, parce qu'ils sont à Paris,

05:27et dans la région parisienne, dans toute l'île de France, pour les Jeux Olympiques.

05:30Alors, quand on a réfléchi sur la dotation en armement létal pour les policiers,

05:34c'était déjà il y a deux ans, et on connaissait bien évidemment les perspectives des Jeux Olympiques.

05:39On savait aussi que l'État n'allait pas mettre de force mobile sur la ville cette année,

05:44de façon exceptionnelle, c'est-à-dire qu'on n'a pas une compagnie de CRS,

05:47c'est à peu près 70 personnes qui viennent s'installer pendant tout l'été.

05:50Alors le fait est que les échanges avec l'État et avec le préfet notamment

05:54ont permis d'avoir quand même une présence policière qui est plus mobile,

05:59mais qui permet aussi de compléter les forces qui sont déjà en présence

06:02avec le commissariat de police et l'hôtel de police municipale.

06:05Mais comme vous le savez, la difficulté aujourd'hui,

06:08c'est surtout de pouvoir avoir des hommes et des femmes qui se sentent en sécurité

06:13pour permettre justement qu'ils agissent de façon la plus sereine possible sur le terrain.

06:19C'est ça la difficulté, parce que vous le savez bien, les tensions peuvent être brutales, réelles.

06:25Ça va des gens du voyage, en passant par les cambriolages,

06:28en allant parfois aussi sur des tensions à la sortie des bars,

06:33la nuit, vous le savez, c'est pas simple, les trafics de drogue qui existent un peu partout.

06:37Donc tout ça fait qu'ils ont besoin de toute la panelle,

06:40tout le panel des outils indispensables.

06:42Donc ça va, bien sûr, l'armement létal, aux moyens de mobilité,

06:46que ce soit, ici on a aussi bien les vélos, des voitures que des chevaux,

06:49que ce soit aussi, bien sûr, les caméras.

06:52Et il n'y a pas des sous-policiers municipaux, ceux qui n'ont pas d'armes létales,

06:55ceux qui n'ont pas de pistolets, et puis ceux qui sont dotés un peu plus,

06:59il n'y a pas les chefs...

07:01Alors on leur donne tous la possibilité de l'avoir,

07:03ceux qui ne le souhaitent pas, bien évidemment, ne le font pas,

07:06et puis il faut passer les examens.

07:08Et ça, c'est pas simple.

07:09Oui, vous avez raison.

07:10Alors, dernière question, pardonnez-moi, je fais mon métier,

07:13un peu de provoque, une question politique.

07:16Vous êtes un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy,

07:19vous avez été son responsable de communication,

07:21vous l'avez suivi au ministère de l'Intérieur,

07:23vous connaissez ces sujets.

07:24Mais du coup, maire de La Baule,

07:26eh bien, Franck Louvrier, en ce moment,

07:28alors qu'on parle de peut-être, à la rentrée,

07:30un gouvernement de centre droit,

07:32entre les droites républicaines à laquelle vous appartenez,

07:35et puis peut-être le Bloc central,

07:37on parle de vous pour des responsabilités nationales.

07:39Vous accepteriez d'entrer dans un gouvernement

07:41pour une coalition souhaitée par le Président de la République ?

07:44Vous savez, j'ai la chance que les Baulois m'ont désigné,

07:47et m'ont élu maire de La Baule,

07:49et je suis très content d'être ministre de La Baule.

07:51Ministre de La Baule, c'est pas mal ça !

07:53Après, vous allez me dire que c'est une pirouette,

07:55les choses sont que ça ne se décide pas,

07:58ce n'est pas quelque chose que vous demandez,

08:01vous n'êtes pas candidat,

08:02à un moment donné, si vous devez répondre

08:04aux nécessités républicaines, vous le faites,

08:07mais honnêtement, je suis pleinement et ravi de m'occuper de La Baule.

08:11Donc ce n'est pas un coup de com'

08:13l'armement de vos policiers municipaux

08:15pour devenir ministre de l'Intérieur ?

08:17Ah non, non, ce n'est pas lié à ça,

08:19parce que je peux vous assurer qu'il y a bien longtemps

08:21qu'on y réfléchit, et réfléchir surtout,

08:23c'est que c'est une nécessité du quotidien.

08:25Merci Franck Louvrier, maire de La Baule,

08:27d'avoir été l'invité de Sud Radio ce matin.

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