• il y a 2 mois
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Tous les jours, Julien Pichené fouille dans les archives pour nous partager les souvenirs d’un été.
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Transcription
00:00Excellente matinée, vous écoutez le Club de l'Été, on retrouve tout de suite Julien Pichenay qui nous raconte un été et ce matin nous revivons l'été
00:071974, c'était il y a à tout pile 50 ans, l'actualité politique Julien était chargée cet été-là.
00:13L'été 1974, c'est le premier été de Valéry Giscard d'Estaing à l'Élysée, on est deux mois après la mort de Pompidou, il vient tout juste d'être élu
00:20et parmi ses premières mesures fortes, l'abaissement de l'âge de la majorité civique de 21 à 18 ans.
00:26Alors à votre avis, Ombly, n'est-ce que les jeunes de 1974 étaient heureux de pouvoir par exemple voter plus tôt ?
00:32Pas sûr.
00:33Bah non, pas tous, écoutez.
00:34Je pense que c'est une stupidité parce qu'à 18 ans, les élèves n'ont pas assez d'opinion.
00:40Mais enfin, ils ont quand même pour beaucoup un manque de maturité qui peut conduire à des incertitudes,
00:46comme se laisser un peu mener par d'autres.
00:49Vraiment, 18 ans, c'est la limite et à mon avis, 19 ans, peut-être serait mieux.
00:53Bon, ce sera 18 ans et ça bougera pas.
00:55Ils sont durs avec eux-mêmes en fait.
00:57Alors désormais, on peut voter dès l'âge de 18 ans, on peut aussi entrer à l'armée dès l'âge de 18 ans,
01:02ce qui inquiète les hauts gradés de l'armée française.
01:05Pour rassurer tout le monde, le ministre de l'Intérieur Jacques Soufflet
01:07ne s'interdit pas de surveiller les lectures des jeunes militaires dans les casernes.
01:11Le journal l'Humanité, bon, à la rigueur, ça passe.
01:14Charlie Hebdo, ça passe pas du tout.
01:16Écoutez cet adjudant interrogé durant l'été 1974 par Europe 1.
01:19Attention, ça dépote.
01:21Leur saloperie de lecture gauchisante, pseudo-intellectuelle,
01:26moi, voir rentrer sur les casernes, je vous dis franchement, ça me hérisse, c'est tout.
01:32Les gars qui liront Charlie ou je ne sais quoi, ces conneries,
01:35je leur en ferai tellement chier que le soir, ils n'auront pas le temps de lire, croyez-moi,
01:38ils pensent qu'une chose, c'est dormir.
01:40Ah moi, ce sont des merdeux à 18 ans.
01:42Et ces merdeux, ça stresse, hein, c'est tout.
01:44Le langage est fleuri.
01:45On n'ose plus rien dire après ça.
01:47Oui, mon adjudant.
01:49À part oui, mon adjudant, effectivement.
01:51Autre mesure forte prise par Giscard au début de l'année 1974,
01:54la création d'un secrétariat d'État à la condition féminine
01:57qu'il va confier à la grande journaliste de L'Express, Françoise Giroud.
02:00Le mois de juillet du nouveau président est globalement très studieux.
02:03On le voit notamment accueillir les journalistes à l'Élysée
02:05pour sa toute première conférence de presse en tant que chef de l'État.
02:08Bonjour mesdames, bonjour mesdemoiselles, bonjour messieurs,
02:11je vous souhaite la bienvenue à l'Élysée pour cette première réunion de presse.
02:17Bon, le mois d'août est plus cool, pour ses premières vacances en tant que président,
02:20il va aussi partir en famille à Saint-Jean-Cap-Ferrat sur la côte d'Azur.
02:23Le programme est bien moins contraignant qu'à Paris.
02:26Au petit matin, le président a plongé dans une Méditerranée légèrement tourmentée,
02:31puis il s'est reposé dans une crique avant de retrouver la plus simple des villas de la propriété.
02:36Vers midi, Valéry Giscard d'Estaing est monté à bord d'une vedette blanche
02:40qui a pris aussitôt le large, direction Monaco,
02:43ou plutôt Menton, semble-t-il, où sa famille possède une propriété.
02:48Où sa famille possède une propriété, tout simplement.
02:50Giscard qui fait bronzette sur la côte d'Azur, à Monaco et pas loin.
02:53Pendant ce temps-là, son homologue américain, Julien, démissionne.
02:56Ce n'est pas le même été pour Richard Nixon qui ne fait pas bronzette.
02:59Il décide, lui, de démissionner.
03:01Nous sommes en plein scandale du Watergate.
03:03Je n'ai jamais été un quitter.
03:07Le quitter avant que mon terme soit terminé est abhorrent à chaque instant.
03:11Je ne suis pas un lâche.
03:13Mais si je quitte la Maison Blanche aujourd'hui avant le terme de mon mandat,
03:16c'est parce qu'en tant que président, je fais passer les intérêts de l'Amérique
03:19avant mes intérêts personnels.
03:21Nixon sort la tête basse, mais tous les Américains ont la tête haute
03:25durant l'été 1974. Pourquoi ?
03:27Pour regarder le funambule français Philippe Petit.
03:29Il a 24 ans, alors lui, il est un petit peu fou.
03:31Et son nouveau défi, illégal, on le sait bien,
03:34c'est de marcher sur un fil entre les deux tours du World Trade Center à 417 mètres de haut.
03:40À 7 heures, c'est le moment où les gens sortent du métro.
03:43Et alors, j'ai commencé à marcher sur mon fil.
03:45Il y avait le vent qui commençait à se lever, car là où il y a un vent fou quand même,
03:48c'est inhumain comme truc.
03:50Je veux dire, un demi kilomètre de haut, c'est pas humain du tout.
03:54Et c'est vraiment l'endroit du monde où il faut voir New York.
03:56Du sommet de ce plus haut building, c'est fantastique,
03:58parce qu'on voit tout New York avec les petites rues qui sont éclairées.
04:01Et puis alors, les flux vont arriver au bout de deux minutes, évidemment.
04:04Il y avait trois hélicoptères jusqu'à New York qui sont rapides.
04:07Ils sont rapides. Il va descendre de son fil.
04:10Philippe Petit, on va lui passer les menottes sous les applaudissements de la foule.
04:13Il sera jugé en comparution immédiate,
04:15mais il n'écopera d'aucune amende.
04:17Le juge new-yorkais lui a même proposé un deal.
04:19On passe l'éponge si vous acceptez de faire un spectacle dans un parc de la ville
04:22dans ses prochains jours pour les enfants en situation de handicap
04:25que la ville soutient, et il a accepté.
04:27C'est un bon deal.
04:28Sinon, l'été 1974 voit l'Allemagne de l'Ouest remporter la Coupe du monde de football
04:31en battant les Pays-Bas à Amsterdam.
04:33L'ambiance est morose.
04:34Normalement, on allait fêter ça.
04:36Si l'équipe hollandaise avait gagné à ce moment-là,
04:38comment aurait été la ville d'Amsterdam ?
04:40Dans la ville même, ici, c'est la grande place devant le Palais Royal.
04:43Il y avait une grande fête avec des opéleurs, de la musique, des fanfares et tout ça.
04:47Tout ça était prévu, mais maintenant,
04:49ils ont emballé tout, ils sont partis.
04:52Finalement, on n'a pas eu de chance.
04:54On remballe tout à Amsterdam.
04:55C'est triste.
04:56Les néerlandais ne passent pas un bel été 1974.
04:58On a quand même envie de chalouper,
05:00voire de gigoter les épaules, mon cher Julien.
05:02Quels sont les tubes de l'été 1974 ?
05:04Je ne sais pas si on va chalouper les épaules sur ce tube.
05:06Au sommet d'Eid Parade, durant l'été 1974,
05:08il y a un petit nouveau.
05:09Jean Gagnon.
05:1070 ans.
05:13L'acteur, il remet un pied dans la chanson,
05:15ou plutôt dans le slam, pourrait-on dire,
05:17avec un morceau écrit par Jean-Loup Dabadie,
05:19« Je sais ».
05:21Ce que j'ai appris, ça tient en 3-4 mots.
05:25Le jour où quelqu'un vous aime,
05:29il fait très beau.
05:31Je ne peux pas mieux dire,
05:33il fait très beau.
05:35C'est plutôt un slow, effectivement.
05:37La chanson est enregistrée en quelques minutes,
05:39le 7 juillet 1974, au Studio 10 à Paris.
05:41Un tel succès en France que Gabin enregistrera
05:43une version américaine l'année suivante,
05:45« But now I know ».
05:57« But now I know ».
05:59La voix de Jean Gabin en anglais.
06:01Merci beaucoup, Julien Pichenay.
06:03Chaque matin, on a le plaisir de remonter le temps.
06:05Et demain, on sera au cœur de l'été 1985.
06:07On se retrouve dans un instant.