• il y a 4 mois
À travers ce témoignage poignant, Estée partage avec nous son combat acharné contre la maladie de Lyme. Diagnostiquée après des années de souffrance, elle raconte comment cette maladie l'a conduite au bord du gouffre, accumulant plus de soixante-dix symptômes simultanés. Alors qu'elle était à son point le plus bas, elle a découvert qu'elle était enceinte, un choc qui s'est transformé en une source de force inespérée. Malgré les douleurs et les traitements lourds, elle choisit de garder son bébé et de se battre pour eux deux. Découvrez cette histoire émouvante de lutte et d'espoir.

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Amusant
Transcription
00:00J'ai été diagnostiquée de la maladie de Lyme de stade 3 à 27 ans.
00:05J'ai cumulé plus de 70 symptômes en simultané
00:08et je suis tombée enceinte au moment où j'étais le plus malade.
00:11Avec mon conjoint Arthur, on va dans le nord de la France chez mes beaux-parents
00:15et je me sens de plus en plus mal.
00:17C'est vraiment hyper compliqué, la route c'est hyper dur.
00:19Je me mets à avoir une douleur au dos mais abominable.
00:22Je ne suis pas bien, j'ai des douleurs, j'ai des radiations partout, surtout dans les jambes.
00:26Et donc je vais aux urgences, il ne me trouve pas.
00:28Peut-être la maladie des jambes sans repos.
00:30Le lendemain, on avait prévu d'aller faire une saison en Alsace.
00:34Et là, la route horrible, la descente aux enfers.
00:36J'ai des vertiges, j'ai l'impression d'avoir des bêtes qui grouillent dans tout le corps.
00:41J'ai l'impression que des toiles d'araignées me touchent.
00:44Je commence même à un moment donné à perdre la tête.
00:47Vraiment, là je deviens confuse, je n'arrive plus à trouver mes mots du tout.
00:50Je suis dans un brouillard cérébral, je n'arrive plus à manger, je ne tiens quasiment plus de boue.
00:54Je comprends tout de suite qu'il y a quelque chose.
00:56Je vais d'abord à Strasbourg dans une unité de maladies vectorielles, ça s'appelle.
00:59Ils me font des tests à profusion, une ponction lombaire.
01:02Et donc en désespoir de cause, je contacte par téléphone mon médecin traitant de La Rochelle.
01:07Et là, il me dit je pense que tu as la maladie de Lyme.
01:09Donc là, il me fait faire ce fameux test.
01:11Je suis positive à plein de souches de Borrelia.
01:14La Borrelia, c'est le nom de la bactérie qui est transmise par les tics.
01:17Mon médecin, après avoir étudié mon cas, m'a dit que j'avais la maladie de Lyme depuis l'enfance en dormance dans le corps.
01:23Mon corps en fait vivait avec, ça se passait bien jusqu'à maintenant.
01:27Donc elles ont continué à proliférer, à aller bien partout, partout, partout, partout.
01:31Il n'y a aucun endroit où je n'ai pas eu des symptômes.
01:33Et quand on arrive au stade 3, donc aussi appelé stade chronique, c'est beaucoup plus compliqué.
01:38Et c'est aussi pour ça que la maladie est très controversée,
01:40parce que certains médecins sont plus ou moins sceptiques face à ce stade 3 qui peut prendre des années à guérir.
01:46Je savais que j'étais partie pour un long parcours.
01:49Mais c'est vrai que ma première réaction, ça a été de dire à Arthur, donc mon conjoint,
01:52ça fait que un an qu'on est en couple, si tu veux partir, je sais que j'en ai pour des mois.
01:56Si tu veux partir, je ne t'en voudrais pas, je comprendrais.
01:59Et lui, bien sûr, il n'a pas voulu.
02:02Je ne le remercierai jamais assez pour ça, mais il est resté.
02:06Du coup, comme j'ai eu mon médecin de La Rochelle au téléphone et qu'il connaît la maladie de Lyme
02:11et qu'il m'a fait diagnostiquer, il me prescrit directement des antibiotiques.
02:15C'est même pire en fait que la maladie en elle-même.
02:17Ce qu'il faut savoir, c'est que la maladie de Lyme, ce sont des bactéries dans le corps,
02:21et avec les antibiotiques, quand elle meurt, elle déverse des toxines qui sont de bons signes,
02:27mais qui exacerbent les symptômes énormément.
02:29Donc ça, c'est très compliqué.
02:31Il faut que le corps, après, évacue ces toxines.
02:33Et ça peut prendre longtemps.
02:35Et ça exacerbe très fortement les symptômes.
02:38Ça, ça s'appelle des réactions d'Alzheimer.
02:40Et la plupart des malades de Lyme en ont, pas tous, mais la plupart.
02:43Et c'est avec le temps que là, je me dis,
02:45non mais en fait, c'est vraiment grave ce que t'as, ça va pas partir comme ça.
02:48Au début, il n'y a pas de crise.
02:50C'est en continu que je suis mal.
02:5224h sur 24, 7 jours sur 7, j'ai plus de 70 symptômes.
02:56Je suis photosensible, donc à la lumière, au son, aux gens, même les gens m'oppressent.
03:01Vraiment, je peux même pas regarder la télé, tellement je suis oppressée par la télé.
03:05Je suis dans le lit, H24, et je fais vraiment plus rien à part subir, subir, subir.
03:10Et c'est tellement inhumain, que ce soit psychologiquement, que ce soit physiquement, etc.,
03:14que je pense vraiment à mes derniers jours, alors que je n'ai jamais pensé à ça de toute ma vie, mais vraiment.
03:19Et en fait, comme j'ai plus de 70 symptômes, je me dis,
03:22mais c'est bizarre, j'ai pas eu mes règles ce mois-ci.
03:24Donc je fais ce fameux test de grossesse, et en fait, je vois les deux barres rouges, je suis enceinte.
03:29Je suis dans le choc, le déni, l'incompréhension, je m'effondre, je pleure.
03:32Et en fait, cet enfant, il était voulu, c'est pour ça que j'avais arrêté ma contraception.
03:36Sauf qu'avec la maladie, tout ce qui se passait et tout, je n'y pensais plus du tout, en fait.
03:40Au début, pour moi, c'est un obstacle de plus à surmonter déjà.
03:43Je n'arrive pas à le voir comme quelque chose de positif au début, pas du tout.
03:46Et je ne me sens pas du tout de mener à bien une grossesse,
03:49donc je prends même rendez-vous avec un centre, au centre d'IVG.
03:52Ils me disent que c'est trop tard, si je veux me faire avorter, il faut que ce soit fait par un curetage.
03:57Et là, je me dis, c'est un signe, c'est un signe de Dieu, si on est croyant.
04:01Et là, je me dis, bon ben tant pis, je change d'avis, ce bébé, ce sera ma force.
04:05Et du coup, je le garde. Je vais acheter une tétine à la pharmacie
04:08et je la ramène à mon conjoint pour lui faire comprendre que du coup, je veux bien essayer de le garder malgré tout.
04:13Quand le combat commence, vraiment, s'en suit des dizaines, voire des vingtaines de traitements et de cures antibiotiques.
04:20En plus de ça, il faut essayer d'adapter les traitements pour que ce soit des antibiotiques qui soient adaptés à la grossesse.
04:25Vraiment, je souffre le martyr et je me souviens que je parlais beaucoup à mon bébé dans mon ventre.
04:30Et au tout début, je lui disais, tu sais, si c'est trop difficile pour toi, tu peux partir.
04:38Et ça me fait toujours un peu quelque chose de parler de ça, je suis désolée.
04:42Mais que ce sera dur pour lui d'avoir une mère malade, etc.
04:46Qu'il faudra s'accrocher, qu'il faudra qu'il soit un bébé facile, sinon moi, je ne vais pas y arriver.
04:53Que s'il décide de rester et de s'accrocher, je me donnerai à 300% et je ferai du mieux que je peux.
05:04Mais que s'il veut partir et que ce n'est pas le moment pour lui de s'incarner en moi, ce sera pour plus tard.
05:09Je lui parle vraiment à mon bébé, je lui dis, il faut vraiment que tu sois un bébé facile.
05:15Et malgré tous les traitements, le bébé s'accroche et je n'ai aucun symptôme de grossesse, on va dire.
05:23Je n'ai pas de vomissement, etc.
05:26Donc je me dis, il m'aurait-il entendu, peut-être, je ne sais pas.
05:30C'est vrai que c'est compliqué et c'est très culpabilisant parce que je n'ai pas le choix que de prendre ces traitements.
05:36Le corps médical qui ne connaît pas la maladie de Lyme, notamment une obstétricienne, m'a dit un jour,
05:41si votre bébé n'est pas avec un handicap physique voire mental, vous avez de la chance.
05:46Le corps sort d'un rendez-vous et quand on vous dit ça, c'est une culpabilité tellement énorme.
05:52Je me dis, on ne sait plus ce qui est bien, ce qui n'est pas bien.
05:55Est-ce que j'ai bien fait de le garder ou pas ? Est-ce que c'est moi qui suis égoïste ?
05:59Mais je n'ai pas le choix que de les prendre.
06:01Donc la grossesse, vraiment, elle est très très dure.
06:04Je n'ai vraiment pas de répit.
06:06Mais ce qui me fait vraiment tenir, c'est ce bébé qui est en moi.
06:09La raison numéro une, c'est qu'à chaque fois que je sens que je vais lâcher et que je repense à ses idées noires,
06:14je me dis, si tu te tues, tu tues un autre être en même temps.
06:17Donc tu ne peux pas.
06:19Je m'accroche grâce à ça, grâce à Arthur qui est mon plus grand soutien.
06:24C'est énorme tout ce qu'il a fait pour moi.
06:27Arthur, il est là tout le temps, tout le temps, tout le temps.
06:30Il suivit ça H24 et il me soutient.
06:32C'est un soutien sans faille.
06:33J'ai eu une chance infinie d'avoir un petit ami comme ça.
06:37Ma mère ne me lâche pas.
06:38Il m'emmène à des tas de rendez-vous.
06:40J'ai un entourage au top.
06:42Tous les mois, je fais des listes de mes symptômes.
06:45J'essaie de voir, mois par mois, lesquels partent.
06:47Comme j'en ai plus de 70, c'est dur de se dire lesquels sont partis, lesquels ne sont pas partis.
06:52Donc je refais le bilan à chaque fois.
06:54Au bout de quelques mois, je n'ai plus de douleurs articulaires et musculaires déjà.
06:58Ça me redonne un peu d'espoir.
07:00Le huitième mois, on va dire que j'ai encore une bonne moitié de symptômes.
07:04Au neuvième mois, forcément, il y a une part de moi qui est angoissée.
07:08De l'accouchement, de comment il va être lui.
07:10Est-ce qu'il va avoir les symptômes ?
07:11Isaac, notre fils, naît le 9 mars 2022.
07:15Son troisième prénom, c'est Sauveur.
07:17C'est moi qui l'ai choisi parce que c'est grâce à lui que je suis encore là, je pense.
07:21On passe trois jours à la maternité.
07:23Comme c'est un petit bébé, ils veulent le garder plus et tout.
07:25Arrivé avec la chute des hormones au troisième jour.
07:29La dégringolade.
07:30Je rechute.
07:31Je me fais hospitaliser dans une unité mère-enfant à Bordeaux pendant deux semaines.
07:36Donc c'est très dur.
07:37Parce qu'en plus, j'ai le bébé avec moi, mais mon conjoint n'est pas avec moi.
07:40En fait, mon médecin m'a toujours déconseillé de faire la prise de sang à Isaac.
07:45Il m'a dit, si un jour il a des symptômes, là, tu reviens me voir.
07:49Il fera quelque chose, mais ça n'a rien de se faire peur.
07:51Ça va se trouver là, mais il ne développera pas.
07:53Je n'ai pas pu l'allaiter à cause de la maladie.
07:55Il y a passé de recul sur l'allaitement.
07:56Je n'avais pas envie, on ne sait jamais.
07:58Déjà, je ne sais pas si je lui ai refait la maladie,
08:00mais je ne voulais pas prendre ce risque-là en plus, donc je ne l'ai pas allaité.
08:02Aujourd'hui, mon fils a un an.
08:05J'ai toujours des symptômes.
08:06J'ai des moments de répit maintenant.
08:08Il va y avoir un mois où ça va aller quasiment bien,
08:11et d'autres fois où je rechute.
08:13Donc voilà, je suis encore dans une phase de traitement.
08:16Je pense que tous les parents savourent les moments avec leurs enfants,
08:19mais moi, j'ai tellement eu de moments où on m'a privé de ça
08:23que du coup, vraiment, je les savoure énormément, énormément.
08:27Les moments où je suis bien et où le petit est là, c'est que du bonheur.
08:31Ça m'a vraiment fait prendre du recul sur pas mal de choses de la vie quand même.
08:34Avant, je me prenais à la tête un peu pour rien, etc.
08:37Maintenant, les choses, elles me coulent beaucoup plus dessus.
08:40Avant que quelque chose me prenne vraiment la tête,
08:42à part la maladie, il n'y a pas grand-chose, quoi.
08:44Mon but, ce serait d'être asymptomatique,
08:46de réussir à endormir la maladie parce qu'on ne la guérit vraiment jamais.
08:49Elle reste toujours en latence dans le corps
08:51pour pouvoir essayer d'avoir un deuxième enfant.
08:54Mais on va dire que ça m'a rendue plus mature.
08:58Je prends beaucoup plus de recul sur les choses.
09:01J'ai fait le tri dans ma vie, dans ce qui était important,
09:04ce qui n'était pas, les gens qui étaient bons
09:07et ceux qui sont néfastes, qui étaient néfastes en tout cas.
09:10Et aussi, moi, ça m'a apporté que du coup,
09:15j'ai envie d'aider les personnes qui ont la maladie de Lyme.
09:20Et donc, c'est pour ça que j'ai monté la page Instagram
09:23Positif ton Lyme où je partage des petits conseils,
09:27où je pose des témoignages de personnes
09:31qui ont eu la maladie de Lyme et qui vont mieux
09:35et où j'ai raconté mon parcours.
09:38Moi, ça m'a aidé aussi à me dire qu'à l'avenir,
09:41j'aimerais bien faire ça et aider les personnes
09:44qui ont cette maladie parce que vraiment,
09:47quand on est seul, on ne peut pas s'en sortir seul.
09:50Ce n'est pas possible. Moi, je n'y crois pas.

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