Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a orchestré vendredi 30 aout une manifestation nationale dédiée à la crise au Cachemire indien avec l'intention affichée de faire monter la pression sur son homologue Narendra Modi avant l'Assemblée Générale de l'ONU fin septembre.
Documentaire d'investigation
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00:00Le poste frontière de Ouaga est surnommé le mur de berlin de l'asie.
00:11C'est le seul point de passage entre deux pays qui se haïssent l'inde et le pakistan.
00:22Ici tous les soirs les militaires des deux camps se livrent à un simulacre de guerre.
00:30Une parade martiale en grand uniforme.
00:39Les gestes sont menaçants, agressifs mais dans une ambiance euphorique.
00:48Comme si c'était une rencontre sportive entre les deux frères ennemis.
00:54Mais ce jour là les 2000 spectateurs sont loin de se douter de ce qui va se passer au même endroit.
01:00Quelques heures plus tard.
01:04Il est minuit la scène est digne d'un roman d'espionnage.
01:08L'homme au milieu avec une moustache imposante et un oeil au beurre noir
01:11est un pilote de l'IAF, l'armée de l'air indienne.
01:17Deux jours plus tôt son avion de chasse un mig 21 a été abattu par l'aviation pakistanaise.
01:23Ils ont filmé toute la scène, le combat aérien, le pilote indien qui a le temps de s'éjecter avant
01:29que son avion ne s'écrase, jusqu'à sa capture.
01:33Manque de chance pour lui, il est tombé du mauvais côté de la frontière.
01:38Humiliation suprême, le pilote indien est rendu à son pays.
01:43Et les images sont diffusées en direct à la télévision pakistanaise.
01:48Entre ces deux nations qui possèdent la bombe atomique,
01:51les tensions n'ont jamais cessé depuis 1947, depuis plus de 70 ans.
01:59Coincé entre l'Inde à l'est, l'Iran à l'ouest et l'Afghanistan et la Chine au nord,
02:07le Pakistan occupe une position stratégique.
02:10Il a longtemps servi de ligne de front aux américains.
02:13Contre le bloc soviétique d'abord.
02:17Le pays des purs, comme on l'appelle, ne cesse de s'entre-déchirer avec son frère ennemi indien
02:22sur la question du Cachemire.
02:24Chacun revendiquant la souveraineté sur cette région.
02:32Mais leur combat s'est également déplacé plus au nord, dans la zone la plus hostile qui soit,
02:37les militants de l'Inde.
02:39Pour en posséder son bien le plus précieux.
02:42Juste derrière la ligne de crête, c'est l'Inde.
02:47Le glacier du Siachen, la plus grande réserve d'eau douce qui soit.
02:5270% de la population indienne et pakistanaise en dépendent.
02:57Alors à 6000 mètres d'altitude a lieu une drôle de guerre.
03:00Le froid glacial tue en plus que les alpes.
03:03Vous êtes ici dans notre base secrète.
03:07Le Pakistan est un pays plein de contradictions.
03:10La première république islamique de l'histoire aspire au changement, à la modernité.
03:15Mais il reste un bastion de l'islamisme radical.
03:18Une partie de la population reste fidèle, un islam rétrograde,
03:22un islam de l'histoire, un islam de l'éthique, un islam de l'éthique.
03:27Mais la plupart des militants de l'Inde ne sont pas d'accord.
03:30Une partie de la population reste fidèle, un islam rétrograde,
03:33prônant une charia très stricte et soutenant le terrorisme.
03:38Un jour, je ne dis pas dans un an ou deux,
03:41mais un jour viendra, si Dieu le veut, ou Pakistan règnera sur les Etats-Unis.
03:46Et sur la France aussi, bien sûr.
03:51Éviter que les enfants tombent entre les mains de dangereux extrémistes,
03:55c'est justement le combat d'une Française.
03:58Valérie Rann monte des écoles dans des endroits improbables.
04:04Bonjour tout le monde, que la paix soit avec vous.
04:07La moitié des enfants est déscolarisée ici.
04:10La Française est persuadée que seule l'éducation pourra sauver les jeunes générations.
04:14J'espère que ces enfants puissent avoir un avenir, une profession et ne pas être exploités.
04:22Dans ce pays de plus de 200 millions d'habitants à 95 % musulmans,
04:26où la misère est omniprésente,
04:30une minorité essaye de survivre, tant bien que mal.
04:34Les chrétiens du Pakistan, ils sont plus de 2 millions
04:37et pour eux, la situation ne s'est pas vraiment améliorée.
04:41La foule a mis le feu à notre maison.
04:43Ils ont brûlé tout ce que nous possédions.
04:47Guerre de l'eau sur le toit du monde.
04:50Pays tiraillé entre l'envie de changement et la tentation extrémiste.
04:55Voyage dans le Pakistan interdit.
05:04Depuis la partition des deux pays en 1947,
05:07l'Inde et le Pakistan refusent de céder un pouce de terrain.
05:12Et ils se disputent même cet endroit désertique.
05:15La zone est interdite aux civils.
05:18Il nous a fallu des mois et des mois de négociations
05:20pour obtenir l'autorisation de nous rendre sur le champ de bataille,
05:23le plus haut du monde.
05:30Le commandant Azif fait partie des Fearless, les sans-peurs.
05:34Ce sont les pilotes d'hélicoptères les plus réputés au monde.
05:38Ils sont capables de monter à plus de 7000 mètres d'altitude
05:41pour voler au secours des alpinistes en difficulté dans l'Himalaya.
05:47Mais une fois par jour, Azif a une autre mission bien plus importante à ses yeux.
05:51Il doit monter ravitailler les soldats pakistanais.
05:57Les conditions de vol sont très compliquées ici,
06:00surtout à cette époque en hiver.
06:03La neige est toute fraîche, elle s'envole au moindre coup de vent.
06:06Ça peut créer un nuage blanc comme du coton autour de l'hélico.
06:09On ne sait plus où est l'horizon.
06:11On perd tous ses repères.
06:18Le gouvernement permet de ne pas s'envoler.
06:21Le gouvernement pakistanais consacrerait 80 millions de dollars par an
06:24pour entretenir cette guerre sur le toit du monde.
06:27L'Inde, au moins le double.
06:30Pourquoi dépenser autant d'argent?
06:33La réponse se trouve sous nos pieds.
06:38Regardez, c'est le fleuve Indus.
06:41L'Indus fournit 90% de l'eau potable au Pakistan,
06:46mais également l'électricité.
06:48Et il est bien sûr essentiel pour l'agriculture.
06:52Si l'Inde, le pays ennemi, parvenait à couper les vannes,
06:55il mettrait un pays anti-Ajenu.
06:58C'est pour cette raison que 1000 militaires pakistanais sont positionnés
07:02tout là haut depuis plus de 30 ans.
07:06Le glacier, il est là.
07:08C'est ici qu'il commence à 4400 mètres.
07:12Le Siachen est l'une des plus grandes réserves d'eau douce au monde.
07:17Il est presque aussi grand que la ville de New York.
07:24Au beau jour, au moment de la fonte des neiges,
07:27c'est le Siachen qui alimente en eau potable tout le Pakistan
07:31et une bonne partie de l'Inde.
07:37Voilà pourquoi cet endroit est stratégique pour les deux pays.
07:42Vous pouvez apercevoir la piste au milieu du glacier
07:47et les traces laissées par les soldats qui mènent jusqu'au camp.
07:53Quand les Nations unies ont défini la frontière entre l'Inde et le Pakistan
07:56il y a 70 ans,
07:58ce no man's land leur semblait sans intérêt, trop inhospitalier.
08:02Les représentants de l'ONU ont donc décidé que ce glacier n'appartiendrait à personne.
08:07Depuis, les deux pays en revendiquent l'appropriation.
08:11Le glacier est un lieu de sécurité.
08:16Point d'orgue de ce conflit, la guerre de Kargil en 1999.
08:22L'hiver, l'armée indienne avait pour habitude de quitter ses postes avancés les plus hauts.
08:27Cette année-là, les Pakistanais en profitent pour s'emparer de leur base.
08:32Piqué au vif, l'Inde va carrément envoyer 200 000 soldats pour les reprendre une à une.
08:37Cette reprise prendra trois mois et coûtera la vie à un millier de soldats.
08:43Depuis, on assiste à une guerre de position.
08:47L'Inde posséderait une quarantaine de postes avancés.
08:53A votre droite, il y a la base.
08:55Le Pakistan, une petite douzaine.
09:01Jusqu'à aujourd'hui, aucune caméra n'avait eu le droit de venir filmer cette base ultra secrète.
09:07Je vais vous déposer ici.
09:14Surtout, vous attendez que je redécolle.
09:18Restez bien assis sur vos sacs et ne vous relevez pas.
09:22C'est compris?
09:23Pour un officier pakistanais, commander ici n'est pas une punition, mais un très grand honneur.
09:41Le maître des lieux s'appelle le capitaine.
09:45Il a sous ses ordres 200 à 300 hommes.
09:51Capitaine, où sommes nous exactement?
09:54Ici, c'est notre quartier général secret du glacier du Siachen.
10:00Quelque part dans la coulée de Kunduz.
10:06Et juste derrière nous, il y a le passage qui mène à la frontière avec l'Inde.
10:13Environ 15 kilomètres à pied d'ici.
10:17L'officier de presse qui nous accompagne intervient.
10:20Écoutez, pas ce genre d'informations, pas d'interview ici, c'est interdit.
10:26Interdiction absolue d'interviewer les militaires.
10:30Et surtout, interdiction de nous écarter de la colonne, car ici, le danger est partout.
10:43Autour de nous, les crevasses qui font 200 mètres, 300 mètres.
10:47Si on quitte le sentier, c'est une chute vertigineuse.
10:56Pour survivre dans ces conditions extrêmes, le capitaine chair et ses soldats doivent monter par palier, s'habituer un mois entier avant de venir prendre leur garde.
11:08A 6000 mètres d'altitude, le moindre geste demande un effort surhumain.
11:16Oxygène excessivement.
11:21Chaque pas.
11:24La température est de moins dix degrés.
11:27C'est presque la canicule pour ces soldats habitués à des moins 40 moins 50 degrés.
11:32Le quartier général est en vue et en réalité, quelques civils seulement sont autorisés à monter ici.
11:40Les multiers, ils apportent le fioul, la seule source d'énergie à cette altitude.
11:47Comment vous appelez ça?
11:52Ils sont payés aux géricanes de 50 litres.
11:55Un âne peut en transporter deux par voyage.
11:58Vous n'avez pas froid habillé comme ça?
12:01Non, c'est bon.
12:05Les multiers arrivent à grimper par tous les temps et surtout, leur salaire coûte beaucoup moins cher qu'une heure de vol en hélico.
12:16Le quartier général a été installé tout en haut de la montagne et pour cause.
12:22Ici, tout le monde se souvient du drame survenu en 2012.
12:29Cette nuit là, une énorme avalanche surprend dans leur sommeil les 138 militaires pakistanais en poste dans ce qui était l'ancienne base logistique.
12:41Le quartier général devient leur tombeau enseveli sous 20 mètres de glace et de pierre.
12:47Il faudra un an et demi de recherche pour retrouver tous les corps et pouvoir les enterrer dignement.
13:02Depuis, les bases sont mieux exposées, mais plus difficiles d'accès.
13:09On dirait un refuge pour berger.
13:13Et c'est pourtant bien un camp militaire.
13:17Le confort est spartiate.
13:20Mais le capitaine Cher et ses hommes ne sont pas du genre à se plaindre.
13:26Alors, c'est ici que vous vivez?
13:28Oui, on est arrivé il y a un mois et demi.
13:31Et combien de temps on peut survivre ici?
13:34C'est une question d'habitude.
13:36Ici, c'est chez nous.
13:38Et vous patrouillez combien de fois?
13:40Non, non, non, s'il vous plaît.
13:42Je vous ai dit pas d'interview.
13:43Non, hors caméra, nous apprendrons que les soldats sont relevés tous les deux mois pour leur éviter de sombrer dans la folie.
13:54Vu de l'extérieur, c'est une guerre qui peut paraître totalement absurde.
13:58Passer son temps à surveiller un ennemi qui se trouve juste de l'autre côté de ces montagnes, mais souvent invisibles.
14:08Et pour cela, il faut s'entraîner tous les jours.
14:14Marcher dans la neige épaisse des heures et des heures.
14:24Il faut entretenir ses réflexes en prévision de la grande attaque qui ne viendra peut être jamais.
14:43Depuis 1984, le conflit a fait 8000 victimes parmi les militaires pakistanais.
14:55Mais les trois quarts ne sont pas tombés sous les balles.
14:58Ils sont tout simplement morts de froid.
15:03La haute montagne est un adversaire encore plus terrible que les soldats de l'armée indienne.
15:14Si en haute altitude, les deux frères ennemis se regardent en chiens de faïence.
15:22Plus bas dans la vallée, les tensions depuis un an font des victimes tous les jours.
15:31Il y a encore peu, la vallée de Niloum était l'un des endroits les plus touristiques du Pakistan.
15:38Un petit paradis sur terre.
15:43Mais aujourd'hui, plus personne n'est en sécurité sur cette route.
15:51Le minibus était là, il empruntait tranquillement cette route.
15:55Et deux soldats indiens étaient postés là-haut.
15:59Ils n'ont pas hésité à tirer sur le minibus avec un lance roquette.
16:05C'était des civils, 7 hommes ont perdu la vie.
16:08A gauche de la rivière, nous sommes au Pakistan, mais à droite, c'est l'Inde.
16:14350 000 soldats indiens sont disposés le long de cette frontière.
16:21C'est de ce poste qu'ils ont tiré?
16:24Oui, depuis cette base.
16:26Le minibus était sur cette route et les soldats ont tiré depuis l'autre rive.
16:30Hassan n'est pas chauffeur de taxi.
16:33C'est le commandant militaire de toute la région.
16:35C'est le commandant militaire de toute la région de Niloum.
16:40Pour des raisons de sécurité, il se déplace en civil incognito.
16:47Regardez tout là-haut en face, on peut apercevoir deux bunkers.
16:52Pour essayer d'empêcher des attentats commis sur son territoire par des groupes
16:55terroristes qui viendraient du Pakistan, l'Inde a en plus dressé une double barrière de fil barbelé,
17:02haute de 3 mètres.
17:06Équipé de projecteurs, de caméras thermiques et de détecteurs de mouvements.
17:14Un mur infranchissable de 550 kilomètres de long en orange sur cette photo.
17:20La nuit, il est visible depuis l'espace.
17:24La Line of Control remonte jusqu'au pied d'un autre mur.
17:28L'Himalaya et le glacier du Siachen.
17:31L'ONU a décrété un cessez-le-feu sur toute la zone, mais aucun camp ne le respecte.
17:36Il est violé en permanence.
17:39Le colonel Hassan nous amène justement dans un village qui dépend de sa juridiction.
17:45Il reste encore des blessés ici parmi vous ?
17:49Non, tout le monde est parti.
17:52Vous pouvez nous montrer les dégâts ?
17:55La veille, Niloum a été bombardé par l'armée indienne.
17:59Pour preuve, les ruines de cette maison encore fumantes.
18:05Les habitants tentent de réconforter le malheureux propriétaire
18:09qui venait à peine de finir de la faire construire pour fêter son départ à la retraite.
18:16Un obus indien est tombé.
18:19Nous étions en train de dormir la nuit.
18:22Il était 21 heures.
18:23L'obus a touché la partie supérieure de la maison et elle a brûlé instantanément.
18:29Nous nous étions réfugiés au sous-sol.
18:31Nous avons tout juste eu le temps de nous enfuir.
18:34On n'a même pas eu le temps de mettre nos chaussures.
18:36Les villageois suspectent les Indiens d'avoir employé une bombe au phosphore,
18:41une arme pourtant interdite depuis 40 ans.
18:44Comme à chaque bombardement, l'ONU ouvrira une enquête pour vérifier si les obus indiens
18:49Comme à chaque bombardement, l'ONU ouvrira une enquête pour vérifier si c'est vrai.
19:00Un peu plus loin, le colonel Hassan nous emmène voir une famille qui l'a échappé belle.
19:09Regardez là-haut les éclats.
19:11A l'étage, il ne reste plus rien.
19:14A deux mètres près, l'obus tombait en plein sur le lit où la famille dormait.
19:20Le colonel Hassan ne comprend pas pourquoi les civils sont visés ainsi.
19:26Il n'y a aucune installation militaire ici.
19:29Je ne comprends pas pourquoi ils ont tiré sur cet endroit.
19:32Ce n'est pas un objectif stratégique.
19:35C'est la deuxième fois en deux mois que cette maison est prise pour cible.
19:39Voici la photo de cette femme qui a été blessée.
19:44La mère a été touchée à l'oeil.
19:46Son fils âgé de 4 ans a reçu des éclats d'obus.
19:50Il gardera cette cicatrice à vie.
19:57N'aie pas peur, mon petit.
20:00Depuis quelques temps, les bombardements sont pratiquement quotidiens ici.
20:06Un tiers des habitants a fini par se résoudre à quitter la région.
20:10Mais ils restent des irréductibles, prêts à rester ici coûte que coûte.
20:15Pourquoi est-ce qu'on partirait d'ici ?
20:18Nos pères et nos grands-pères étaient là avant nous.
20:22C'est notre terre depuis 500 ans.
20:24Voilà pourquoi nous devons rester ici, c'est chez nous.
20:29Nous ne pouvons pas quitter notre région.
20:34La menace d'une guerre entre l'Inde et le Pakistan n'a jamais été aussi forte.
20:39Un conflit qui coûte cher et qui freine de façon considérable le développement du pays.
20:49Pour s'en rendre compte, direction Islamabad, la capitale, un peu plus au sud.
20:58Voici l'image que le gouvernement pakistanais essaye désormais de donner.
21:04Un pays qui s'occidentalise, se modernise, à l'image de son immense centre commercial, le Centaurus.
21:13Marbre au sol, boutique à la mode.
21:19Pour un peu, on se croirait presque à Dubaï.
21:24En apparence, le Pakistan est en train de changer.
21:29Sauf pour des gens comme Shazad, 25 ans.
21:33Il officie comme agent d'entretien dans le centre commercial.
21:36Neuf heures par jour, six jours sur sept.
21:40Au Pakistan, les cleaners font partie de ces professions considérées comme tout en bas de l'échelle sociale.
21:46Comme les égoutiers, les éboueurs ou les domestiques.
21:52C'est ce que je fais toute la journée.
21:56De 8 heures du matin à 17 heures le soir.
21:59Et en quoi est ce un travail difficile ?
22:01Les horaires sont très longs.
22:03Je fais toujours la même chose.
22:06Et je suis payé 80 euros par mois.
22:08Et pourquoi vous ne cherchez pas un autre travail ?
22:10Parce que je n'ai pas vraiment le choix.
22:13Les autres boulots auxquels j'ai droit ne seraient pas mieux.
22:20Shazad est condamné à faire ça toute sa vie en raison de son appartenance religieuse.
22:24Il est chrétien, considéré comme impur aux yeux de certains musulmans.
22:30Une forme de ségrégation existe encore au Pakistan.
22:33Les 2,5 millions de chrétiens n'ont pas accès aux mêmes emplois, pas les mêmes droits.
22:38Et ils sont parfois victimes de persécutions.
22:44Tout le monde ici se souvient de l'affaire Asia Bibi.
22:48Cette chrétienne a été condamnée à mort en 2010 pour blasphème.
22:52Son crime, avoir bu de l'eau dans un puits réservé aux musulmans.
22:57Son acquittement et sa libération après avoir passé 8 ans dans le couloir de la mort
23:02avaient provoqué une vague de protestations et de haine dans tout le Pakistan.
23:10Aujourd'hui encore, cette loi sur le blasphème,
23:14c'est un peu comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Shazad et des autres chrétiens.
23:20Alors par précaution, ils font souvent profil bas.
23:27Shazad accepte tout de même de nous emmener chez lui.
23:31C'est à 5 minutes de son travail.
23:34Tous les jours, il passe devant ces grandes villas ultra sécurisées qu'il ne pourra jamais s'offrir.
23:43Il habite juste au bout de la rue.
23:51À French Colony, le quartier où se trouvait l'ancienne ambassade de France.
23:55C'est devenu le bidonville le plus pauvre de la capitale.
24:02Un petit kilomètre carré dans lequel s'entassent 8000 personnes.
24:09En grande majorité des chrétiens.
24:14Les chrétiens ne peuvent pas s'élever socialement.
24:16Les postes dans l'administration nous sont interdits.
24:21Quant aux emplois bien payés, on a beau postuler,
24:24on a beau postuler, on n'a aucune chance d'être engagé.
24:29Et encore, Shazad s'estime plutôt chanceux dans son malheur.
24:34Tu étais où, papa?
24:36J'étais au travail.
24:40Il est propriétaire de son logement.
24:42Son père a acheté cette petite maison il y a longtemps et à sa mort, il l'a donnée à ses deux fils.
24:48Qu'est ce qu'il y a? Pourquoi tu pleures?
24:52Shazad partage cette pièce unique avec sa femme Sonia, leur fille Soumaya, 3 ans.
25:01Et leur fils Ayan, né il y a quelques mois.
25:07En tant que chrétien, Sonia et Shazad n'ont aucun espoir que les choses changent un jour.
25:12La grosse différence avec les musulmans, c'est qu'ils sont éduqués.
25:24Ils ont donc la chance de pouvoir s'en sortir.
25:27Quand on vous laisse dans la misère, comme nous, les chrétiens, vous n'avez pas les moyens d'envoyer vos enfants à l'école.
25:33Sans éducation, à quoi vous pouvez prétendre à part des métiers mal payés que personne ne veut faire?
25:39Si Sonia et Shazad n'ont jamais subi de persécutions religieuses, ce n'est pas le cas de leurs voisines.
25:47Malala a vécu ce que tous les chrétiens redoutent ici, un mob, une expédition punitive excitée par des fanatiques religieux.
25:56Le cousin de Malala a gagné aux cartes contre des musulmans.
26:00Ils l'ont alors accusé d'avoir brûlé le Coran.
26:02Les musulmans criaient partout.
26:04Ils essayaient de rameuter du monde pour faire une procession dans le village.
26:06Avec mon mari, on s'est dit qu'il fallait partir immédiatement.
26:08Les musulmans ont mis le feu à notre maison.
26:10Ils ont brûlé tout ce qui nous appartenait.
26:12Ils sont même allés à l'église.
26:14Et ils ont tiré des coups de feu sur l'institution pour jeunes filles qui était collée à l'église.
26:16Le prêtre a dû intervenir en personne pour éviter un massacre.
26:30C'était il y a 15 ans.
26:32Malala est venue se réfugier à Islamabad et French Colony.
26:34Aujourd'hui, elle survit grâce à ses talents de couturière.
26:36Et elle a même pardonné à ses agresseurs.
26:38Nous ne sommes pas pauvres ni dans le besoin parce que nous sommes des chrétiens.
26:40C'est Dieu qui nous met à l'épreuve.
26:42Beaucoup de musulmans aussi sont pauvres.
26:44Nous sommes des chrétiens.
26:46Nous sommes des chrétiens.
26:48Nous sommes des chrétiens.
26:50Nous sommes des chrétiens.
26:52Nous sommes des chrétiens.
26:54Nous sommes des chrétiens.
26:56Nous sommes des chrétiens.
26:58Beaucoup de musulmans aussi sont pauvres.
27:00Et eux aussi supportent bien des difficultés.
27:10La seule sortie que les chrétiens se touristent ici a lieu le dimanche.
27:14Jour de repos pour Shahzad.
27:18Ils partent assister à la messe.
27:22Sonia est catholique mais Shahzad est protestant.
27:24Alors ils alternent entre l'église et le temple.
27:28Les femmes d'un côté, les hommes de l'autre.
27:34Mon Dieu bénis-nous.
27:36Épargne-nous de la maladie, des épidémies.
27:38Apporte la prospérité sur nous.
27:40Garde notre foi intacte.
27:42Amen.
27:48Tant que la loi sur le blasphème ne sera pas abolie,
27:50les chrétiens du Pakistan ne seront pas sereins.
27:54Car ils restent sous la menace des fanatiques religieux.
27:56Toujours aussi actifs.
28:06Pas très loin de French Colony,
28:08nous avons justement rendez-vous
28:10avec l'un des chefs religieux les plus influents ici.
28:14Il appelle depuis toujours au djihad,
28:16à la guerre sainte
28:18et à l'instauration d'un régime islamiste
28:20à la talibane.
28:24Il dirige cette école coranique
28:26dans le centre d'Islamabad.
28:30On estime que 10% de la population pakistanaise,
28:32soit 20 millions de personnes
28:34seraient sensibles à ces prêches enflammées.
28:40Le voici,
28:42il s'appelle Abdulaziz Ghazi.
28:44Et ce n'est pas un inconnu pour les français.
28:50Le terroriste Mohamed Merah,
28:52celui que l'on a surnommé
28:54le tueur au scooter.
28:56En 2012,
28:58il avait assassiné froidement
29:007 personnes à Toulouse et Montauban.
29:02Dont 3 enfants dans une école.
29:04Parce qu'ils étaient juifs.
29:08Quelques mois avant ces crimes,
29:10Mohamed Merah était venu
29:12rendre visite à Abdulaziz Ghazi
29:14au Pakistan.
29:18Oui, je l'ai peut-être rencontré,
29:20je ne me souviens pas.
29:22Vous savez, il y a tellement de jeunes
29:24qui viennent me voir pour me demander des conseils.
29:28Et au lieu de condamner ses meurtres,
29:32s'il a tué au nom de l'islam,
29:34alors il mérite le titre de martyr.
29:38Des propos extrêmement choquants
29:40tenus il y a 8 ans.
29:42Aujourd'hui, son discours n'a pas changé.
29:44Venez avec moi.
29:48Le sulfureux Molla nous emmène
29:50dans ce qu'il appelle sa bibliothèque.
29:54Un mur entier de livres exclusivement religieux
29:56et à l'entrée une pancarte
29:58qui donne le ton.
30:06L'islam nous apprend que cette vie sur Terre
30:08ne demeure pas.
30:10La vraie vie commence après la mort.
30:12Et c'est pour ça que le djihad
30:14est une bonne chose.
30:18Il combat les oppresseurs, la tyrannie.
30:20Le djihad n'a rien contre
30:22les victimes innocentes.
30:24Et même, il les défend.
30:26Mais c'est comme un médecin qui opère.
30:28Parfois, pour soigner,
30:30il est obligé de couper certaines parties du corps.
30:34Abdulaziz Ghazi continue à faire ouvertement
30:36l'apologie du terrorisme
30:38et de la violence.
30:40Comme à ses plus belles heures.
30:44Quand il contrôlait
30:46l'Al Masid, la mosquée rouge.
30:48Une mosquée ultra-radicale,
30:50la plus extrémiste dans tout le pays.
30:52Dans ses prêches,
30:54il prône la révolte.
30:56Comment peut-il y avoir la paix
30:58quand un Pakistanais ne peut même pas posséder
31:00un petit lopin de terre ?
31:02En 2007,
31:05quand ils prennent les armes
31:07et commencent à semer la terreur
31:09dans toute la capitale,
31:13on est au bord de l'insurrection.
31:15Pour l'armée qui contrôle le pays,
31:17c'en est trop.
31:19Les militaires encerclent la mosquée rouge
31:21et décident de déloger
31:23Abdulaziz Ghazi et ses disciples.
31:31Abdulaziz Ghazi
31:33va pourtant réussir à en réchapper.
31:37Il est arrêté par la police
31:39alors qu'il tente de prendre la fuite,
31:41déguisé en femme.
31:43Ce qui lui vaudra le sobriquet
31:45de Mollah Burqa.
31:51Il aurait dû finir sa vie en prison
31:53mais les autorités préfèrent le libérer.
31:55Le pouvoir en place aurait négocié
31:57avec lui une trêve des attentats
31:59dans la capitale.
32:03Le jour de sa sortie,
32:05des centaines de partisans en liesse
32:07sont là pour l'acclamer.
32:09Si Dieu le veut,
32:11nous continuerons le combat
32:13pour imposer la charia
32:15jusqu'à mon dernier souffle.
32:17Je n'aurai de cesse
32:19d'imposer un vrai régime islamique
32:21dans ce pays
32:23et nous connaîtrons enfin la paix.
32:27Depuis,
32:29Abdulaziz Ghazi est assigné à résidence.
32:33Mais il est libre de former
32:35de jeunes étudiants
32:37dans son immense école coranique.
32:39Ici, il n'y a que quelques élèves.
32:41Notre grande madrassa est là-bas,
32:43de l'autre côté.
32:45Il consente à nous montrer
32:47une toute petite partie
32:49de ses installations.
32:51Dans cette pièce,
32:53une quinzaine d'enfants
32:55apprend le Coran par coeur
32:57et une interprétation
32:59très stricte de la charia.
33:01Abdulaziz Ghazi surnomme le guide
33:03mais il n'a prié en personne
33:07à l'aide de son micro doré.
33:13Malgré un petit problème de sono,
33:21il prétend avoir 3000 garçons
33:23sous son aile
33:25et tout un bâtiment
33:27réservé aux filles.
33:31Tout ceci
33:33fait partie de la madrassa également
33:35et en dessous aussi,
33:37il y a le sous-sol.
33:39Ceci est le deuxième étage
33:41et en dessous, il y a une mosquée.
33:43C'est réservé aux filles,
33:45de là jusqu'au bout là-bas.
33:47En ce moment,
33:49nous avons 1600 filles.
33:51Le MOLA n'a aucun mal
33:53à recruter des élèves.
33:55Dans ce pays qui compte
33:57plus de 20 millions d'enfants
33:59une madrassa qui propose
34:01d'apprendre à lire, à écrire
34:03et qui nourrit les enfants gratuitement
34:05s'est perçue comme une chance.
34:09C'est l'un de nos gards de manger.
34:11Nous nous faisons livrer en légumes frais
34:13tous les 3 jours.
34:15Abdul Sattar, ouvrez le dépôt s'il vous plaît.
34:19Quand on lui demande
34:21comment il parvient à payer tout cela,
34:23Abdulaziz Ghazi répond
34:25que l'argent tombe du ciel.
34:27Il refuse de nous donner précisément
34:29ses sources de financement.
34:31Mais tout ça c'est rien.
34:33Maintenant j'aimerais bien ouvrir une madrassa en France.
34:35Où ça ?
34:37En France.
34:39Une provocation ?
34:41Une de plus ?
34:43Peut-être pas.
34:45Avant de nous laisser partir,
34:47Abdulaziz Ghazi nous fait part de son projet.
34:51Imaginez
34:531% des musulmans sur Terre
34:55seulement 1%.
34:57Cela fait 15 millions de personnes.
34:5915 millions de personnes qui jureraient
35:01fidélité et obéissance totale.
35:03Une armée qui accepterait de se faire exploser
35:05là où on leur demanderait.
35:07L'Arabie Saoudite,
35:09l'Egypte, la Syrie, l'Algérie,
35:11ils pourraient très vite prendre le pouvoir
35:13dans les 57 pays musulmans.
35:17Contrôler le monde ensuite ne serait pas bien difficile.
35:19Car les occidentaux
35:21n'auront jamais des soldats du même calibre
35:23et aussi motivés qu'une armée de croyants musulmans.
35:29Au bout d'une heure, le sourire aux lèvres,
35:31Abdulaziz Ghazi
35:33met fin à notre visite.
35:37Pourquoi des molas aussi dangereux
35:39peuvent-ils opérer le plus tranquillement du monde
35:41alors que le pouvoir politique en place
35:43dit vouloir combattre l'islamisme radical ?
35:47La réponse se trouve
35:49dans les faubourgs d'Islamabad.
35:51Là où le mola recrute
35:53des disciples à tour de bras.
35:59Ces grandes cheminées
36:01qui crachent leur fumée noire à longueur de journée,
36:03ce sont des fours à briques.
36:07Il y en a des centaines et des centaines autour de la capitale.
36:13On y fabrique des briques comme au Moyen-Âge.
36:21Pauvreté,
36:23enfants déscolarisés,
36:25c'est l'un des terrains de chasse préférés des islamistes.
36:31Comment tu t'appelles mon garçon ?
36:33Chahid
36:37Et combien de briques fais-tu en une journée ?
36:392000
36:41Et quel âge as-tu ?
36:43J'ai 10 ans.
36:45Moi je m'appelle Tarek.
36:49Et tu as quel âge ?
36:515 ans
36:55Leur plus petit frère
36:57est encore trop jeune pour travailler 14 heures par jour,
36:596 jours sur 7.
37:01Mais il sait ce qui l'attend.
37:03Comme ces enfants qui jouent juste à côté.
37:09A quoi vous jouez les enfants ?
37:11A faire des briques.
37:13Ali est un réfugié afghan.
37:15Il est justement payé à la brique.
37:17Une roupie pakistanaise par brique.
37:23Ali, ça fait combien de temps que vous travaillez ici ?
37:25Je travaille dans des briquetteries
37:27depuis que je suis enfant.
37:29Combien vous arrivez à gagner par jour ?
37:31En travaillant à 4,
37:33environ 10 euros.
37:35La pauvreté,
37:37c'est le fléau numéro 1 au Pakistan.
37:3940% de la population
37:41vit avec moins de 23 euros par mois
37:43et par personne.
37:45Envoyer leurs enfants à l'école publique laïque,
37:47cela coûte de l'argent.
37:49Il faut payer l'école,
37:51les livres, l'uniforme.
37:53Alors quand un molin intégriste
37:55propose d'instruire gratuitement vos enfants
37:57de leur donner une chance de s'en sortir,
37:59pour des parents,
38:01il est très difficile de refuser une telle offre.
38:03C'est justement pour éviter
38:05à des familles entières
38:07de tomber dans le piège du radicalisme
38:09qu'une Française se bat.
38:11Elle s'appelle Valérie Rann.
38:13Elle vit au Pakistan
38:15depuis plus de 20 ans.
38:17Ok, alors cet après-midi,
38:19à 6,
38:21nous irons d'abord au bidonville.
38:23Après, j'ai rendez-vous
38:25à l'école Machal.
38:27Entendu, madame.
38:29Vous êtes complètement rassurée.
38:32Oui, la langue,
38:34c'est un outil important pour l'intégration.
38:36C'est clair.
38:38Alors je la parle malheureusement
38:40imparfaitement
38:42car je n'ai pas eu le temps
38:44de l'apprendre de manière académique.
38:46Valérie s'est installée ici
38:48pour les beaux yeux d'un Pakistanais
38:50avec qui elle a eu 4 enfants.
38:52Mais elle est surtout tombée amoureuse
38:54du pays.
38:56C'est pour ça qu'elle se bat
38:58contre les traditions archaïques.
39:00Il y a quelques années,
39:02elle s'est fait connaître
39:04en défendant la cause des femmes
39:06brûlées à l'acide.
39:08Des crimes qui restaient jusque-là impunis.
39:10Ces actes barbares
39:12sont désormais passibles
39:14de 14 ans de prison.
39:16Mais aujourd'hui,
39:18Valérie a un nouveau combat à mener.
39:20Et c'est en partie
39:22ici qu'il se passe.
39:24Dans les bidonvilles
39:26d'Islamabad.
39:281000 personnes y vivent.
39:3010% de la population de la capitale.
39:32Les enfants
39:34sont presque tous
39:36analphabètes.
39:38Ils viennent près des villes
39:40pour avoir des opportunités
39:42économiques autres.
39:44Et souvent, la grande désillusion,
39:46il n'y a pas de logement approprié,
39:48c'est très cher. Les enfants travaillent,
39:50il n'y a pas d'école, pas d'eau potable
39:52forcément disponible. Donc on essaie de les aider
39:54à mettre tout cela en place.
39:56À travers son ONG,
39:58Valérie monte des petites écoles
40:00pour apprendre à lire et à écrire dans les bidonvilles.
40:02Bonjour tout le monde.
40:04Que la paix soit avec vous.
40:06Des enfants qui,
40:08pour la plupart, n'avaient jamais tenu
40:10un stylo de leur vie.
40:12Les enfants,
40:14quel est le nom de la forme qui a 4 côtés égaux
40:16comme ceci ?
40:18Un carré, madame.
40:20Quand ils arrivent ici,
40:22même à 7 ou 8 ans,
40:24ils n'ont bien souvent
40:26même pas le niveau de la première année de maternelle chez nous.
40:30Comme ils n'ont jamais été scolarisés,
40:32on commence à les familiariser
40:34avec des concepts,
40:36des comportements, ce qu'on appelle des savoir-être,
40:38des savoir-faire,
40:40des savoirs, et de faire que ces enfants
40:42puissent avoir
40:44un avenir, une profession
40:46et ne pas être exploités.
40:48La tâche est immense.
40:50Au Pakistan,
40:52en comptant sur les 50 millions d'enfants,
40:54la moitié ne va pas à l'école.
41:00Ce soir, Valérie s'offre un petit moment de répit
41:02chez elle, en famille.
41:04A l'occasion de l'anniversaire de Camille,
41:06sa petite dernière.
41:081, 2, 3.
41:10Oui !
41:12To you !
41:14Happy birthday to you !
41:16Valérie se sait privilégiée.
41:18Son mari est issu d'une grande famille pachtou.
41:20Même si les inégalités restent très grandes
41:22au Pakistan,
41:24tous deux ont vu les choses évoluer en 20 ans.
41:28L'avenir du Pakistan, à l'heure actuelle,
41:30à mon sens, il est dans une phase
41:32cruciale, parce que c'est une transition
41:34historique.
41:36Je pense que les 5 à 10 années à venir
41:38vont être déterminantes
41:40pour le pays.
41:42Je pense qu'il y a une prise de conscience
41:44accrue
41:46des autorités,
41:48de la population, des citoyens.
41:50C'est juste que ça prend du temps.
41:54Valérie sait de quoi elle parle.
41:56Demain, elle a un rendez-vous de la plus haute importance.
42:00L'aboutissement d'un très long combat.
42:06La ville de Mardane se trouve à 1h30
42:08à peine de l'endroit où se cachait Ben Laden.
42:12C'est ici que commencent les zones tribales.
42:18Il y a encore peu, la loi du gouvernement
42:20d'Islamabad n'avait aucune prise ici.
42:24Dans les régions tribales, c'était la jirga,
42:26l'assemblée des anciens, qui rendait la justice.
42:28Alors ici, on reste très opposés
42:30aux réformes.
42:32D'ailleurs, ce matin, la ville de Mardane
42:34est comme en état d'alerte.
42:38Le gouverneur vient inaugurer
42:40le tout premier tribunal pour enfants dans la région.
42:44Pourquoi il y a autant de monde au Mardane ?
42:46Parce que les zones tribales qui avaient
42:48leur système informel,
42:50tribaux pour la justice, sont en train d'être réformées
42:52et on installe des tribunaux formels.
42:54Tout le monde n'est pas d'accord.
42:56Il y a des grosses menaces sécuritaires.
43:00Dans cette partie du Pakistan,
43:02les droits des mineurs ne sont presque jamais respectés.
43:06Les enfants peuvent être battus à mort,
43:08mariés de force, abusés sexuellement
43:10et les coupables ne sont presque jamais poursuivis
43:12parce que cela apporterait le déshonneur.
43:16Alors ce tribunal spécialisé,
43:18dirigé par une femme en plus,
43:20c'est une vraie révolution.
43:22C'est la deuxième femme juge
43:24de la province.
43:26Voilà, vous compromets les droits de la femme aussi.
43:30C'est le plus grand jour de ma carrière
43:32parce que dans la grande majorité,
43:34les dossiers ne sont pas jugés.
43:38Les parents s'arrangent financièrement avant,
43:40ils trouvent un compromis avec l'accusé.
43:42Souvent sous la pression de la société
43:44et des anciens.
43:48Mais maintenant, les choses vont changer.
43:50Il n'y aura plus de passe-droit
43:52pour tous ceux qui s'en prennent aux enfants.
43:56Encore faut-il que les enfants osent porter plainte.
44:00Bonjour, comment t'appelles-tu ?
44:02Cheilani.
44:04Moi, c'est Valérie.
44:06Valérie a invité les enfants
44:08d'un orphelinat pour leur présenter
44:10leurs idées sur les installations
44:12et faire savoir que dans ce tribunal,
44:14tout a été fait pour avoir des procès justes
44:16et équitables.
44:20Les petites victimes de la province
44:22de Raiber-Port-au-Droit
44:24pourront suivre les débats
44:26et témoigner en toute sécurité depuis cette pièce.
44:30Les accusés, eux,
44:32seront dans la salle d'audience à côté.
44:34Ainsi, les bourreaux
44:36ne croiseront jamais leurs victimes.
44:38Raiber-Port-au-Droit,
44:40qui est souvent présenté
44:42comme une province
44:44où les gens sont très conservateurs
44:46ou rien ne change,
44:48prouve le contraire.
44:50Ca va révolutionner
44:52le principe,
44:54le système de justice
44:56pour l'enfance.
44:58A mon sens,
45:00c'est ce qui contribue directement
45:02à promouvoir la stabilité,
45:04la cohésion sociale et la sécurité.
45:08Pour notre tournage,
45:10trois nouveaux tribunaux pour enfants ont été inaugurés.
45:14La démocratie progresse au Pakistan,
45:18notamment sous la pression des jeunes
45:20et leur soif de liberté.
45:24Pour preuve,
45:26un peu partout, les universités s'ouvrent.
45:28A l'image de celle de Kuwaita
45:30dans le Balouchistan,
45:32la région frontalière
45:34avec l'Afghanistan.
45:38C'est la zone la plus pauvre
45:40de tout le Pakistan.
45:44Le poids des traditions ici
45:46est encore plus fort qu'ailleurs.
45:50Et pourtant,
45:52c'est ici qu'on trouve
45:54l'université la plus moderne.
45:56Le Buitems
45:58forme les futures élites du pays.
46:00Plus de 10 000 étudiants
46:02fréquentent la faculté.
46:04Les ingénieurs en mécanique,
46:06et les étudiants en sport.
46:12Ce jour-là,
46:14les étudiants s'affrontent
46:16au cours d'épreuves sportives.
46:20Les examens sont terminés.
46:22L'ambiance est à la détente.
46:26Le directeur de l'université nous accueille.
46:30Très fier,
46:32il nous emmène voir la dernière installation
46:35d'un incubateur pour start-up.
46:39Ces 4 petits génies, par exemple,
46:41ont réussi à créer en quelques semaines
46:43un carburant 2 fois moins polluant
46:45que le gasoil.
46:47On a mis au point un biocarburant
46:49en recyclant l'huile de friture usagée.
46:51Ça fonctionne dans n'importe quelle voiture diesel
46:53et sans modifier le moteur.
46:55Et en plus,
46:57c'est moins cher que le diesel.
46:59Ils sont déjà en négociation
47:01avec des investisseurs.
47:03Une société anglaise
47:05est prête à mettre plusieurs dizaines
47:07de milliers d'euros pour développer leur projet.
47:11Les jeunes Pakistanais
47:13se sentent pousser des ailes,
47:15Sarah et Myriam encore plus.
47:17Elles ont lancé leur commerce de livraison
47:19de repas il y a un an.
47:21Elles ont fait partie des premières femmes
47:23chefs d'entreprise à Quetta.
47:25Le stéréotype depuis toujours ici,
47:27c'est que les femmes ne peuvent pas travailler,
47:29qu'une femme doit s'occuper de son foyer
47:31et qu'elle ne doit pas en sortir
47:33pour exercer un métier.
47:37On espère que les jeunes étudiantes
47:39vont petit à petit réussir
47:41à casser cette idée reçue
47:43qu'on nous rabâche avec insistance
47:45depuis toute petite.
47:47Que pour une femme,
47:49il n'est pas convenable de travailler.
47:51Alors on est un peu des pionnières.
47:53On assiste à une forme de résilience.
47:55Maintenant, les femmes
47:57se battent pour leurs droits.
47:59Imaginez, il y a encore 10 ans,
48:01les femmes qui faisaient des hautes études
48:03au Balouchistan se comptaient en dizaines.
48:05Aujourd'hui, elles représentent
48:0720% des effectifs du BTEMS.
48:09Certaines sont voilées.
48:13D'autres s'affichent tête nue,
48:15maquillées.
48:17Le Pakistan dans toutes ses contradictions.
48:19C'est seulement sur le campus
48:21ou en ville, c'est pareil.
48:23Il y a des quartiers dans Quetta
48:25où je peux circuler sans voile.
48:27Personne ne va me faire de remarques,
48:29m'arrêter et me forcer à mettre mon hijab.
48:31Je suis libre de faire ce que je veux,
48:33mais pas dans tous les quartiers.
48:35Dans très peu d'endroits ?
48:37Pas beaucoup, oui.
48:39Et ailleurs, vous devez porter le voile ?
48:41Je dois juste me courir les cheveux.
48:43Je n'ai pas à être entièrement voilée.
48:45On ne nous oblige pas, normalement.
48:47Les mentalités changent,
48:49mais pas aussi vite que ces jeunes le voudraient.
48:51Dans cette région,
48:53une fille sur quatre seulement est scolarisée.
48:55Avant de quitter le Pakistan,
48:57l'armée nous a réservé
48:59une dernière surprise.
49:01Le Balouchistan
49:03est la plus instable des provinces.
49:05Le théâtre régulier d'insurrections
49:07et d'attentats menés par les islamistes
49:09ou les séparatistes.
49:11Pour nous montrer que désormais,
49:13tout est sous contrôle,
49:15les militaires ont organisé
49:17une petite opération communication.
49:19Le colonel Kouram,
49:21le chef tout puissant de la zone,
49:23ne se déplace qu'en voiture blindée
49:25et sous bonne escorte.
49:29Mais malgré le danger,
49:31il sort distribuer des bonbons
49:33et des jouets
49:35pour essayer de se faire bien voir
49:37par la population.
49:41Ça fait partie de votre job ?
49:43Non, c'est leur job.
49:45C'est leur travail.
49:47C'est leur job.
49:57Direction maintenant
49:59le poste frontière de Chaman.
50:05Regardez, on arrive.
50:07On va vous montrer
50:09la zone de transit.
50:11C'est l'ancienne route de la Soie,
50:13le plus important point de passage
50:15entre le Pakistan et l'Afghanistan.
50:17L'équivalent de 2,5 milliards de dollars
50:19de marchandises
50:21transitent chaque année par ici.
50:2525 000 à 32 000 personnes
50:27traversent la frontière à pied tous les jours.
50:31Quant aux camions,
50:33c'est entre 800 et 2000 par jour.
50:37Si vous voulez bien me suivre.
50:41Les caméras n'ont pas le droit
50:43mais aujourd'hui,
50:45les militaires font une petite exception.
50:49Les autorités pakissanaises ont toujours été accusées
50:51de jouer double jeu avec les talibans.
50:53De les laisser traverser la frontière
50:55comme bon leur semble
50:57pour trouver refuge ici.
50:59Aujourd'hui,
51:01l'armée surveillerait tout le monde,
51:03systématiquement.
51:05Pour faciliter le commerce,
51:07les camions forment une seule ligne.
51:09Les douaniers vérifient
51:11les règles et ensuite,
51:13tout le monde passe à la fouille.
51:17Côté afghans, en revanche,
51:19on entre comme dans un moulin.
51:21Aucun contrôle.
51:27Les gens vont et viennent.
51:31Les afghans n'ont mis en place
51:33aucun système de surveillance.
51:35Vous pouvez le voir,
51:37les gens traversent la frontière
51:40Le gouvernement d'Islamabad
51:42tente de s'attirer les bonnes grâces
51:44de la communauté internationale
51:46par tous les moyens.
51:48Les pakistanais sont même en train
51:50d'ériger une frontière physique
51:52avec l'Afghanistan,
51:54surveillés 24h sur 24.
51:56Alors après avoir joué les remparts
51:58contre les soviétiques dans les années 80,
52:00contre les talibans afghans ensuite,
52:02voilà que le Pakistan
52:04meneille un nouveau rôle,
52:06être la ligne de front.
52:08Contre le djihadisme international.
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