• il y a 4 mois
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a assuré lundi à Tel-Aviv que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui avait "confirmé qu'Israël acceptait le plan de compromis" de Washington pour une trêve à Gaza, affirmant qu'il "incombe" désormais au Hamas "d'en faire de même". Mais entre la mort d'un otage israélien et les frappes du Hezbollah, est-ce qu'une trêve entre le Hamas et Israël est encore possible? 

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00:00Et pour en parler ce matin, Jérôme Clèche, vous êtes consultant Défense BFMTV, auteur de la prospective stratégique et Patrick Sauss qui nous a rejoint.
00:13Patrick, il y a beaucoup d'informations qui nous arrivent ce matin. Qu'est-ce qu'il faut en retenir, notamment la mort d'un otage qui a été annoncée par un kibbutz ?
00:24C'est un kibbutz qui a annoncé que le corps d'un otage avait été récupéré. Mais dans le même temps, vous avez plusieurs médias israéliens qui annoncent qu'en tout, ce sont quatre corps qui ont été récupérés.
00:35Cet homme d'un kibbutz, mais également trois autres hommes. On est à peu près dans des âges qui vont d'une trentaine d'années à presque octogénaire.
00:44Ce sont des hommes qui étaient en captivité. On a eu des fois des informations sur des identifications avec des gens qui avaient été assassinés dès le 7 octobre, mais qu'on a mis un temps infini à identifier.
00:55On ne va pas vous réexpliquer les atrocités qui ont été commises. Mais donc, il y a eu une opération militaire, notamment dans le nord de la bande de Gaza et aussi à Rennes-Unes, cette fois dans le sud, qui ont permis de récupérer les corps.
01:07Vous le savez, c'est l'une des priorités, la priorité, que ce soit des vivants ou des morts, récupérer ces corps. On était dans les derniers chiffres à 111 otages. Je ne vais pas vous enlever les quatre.
01:19Mais en tout cas, il y a quatre corps qui ont été récupérés. Et puis, dans le même temps, situation extrêmement volatile.
01:25Pour bien comprendre, ça ne veut pas dire que ces otages sont morts hier ou avant-hier. Ils ont pu mourir bien avant.
01:31C'est ça qui est absolument terrible. Depuis le 7 octobre, un corps reste une monnaie d'échange pour le Hamas. Et donc, on le sait, il y a eu des faits totalement établis que des gens ont parfois été tués sur le territoire israélien.
01:46Et leurs corps ont été ensuite pris en otage, si je peux dire, par le Hamas. On le sait d'ailleurs, il y avait des familles qui avaient reçu des coups de fil via le téléphone d'un otage par le Hamas, disant « ne vous inquiétez pas, tout va bien », alors que cet otage était mort.
02:02Et puis, dans le même temps, il y a une situation extrêmement volatile. Alors effectivement, lorsqu'on voit les informations brutes, on se dit « c'est déjà la guerre entre le Hezbollah libanais et Israël ».
02:11Pour l'instant, on reste cantonnés dans cette zone extrêmement frontalière. Mais il y a eu un mort côté de l'armée israélienne. Et évidemment, le Hezbollah, comme Israël, sont à deux doigts de dévier totalement sur un nouveau conflit.
02:26Ils annoncent aujourd'hui des barrages de roquettes. Encore une fois, très cantonnés dans cette zone. Il y a une espèce de règle du jeu extrêmement dangereuse, mais des règles du jeu tout de même qui sont respectées par le Hezbollah et Israël.
02:38Et si vous avez toutes ces informations qui arrivent en même temps, une grande fébrilité, c'est parce que tous les yeux se tournent vers le CAIR et la réouverture des négociations.
02:46Justement, Jérôme Clech, une question pour vous. On est arrivé ce matin avec Marie à la rédaction avec un espoir de trêve qui était annoncé notamment par le secrétaire d'État américain Antony Blinken.
02:57Et puis, ces informations arrivent en cascade ce matin. Est-ce qu'elles sont de nature à fragiliser cette trêve qui est négociée et qui était déjà dure à obtenir ?
03:06Comme vous le dites, les négociations sont extrêmement âpres, extrêmement difficiles. Et il est fréquent que dans des négociations très compliquées comme ça, les armes parlent encore plus fort au moment des négociations.
03:16Car chacun, et c'est la situation du Hamas, veut montrer son pouvoir de nuisance. En fait, la situation des négociations est telle que ce qui est demandé au Hamas aujourd'hui, c'est une capitulation.
03:28Le plan Biden auquel le Hamas était prêt à accepter a été finalement abondé par des conditions imposées par Israël qui sont des conditions très difficiles pour le Hamas.
03:40Puisqu'Israël exige de pouvoir rester dans les zones densément peuplées de la bande de Gaza. Elle exige le plein contrôle du corridor de Philadelphie qui est cette zone transfrontalière avec l'Égypte
03:50et qui permet certes l'acheminement de l'aide humanitaire mais aussi la régénération en armes du Hamas. Et c'est ce que veut à toute fin éviter Israël, la régénération du Hamas pendant cette trêve.
04:00Et puis Israël souhaite aussi un droit de veto sur les prisonniers palestiniens qui viendraient en contrepartie des otages. Et donc toutes ces conditions font que pour le Hamas, ça constitue une forme de capitulation.
04:13Ajouter à ça que la trêve de six semaines avec un possible cessez-le-feu donc durable a été totalement réduit comme peau de chagrin et il semblerait que ce soit une durée extrêmement courte qu'Israël soit prête à accepter.
04:25On n'a pas le détail mais sans doute assez peu pour s'assurer que le Hamas ne puisse pas se régénérer. Donc en fait les conditions imposées par Israël c'est une capitulation du Hamas
04:35et les États-Unis n'ayant plus en fait faire pression avec aucun levier finalement sur Israël se retournent vers le Hamas en disant que maintenant le Hamas a la balle dans son camp et doit accepter ou pas les conditions.
04:47Et donc le seul espoir finalement de trêve paradoxalement vient de l'Iran qui pourrait faire pression sur le Hamas et l'obliger à accepter ces conditions finalement inacceptables pour lui.
04:59Pourquoi ? Parce que l'Iran bénéficie de leviers.
05:02On parle beaucoup de l'Iran, on parle du Hamas. Est-ce que l'autorité palestinienne joue encore un rôle finalement dans toute cette histoire ?
05:08L'autorité palestinienne est quelque peu démonétisée. Le fatah de Mahmoud Abbas est quand même à l'arrière-plan.
05:15On a bien vu que Mahmoud Abbas il y a quelques jours au Parlement turc a tenté une apparition et d'exister politiquement en se rappelant aux bons souvenirs j'allais dire et d'Israël et du Hamas
05:26dans la perspective d'un cessez-le-feu où après il y aurait la question du contrôle de la bande de Gaza.
05:32Israël ne souhaite pas que ce soit le Hamas qui contrôle la bande de Gaza si toutefois il devait y avoir un cessez-le-feu,
05:37ce que Benjamin Netanyahou n'envisage pas et le Hamas n'envisage pas que ce soit Israël.
05:41Donc Mahmoud Abbas a tenté une réapparition.
05:43Et effectivement les événements aussi en Cisjordanie avec cette colonisation rampante c'est aussi j'allais dire sous l'autorité palestinienne que cela se produit.
05:51Mais il est vrai que l'autorité palestinienne est un peu démonétisée et donc un peu à l'arrière-plan.
05:56Patrick on voit que les pays médiateurs sont les Etats-Unis en tête, le Qatar, l'Egypte.
06:02Est-ce que la France joue un rôle encore avec ce gouvernement démissionnaire, un ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné qui est assez absent de ces négociations ?
06:12Alors pardon il s'est quand même rendu dans la région avec son homologue britannique.
06:16Il ne participe pas directement à ces négociations.
06:19Oui mais il pousse chacun, met son petit caillou pour essayer d'arriver à tout cela.
06:24Alors évidemment on n'en est pas à Tony Blinken l'américain qui était à son neuvième voyage déjà.
06:30Qui a été assez ferme d'ailleurs ces derniers jours en disant bon on a un plan, il n'y a que des gens de bonne foi autour de cette table.
06:37On va tout faire, il ne faudrait pas que quelqu'un fasse dérailler ce processus de paix.
06:44Il pensait évidemment à Netanyahou et puis il pense aussi à sa propre politique intérieure.
06:49S'il pouvait y avoir une signature de la part de tout le monde avant la fin de la convention américaine démocrate, ça l'arrangerait grandement.
06:56Les Français, ils sont là, ils sont dans la région, ils ont un rôle à jouer notamment avec les Libanais.
07:01Parce qu'on est vraiment là dans la perspective d'éviter un embrasement de la zone.
07:07Jérôme Kech a raison notamment sur le rôle de l'Iran.
07:10Mais chacun essaye de jouer sa partition sur le terrain qu'il connaît le mieux.
07:14Pour l'instant Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné, ils n'ont aucune prise sur Netanyahou.
07:18Il n'y a pas grand monde qui a de prise sur Netanyahou.
07:20Blinken essaye de l'avoir, l'américain.
07:22Mais on a un rôle à jouer notamment au Liban.
07:24Pas directement avec le Hezbollah mais avec le pouvoir pour essayer justement de canaliser tout ça.
07:29Tous ces fronts nord qui menacent depuis un certain temps maintenant.
07:33Rapidement Patrick, est-ce que tout cela peut voler en éclat dans les heures qui viennent ?
07:37Est-ce que ces négociations sont à ce point fragiles ?
07:39Bien sûr, bien sûr.
07:41Sinon, il y aurait déjà eu des avancées lors des derniers tours de négociations, au mois de mai notamment.
07:47Avec vraiment cette phrase qui doit servir de mantra aux négociateurs, c'est
07:52il faut vraiment que personne ne fasse dérailler ces négociations.
07:56C'est extrêmement fragile, on attend maintenant la réponse du Hamas
07:59qui va se laisser désirer, qui laisse d'abord les chiffres parler.
08:03Les chiffres du Hamas, c'est 40 000 morts dans la bande de Gaza.
08:06C'est un chiffre qui fait parler évidemment.
08:08Merci à tous les deux, c'était passionnant.

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