Tous les soirs et pendant tout l'été, les invités de #HDProsEte débattent des grands thèmes de l'actualité
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00:0020h05 sur CNews, bienvenue dans l'heure des pros. Je suis ravi de vous accueillir avec toute cette tablée.
00:07Elisabeth Lévy, bonsoir.
00:08Bonsoir Anthony.
00:09De retour Elisabeth Lévy, avec Georges Fenech également.
00:12Bonsoir Georges.
00:13Bonsoir.
00:14Philippe Guibert.
00:15Bonsoir.
00:16Et bien sûr, Kevin Bossuet.
00:18Bonsoir Anthony.
00:19On va commencer avec ce qui agite notre journée, c'est la politique bien évidemment, et c'est rencontre à l'Elysée.
00:25Le nouveau Front populaire qui a lancé aujourd'hui son offensif pour Matignon.
00:29Avec Lucie Castex, les chefs des partis de gauche ont été les premiers en début de journée à être reçus par Emmanuel Macron.
00:35La discussion a semble-t-il été riche.
00:37Lucie Castex évoque un chef d'État lucide sur le souhait des Français d'un changement d'orientation politique,
00:42même si elle déplore la tentation d'Emmanuel Macron de composer son gouvernement.
00:47Je vous propose donc pour commencer d'écouter Lucie Castex à l'issue de cet entretien ce midi.
00:52Nous sommes extrêmement satisfaits d'avoir été reçus tous ensemble unis par les présidents de la République.
00:58Nous avons eu une discussion très riche.
01:01Nous nous satisfaisons du fait que le président de la République a reconnu qu'un message avait été envoyé par les Français lors des dernières élections
01:10et que ce message c'est le souhait d'un changement d'orientation politique.
01:14Le président est lucide sur cela et c'est une très bonne nouvelle.
01:18Néanmoins, la tentation semble encore présente pour le président de composer son gouvernement.
01:23Nous lui avons dit que c'était à la force politique d'arriver en tête, le nouveau fonds populaire, de composer un gouvernement
01:30puis ensuite d'aller construire des coalitions avec les partenaires politiques au Parlement.
01:35C'est un jeu de dupe tout ça, c'est du théâtre auquel on a assisté aujourd'hui. Elisabeth Lévy.
01:40C'est du théâtre, pas de dupe.
01:42Il y a écrit comment son offensive sur Matignon.
01:46Ça fait deux mois qu'ils nous expliquent qu'ils ont gagné les élections et qu'ils doivent être à Matignon.
01:50Lucie Castex a raison.
01:52Peut-être Emmanuel Macron lui a dit que les Français voulaient un changement d'orientation politique.
01:56Le problème c'est de qualifier cette volonté de changement.
01:59Moi je n'ai pas compris au résultat des urnes, mais peut-être suis-je stupide, que les Français voulaient un gouvernement de gauche.
02:05Il n'y a qu'eux qui semblent penser qu'ils ont reçu un mandat pour appliquer leur programme.
02:09Donc que comme première force politique qu'ils soient reçus, qu'on discute avec eux, etc.
02:15Mais la discussion c'est que oui, Emmanuel Macron a le droit de composer son gouvernement.
02:19Et si possible, il doit composer un gouvernement qui tiendra plus de deux jours à l'Assemblée.
02:23Donc tout ça me paraît être de la comédienne de l'arté.
02:27Depuis deux mois on fait semblant de croire que la gauche a gagné.
02:31La gauche a 30% des voix et je ne vois pas avec qui elle peut s'allier hors de son camp.
02:36Il y a trois blocs, la gauche n'a pas d'allié, alors peut-être quelques macronistes.
02:41Je suis tout à fait d'accord avec Elisabeth Lévy.
02:44Je suis étonné.
02:46On a vraiment l'impression que la gauche est en train de créer un récit pour par la suite se victimiser.
02:54Parce que évidemment, Madame Casse-Nette ne sera jamais à Matignon.
02:58Même si Emmanuel Macron nommait cette femme, elle serait renversée en 48 heures.
03:04Quand on regarde au niveau électoral, c'est un quart de l'électorat le Nouveau Front Populaire.
03:1028% !
03:12Allez, un tiers, un petit tiers.
03:14Et on sait très bien qu'au second tour des élections législatives,
03:18il y a eu beaucoup un vote en leur faveur pour contrer le Rassemblement National.
03:23Et en plus ils ont 193 députés je crois, autour de 193.
03:27Mais regardez, lors de l'élection au perchoir,
03:30ils n'ont même pas su faire élire leur candidat André Chassen.
03:34Puisque c'est Yael Brown-Pivet qui a été élu.
03:37Donc que vont dire ces gens ?
03:38Regardez, Monsieur Macron remet en cause la démocratie.
03:41C'est une crise institutionnelle.
03:43C'est un coup d'État.
03:44Donc ça va contribuer à bordéliser encore le pays.
03:47Et ça rentre dans la stratégie de Jean-Luc Mélenchon de bordélisation.
03:51Puisque cet homme n'arrive pas à prendre le pouvoir par les yeux d'autres.
03:53Donc il veut le prendre par la rue.
03:55Voilà ce que c'est que l'extrême gauche qui mène un jeu profondément anti-démocratique.
04:00Il est dans cette stratégie de bordélisation à l'Assemblée Nationale.
04:04Comme dans la rue.
04:05Et ce n'est pas très républicain.
04:06Mais il vise la présidentielle.
04:08Parce que prendre le pouvoir par la rue, c'est une histoire qu'on se raconte.
04:14Non mais on sera en Allemagne.
04:17Nous ne sommes pas en Allemagne.
04:18Ça ne m'a pas échappé.
04:19Mais nous serions en Allemagne.
04:20Les partis politiques se seraient réunis pour discuter depuis la mi-juillet,
04:25une semaine après le scrutin, pour trouver un compromis, un programme législatif,
04:31de façon à gouverner.
04:33Oui mais c'est un problème.
04:34Il va bien falloir que ça le devienne.
04:35Il faut que transitoirement ça le devienne.
04:37Parce que la Ve République, c'était le fait majoritaire.
04:39Là on est dans le bras de fer.
04:41Là il n'y a plus de majorité.
04:42Donc à partir du moment où il n'y a plus de majorité, il faut trouver un compromis.
04:45Et donc les partis politiques, et je trouve que ce qu'on peut reprocher à la gauche,
04:49c'est pas de vouloir être candidate à Matignon avec Mme Castex.
04:52C'est qu'ils auraient dû utiliser l'été pour tenter de faire des ouvertures,
04:57pour trouver une véritable majorité.
04:59Ils ne l'ont pas fait.
05:00Et donc je serai à la place d'Emmanuel Macron, je lèverai l'hypothèque,
05:03je dirai « alors d'accord, vous voulez vraiment gouverner,
05:06on va convoquer une session extraordinaire,
05:09vous allez faire une déclaration de politique générale,
05:11on va voir si vous avez la majorité ».
05:12À mon avis, avec des ministres et les filles au gouvernement,
05:15ça tiendra 48 heures, 72 heures.
05:17Probablement même pas.
05:18Et on pourra passer à autre chose, on aura juste perdu le temps.
05:20Je suis d'accord.
05:22Oui, moi je fais un constat un peu plus nuancé.
05:26Non, non, que ce que je viens d'entendre, vous trois, en toute amitié.
05:32En fait, on dit qu'il y a trois blocs.
05:36Le bloc central, disons, dans lequel on pourrait intégrer LR,
05:41il y a le bloc Rassemblement National,
05:45et puis il y a le bloc Nouveau Front Populaire.
05:48Lequel des trois blocs arrive uni devant le président de la République,
05:52en plus grand nombre de députés, et avec un candidat pour Matignon, lequel ?
05:57Le Front Populaire.
05:59Est-ce que les deux autres se sont présentés de la même façon ?
06:03En tout cas, je pense surtout au bloc central.
06:05Vous avez effectivement Laurent Wauquiez qui dit « nous on a un pacte législatif,
06:09mais on ne fera pas de coalition ».
06:11Mais il n'y a pas d'entente entre, disons, le centre, Renaissance,
06:16il n'y a pas eu.
06:18Donc quel va être le choix ?
06:21Quel peut être le choix du président de la République ?
06:24Réfléchissez une seconde.
06:26Est-ce qu'il a simplement le choix dans la nomination ?
06:29Je crois que ça va, de fait, ça va s'imposer à lui.
06:38Alors après, il y a l'hypothèse, une motion de censure.
06:41Qu'est-ce qui se passe derrière ? Réfléchissez une seconde.
06:44S'il n'y a pas de premier ministrable possible,
06:47qui peut débloquer la situation ?
06:49Elisabeth, je vous donne la parole, je peux vous faire écouter quelque chose ?
06:52C'est Marine Tordelier à la sortie de cette…
06:54Laurent Wauquiez.
06:55Non, Marine Tordelier.
06:56Marine Tordelier, la patronne d'Europe Ecologie,
06:58les Verts, qui tape du poing sur la table
07:00et qui dit « il nous faut une réponse mardi ».
07:02Écoutez.
07:04Ce que nous avons trouvé extrêmement positif,
07:07c'est de pouvoir nous adresser à lui
07:09pour lui dire que ce feuilleton institutionnel a des devoirs sache-fait.
07:12Il finit ses consultations lundi,
07:14il nous faut une réponse mardi.
07:16Parce que, à la fin, le risque est qu'on s'enferme tous,
07:19vous, nous, ce pays, dans quelque part un feuilleton institutionnel.
07:22Et ce qui compte, c'est bien le quotidien des Français.
07:25Nous, on veut améliorer leur quotidien
07:27et permettre leur lendemain.
07:28Il y a des urgences.
07:29Et laisser les semaines s'écouler sans s'y attaquer
07:32est grave et même irresponsable.
07:34Grave et irresponsable, elle dit.
07:36Elle a raison ou pas ?
07:37Non, mais là où Philippe…
07:39Mardi ou mercredi ou jeudi, ça va changer quelque chose ?
07:41Philippe, en tous les cas, a raison quand il dit que, normalement,
07:43et ce n'est pas parce qu'on n'est pas allemand,
07:45on est dans une situation qui est celle-là.
07:47Normalement, tout le monde aurait dû se mettre autour d'une table
07:50pour essayer de voir s'il y avait moyen de dégager
07:53un plus petit ou un plus grand dénominateur commun
07:56susceptible d'obtenir une majorité ne serait-ce que négative.
08:00Maintenant, pour répondre à mon ami Georges,
08:02en fait, il y a une confusion entre le premier et le gagnant.
08:05Et si vous voulez, je ne comprends pas pourquoi le premier,
08:07qui n'est pas le gagnant, loin de là, comme l'a rappelé Kevin,
08:11aurait des prétentions à imposer son programme aux autres.
08:14En réalité, si dans cette situation,
08:17qui n'est évidemment loin d'être idéale,
08:19puisqu'il n'y a pas de majorité naturelle,
08:21si dans cette situation, il faut construire, bricoler,
08:25malgré tout, une non-majorité négative
08:28ou une majorité, disons, relative,
08:31c'est-à-dire un gouvernement qui ne sera pas renversé,
08:34c'est quand même le vote des Français,
08:36c'est quand même plutôt porté à droite qu'à gauche,
08:39ou je me trompe ?
08:40C'est-à-dire que vous avez, même si on considère
08:43que vous n'avez que, disons, un tiers,
08:45la moitié des électeurs macronistes
08:47et deux tiers des électeurs RN, d'ailleurs,
08:49qui sont de droite.
08:50Parce que tous les électeurs RN ne sont pas de droite, en fait.
08:52Ça complique encore le jeu.
08:54– Ils ne sont pas très…
08:55On n'a pas beaucoup qui sont de gauche.
08:57– Pas beaucoup, mais il y en a aussi.
08:59Le programme est plutôt de gauche économiquement.
09:01Donc, même avec ça, on peut trouver,
09:05vous pouvez trouver une personnalité, si vous voulez,
09:08qui, effectivement, ne sera pas renversée
09:10dans le centre droit, j'imagine,
09:12vous pouvez parfaitement la trouver,
09:14avec, disons, une sorte d'accord des autres.
09:17La question, c'est de savoir, après, qu'est-ce qu'on fait ?
09:19Mais dans tous les cas, on ne fait rien.
09:21La gauche ne pourra pas faire passer
09:22un seul de ses projets emblématiques.
09:24Le seul projet, en fait, et ça me désole,
09:26le seul projet dont on est sûr
09:28qu'il pourra passer dans ce pays,
09:30c'est l'abrogation de la réforme des retraites.
09:33Vous voyez dans quoi ?
09:34Nous aurons passé deux ans sur une réforme
09:37qui n'est quand même pas absolument…
09:39Mais les Français qui veulent sortir de l'histoire
09:41et surtout pas travailler, là, ils sont d'accord.
09:43Non, non, moi je suis sidéré, si vous voulez,
09:45par notre rapport au travail.
09:47Et je ne cesserai de le dire.
09:49– Je te rejoins là-dessus, parce qu'il y a un moment donné…
09:52– Pourquoi pas, si vous voulez, en quoi une majorité,
09:54disons, de centre droit, je pose la question à Georges,
09:56serait moins légitime qu'une majorité de gauche,
09:59en fait, un gouvernement de gauche qui n'a pas de majorité ?
10:02– Parce qu'elle ne s'est pas entendue.
10:04– Ça commence.
10:06– On pouvait s'attendre qu'à l'occasion de ces entretiens
10:08avec le président de la République,
10:10ils viennent front uni, comme le nouveau Front populaire,
10:13avec un programme minimum et avec un non.
10:16– Donc il faut appliquer le programme du Front populaire
10:18que 70% des Français ne veulent pas ?
10:20– Non, non, non, c'est pas ça que veut dire Georges.
10:22– Je dis que le président de la République
10:24se retrouve au pied du mur.
10:26C'est ça que je suis en train de vous dire.
10:28C'est qu'il n'aura peut-être plus le choix.
10:30On peut le regretter quand on craint effectivement
10:33cette politique du nouveau Front populaire,
10:35mais je ne rentre pas dans le débat de fond,
10:37je regarde simplement la Constitution.
10:39Le président n'aura même plus la possibilité de choisir,
10:43il va nommer.
10:45– Non mais attendez, il nomme un Premier ministre,
10:47le Premier ministre est renversé donc.
10:49– C'est une autre étape.
10:51– Je suis d'accord avec Philippe, ça lèvera l'hypothèque,
10:53ça déminera le discours.
10:55– S'il vous plaît, est-ce qu'on peut écouter Olivier Faure ?
10:57– Oui. – Ah ben on en rêvait !
10:59– Pas d'ironie s'il vous plaît, Olivier Faure.
11:01– Ça n'était pas ironique.
11:03– Le changement est possible, il est nécessaire,
11:06et il a été, d'une façon plébiscitée par les Français,
11:10quels que soient les votes qui se sont opposés
11:13à la politique conduite par le chef de l'État jusqu'ici.
11:16Et donc il a acté cette nécessité.
11:19Nous sommes venus lui dire que nous étions parfaitement rassemblés,
11:23qu'il était inutile de chercher à jouer les uns contre les autres,
11:26qu'il n'y aurait pas de division du Nouveau Front Populaire.
11:29Nous sommes venus ici, il a lui-même reconnu
11:32que l'ensemble des forces représentées,
11:34qui avaient toutes participé au Front Républicain,
11:37contrairement au parti qui s'appelle justement les Républicains,
11:41étaient parfaitement légitimes à la fois à gouverner
11:45et à incarner ce changement.
11:47Donc il y a des points positifs à ce rendez-vous.
11:50– Non mais moi, Olivier Faure part du principe
11:53que la gauche a gagné ses élections législatives.
11:56Élisabeth l'a rappelé, ce n'est pas vrai.
11:59La France n'a jamais été aussi à droite sur le régalien
12:02et on voudrait nous vendre en effet un programme
12:05qui est extrêmement à gauche.
12:08Alors évidemment, c'est le premier groupe à l'Assemblée Nationale.
12:11Je suis d'accord, le premier parti.
12:14Mais il faut voir dans quelles conditions ces députés ont été élus.
12:17Il y a eu quand même des tambouilles électorales.
12:20Il y a eu des tambouilles électorales
12:22où vous avez des gens comme Gabriel Attal
12:25qui ont appelé à voter pour l'extrême-gauche
12:28qu'ils combattent auparavant,
12:30pour notamment évincer le Rassemblement National
12:33et évincer une partie des électeurs.
12:35Et quand on regarde au second tour des élections législatives,
12:39un petit peu les rapports de force idéologiques.
12:42Le nouveau Front Populaire a fait 25,7% des suffrages.
12:46Macron et la droite républicaine, 28,7%.
12:49Et le Rassemblement National et les siotistes, 37%.
12:52Ce qui montre bien que la France est très largement à droite.
12:55Et M. Macron a tout à fait le choix
12:58de nommer le Premier ministre qu'il veut.
13:00Il pourrait très bien nommer un Premier ministre de centre droit
13:03avec un pacte avec le Rassemblement National de non-agression,
13:06attendre une année pour la prochaine dissolution.
13:09À un moment, il faut faire preuve de responsabilité.
13:12Le programme économique du nouveau Front Populaire n'a aucun sens.
13:16On est déjà dans un problème budgétaire conséquent.
13:19C'est un impôt sur le revenu avec 14 tranches.
13:22C'est une augmentation du point d'indice des fonctionnaires.
13:25C'est une augmentation des aides sociales.
13:27La France ne peut pas assumer ça. Ce serait la banqueroute.
13:30Pourquoi ça ne marche pas ?
13:32Parce que le sens de ce deuxième tour,
13:34quoi qu'on en pensait, quelles que soient nos préférences les uns aux autres,
13:37ça a été de battre le Rassemblement National.
13:39Donc on ne peut pas rentrer, sauf à trahir le sens du vote des électeurs,
13:43on ne peut pas rentrer dans un système où il y aurait une coalition
13:47qui d'ailleurs, comme le disait très bien Georges,
13:49ne s'est pas formée pendant l'été,
13:51et qui serait soutenue par l'abstention du Rassemblement National.
13:54Ça ne serait pas conforme au vote des Français au deuxième tour.
13:57Et qu'est-ce qui serait conforme alors ?
13:59La seule solution, c'est d'éviter dans cette Assemblée...
14:04La solution la plus démocratique serait que les partis
14:07qui n'ont pas fait des tandems mais des désistements
14:10s'allient entre eux pour gouverner.
14:12Ça serait ça la logique démocratique.
14:14Mais s'il y a une rémunération de censure...
14:16Je termine, je termine.
14:17Et donc comme il y a le problème d'Elifi précisément,
14:20la seule solution c'est qu'Emmanuel Macron lève l'hypothèque
14:24de Lucie Castex et d'un gouvernement purement Front Populaire,
14:28qui échouera dans les 48, 72 heures ou 90, 18 heures,
14:34et ensuite de passer un compromis qui pour l'instant n'est pas possible.
14:38Parce qu'il faut qu'Emmanuel Macron obtienne l'abstention
14:41du Parti Socialiste, des écologistes et des communistes
14:44pour avoir un gouvernement qui ne soit pas renversé.
14:47Avec le RN ça suffit mais l'abstention du RN n'est pas...
14:50Mais comme je le viens de te dire, le sens du vote n'était pas
14:53de mettre le RN dans le cou.
14:56Les Français ont voulu battre le RN.
14:58Je suis désolée, il y a une Assemblée, il y a une Assemblée.
15:00Ils ont voulu battre le RN.
15:02Je t'ai écouté donc je te réponds.
15:04Il y a une Assemblée qui a été élue et effectivement
15:07les choses vont plutôt beaucoup se décider à l'Assemblée
15:10vu la configuration.
15:12Donc quel sens ?
15:14Ce qui est extraordinaire, c'est que tu me dis
15:16un gouvernement Front Populaire, alors que des programmes
15:20désavoués par disons 70% des électeurs.
15:23Un gouvernement Front Populaire ce serait plus démocratique
15:26qu'un gouvernement qui bénéficierait simplement de l'abstention du RN.
15:30Mais quoi ? Tu vas les mettre où ?
15:32Tu vas les envoyer sur la planète Mars les députés RN ?
15:35Je te réponds d'un mot.
15:37Les Français ont voté pour empêcher le RN de gouverner.
15:41Le désistement de second tour se sont fait sur le fait
15:46de faire barrage au RN.
15:48Et donc il y a eu une incohérence démocratique
15:51à faire dépendre d'un gouvernement de la bonne volonté du RN
15:54par son abstention.
15:56Il faut relire la Constitution.
15:58C'est la logique politique et démocratique.
16:01Juste un point quand même.
16:03Il ne faudrait pas penser que le RN a perdu ses élections.
16:08On ne passe pas de 89 députés à 140 députés comme ça en deux ans.
16:17C'est le premier parti.
16:20C'est celui qui l'a emporté.
16:22Il y a aussi une chose qui est très importante à mettre en avant.
16:25C'est le financement des partis politiques.
16:27Le financement s'appuie notamment sur les scores du premier tour.
16:30Il y a une manne financière extrêmement importante
16:33qui va aller dans l'escarcelle du RN.
16:35En outre, on a vu que pendant ces élections-là,
16:38il y avait des candidats du RN qui ne tenaient pas la route.
16:41Le nombre de députés est extrêmement croissant.
16:44Ce qui fait qu'il va y avoir plus d'assistants parlementaires
16:46qu'on va pouvoir former.
16:48C'est le premier point.
16:50Ensuite, pour répondre à votre question,
16:52je suis désolé.
16:54Vous partez du principe qu'il faut faire des alliances,
16:58écarter LFI, écarter le RN.
17:01Une alliance des communistes, des socialistes, des verts,
17:04de la droite républicaine et de Macron est possible.
17:07Mais mettez-vous à la place des socialistes et des communistes
17:10si jamais ils s'opposent à LFI.
17:13Ils ont déjà très peu de circonscriptions.
17:15S'ils se retrouvent la prochaine fois face à des candidats LFI,
17:18il y a fort à parier qu'ils seront battus.
17:21Le coup politique est beaucoup trop important.
17:23La seule solution pour Emmanuel Macron,
17:25c'est soit un gouvernement technique,
17:27soit un ministre de centre-droit
17:29en essayant de rassembler la droite républicaine et Renaissance.
17:33Je voudrais qu'on écoute aussi à la sortie
17:35pour que nos téléspectateurs puissent entendre un panel
17:37des différentes personnalités qui se sont rendues
17:39à ces entretiens à l'Elysée.
17:41Laurent Wauquiez, député, LR,
17:45président démissionnaire de la région Verne-Rhône-Alpes.
17:50C'est l'événement politique du jour.
17:52On écoute Laurent Wauquiez.
17:54Nous ne participerons à aucune coalition gouvernementale
17:58parce que nous ne croyons pas à ce système
18:00de coalition gouvernementale où on met ensemble
18:03des gens qui ne pensent pas la même chose
18:06et qui aboutissent à l'impasse dans laquelle on est aujourd'hui.
18:10Et la deuxième chose que nous avons rappelée collectivement
18:13avec la plus grande clarté,
18:15c'est que nous ferons barrage à la France insoumise.
18:18Ça va être compliqué.
18:20Oui, on est dans une situation inédite.
18:26Sous la Ve République, on avait soit une majorité présidentielle,
18:29ça a été le cas le plus souvent,
18:32soit, si le président perdait sa majorité,
18:34il y avait une majorité en face.
18:36C'était de cohabitation.
18:38Là, nous n'avons pas de majorité présidentielle
18:40et nous n'avons pas de majorité de rechange,
18:42de cohabitation possible.
18:44Donc on est dans une situation inédite qui,
18:46je crois pouvoir le dire, n'a pas été prévue
18:48par la Constitution, voyez-vous.
18:50Moi, je fais partie de ceux, peut-être très minoritaires,
18:53mais être minoritaire ne veut pas dire avoir tort forcément,
18:57qui pensent que lorsqu'il est écrit dans la Constitution
19:01qu'il ne peut pas y avoir une dissolution
19:03dans le délai d'un an après une première dissolution,
19:05ça ne s'applique que dans le cadre d'un mandat présidentiel,
19:08dans un quinquennat, si vous voulez.
19:10Je pense que si le président de la République
19:12se retirait aujourd'hui, et je crois que le contexte
19:15de plus en plus montrera que son mandat
19:19devient de plus en plus intenable,
19:21s'il se retirait et qu'il y avait de nouvelles élections
19:24présidentielles, je pense qu'on battrait les cartes
19:27et on aurait une nouvelle dissolution
19:29et on aurait une nouvelle majorité
19:31et le pays pourrait avancer.
19:33C'est le pari de Gauquier, c'est ça ?
19:35D'après vous, c'est le pari de Gauquier ?
19:37Est-ce que le Premier ministre ne peut pas aller le chercher
19:39du côté de la société civile, du côté des grands patrons ?
19:41Qui peut raisonnablement penser que cette situation
19:43ne va pas s'arrêter en 2022 ?
19:45Juste une question, pardon à Georges.
19:47Est-ce que c'est ça, le pari de Gauquier,
19:49quand il quitte la région parce qu'il pense
19:51qu'il y aura une présidentielle dans un an ?
19:53Est-ce que c'est ça l'idée ?
19:55Je ne sais pas.
19:57En tout cas, il vise, vous le savez bien,
19:59il vise 2027. Est-ce qu'il espère que ce soit avant ?
20:02Je crois qu'il y a beaucoup de Français
20:04qui espèrent au départ d'Emmanuel Macron
20:06et le plus tôt possible, voyez-vous.
20:08Il n'y a pas que sans doute la droite,
20:10il y a beaucoup, parce que je crois que
20:12c'est fini. Il a montré sa limite,
20:14il a montré son échec.
20:16La France va très mal sur tous les niveaux
20:18et on ne va pas les énumérer.
20:20Donc, qu'est-ce qui attend des Français ?
20:22Une nouvelle politique.
20:24Tant que le président de la République
20:26se maintient à l'Élysée, il ne peut pas y avoir
20:28une nouvelle politique.
20:30Le mot de la fin.
20:32L'interprétation que tu fais de la Constitution
20:34est effectivement très, très minoritaire.
20:36Parce que l'article 12 de la Constitution
20:38est extrêmement clair sur le droit de dissolution.
20:40Le président ne pourrait pas dissoudre
20:42sauf à brutaliser, pour ne pas dire violenter
20:44la Constitution.
20:46Qui s'en plaindrait ?
20:48Moi, je m'en plaindrais.
20:50Parce que quand on commence à brutaliser et violenter
20:52la Constitution, où est-ce qu'on s'arrête ?
20:54À partir du moment où on considère
20:56qu'on peut interpréter
20:58à sa manière, contre la lettre
21:00de la Constitution, un article
21:02de la Constitution,
21:04on rentre dans une logique de coup d'État
21:06permanent.
21:08Dans l'intérêt du pays.
21:12On va marquer une courte pause.
21:14Je ne suis pas compétent
21:16pour juger d'un référendum.
21:18C'était sur un référendum.
21:20Il y a le parodique et il y a le politique.
21:22Messieurs, s'il vous plaît, on va revenir dans quelques minutes.
21:24On évoquera d'autres sujets, pas mal de choses
21:26à évoquer avec vous, la vente à la sauvette
21:28dans Paris, les déserts médicaux
21:30également, la gestion aussi
21:32des trafics de drogue, et notamment
21:34à Grenoble. On va évoquer tout ça dans quelques instants,
21:36je vous la pose.
21:40Le débat ne s'est absolument
21:42pas arrêté en plateau pendant la pub,
21:44je vous le dis tout de suite. Je vais l'arrêter maintenant
21:46et on va passer à un autre sujet, ce sera
21:48plus simple, parce qu'on va continuer à spéculer encore longtemps
21:50sur nos affaires politiques. Il y a encore
21:52pas mal de rendez-vous à l'Élysée d'ici
21:54lundi, et peut-être une décision
21:56mardi, mais ça on n'est vraiment pas sûr.
21:58Je suis toujours avec Elisabeth Lévy, Georges Fenech,
22:00Kevin Bossuet et Philippe Guybert, et on va
22:02parler de Paris à présent. Cet été,
22:04vous avez peut-être eu la chance, je ne sais pas
22:06si vous étiez dans la capitale,
22:08de redécouvrir la ville d'une certaine
22:10façon, propre, sécurisée,
22:12désencombrée. Tous les quartiers
22:14n'ont pas eu la même chance que le
22:16Champ de Mars au moment de la compétition
22:18des Jeux Olympiques, du côté de Château-Rouge,
22:20dans le 18ème arrondissement. Rien n'a bougé
22:22avant, pendant, après les JO.
22:24Son marché illégal, ses vendeurs
22:26à la sauvette, ses barbecues sur
22:28des caddies, ses déchets pleins la rue, tout ce petit monde
22:30défie les forces de l'ordre, qui procède pourtant
22:32à des interpellations, mais aussitôt
22:34partis. Chacun reprend
22:36sa place et les habitants du quartier n'en peuvent plus.
22:38Je vous propose de regarder ce reportage signé
22:40Mathieu Devesse, Bamba Gueye et Tony Pitaro.
22:48Pour filmer dans ce marché illégal en plein
22:50cœur de Paris, il faut utiliser
22:52une caméra discrète. Ici,
22:54de nombreux produits se vendent au milieu
22:56des trottoirs et des déchets.
22:58Nous rencontrons Emma. Elle habite
23:00dans ce quartier depuis 15 ans.
23:02Pour elle, cette situation ne peut plus
23:04durer. L'été, c'est surtout le
23:06maïs, partout les épluchures de
23:08maïs, on se casse la figure, ça glisse.
23:10Vous avez les employés
23:12de la mairie qui nettoient derrière, qui ramassent
23:14toute la journée, et
23:16les autres qui continuent à dégueulasser partout
23:18la rue. Des nuisances qui se poursuivent
23:20même le soir. Les barbecues
23:22le soir, ça c'est une catastrophe. C'est quand
23:24même du barbecue sur
23:26des caddies, sur un brasero.
23:28C'est de la viande, c'est parce que c'est sec, c'est des brochettes.
23:30Pourtant, de nombreuses opérations
23:32de police sont régulièrement menées
23:34dans le quartier, comme ce mercredi.
23:36Secteur Château-Rouge, une opération
23:38menée par les policiers de la DESPAP,
23:40appuyée par les unités de force
23:42mobile en renfort, ont abouti à
23:44100 personnes évincées,
23:4615 personnes verbalisées,
23:482 amendes forfaitaires délictuelles
23:50et 200 kilos de marchandises saisies.
23:52La préfecture de police de Paris
23:54assure poursuivre sa lutte
23:56contre les nuisances et l'insécurité.
23:58Alors, mon propos, c'est que
24:00les Parisiens, je pense, vont avoir de plus en plus
24:02de mal à accepter ce genre de situation
24:04quand on a vu que pendant les Jeux Olympiques, dans certains quartiers,
24:06on était capable de littéralement les transformer.
24:08Ils vont faire quoi ?
24:10Ils vont faire quoi ?
24:12Franchement, ils vont faire quoi ?
24:14Ils vont avoir plus de mal à accepter.
24:16Que vont-ils faire ? Parce que la réalité,
24:18c'est une impuissance totale. Nous avons
24:20tout subi, y compris, moi, je suis revenu
24:22pendant, avant
24:24la cérémonie d'ouverture, on avait l'impression
24:26d'une ville, si vous voulez, qui avait
24:28subi un coup d'État, et ce qui est
24:30extraordinaire, je fais partie de ces gens,
24:32comme Francis Spiner, qui disent, c'est merveilleux, pendant
24:3415 jours, un village Potemkin,
24:36la place Saint-Michel, près de mon domicile,
24:38on pourrait manger par terre, encore aujourd'hui,
24:40je vous le dis, ce qui n'arrive
24:42jamais, c'est un des lieux les plus sales
24:44du centre de Paris,
24:46mais en même temps, si vous voulez, est-ce que notre
24:48idéal, qu'est-ce que ça dit
24:50de nous, que la ville soit sale ?
24:52Qu'est-ce que ça dit de la politique d'Anne Hidalgo ?
24:54Et est-ce que notre idéal, est-ce que pour
24:56vivre à peu près en paix dans notre
24:58ville, il faut qu'il y ait des policiers à tous les coins
25:00de rue ? Moi, je dis, ça me désespère.
25:02Cela dit, il y avait une atmosphère sympathique, même avec
25:04les forces de l'ordre, on a bien vu, il y avait une
25:06certaine solidarité avec la population.
25:08C'est ça, notre idéal d'une ville, c'est d'être policiers partout !
25:10C'est pas ça, une ville.
25:12Une ville, c'est la police.
25:14La police, c'est quoi ? C'est la
25:16cité, c'est le vivre
25:18ensemble, le fameux vivre ensemble, si vous voulez.
25:20Et nous, maintenant,
25:22on en est, on a raison,
25:24si vous voulez, on en est à se dire, c'est merveilleux.
25:26D'accord, le 18ème, on le laisse
25:28comme ça ? Je dis pas qu'on le laisse comme ça, si vous
25:30ne laissez pas entrer les gens
25:32qui vendent des
25:34marchandises, parce que, excusez-moi,
25:36je doute fort qu'ils aient tous des papiers en règle.
25:38Je doute fort que ce
25:40soient des étrangers légaux
25:42ou des français. Bon, ça, on n'a pas pu vérifier.
25:44Non mais, si vous voulez, d'après
25:46ce que nous disent les policiers par ailleurs,
25:48ces vendeurs à la sauvette,
25:50sont très souvent des immigrants illégaux.
25:52Déjà, commencez par contrôler nos frontières.
25:54Si vous voulez, ce qu'on a montré
25:56cet été, c'est qu'effectivement, on pouvait
25:58faire un certain nombre de choses.
26:00Mais je vous fiche mon billet que la parenthèse
26:02est terminée, et que voilà,
26:04les habitants ne pourront rien faire, malheureusement.
26:06Je rejoins Elisabeth dans sa dimension
26:0868A,
26:10qui est...
26:12Non mais, sans la blague mise à part,
26:14on ne peut pas rêver d'un
26:16pays et d'une ville, en l'occurrence Paris,
26:18où il y a un policier, ou deux policiers, ou trois policiers
26:20tous les 300 mètres. Même sympathique.
26:22Même sympathique. Ce n'est pas
26:24effectivement un idéal. Je suis d'accord avec toi.
26:26Paris, pendant la première semaine
26:28des JO à laquelle j'ai assisté,
26:30était cet univers où il y avait un policier
26:32tous les 100 mètres. Bon. Et ça ne peut pas
26:34être la solution permanente. Ça peut
26:36l'être pour des événements
26:38exceptionnels. Donc, il faut bien résoudre le problème
26:40de ce quartier. Le 18ème
26:42de longue date
26:44est un quartier où on rencontre ce type de problème
26:46en plus du trafic de drogue,
26:48dont se plaignent beaucoup de riverains aussi.
26:50Et donc, il faut que la préfecture
26:52et la mairie de Paris prennent
26:54enfin leurs responsabilités pour
26:56mettre fin à cette situation. Et la justice.
26:58Et la justice, sans doute,
27:00pour mettre fin à cette
27:02situation. Voilà. Alors, ils procèdent
27:04à des interpellations. Ils le disaient dans le reportage.
27:06Il y a des interpellations et
27:08des saisies. Alors, moi je ne suis
27:10absolument pas d'accord avec Elisabeth
27:12et Philippe. Quand je vois un policier
27:14dans la rue, je suis très content de le voir.
27:16Je le salue. Je lui
27:18souris. Et ça ne me gêne pas
27:20de voir des policiers tous les 300 mètres.
27:22Au contraire, ça me rassure. Moi, j'ai
27:24connu une parenthèse.
27:26Il y a beaucoup de Français qui étaient très contents de voir de la police.
27:28Bien sûr. Et on aime la police.
27:30On aime leur travail. On aime les
27:32gendarmes. Il faut saluer
27:34tout cela. Et je n'aime pas ce
27:36dénigrement, même si on serait
27:38tous heureux.
27:40Même si on serait tous heureux qu'il n'y ait
27:42pas de délinquance dans notre pays et que
27:44la police ne soit pas nécessaire.
27:46Une fois qu'on a dit ça, il y a des policiers
27:48sur le terrain. Entrons dans la vie quotidienne
27:50des gens. Moi, je passe quasiment tous les jours
27:52Gare du Nord, où vous avez ces vendeurs
27:54à la sauvette. Comment font-ils ?
27:56Vous avez des gens qui repèrent l'arrivée
27:58des policiers, qui sifflent
28:00et puis tout le monde remballe les cacahuètes,
28:02les iPhones, les écouteurs, etc.
28:04Et puis, ils s'en vont. Ils attendent
28:06une heure ou deux heures et ils reviennent.
28:08Et pour les usagers
28:10des transports publics, pour les habitants,
28:12c'est un enfer. Parce que là, on parle
28:14des vendeurs à la sauvette, on pourrait parler
28:16des agressions, on pourrait parler
28:18du trafic de drogue, on pourrait parler
28:20des agressions même
28:22dans les rames de métro. Et on n'a plus
28:24l'impression d'être dans un pays
28:26puissant, dans un pays
28:28riche. On a l'impression parfois d'être dans
28:30le tiers monde. Et moi, pour prendre régulièrement
28:32la ligne 7 du métro, pour prendre
28:34régulièrement la ligne 2, je peux vous
28:36dire que parfois, j'ai peur de prendre le métro
28:38parce que je croise des gens
28:40que je n'ai pas envie de croiser. Et j'ai
28:42une amie qui ne sort plus de chez elle après
28:4422 heures, justement parce qu'elle a peur.
28:46Elle prend des taxis, ça lui coûte une blinde
28:48mais elle ne se sent pas en sécurité.
28:50Donc vous dites, il faut régler cela.
28:52La préfecture, etc. Je veux bien, mais vous voulez
28:54régler cela comment ? Certes, il y a l'éducation,
28:56certes, il y a la justice, mais il faut bien
28:58également des policiers.
29:00Il faut bien des policiers qui arrêtent.
29:02Et des policiers qui soient là
29:04massivement, en effet, pour procéder à des
29:06interpellations. Et rien que le fait qu'il y ait des policiers
29:08parfois dans la rue ou dans le métro,
29:10ça rassure aussi les gens. Et c'est très bien.
29:12Et dernier point que j'aimerais évoquer aussi,
29:14l'image quand même de la France.
29:16Parce que vous avez des touristes qui vont dans ces quartiers.
29:18Vous avez dans le 18ème le Moulin Rouge
29:20qui est à côté. Vous avez des touristes qui vont
29:22Gare du Nord. Quand vous arrivez à Charles de Gaulle, vous prenez
29:24le RER B et vous descendez à Gare du Nord.
29:26Vous voyez tout ce spectacle.
29:28Mais les gens se disent, Paris, c'était romantique,
29:30c'était magnifique, c'est le pays de l'amour.
29:32Et ils voient quoi ? Des gens complètement désœuvrés
29:34qui vendent des cacahuètes ou des iPhones,
29:36des gens qui se tapent dessus et du trafic de drogue.
29:38Quelle pauvre image on donne.
29:40Et moi je suis allé cet été en Lettonie, en Lituanie,
29:42ce sont des pays pauvres. Il n'y a pas
29:44tout ça. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas
29:46de laxisme.
29:48Et après, Georges Fénac aussi.
29:50Non, non, Georges a
29:52certainement un avis de Parisien.
29:54Je suis comme elle.
29:56Je ne rêve pas d'une ville quadrillée
29:58par la police.
30:00C'est-à-dire que
30:02notre ville va mal, va très très mal.
30:04Mais qu'est-ce qui a été le moindre mal ?
30:06Quand on est parisien et qu'on se balade dans les rues de Paris,
30:08est-ce que c'était ce qu'on a vu cet été ou c'est le reste de l'année ?
30:10C'est peut-être un moindre mal, mais c'est quand même triste.
30:12Vous souhaitez avoir
30:14des policiers en bas de votre rue en permanence ?
30:16Non, ce n'est pas souhaitable.
30:18Ça veut dire que notre société ne va pas bien.
30:20Et qu'il faut régler le problème autrement.
30:22Maintenant, il y a des lieux de crise.
30:24Il faut une présence policière.
30:26En tout cas, c'est possible.
30:28Je l'ai vu de mes yeux dans les années 90
30:30à New York.
30:32J'ai vu cette ville qui était redevenue
30:34complètement sécurisée par la justice
30:36de tolérance zéro du maire,
30:38qui était Rudolf Giuliani.
30:40J'ai eu l'occasion de le rencontrer.
30:42C'était une politique qui a montré en 10 ans
30:44qu'on pouvait faire la ville la plus criminogène des Etats-Unis,
30:46la ville la plus sûre,
30:48à condition de s'en donner les moyens.
30:50Je suis persuadé que sans faire appel forcément
30:52à la police nationale...
30:54Il a fait quoi concrètement ?
30:56Le moindre petit désordre...
30:58La tolérance zéro, c'est la doctrine
31:00de la fenêtre brisée.
31:02C'est la justice.
31:04Dès qu'il y a un désordre tout petit
31:06qui soit, on intervient et on répare.
31:08Ne pas donner le sentiment
31:10que personne ne s'en occupe.
31:12Parce que c'est cette petite délinquance
31:14qui va conduire à une moyenne et une grande période.
31:16Mais Georges, s'il avait pour ça, il avait la justice.
31:18Il faut qu'il y ait une police municipale qui soit très présente.
31:20Il n'y a pas forcément besoin
31:22toujours de la police nationale partout.
31:24Il faut une police municipale
31:26qui enfin existe à Paris.
31:28Et qui soit armée.
31:30Et de préférence armée, je suis bien d'accord là-dessus.
31:32Mais c'est possible.
31:34Mais attendez, d'abord, il avait la justice avec lui.
31:36Deuxièmement, excusez-moi,
31:38toute l'année dernière, le ministre de l'Intérieur
31:40lui-même nous a donné les chiffres,
31:42la proportion d'étrangers
31:44dans la délinquance à Paris.
31:46Et dans les grandes villes.
31:48Donc si vous ne commencez pas,
31:50l'alpha et l'oméga, c'est-à-dire
31:52d'ouvrir la maîtrise de nos frontières,
31:54on ne va pas aller très loin.
31:56Mais j'ajoute aussi, je l'ai entendu sur cette antenne tout à l'heure,
31:58je crois que c'était,
32:00mais je peux me tromper, je suis désolée si je le fais,
32:02je crois que c'était Sabrina Medjaber,
32:04qui a rappelé qu'un adjoint
32:06d'Anne Hidalgo
32:08avait dit à propos des vendeurs à la sauvette
32:10du Champ de Mars,
32:12oh mais si vous allez au Champ de Mars et que vous n'avez pas au moins
32:14un vendeur à la sauvette et un joueur de bonne taux,
32:16vous n'avez pas eu votre carte postale.
32:18C'est-à-dire pour eux,
32:20c'est folklorique, c'est sympathique,
32:22c'est quand même...
32:24C'est pas les vendeurs de cacahuètes
32:26qui me gênent le plus non plus.
32:28Mais le problème c'est que
32:30quand tu vas à Château Rouge,
32:32c'est pas seulement les vendeurs de cacahuètes
32:34qui les découvrent par exemple.
32:36Elisabeth, je sais bien, mais je prenais ton exemple.
32:38J'ignorais totalement,
32:40d'abord les vendeurs de cacahuètes se livrent
32:42à une activité malgré tout illégale,
32:44ça nourrit l'immigration illégale parce qu'en fait
32:46ils viennent aussi pour ça.
32:48J'ignorais l'existence
32:50de ce qu'on a vu dans le sujet.
32:52Parce que là maintenant,
32:54on en est au barbecue dans la rue.
32:56Excusez-moi mais...
32:58Le problème c'est que pendant les...
33:00Qu'est-ce qu'on a fait ?
33:02On a renvoyé les uns en province,
33:04on a planqué les autres ailleurs,
33:06mais en fait vous ne réglez jamais.
33:08On n'a pas réglé le problème.
33:10Un dernier mot et on passe au sujet suivant.
33:12L'immigration illégale,
33:14elle est alimentée par les trafics de drogue
33:16et par d'autres petits trafics.
33:18Il est évident que l'immigration illégale
33:20est entretenue par les trafiquants de drogue.
33:22Donc effectivement,
33:24le coeur de la bataille,
33:26ce n'est pas les cacahuètes
33:28ou autres vendeurs de Tour Eiffel.
33:30Le problème c'est le trafic de drogue.
33:32C'est ça qui fait vivre une immigration illégale.
33:34Je sens que vous aimez les Tour Eiffel en plastique.
33:36Une question pour vous.
33:38Faut-il, comme cela peut se faire
33:40dans d'autres pays,
33:42afficher les voleurs par exemple dans les supermarchés ?
33:44C'est l'initiative qui a pris le gérant
33:46d'un supermarché en Bretagne,
33:48à Redon.
33:50Ça s'appelle le Name and Shame en Grande-Bretagne.
33:52Le responsable a annoncé
33:54qu'il afficherait dans le hall les photos
33:56de ceux qui ont commis un vol dans son supermarché.
33:58Evidemment, ça ne fait pas l'unanimité au sein du personnel.
34:00Un communiqué de désolidarisation
34:02est diffusé par les employés.
34:04Je vous propose de regarder ce sujet,
34:06ce reportage d'Alice Sommeret.
34:08Un dépôt de plainte et une place
34:10sur le mur de la honte dans un hall de supermarché.
34:12C'est ce qui attendait les voleurs
34:14qui se seraient opposés à payer trois fois le prix
34:16de leur butin. Cette mesure souhaitée par le gérant
34:18de l'intermarché de Redon n'a pas été appréciée
34:20par le groupe qu'il représente
34:22et qui a directement publié un communiqué.
34:24Cette démarche est une initiative personnelle
34:26du directeur du point de vente de Redon.
34:28Le chef d'entreprise propriétaire
34:30de ce magasin présente ses excuses
34:32pour cette initiative à laquelle
34:34il n'a pas été associé.
34:36Cet affichage ne reflète pas la politique d'intermarché.
34:38Malgré la réticence de certains,
34:40cette pratique est de plus en plus fréquente
34:42et jugée nécessaire par Jérôme Jean,
34:44président du collectif RALVOL.
34:46Clairement, de plus en plus de commerçants
34:48diffusent le visage des voleurs parce que c'est efficace.
34:50Pourquoi c'est efficace ?
34:52Parce qu'ils le font parce qu'il n'y a plus
34:54de réponse pénale dissuasive.
34:56Ils portent plainte,
34:58derrière les plaintes sont classées sans suite
35:00et restent sans réponse.
35:02Bien qu'elles soient dissuasives,
35:04cette pratique est pourtant illégale.
35:06Le gérant d'un supermarché qui est victime de vol
35:08n'a pas la possibilité de placarder
35:10les personnes qui l'ont volée
35:12parce que s'il le fait,
35:14il porte atteinte à leur image.
35:16On n'a pas le droit d'utiliser l'image
35:18d'une personne sans autorisation,
35:20même lorsqu'on a une bonne raison,
35:22à savoir qu'on considère que la personne est une voleuse.
35:24Le directeur de l'intermarché, De Redon,
35:26avait assuré avoir consulté une conseillère juridique
35:28avant d'afficher ce message.
35:30Alors effectivement,
35:32c'est complètement illégal comme méthode,
35:34on est bien d'accord. Pourquoi je vous pose
35:36cette question aujourd'hui ?
35:38Parce que pendant les émeutes en Grande-Bretagne,
35:40ce qui s'est passé, c'est que les journaux
35:42ont publié les photos des émeutiers
35:44parce que la police les diffusait sur leur site internet
35:46et que les médias ont totalement le droit
35:48de prendre ces photos.
35:50C'est un peu différent
35:52puisqu'en général,
35:54les émeutiers souvent revendiquent
35:56leurs forfaits.
35:58Avant d'avoir été...
36:00Alors, ces photos sont diffusées avant même
36:02qu'il y ait un jugement prononcé contre ces personnes,
36:04il n'y a pas de présomption d'innocence.
36:06Ce sont des photos, des vidéos prises
36:08par de la vidéosurveillance, comme ça peut être dans le cas
36:10d'un supermarché, si quelqu'un voit
36:12quelqu'un voler...
36:14C'est comme la police en fait, c'est-à-dire qu'on n'a pas envie d'entrer dans cette société-là.
36:16Les britanniques nous disent que ça marche,
36:18ça s'appelle le name and shame, c'est une pratique.
36:20Vous connaissez l'expression être né après la honte ?
36:22Moi je pense en plus que c'est assez
36:24inefficace parce que beaucoup de gens
36:26se foutront éperdument d'être
36:28affichés. Mais surtout, qu'est-ce que vous voulez obtenir ?
36:30Que les gens aillent faire justice ?
36:32On entendait ce monsieur qui nous disait
36:34dans le reportage, les gens ont l'impression
36:36que la justice n'est pas rendue,
36:38que la censure pénale n'arrivera.
36:40C'est des méthodes parfaitement détestables
36:42et c'est pour ça qu'elles sont illégales.
36:44Donc on ne va pas en faire la promotion, me semble-t-il.
36:46S'il y a un problème de justice,
36:48attendons-nous à la justice.
36:50Mais on ne va pas commencer
36:52à avoir ce type de méthode.
36:54C'est l'horreur absolue.
36:56Si on rentre dans cette logique, je rejoins Elisabeth.
36:58C'est une culture anglo-saxonne
37:00et ça existe très fortement
37:02aux Etats-Unis.
37:04Je vous le dis tout de suite,
37:06je ne le souhaite pas pour notre pays.
37:08La loi Meghan, ça ne vous dit peut-être
37:10plus rien aujourd'hui, c'était sous Bill Clinton.
37:12Meghan était une petite fille
37:14qui avait été violée,
37:16assassinée par un pédophile qui habitait
37:18juste en face de ses parents.
37:20Et donc, ils en ont tiré les conséquences.
37:22Aujourd'hui, vous avez aux Etats-Unis
37:24des sites internet où vous avez
37:26affiché le portrait
37:28du pédophile qui a été condamné,
37:30son adresse.
37:32Les gens savent où il est,
37:34par mesure de précaution pour savoir
37:36ce qui est dans votre environnement.
37:38Ce n'est pas souhaitable en France.
37:40Ce n'est pas souhaitable d'avoir
37:42une politique de wanted, un peu à l'américaine,
37:44un peu au shérif, au far-west.
37:46On ne peut pas livrer comme ça
37:48les gens à une vindicte populaire
37:50où chacun après se sent le droit
37:52d'interpeller.
37:54On tombe dans une forme de justice privée.
37:56Je suis tout à fait d'accord avec Georges.
37:58Ce n'est pas souhaitable.
38:00En plus, il peut y avoir des erreurs.
38:02Quelqu'un qui peut se retrouver affiché
38:04alors qu'il n'a absolument rien commis.
38:06Mais quand même, regardez
38:08pourquoi on en est là.
38:10Parce que les commerçants n'ont pas le bol.
38:12C'est l'abandon de l'Etat.
38:14Les commerçants subissent des vols à tire-larigot.
38:16Ils vont porter plainte.
38:18Et après, il ne se passe strictement rien.
38:20Et on est dans une société où finalement
38:22l'Etat est tellement absent qu'on dépasse l'Etat
38:24de se faire justice soi-même.
38:26On le voit dans le trafic de drogue à Saint-Ouen
38:28où vous avez des habitants
38:30qui ont négocié directement avec les dealers
38:32pour être tranquilles,
38:34qui ont chevauché l'Etat.
38:36Vous avez à certains endroits
38:38également des gens qui
38:40se battent
38:42ou des gamins.
38:44J'ai déjà vu devant un établissement scolaire
38:46des gamins se battre. Au lieu d'aller porter plainte,
38:48les parents déboulent
38:50et vont casser la binette
38:52aux gamins qui embêtent leur fils.
38:54Pourquoi ? Parce qu'ils se disent
38:56que si ils vont à la gendarmerie,
38:58les gendarmes ne prendront pas la plainte.
39:00Et ça sera complètement impuni.
39:02Donc l'abandon de l'Etat débouche sur une volonté
39:04de se faire justice soi-même.
39:06Et ça, c'est une réaction très claire
39:08puisqu'on a l'impression de revenir au Moyen-Âge
39:10au moment de la fête royale.
39:12On ne peut pas dire que l'Etat ne fait rien.
39:14On bat le record des nombres
39:16d'incarcérés tous les 6 mois.
39:18On peut dire que la justice ne fonctionne pas bien,
39:20qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas bien.
39:22Mais on ne peut pas dire que l'Etat ne fait rien.
39:24Et je constate quand même que ce commerçant
39:26a une pratique très solitaire.
39:28Fort heureusement,
39:30la marque s'est désolidarisée
39:32du directeur
39:34de ce commerce.
39:36Et donc, fort heureusement,
39:38les commerçants, même ceux qu'on ont ras-le-bol
39:40pour de bonnes raisons, ne font pas ça.
39:42Donc n'en trompez surtout pas.
39:44Et ne disons pas que l'Etat ne fait rien.
39:46On n'a pas de débat majeur.
39:48La justice est lancinante.
39:50Elle revient sur tous les sujets.
39:52Je ne demande pas d'ailleurs
39:54qu'on mette en prison pendant 10 ans
39:56quelqu'un qui a volé un truc
39:58dans un supermarché.
40:00Mais si vous avez zéro sanction,
40:02pourquoi voulez-vous que ça s'arrête ?
40:04Comment ça va s'arrêter ?
40:06Je trouve que l'exemple des gens qui négocient
40:08avec les dealers est assez bon.
40:10Je trouve que quand même, les JO ont montré au contraire
40:12qu'en termes d'Etat, on avait de bon reste.
40:14On a pu organiser.
40:16On n'est quand même pas un Etat misérable finalement.
40:18Quand il y a une volonté politique.
40:20Tu as mis tous tes moyens.
40:22Mais quand tu mets tout, où tu arrives ?
40:24C'est vrai.
40:26On va parler de Grenoble.
40:28Cette guerre des gangs qui n'en finit plus.
40:30Au moins 7 fusillades en à peine un mois.
40:3217 depuis le début de l'année.
40:34Du jamais vu, selon le procureur de la République
40:36Eric Vaillant, des fusillades tous les 2 ou 3 jours.
40:38Une explosion de violence bien sûr
40:40liée au trafic de drogue.
40:42Mais ce n'est pas tout à fait de cela que je veux parler.
40:44De ce supermarché et de l'affichage
40:46des délinquants.
40:48Autre chose qui a été faite à Grenoble
40:50et qui est une première pour déstabiliser les dealers.
40:52Une méthode inédite en France.
40:54Une collaboration de la justice
40:56avec la caisse d'allocations familiales locales.
40:58L'argent gagné illégalement
41:00par les délinquants
41:02est directement réintroduit dans les revenus
41:04pour calculer les allocations
41:06qui peuvent être perçues.
41:08Grâce à ce dispositif, on a 55 trafiquants
41:10qui ont vu leur allocation soit diminuée
41:12ou simplement supprimée.
41:14Je vous propose d'écouter les explications d'Audrey Bertheau.
41:16Et on en discute juste après.
41:18C'est une première en France.
41:20Une convention a été passée
41:22en décembre 2020 entre le procureur
41:24de la République de Grenoble, Eric Vaillant
41:26et la directrice de la CAF départementale
41:28Florence Devinc.
41:30Grâce à cela, 55 personnes à ce jour
41:32ont perdu totalement
41:34ou partiellement leurs prestations
41:36sociales. Donc ça peut être
41:38les allocations familiales, le RSA
41:40ou encore l'aide au logement.
41:42Et à chaque fois, le motif retenu,
41:44l'absence de déclaration des revenus
41:46perçus illégalement.
41:48Un exemple précis, une allocataire
41:50sans activité, sans ressources
41:52percevait d'importantes sommes.
41:54Son époux était connu de la justice.
41:56La CAF a communiqué ces informations
41:58au parquet. 100 000 euros ont été
42:00saisis à leur domicile.
42:02Le préjudice de la CAF dans ce cas-là
42:04bien précis était de 10 000 euros.
42:06Alors pourquoi ne pas étendre ce dispositif
42:08partout en France ? Eh bien nos confrères
42:10du Parisien ont contacté la direction
42:12nationale des caisses d'allocations
42:14familiales. Selon eux, chaque
42:16territoire a une autonomie. Chacun est libre
42:18de mettre en place les actions
42:20qu'il souhaite, en rappelant tout de même bien sûr
42:22leur politique générale de lutte contre
42:24la fraude.
42:26Je crois que je suis assez d'accord avec vous là-dessus.
42:28Plutôt que de calculer rentrées dans le revenu
42:30pour calculer les allocations familiales,
42:32est-ce qu'on ne supprime pas tous ces problèmes ?
42:34Moi j'ai appris que quand on était condamné,
42:36quand on était même incarcéré, on avait
42:38quand même des allocations familiales.
42:40Ce que je trouve quand même un peu fort de CAF
42:42pour nous ce qu'ils payent.
42:44D'accord, mais si vous voulez,
42:46il y a un moment où vous devez perdre un certain
42:48nombre de droits. Je suis désolé,
42:50la collectivité ne doit pas,
42:52alors ça peut être pas pour toutes les
42:54condamnations, j'en sais rien, mais enfin,
42:56ce qui est sidérant, c'est qu'on en arrive
42:58à faire une sorte de blanchiment public
43:00en disant, cet argent qu'ils ont gagné,
43:02on va le réintégrer dans leur revenu.
43:04On va leur demander les impôts aussi,
43:06on va leur rendre le reste.
43:08Ce qui part d'une bonne idée, c'est de taper
43:10au portefeuille du trafiquant,
43:12on est bien d'accord. Après,
43:14cette pratique qui,
43:16vous l'avez décrite
43:18parfaitement, a été reconnue
43:20comme une bonne pratique
43:22par la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces,
43:24par le ministère de la Justice.
43:26Ça m'a un petit peu étonné, parce que je pense
43:28qu'elle est illégale.
43:30Je pense que s'il y avait des recours,
43:32je ne sais pas s'il y en a eu,
43:34il faudrait qu'il y ait une loi qui le permette.
43:36Il n'y a pas de loi.
43:38Il y a eu deux propositions
43:40de loi qui ont été déposées au Sénat et à l'Assemblée nationale
43:42qui ne sont jamais allées jusqu'à leur terme
43:44de la procédure législative.
43:46Ces conventions entre un procureur
43:48et une caisse d'allocations familiales
43:50pour intégrer dans les revenus,
43:52les revenus illicites,
43:54pour savoir s'il a le droit au RSA,
43:56ça me paraît quand même risqué
43:58sur le plan de la légalité.
44:00Juste une remarque.
44:02Comment font-ils pour calculer les revenus
44:04qui, par définition, sont des revenus illicites ?
44:06Je pense que ça doit dépendre des saisies.
44:08Les saisies ne reflètent qu'un très imperfettement.
44:10Ça veut dire qu'en plus,
44:12on peut contester leur calcul.
44:14Ça reflète très imperfettement.
44:16Ce qui n'a pas été saisi.
44:18Accessoirement,
44:20imaginons un jeune couple
44:22avec un enfant
44:24dont le mari
44:26est trafiquant de drogue.
44:28Et en tant que tel,
44:30effectivement,
44:32il gagne des sommes illégales importantes.
44:34Si cet homme va en prison
44:36et donc n'a plus de revenus,
44:38si vous supprimez les allocations familiales
44:40à la femme et à l'enfant
44:42qui restent, comment ils vivent ?
44:44Vous voyez, je veux dire ça.
44:46On peut tomber dans des situations qui sont absurdes.
44:48C'est normal que des gens vivent des allocations familiales.
44:50Tu n'as pas écouté ce que je disais.
44:52Tu considères que c'est normal
44:54que des gens vivent absolument
44:56des allocations familiales.
44:58Mais ce n'est pas une situation...
45:00Il n'y a pas de raison.
45:02Il n'y a pas de raison de sanctionner
45:04des gens qui vivent tout à fait légalement
45:06de leur travail.
45:08Des gens qui profitent de l'argent du trafic
45:10parce que la femme et l'enfant n'en profitaient pas, d'après toi.
45:12À partir du moment où il est en prison,
45:14je ne vois pas
45:16ce qui nécessite ça.
45:20Je comprends ce que dit Philippe,
45:22mais ce sont véritablement des cas marginaux.
45:24Il y a un aspect symbolique derrière cette mesure.
45:26Dans une société civilisée,
45:28on a des droits,
45:30mais si on a des droits, on a des devoirs.
45:32Et les devoirs, c'est quoi ?
45:34C'est par exemple de respecter la loi.
45:36À partir du moment où vous ne respectez pas la loi,
45:38c'est normal que les droits soient supprimés.
45:40Et surtout quand vous allez
45:42en banlieue, dans un quartier,
45:44encore une fois, il faut entrer dans la vie quotidienne des gens.
45:46Vous avez des gens
45:48qui tous les jours se lèvent à 5h30 du matin
45:50pour aller bosser.
45:52Ils sont compliqués,
45:54ils n'arrivent pas à finir le mois.
45:56Ils voient parfois des voisins
45:58qui vivent des allocations familiales
46:00et qui en plus vivent de l'argent de la drogue.
46:02Comment voulez-vous que le tissu social
46:04tienne ? Ces gens sont révoltés.
46:06À un moment donné,
46:08il faut aller dans un sens
46:10de plus de justice sociale
46:12et rappeler une chose, dès qu'on enfreint la loi,
46:14on coupe les aides sociales.
46:16C'est pareil dans le domaine de l'éducation.
46:18Quand vous avez des parents démissionnaires,
46:20il ne met pas en avant le fait que les mamans
46:22qui travaillent la nuit, qui ont des difficultés,
46:24il faut faire la part des choses.
46:26Mais les parents qui sont volontairement démissionnaires,
46:28pareil, il faut couper
46:30les allocations familiales. C'est une question
46:32de justice et de valorisation
46:34du mérite et du respect
46:36des droits. Parce que
46:38les aides sociales, c'est le fruit de la collectivité,
46:40c'est le fruit du travail de chacun.
46:42On va parler des déserts médicaux
46:44à présent, si vous le voulez bien. Quand on parle de déserts médicaux,
46:46souvent on pense aux zones rurales,
46:48parce que la région parisienne,
46:5063%, est un désert médical,
46:52considéré comme tel en tout cas par l'URPS,
46:54l'Union Régionale des Professionnels
46:56de Santé. La situation est particulièrement
46:58tendue dans le nord-est de Paris, dans les 18ème
47:00et 19ème arrondissements, où un centre
47:02médical, par exemple, vient de fermer. Je vous propose
47:04d'écouter le témoignage de Mélissa,
47:06recueillie par nos confrères d'Europe 1. Elle est tombée
47:08chez elle dans les escaliers, dans le
47:1018ème arrondissement, toujours. Elle a été
47:12touchée au cervical. Elle voulait prendre un rendez-vous
47:14chez le médecin. Impossible.
47:16Elle est donc allée aux urgences. Écoutez.
47:18Personne ne veut me prendre,
47:20juste pour une visite, juste pour
47:22en faire une ordonnance, pour faire une idée. Une fois, aller aux urgences,
47:24où on peut passer, parfois,
47:26toute la nuit ou toute la journée. Et pourtant, on est à Paris,
47:28on n'est pas dans un village où, je ne sais pas,
47:30perdu, où il n'y a personne. Il n'y a pas de médecin.
47:32Autre exemple, Jany,
47:3480 ans, qui souffre le martyre.
47:36Elle va voir, enfin, un médecin après
47:38trois mois d'attente. Je vous propose de l'écouter.
47:40J'ai très mal au dos, actuellement.
47:42Mais ça peut être grave, quand même.
47:44Je ne peux pas avoir de rendez-vous pour voir un docteur
47:46avant 12 jours.
47:48Voilà. Comment on explique cette situation
47:50à Paris, en 2024,
47:52en plein centre-ville ?
47:54Je vous avoue que, spontanément, je n'aurais pas pensé
47:56à Paris, comme mon premier désir. Pour la fermeture des centres,
47:58je suppose. Désir médical.
48:00Quand un centre se ferme dans le 18ème,
48:02ça a peut-être à voir avec la question
48:04de la sécurité, pardon.
48:06Il y a des médecins qui ne veulent plus aller dans un certain nombre
48:08de zones. C'est peut-être, quand même,
48:10cela. Ce n'est pas tout à fait la même chose,
48:12à mon avis. Le 18ème arrondissement
48:14de Paris vient de devenir
48:16une ZIP. Je ne connaissais pas
48:18le terme. Une zone d'intervention prioritaire.
48:20Ça veut dire que
48:22les médecins qui viennent s'y installer
48:24ont des avantages financiers.
48:26Voilà. Et pourquoi les médecins ne veulent pas s'installer
48:28dans le 18ème arrondissement de Paris ? Parce qu'ils ont peur.
48:30Je me demande. Parce qu'ils ont peur. Ils ont peur
48:32d'être agressés. C'est ce que je veux vous dire.
48:34Ce que je veux vous dire, c'est qu'à partir du moment où des zones
48:36deviennent des zones de non-droit et d'insécurité,
48:38évidemment, ce qui est un autre
48:40problème. Mais vous m'avez dit tout à l'heure, pas plus
48:42de police. Comment ? Je vous taquine.
48:44Vous m'avez dit tout à l'heure, pas plus de police. Non, je n'ai pas dit ça.
48:46J'ai dit que j'étais bien triste. Je vous taquine.
48:48Je tiens à le dire. Parce que
48:50je n'ai évidemment rien contre la police.
48:52Je veux préciser,
48:54si je suis triste, qu'on a besoin d'autant
48:56de policiers. Voilà. C'est autre chose.
48:58Mais il me semble, je ne sais pas, c'est l'hypothèse.
49:00Vous en voyez une autre, non ? Encore une fois,
49:02on voit les conséquences de l'insécurité.
49:04On voit les conséquences
49:06de l'insécurité sur la vie quotidienne des gens.
49:08Moi, je le vois dans le 93,
49:10où beaucoup de médecins qui ont tenu
49:1225 ans, 30 ans, décident
49:14aujourd'hui d'en partir. Et souvent,
49:16avec le mal au cœur.
49:18Tout simplement parce qu'ils se font
49:20agresser à la sortie.
49:22Et autre chose qui m'a étonné, moi, quand je suis arrivé
49:24à Paris il y a 10 ans, je cherchais un médecin
49:26généraliste. Je ne trouvais pas de
49:28médecin généraliste. Je téléphonais. Il ne prenait
49:30pas les nouveaux patients.
49:32Vous n'en trouvez toujours pas aujourd'hui ? Si, j'en ai un.
49:34Un très bien, qui est dans le 17e.
49:36Et j'ai pris quelqu'un qui venait de s'installer.
49:38Parce que je surveillais cela.
49:40C'est pour lui, vraiment.
49:42Les déserts médicaux, ça ne touche pas
49:44seulement que les campagnes. Ça touche également
49:46les grandes métropoles, et notamment la Seine-Saint-Denis,
49:48qui est aussi un désert médical.
49:50Les campagnes, c'est vraiment dur.
49:52Quand tu dois faire 40 mètres par jour, c'est quand même
49:54autre chose. Malgré tout, cette année,
49:56on a réduit le nombre
49:58d'internes au concours
50:00de 1500. Je ne sais pas si vous avez vu ça.
50:02Ce qui a provoqué des réactions
50:04très virulentes.
50:06Ce n'est pas tout à fait ce qu'il s'est passé.
50:08C'est-à-dire qu'il y a eu une réforme.
50:10Il y a eu une réforme qui a été faite.
50:12Du coup, il y a beaucoup d'étudiants
50:14qui ont préféré attendre un an
50:16pour passer le concours
50:18de l'internat. Ce qui fait que ça a réduit
50:20les effectifs des internes.
50:22Et on a fait venir des internes de l'étranger.
50:24Ce que je veux dire, c'est qu'on n'a pas réduit, il faut être honnête,
50:26pour une fois que je les défends,
50:28le nombre d'internes autoritairement.
50:30C'est les étudiants
50:32qui, de façon opportuniste,
50:34probablement parce que l'internat sera peut-être
50:36plus facile, je ne connais pas le détail,
50:38ont décidé
50:40de rester externes
50:42pendant un an. Le problème
50:44que vous soulevez, c'est autre chose. C'est que sans les
50:46internes, l'hôpital public ne tient pas.
50:48On a un système de santé qui est aux abois.
50:50On manque de médecine de ville. Les agences reportent
50:52sur les urgences qui sont saturées. En ce moment, on l'a vu
50:54tout au long de l'été. On a des services d'urgence
50:56qui ferment dans les milieux ruraux, justement
50:58parce qu'il manque de personnel.
51:00Il y a eu des morts à Nantes.
51:02Il y a eu des morts à Nantes cet été.
51:044 morts aux services d'urgence de Nantes.
51:06L'hôpital de Nantes dément,
51:08mais les syndicats...
51:10Ils sont restés
51:12près de 70 heures sur un brancard
51:14avant d'être vus.
51:16C'est des années que le CHU de Nantes,
51:18pour le connaître personnellement,
51:20avoir bien pratiqué,
51:22ça fait des années que les
51:24urgentistes du CHU de Nantes sont
51:26en grève, sont en mouvement social
51:28et ont des problèmes. Pour avoir suivi
51:30une patiente proche
51:32dans ce CHU aux urgences,
51:34les personnels sont
51:36depuis très longtemps, au moins
51:38depuis 5 ans, 6 ans,
51:40sont depuis très longtemps sous
51:42extrême tension.
51:44Ce qui est aberrant dans ce qu'on se dit
51:46là, c'est que ce n'est pas un problème qui est
51:48arrivé il y a 6 mois, ni il y a 2 ans.
51:50Il existe depuis
51:52vraiment au moins 5 ans, si ce n'est plus.
51:54Et le Ségur de la santé, les 19
51:56milliards qu'on a mis dans notre
51:58système de santé.
52:00Ce qui est dramatique, c'est que la promesse républicaine
52:02de l'égalité face à l'accès
52:04aux soins est en train de se fracasser
52:06sur le mur de la réalité.
52:08Il y a deux problèmes majeurs.
52:10Le problème géographique. Il est évident que quand
52:12vous vivez dans un petit village, que vous n'arrivez pas
52:14à vous déplacer, c'est très compliqué d'obtenir
52:16un rendez-vous, par exemple, chez un spécialiste.
52:18Mais il y a aussi le facteur social.
52:20Parce que dans les hôpitaux, il y a
52:22les services dans lesquels
52:24il faut aller, et des services
52:26dans lesquels il ne faut pas aller. Et si vous ne connaissez
52:28pas dans votre entourage des médecins
52:30qui peuvent vous conseiller,
52:32vous allez être extrêmement
52:34mal soigné. Et ça, ça concerne
52:36tous nos services publics. Et il y a le consentement
52:38à l'impôt qui est de plus en plus remis en question.
52:40Les gens se disent, on bosse comme des chiens,
52:42on paye des impôts. La promesse
52:44républicaine, c'était, payez
52:46des impôts, vous aurez des services de qualité.
52:48Résultant, on paye des impôts, mais on n'a pas les services
52:50de qualité. Forcément, les gens sont dégoûtés.
52:52Eh bien, écoutez, il est
52:5420h59.
52:56Ça nous a sillés. Voilà, on arrive
52:58à la fin de cette émission.
53:00L'heure des pros.
53:02On n'est pas dégoûtés. Non, j'espère bien.
53:04Mais on est un peu tristes de l'état de notre pays, quand même.
53:06Vous retrouvez
53:08Pascal dès lundi,
53:10pour ceux qui seront là. Elisabeth, vous retrouverez Pascal
53:12dès lundi, pour la rentrée de l'heure des pros.
53:14Restez avec nous sur ces
53:16news. Je vous remercie tous autour de la table.
53:18Elisabeth Lévy, Kevin Bossuet,
53:20Philippe Guybert et, bien sûr, Georges Fenech.
53:22Dans un instant, c'est 100%
53:24politique. Si je ne me trompe pas
53:26avec Mickaël Dorian. A tout de suite,
53:28Mickaël.