Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 26 août 2024.
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00:00RTL, au cœur de l'actu.
00:04Au cœur de l'actu ce matin, les dernières consultations aujourd'hui à l'Elysée pour trouver un nouveau Premier Ministre.
00:09Emmanuel Macron reçoit tout à l'heure Marine Le Pen, Jordan Bardella et Éric Ciotti.
00:14Bonjour Benjamin Morel.
00:16Bonjour.
00:17Vous êtes constitutionnaliste, vous êtes maître de conférences à Pontéon-Assas et auteur de
00:23Le Parlement, Temple de la République, sorti début juillet aux éditions Passé-Composé.
00:28Merci d'être avec nous ce matin en direct.
00:30Qu'est-ce qui se joue là concrètement avec ces consultations à l'Elysée puisque chaque personne reçue dit
00:35il faut que ce soit moi, pas eux ?
00:37Il se joue d'abord une affaire d'image.
00:39Il ne vous a pas échappé qu'on était dans une situation de blocage parce qu'aujourd'hui, on se concentre beaucoup sur un nom.
00:44Il y a de nouveaux noms qui paraissent pour des potentiels Premiers Ministres chaque semaine.
00:48Mais en fait, le problème n'est pas le nom.
00:50Le problème est l'absence de coalitions possibles qui ne subissent pas une motion de censure.
00:53D'un côté, vous avez le NFP qui n'a que 190 députés.
00:56Une alliance qui n'existe pas d'ailleurs entre Macroniste et LR qui pèse 210 et le RN.
01:01Et donc la question c'est qui porte le chapeau de ce blocage ?
01:04Est-ce que c'est le Président de la République qui pour l'instant est celui vers qui tout le monde s'est tourné en disant
01:09il faut qu'il nomme quelqu'un, il faut qu'il nomme quelqu'un ?
01:12Ou est-ce que ce sont les gros politiques qui constatent qu'ils ne sont pas assez ouverts à élargir les alliances pour construire quelque chose ?
01:20Ce que fait d'abord Emmanuel Macron ici, c'est montrer ou tenter de montrer à l'opinion
01:25que le blocage vient des gros politiques et non de lui-même.
01:29On est à ce stade encore plutôt dans le Lacombe.
01:32Donc si je vous suis Benjamin Morel, ça ne va déboucher sur rien ces consultations ?
01:37L'espoir c'est qu'en tout cas ça permette de constater l'échec et que l'échec permette d'aller plus loin.
01:43Alors dans l'espoir du Président de la République, c'est que si vous constatez l'échec,
01:48notamment l'impossibilité pour le Nouveau Front Populaire de gouverner par faute de députés,
01:52et bien il puisse détacher les socialistes et les écolos pour, si ce n'est participer,
01:58au moins ne pas renverser un gouvernement qui sera un gouvernement du centre ou un gouvernement technique.
02:03Il n'est pas tout à fait évident que ça fonctionne,
02:05parce que le Nouveau Front Populaire a montré qu'il était pour des raisons électorales,
02:08bien plus qu'idéologiques d'ailleurs, très cohésifs.
02:11On peut également avoir des gouvernements techniques ou des gouvernements du sens,
02:16sans participer ou en tout cas pas renverser par l'ERN,
02:19ce qui serait politiquement très inconfortable,
02:22mais ce qui permettrait de tenir parce qu'il y a des échéances qui sont des échéances budgétaires,
02:26qui s'approchent de grands pas et sur lesquelles il va être très compliqué de composer.
02:29Et le budget c'est essentiel à Benjamin Morel parce que ça concerne la vie des gens.
02:33Alors vous dites la solution c'est un gouvernement technique, c'est quoi un gouvernement technique ?
02:37C'est quoi un ministre technique ? C'est quoi un premier ministre technique ?
02:39Qu'est-ce qu'ils peuvent faire ? Qu'est-ce qu'ils ne peuvent pas faire ?
02:42Alors il n'y a pas de définition de technique.
02:44Un gouvernement dit technique c'est un gouvernement comme les autres, un gouvernement plein.
02:48La différence elle est essentiellement politique.
02:50Vous avez un gouvernement, pas condamné forcément,
02:54mais un gouvernement de personnalités qui ne sont pas attachées politiquement.
02:58Il faut voir que si vous avez un socialiste au gouvernement,
03:00ça veut dire que implicitement ou explicitement,
03:03le parti socialiste par exemple assume le bilan de ce gouvernement.
03:06C'est compliqué avec notamment ce budget.
03:08Si vous avez des macronistes et que LR et que le PS ne mettent pas l'émotion sur les cheveux,
03:14ça veut dire qu'on va les accuser de soutenir un gouvernement macroniste.
03:17Politiquement c'est délicat.
03:19Donc c'est très coûteux politiquement pour ces partis.
03:21L'avantage d'un gouvernement technique composé de personnalités qui ne sont pas macronistes,
03:25pas LR, pas socialistes, pas ce que vous voulez,
03:27c'est que les groupes politiques peuvent dire
03:29je ne participe pas au gouvernement donc je n'en assume pas le bilan,
03:32je ne soutiens pas non plus un adversaire politique.
03:34Mais ce gouvernement technique il peut prendre des vraies décisions ?
03:37Par exemple sur le budget, il peut acter une orientation politique ?
03:40Comme je le disais, c'est un gouvernement de plein droit.
03:42C'est un gouvernement comme le gouvernement Attal.
03:44Mais l'avantage encore une fois, c'est que ça permet aux groupes politiques de dire
03:47je ne soutiens pas, je ne participe pas donc je n'assume pas le bilan.
03:50Donc pour les prochaines élections, je n'en suis pas comptable.
03:52Et pour le budget, le budget je ne l'aime pas.
03:55Il est d'austérité, il est tout ce que vous voulez.
03:57Mais il faut que le pays ait un gouvernement et un budget.
04:00Donc pour l'intérêt général, je ne vote pas l'émotion de censure,
04:03ce qui est moins coûteux politiquement pour eux.
04:05Benjamin Morat, dernière question.
04:06Est-ce qu'on n'est pas arrivé au bout d'un système politique ?
04:08On disait que le système actuel, c'était la solution pour dégager des majorités.
04:13Le scrutin uninominal majoritaire à deux tours,
04:17ce n'est plus le cas puisqu'on a trois blocs à peu près équivalents.
04:20Le scrutin majoritaire à deux tours, il ne donne pas forcément des majorités absolues.
04:25C'était le scrutin sous la Troisième République.
04:28Il n'en a jamais donné à l'époque.
04:29Il n'en a jamais donné avant 1962 en fait.
04:32C'est une configuration particulière des partis, une bipolarisation,
04:36et un lien avec les élections présidentielles qui donne cette configuration.
04:39Aujourd'hui, en effet, pour des raisons diverses et variées, ce n'est plus le cas.
04:42Il est vrai qu'en la matière, et ce sera peut-être l'une des réformes de l'année prochaine,
04:46la proportionnelle pourrait aider parce qu'elle désolidarise les groupes politiques
04:50qui si aujourd'hui partaient diviser lors d'une dissolution,
04:53notamment à gauche, seraient très en difficulté.
04:57Cela fait des années qu'on en parle de la proportionnelle.
05:00Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron ont tous promis.
05:03Exactement, ils ont tous promis, mais là, en effet, pour des raisons politiques.
05:07Si vous voulez rendre la chose gouvernable, paradoxalement,
05:10parce que souvent la proportionnelle a une mauvaise réputation
05:12alors qu'elle est appliquée partout en Europe,
05:14il est possible qu'elle soit l'un des instruments de déblocage.
05:18Après le blocage, il est politique.
05:19Quand vous avez 35% de RN, 15% de AFI et incapacité ni de s'allier avec le centre,
05:28vous voyez que vos trois blocs sont structureaux,
05:31ils sont inconciliables et c'est ça ce qui, structurellement, fait le blocage politique.
05:35Merci.