Avec Sébastien Adnot, délégué régional du syndicat MG France pour la région PACA, médecin Généraliste à Carpentras dans le Vaucluse
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00:00Loin de la bonne humeur, de la place de la Concordière, direction Marseille où l'on parle d'insécurité médicale.
00:09Sébastien Adnaud, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Soyez le bienvenu sur Sud Radio.
00:13Vous êtes délégué régional du syndicat MG France pour la région Sud, la région PACA, médecin généraliste à Carpentras pour votre part, dans le Vaucluse.
00:22La colère des syndicats de médecins qui dénoncent une hausse alarmante des violences qui les visent après l'agression de la praticienne à la viste, c'était il y a quelques jours à Marseille.
00:32Vous avez demandé des mesures urgentes pour garantir la sécurité des soignants.
00:36Alors on va revenir d'abord sur ce qui vous arrive.
00:38Concrètement, elles se déroulent comment en général ces agressions ?
00:42Les agressions elles viennent d'un... Déjà elles sont beaucoup plus nombreuses en effet.
00:48Il y a les incivilités et les agressions.
00:50Et tout d'abord le syndicat MG France exprime son soutien à notre consœur et à tous les soignants qui se font agresser dans le cadre de l'agression de leur profession.
00:57Il est inacceptable que dans une société où il y a des gens qui donnent leur vie professionnelle et une partie personnelle pour soigner d'autres personnes soient remerciés en étant agressés.
01:06Ça c'est tout à fait condamnable et inacceptable.
01:08Il y a deux choses, il y a les incivilités et puis il y a les agressions.
01:12C'est deux niveaux différents.
01:14C'est-à-dire que tout ça revient d'un contexte, et c'est surtout ça qui est dénoncé dans le communiqué de notre intersyndical, c'est qu'il y a un contexte de pression de soins qui augmente.
01:24C'est-à-dire que les gens sollicitent de plus en plus les médecins, que ce soit en ville ou à l'hôpital, parce qu'il y a aussi beaucoup d'agressions à l'hôpital, dans un contexte où le système de santé est saturé.
01:34Et donc ce qu'on dénonce surtout c'est cette pression de soins où, pour tout et n'importe quoi, on va chez le médecin.
01:40Parce qu'il y a une énorme pression sur les médecins et, par ricochet, une énorme pression sur les patients aussi, puisqu'on leur demande d'aller chez le docteur chercher tout et n'importe quoi.
01:48Et bien quand on met deux personnes sous pression dans un même endroit, évidemment il ne va pas y avoir des bonnes choses, il va y avoir de l'incivilité et des agressions.
01:55Effectivement, c'est ce qu'on peut voir. Alors qui vous agresse ? Ce sont vos patients ?
01:59Comment dire ?
02:02J'aimerais que vous mettiez des mots sur les mots, docteur, si vous le permettez.
02:05Vous me parlez d'incivilité, c'est un terme qu'on a tous entendu, mais qui peut paraître vague.
02:09Dites-moi ce qui vous arrive dans votre cabinet concrètement, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'on vous dit, qu'est-ce qu'on vous fait ?
02:14Mais concrètement, la plupart du temps, il n'arrive rien dans le cabinet.
02:19Il faut être conscient d'une chose, c'est que la relation entre un médecin et un patient, c'est la confiance.
02:24Le médecin a confiance en son patient, le patient qui vient voir le médecin, il a confiance en lui.
02:28Le patient ne vient pas dans le cabinet en disant aujourd'hui je vais me faire le médecin.
02:32Encore une fois c'est un contexte.
02:34La pression de soins c'est quoi ? C'est qu'il y a des médecins énervés parce que leurs salles d'attente sont pleines,
02:38il y a des patients énervés parce que la salle d'attente est pleine.
02:41Et parce que certaines demandes ne vont pas pouvoir être assouvis.
02:45Et donc évidemment quand il y a une frustration à la fois du médecin et à la fois du patient,
02:48il va y avoir un choc et puis il va y avoir des mots qui vont être malheureux, etc.
02:54Donc l'important de tout ça pour diminuer l'agressivité et les incivilités, c'est un environnement de travail stable.
03:02C'est ça qu'on veut, c'est un environnement de travail sécurisant.
03:05Par exemple quand on dit et quand on négocie avec l'État, il faut plus de moyens, à la fois pour l'hôpital mais aussi pour la ville,
03:11parce que c'est la ville qui nous intéresse, il faut plus de moyens.
03:14Ce n'est pas pour augmenter les revenus des médecins, c'est pour que les médecins puissent se doter d'un environnement favorable
03:20qui soit agréable pour le patient, qui soit agréable pour lui et d'une équipe aussi qui lui permette de répondre aux demandes des patients
03:27et aux patients qui n'ont pas besoin de réponse médicale, de leur dire là vous n'avez pas besoin d'avoir le médecin.
03:32Quand on est plusieurs, on se fait moins agresser que quand on est tout seul dans un petit cabinet.
03:36Ça peut paraître logique docteur, mais vous comprenez aussi, nous nous sommes journalistes dans un studio derrière un micro,
03:42tous les jours ce mot on l'entend en fait.
03:45Hier il faut plus de moyens, c'est un prof qui le disait.
03:47Avant-hier c'était un policier, il y a trois jours peut-être c'était un juge.
03:51Vous comprenez, on a l'impression que c'est la réponse à chaque fois en France à tous les problèmes, davantage de moyens.
03:57Est-ce qu'il n'y a pas aussi un problème d'éducation ?
03:59Par exemple, je ne sais pas, moi si je vais me faire soigner, ça ne me vient pas à l'idée d'insulter mon médecin si jamais j'attends trop longtemps.
04:05Oui, mais le moyen éducatique c'est aussi un moyen, c'est-à-dire que certes il y a les moyens financiers,
04:10mais très clairement c'est symptomatique de quoi aussi ?
04:13C'est symptomatique d'une inexistence de vision de l'État de ce qu'il veut faire du système de santé français pour le pays.
04:20C'est-à-dire qu'à part l'hôpital, il n'y a rien qui existe.
04:23Dans la tête des politiques de santé français, il n'y a rien à part l'hôpital, point de salut.
04:30Et la ville, qui est le deuxième pilier de la santé, est laissée à l'abandon avec des rémunérations etc.
04:36qui font qu'on ne peut pas s'organiser de façon convenable.
04:40Donc évidemment l'éducation pour la santé c'est un moyen, mais parce que l'éducation à la santé ce n'est pas quelque chose de grave.
04:44L'éducation tout court d'ailleurs.
04:46L'éducation tout court, c'est-à-dire dire là pour le cas de notre concierge marseillais,
04:50il semblerait que c'était une patiente qui était venue demander une ordonnance pour une autre de ses copines.
04:54Il faut expliquer aux français qu'on ne va pas chez le médecin pour demander une ordonnance pour une copine que le médecin n'a jamais vue.
05:01Et quand bien même si on veut la refuse, on n'agresse pas le médecin.
05:04Et ça normalement on ne devrait pas avoir besoin d'expliquer docteur.
05:07Oui mais ça ce n'est pas mon rôle en tant que syndicaliste médical.
05:10C'est les politiques qui doivent dire ça, mais bien sûr c'est une évidence.
05:14Quand on est dans une société apaisée, on ne tape pas sur le médecin quand il ne donne pas ce qu'on veut.
05:19Ça paraît logique, le médecin ou d'autres, effectivement.
05:21Éducation du bon âge pour la santé, zéro en France.
05:25Et simplification administrative qui permet aux gens d'aller pas pour tout et n'importe quoi chez le médecin.
05:30C'est ce que nous avait promis le ministre de la Santé précédent, un des sept ministres de la santé en sept ans au passage, monsieur Braud.
05:38Zéro, on n'a toujours pas de simplification administrative.
05:40Le problème, il n'est pas uniquement d'une relation interpersonnelle avec le médecin-patient, mais il est vraiment systémique.
05:45Et c'est vrai que si l'éducation nationale vous dit ça, les autres secteurs, etc.
05:47Ben oui, parce qu'il faut que les politiques s'emparent réellement et arrêtent de se tromper de diagnostics.
05:52Et on parlera aussi par moments des déserts médicaux qui touchent parfois les villes.
05:56D'ailleurs vous parliez des villes, il n'y a pas que la campagne qui est touchée par le phénomène.
05:59Et moins vous avez de médecins, plus vous avez de patients et plus la tension est forte.
06:02Ça peut arriver aussi.
06:03Merci, Sabastien Radnaud, délégué régional pour la région sud du syndicat de médecins MG France.
06:09Il est 7h15 sur Sud Radio.
06:11Restez avec nous, nous parlions de la justice à l'instant, reparlons-en.
06:14Malheureusement, la justice est-elle trop laxiste en France ?
06:17Comme l'affirme la veuve éplorée du gendarme Eric Comine.
06:20Votez sur Twitter, sur Youtube, appelez-nous 0 826 300 300.
06:24On se retrouve dans un instant pour faire le tour des unes de la presse avec Laurie Leclerc.
06:29A tout de suite.