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Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 29 août 2024.

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Transcription
00:00Thomas Soto, Amandine Bégaud.
00:02RTL Matin jusqu'à 10h.
00:06Il est pratiquement 8h20, c'est le moment de retrouver l'invité d'Amandine Bégaud.
00:09Et ce matin, Amandine, vous avez choisi de recevoir Michel Picon,
00:12c'est le président de l'UDEP, autrement dit l'Union des entreprises de proximité.
00:16Bonjour et bienvenue à vous.
00:17Michel Picon, on a beaucoup entendu ces derniers jours le MEDEF,
00:20notamment les grands patrons s'inquiéter face à toute cette incertitude politique.
00:25Ce matin, les échos titrent le cac fébrile face à cette crise politique.
00:32Qu'en est-il des petits patrons ? Ils sont inquiets, eux aussi ?
00:34Oui, bien sûr, ils sont inquiets parce que cette situation crée de l'attentisme chez eux,
00:41de l'inquiétude aussi dans le secteur du bâtiment, dans le secteur des professionnels de santé,
00:46dans toutes les petites entreprises qui sont dépendantes de la situation.
00:50J'avais hier encore un artisan qui a envisagé de recruter un apprenti,
00:54d'acheter du matériel et qui ne le fait pas parce qu'il ne sait pas ce qui va se passer.
00:58Est-ce que la prime rénov va être poursuivie ?
01:01Un pharmacien qui devait conduire aussi des travaux, qui les a bloqués
01:04parce qu'on ne sait pas du tout ce que le nouveau projet de loi de finances
01:08de la sécurité sociale va donner pour les professionnels de santé.
01:12Donc ça veut dire que ça a déjà des conséquences ?
01:14Ça a déjà des conséquences du report.
01:16Alors bien sûr, il ne faut pas que ça dure longtemps.
01:18Les choses ne sont pas catastrophiques aujourd'hui.
01:21En tout cas, je vois des carnets de commandes qui bloquent des collectivités locales aussi
01:25qui ont envisagé de faire des travaux et qui les suspendent.
01:29Elles se demandent si les compensations qu'il y a eues par la suppression de la taxe d'habitation,
01:34vont être menées.
01:36L'incertitude.
01:37La France est un pays très concentré.
01:39Souvent on compare avec la Belgique, etc.
01:42Mais ce n'est pas comparable.
01:43Les régions ont davantage de pouvoir.
01:46Nous ici, tout dépend de Paris.
01:48Tout dépend du ministre.
01:49Et le fait que les administrations n'aient pas de ministre,
01:51ça ne peut pas durer aussi longtemps que cela.
01:53Est-ce qu'il faut redouter des conséquences plus dramatiques ?
01:57Des faillites ? Des licenciements ?
01:58Ça fait vraiment partie des inquiétudes ?
02:00Ou vous vous agitez à un siphon rouge comme ça ?
02:0218 000 entreprises sont parties au tapis depuis le 1er janvier.
02:0518 000 ?
02:0618 000.
02:0765 000 au cours de l'année précédente.
02:10C'est 85% de ces entreprises-là défaillantes
02:14sont des entreprises de proximité de moins de 10 salariés.
02:18Non, la situation est extrêmement préoccupante.
02:23Et moi, je suis assez inquiet de voir la classe politique
02:27s'abstoudre complètement de cette situation.
02:31On est dans une situation économique,
02:33le pays avec 3 100 milliards de dettes,
02:365,5...
02:37En fait, je ne vais pas redire les chiffres.
02:38Encore que le chiffre de 5,5 m'amuse un peu.
02:41Vous savez, 5% de déficit, on dirait que ce n'est pas beaucoup.
02:45Non, ce n'est pas 5% de déficit.
02:47Ce n'est pas 5,5 du PIB.
02:48En fait, c'est 25%.
02:50Notre pays dépense 25% de plus que ceux qui le gagnent.
02:55Il n'y a pas une entreprise qui survit comme ça.
02:57Vous dites que cette classe politique m'inquiète.
03:00Qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?
03:02Un peu de sérieux, c'est ça ?
03:04Oui, absolument.
03:05Moi, je leur dis, travaillez pour le pays.
03:08J'ai écouté ce matin d'ailleurs sur votre antenne...
03:10Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste.
03:12Olivier Faure et le maire de Marseille en disant
03:15sur l'augmentation des salaires.
03:17La belle affaire, si on trouve à s'accorder que sur l'augmentation des salaires
03:20qui sont payés par les entreprises,
03:22effectivement, avec l'argent des autres,
03:24je m'accorde sur beaucoup de sujets.
03:26Mais ça veut dire que vous ne les trouvez pas à la hauteur ?
03:28Notre classe politique aujourd'hui, elle n'est pas à la hauteur.
03:30Je pense qu'aujourd'hui, elle n'est pas à la hauteur.
03:31En fait, elle n'est pas à la hauteur, c'est un jugement assez dur.
03:35Elle est trop prise par ses propres contingences de survie.
03:39D'une élection à l'autre, chacun cherche sa posture
03:43pour ne pas y perdre trop.
03:45Un élu socialiste, quand on me dit que des élus socialistes vont se détacher,
03:49mais quand on connaît les territoires, et c'est le cas de l'UDP,
03:52il n'y a pas un élu socialiste qui va se détacher de l'FI
03:56quand sa prochaine élection qui va arriver dans 10 mois dépend de l'FI.
04:01Donc une majorité qui se constituerait à l'âme des républicains et socialistes,
04:06moi je n'y crois pas.
04:07C'est la raison pour laquelle nous, nous appelons une autre solution.
04:10Vous vous plaidez justement pour un patron à Matignon. Quel patron ?
04:14Avec un CDD, un CDD donnant, un patron social,
04:19un patron qui a fait ses preuves dans la réussite de la gestion de son entreprise
04:23et qui a aussi fait ses preuves dans la prise en compte sociale
04:27des problèmes de la société de ses salariés.
04:31Mais qui ? Vous avez le droit d'être dirigé.
04:32J'ai cité Jean-Dominique Sénard, mais ça pourrait être aussi un syndicaliste.
04:37Laurent Berger, mais visiblement il ne veut pas.
04:40Monsieur Sénard, je ne sais pas.
04:42En tout cas, ce que je sais, c'est que Monsieur Sénard a rendu un rapport
04:45il y a peu de temps avec Madame Thiry
04:47qui est en charge des affaires sociales au Conseil économique et social
04:52avec le président Thiry Baudet
04:54qui lui aussi pourrait être chargé de constituer un gouvernement.
04:59Et vous pensez sincèrement, Michel Picon, qu'un patron ferait mieux qu'un politique ?
05:04Dans la période actuelle, j'en suis convaincu.
05:06Pourquoi ?
05:07Parce qu'ils ont l'habitude de gérer les choses.
05:09Un patron ne laisse pas une situation économique telle que celle-là.
05:12Il faut répondre à l'Europe.
05:13Je rappelle qu'on a une injonction.
05:15Quelle trajectoire nous allons prendre pour redresser les finances du pays ?
05:19Et que personne n'envisage d'y répondre.
05:21On ne me parle que de dépenses.
05:23Oui, un patron apporterait aujourd'hui, un patron qui a fait ses preuves dans la gestion
05:28mais qui a aussi fait ses preuves dans le dialogue social avec les partenaires sociaux
05:32apporterait, je pense, au pays, dans cette période difficile, une voie de sortie.
05:37L'une des questions centrales en ce moment, et vous l'évoquiez à l'instant,
05:41c'est la question de l'augmentation des salaires.
05:43On a l'impression, quand même, que ces derniers jours, il y a un consensus autour de ça.
05:46Qu'à droite aussi, on dit qu'il faudrait augmenter les salaires.
05:50Bien sûr, la méthode et les préconisations de chacun diffèrent.
05:53Vous y êtes prêt, vous, aujourd'hui, à augmenter les salaires ?
05:55Oui, non seulement on y est prêt, mais on a déjà commencé.
05:58Je veux dire, dans chaque branche, et vous citiez tout à l'heure sur votre antenne
06:03la branche des experts comptables pour les cadres, mais pas simplement pour les cadres
06:07avec des augmentations autour de 12%.
06:09L'hôtellerie, la restauration, a fait deux revalorisations de salaires.
06:13Partout dans les branches où c'est possible, tout le monde est conscient.
06:16Vous savez, si vous n'augmentez pas vos salaires, vous ne trouvez plus personne pour travailler.
06:20Mais le SMIC à 1600 euros, c'est non ?
06:22C'est trop brutal. C'est trop brutal et ce n'est pas assez discerné.
06:26C'est-à-dire qu'il y a des secteurs où on doit pouvoir progresser
06:30et il y a d'autres secteurs où on ne peut pas.
06:32Et puis, très franchement, le sujet est beaucoup plus large que ça, celui du travail.
06:36C'est comment on va mieux conjuguer la vie personnelle et la vie professionnelle
06:40s'il s'agissait d'avoir 200 euros de plus pour tout le monde
06:43et on a réglé le problème du pays.
06:45Ceux qui, aujourd'hui, sont à 2000, ne sont pas satisfaits de leur salaire non plus.
06:49Vous plaidez pour un patron, je le disais, à Matignon.
06:52Matignon, vous avez cité quelques noms.
06:54Vous n'avez pas peur que ça fasse un peu grincer des dents à gauche, un patron à Matignon ?
06:58Écoutez, je ne sais pas si ça fait coincer les dents à gauche des politiques, peut-être.
07:05Ce que je veux dire, c'est que le dialogue social dans les entreprises, il est bon.
07:10Il n'est pas hystérisé, comme la classe politique semble le dire.
07:13Notre classe politique, elle est hors sol, ce matin ?
07:15Par rapport à ce qui se passe dans les entreprises,
07:18par rapport aux rapports qu'il y a entre un patron et ses salariés,
07:22aujourd'hui, dans les millions d'entreprises françaises, oui, elle est hors sol.
07:26Ça ne se passe pas comme ça.
07:27Un dernier mot, Michel Picon.
07:28La France Insoumise appelle à manifester le 7 septembre,
07:31qu'on appelle le coup de force d'Emmanuel Macron.
07:33Plusieurs syndicats, la CGT notamment, envisagent une mobilisation,
07:36sans doute fin septembre, début octobre, peut-être le 1er octobre,
07:40pour réclamer justement des augmentations de salaires.
07:43Ça aussi, ça vous inquiète, ces manifestations ?
07:45Oui, bien sûr.
07:46Ça serait quoi, la goutte d'eau ?
07:47Oui, ça nous inquiète, parce qu'on sait combien les petites entreprises
07:50ont payé durement les mouvements sociaux,
07:54avec des villes qui étaient impraticables, je pense,
07:57aux épisodes de gilets jaunes, aux épisodes de contestation
08:00sur la réforme des retraites.
08:02Oui, ça nous inquiète.
08:03Vous savez, depuis des mois, une partie de la classe politique
08:09dit qu'on a gagné, mais on finit par le croire,
08:11alors que personne n'a gagné.
08:12Quand on observe aujourd'hui le panorama de l'Assemblée nationale,
08:17il n'y a pas de gagnant, personne n'a gagné ni perdu.
08:20Mais tous ceux à qui, depuis des mois, on dit qu'on a gagné,
08:23et à la fin, on leur dit, ben non, finalement, on s'est fait avoir,
08:26mais le Rassemblement national est légitime à dire qu'il s'est fait avoir.
08:31Et la gauche, une partie de la gauche peut le dire aussi,
08:35mais pas plus que le pôle du centre, il y a trois tiers.
08:38Et donc, oui, exacerber, c'est prendre le risque d'un climat social
08:43difficile à la rentrée.
08:45Merci beaucoup, Michel Picon, président, je le rappelle,
08:48de l'UDEP et l'Union des entreprises de Proximi.

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