Droits TV de la Ligue 1 : Pierre Maes et Virgile Caillet sont les invités de Culture médias

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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Pierre Maes et Virgile Caillet, pour parler des droits TV de La Ligue 1.

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00:00Les médias sur Europe jusqu'à 11h avec Thomas Hill et avec vos invités ce matin Thomas.
00:04Êtes-vous prêts à payer 55 euros pour pouvoir regarder sur le téléphone votre télé les matchs de la Ligue 1 ?
00:10Pour beaucoup de fans de foot la réponse est clairement non comme Anissa.
00:14Et ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des moyens illégaux pour suivre leur sport préféré.
00:20Alors pourquoi des prix aussi élevés ? Est-ce que le foot français est en danger aujourd'hui ?
00:25On va se poser la question ce matin avec Pierre Maes, consultant international en droit télé du sport.
00:29Et auteur du livre « La ruine du foot français » ainsi que Virgile Cayet, économiste dans le sport et délégué général de l'Union Sport et Cytle.
00:38Je disais 55 euros pour avoir l'intégralité de la Ligue 1. Pourquoi est-ce que c'est devenu aussi cher Virgile Cayet ?
00:44Est-ce que vous pouvez nous expliquer ça ?
00:46C'est une bonne question. Il faudrait plusieurs heures pour pouvoir y répondre.
00:49En gros on est sur un marché d'offres et de demandes.
00:52Les droits télé c'est le principal actif de la Ligue professionnelle de football.
00:57C'est ce qui va apporter les principaux revenus.
00:59Il faut savoir qu'en France, les clubs de football, je mets de côté un peu le Paris Saint-Germain qui a un modèle particulier
01:05et qui est sur une autre galaxie par rapport aux autres clubs de Ligue 1, mais globalement...
01:08Parce que subventionnés par le Qatar, c'est ça ?
01:10Non, aujourd'hui je pense qu'ils ont trouvé leur modèle économique.
01:13Il y a beaucoup de revenus en dehors des droits télé domestiques, la billetterie, les partenariats, le sponsoring,
01:21et puis les droits télé internationaux issus des compétitions internationales, il ne faut pas l'oublier, c'est là où le PSG gagne beaucoup d'argent.
01:28Et donc à part eux, tous les autres clubs sont très dépendants des droits télé ?
01:31Absolument, on peut considérer que c'est entre 40% pour certains 50% de leur source de revenus, donc c'est juste existentiel.
01:40C'est-à-dire que si on touche à cette source de revenus, on peut imaginer qu'ils courent à la catastrophe très rapidement.
01:45Et on peut le dire, et je pense que Pierre ne me contredira pas, la Ligue a perdu la main de la gestion de ses droits télé depuis le fiasco de Mediapro.
01:55Donc ça, ça nous ramène au choix en 2020 de partir, de signer un contrat exceptionnel.
02:03On avait tapé le milliard, c'était ça, c'était le gimmick, l'adage de tous ces présidents de club qui voulaient absolument toucher le milliard comme d'autres championnats internationaux.
02:15Et donc on était parti vers Mediapro avec relativement peu de garantie et ça a été la catastrophe au bout de six mois.
02:23Et à partir de là, le rapport de force entre l'offre et la demande a complètement basculé.
02:29Et finalement, les diffuseurs se sont dit « mais est-ce que la Ligue 1 vaut aussi cher ? »
02:36Et là, depuis ce temps-là, depuis ces 4-5 ans, il est très difficile pour la Ligue, malgré un travail de fond indéniable, de retrouver, de relancer à la hausse les droits télé.
02:48Oui, mais ça, ça ne m'explique pas pourquoi aujourd'hui je dois payer 55 euros pour voir l'ensemble des matchs de la Ligue 1, Pierre Maest.
02:56Voilà, les économistes disent en fait qu'il y a deux marchés. Il y a le marché des droits télé, où les Ligues vendent aux télés,
03:02et puis il y a l'autre marché où les télés vendent aux consommateurs, aux abonnés, aux annonceurs. C'est les chaînes qui vivent de la pub.
03:10Donc là, Virgile vient de parler du premier marché. Votre question, c'est le deuxième marché. Pourquoi, moi, je dois payer aussi cher 55 euros pour ne voir, j'ajoute, que la Ligue 1 ?
03:24Aujourd'hui...
03:26On explique déjà 55 euros, c'est 40 euros pour avoir l'abonnement à DAZN, le nouvel acteur britannique qui a débarqué en France,
03:34donc pour avoir accès à huit matchs par journée des matchs de la Ligue 1, et puis on rajoute à ça 15 euros pour voir le neuvième match sur BEIN Sports.
03:41Exactement. Enfin, quand on dit le neuvième match, c'est quand même une des deux top affiches.
03:47C'est ça.
03:48Voilà, qui justifie. Et donc, chez BEIN, déjà, la grosse différence, c'est qu'on a beaucoup d'autres sports pour ce prix-là.
03:56Tandis que chez DAZN, il n'y a que la Ligue 1. Enfin, il y a le basket aussi, mais on va dire, dans les droits, ce qu'on appelle dans notre jargon, les droits premium, il n'y a que la Ligue 1.
04:07Alors, pourquoi on paye si cher ?
04:09Finalement, en fonction de ce que je viens de dire, vous constatez que l'abonnement à BEIN est encore assez raisonnable, finalement, 15 euros pour une très belle affiche de Ligue 1 et des tas d'autres programmes sportifs.
04:22Tandis que pour DAZN, 40 euros pour le reste de la Ligue 1 et que ça, c'est très cher.
04:29Mais qui a décidé le prix de DAZN ? C'est les patrons de DAZN.
04:34Donc, c'est une décision économique d'un acteur privé qui a décidé...
04:40Qui est obligé de rentabiliser son investissement aussi, parce qu'il faut expliquer que BEIN, eux, ils ont mis 400 millions sur la table par an.
04:45Voilà, qui a décidé de mettre ce prix-là.
04:47Non, pour l'achat des droits. C'est-à-dire que derrière, il y a tout un tas de frais additionnels, de production, etc.
04:52Il ne faut pas les négliger, ça commence... Vu le nombre de matchs à diffuser, ça pèse assez lourd.
04:57Donc, forcément, ils doivent trouver aussi beaucoup d'abonnés, et puis des abonnés, s'il n'y en a pas tant que ça, ils sont obligés de les payer cher.
05:02Enfin, de leur vendre des abonnements chers.
05:04Alors, voilà, visiblement, ils ont fait le choix. En fait, pour faire un peu d'histoire, DAZN est un opérateur quand même assez particulier, assez audacieux aussi.
05:12Ils ont démarré en 2016. Le groupe appartient à une des fortunes les plus riches d'Angleterre, l'ENBLAVATNIK, d'origine russe, ou ukrainienne, enfin bon, peu importe.
05:25Et ce groupe, qui s'est lancé en 2016 dans la région Allemagne, s'est développé dans beaucoup d'autres pays en Europe les plus grands, Italie, Espagne...
05:38A acheté les ligues nationales là-bas, et a cumulé 6 milliards de dollars de pertes, depuis 2007. 6 milliards de dollars.
05:47Et donc, qu'est-ce qui se passe ? C'est le bon LENBLAVATNIK qui en met au pot.
05:52Fin 2021, il a à peu près remis plus de 4 milliards de sa poche.
05:58Et donc, aujourd'hui, tout le monde se demande un peu, le jour où LENBLAVATNIK n'a plus envie...
06:04Donc c'est même pas sûr que ça tienne, en fait, cette histoire.
06:07Ils en sont à combien d'abonnés, là, pour l'instant ?
06:10C'est absolument impossible à dire. Il y a eu une journée de championnat, enfin deux journées de championnat, mais c'est impossible à dire à ce stade.
06:19Ils ne communiquent pas du tout sur leurs chiffres ?
06:21Non, mais c'est beaucoup trop tôt.
06:23Même dans les autres marchés, ils ne communiquent pas sur leurs chiffres.
06:25Et ils espèrent en avoir combien ?
06:27Alors, le break-even, manifestement, sera aux alentours d'1,5 million d'abonnés.
06:32Donc, à partir d'1,5 million d'abonnés, il serait rentable ?
06:35En tout cas, il ne perdrait plus d'argent.
06:37Voilà, il ne perdrait plus d'argent, exactement.
06:39On en est très loin, j'imagine.
06:41On en est très loin, c'est-à-dire qu'en fait, pour atteindre ce chiffre-là,
06:44BEIN Sports, avec un catalogue de droits extrêmement large, a dû mettre 5-6 ans.
06:48Média Pro n'a jamais atteint les 500 000 abonnés.
06:52Orange n'a jamais fait ces chiffres-là lorsqu'ils étaient venus sur la Ligue 1.
06:56Donc, on peut s'interroger.
06:59Alors, il faut souhaiter, pour le foot français,
07:02que ça marche, que ça fonctionne,
07:04et qu'il y ait un certain nombre de Français qui s'abonnent.
07:06Parce que sinon, on va effectivement vers la catastrophe.
07:09On va en parler de ça.
07:11Peut-être juste un mot sur les tarifs.
07:14Parce qu'effectivement, nous, Français,
07:16qui n'avons pas la culture des chaînes payantes,
07:18on trouve ça affreusement cher.
07:20Mais finalement, quand on compare aux autres pays européens,
07:23c'est pas les tarifs les plus chers.
07:28Ça coûte quoi en Allemagne, en Angleterre, en Espagne ?
07:30En Angleterre, c'est 70 euros.
07:32En plus, en Angleterre, il y a un schéma particulier,
07:34puisqu'ils appellent ça le « block-out ».
07:36C'est-à-dire que, pour préserver l'affluence dans les stades,
07:38tous les matchs ne peuvent pas être diffusés.
07:39Ceux qui sont le samedi après-midi,
07:40pour que les familles aillent dans les stades,
07:42ils ne sont pas diffusés.
07:4370 euros.
07:45Après, c'est pas la même qualité non plus en termes de championnat, peut-être.
07:48Ni en termes éditorial.
07:51Et de nouveau, il y a beaucoup d'autres sports
07:54qui sont proposés dans ces offres sportives.
07:57Sauf qu'il y a quelques années, on payait 40 euros
07:59et on avait tout Canal+, et toute la Ligue 1.
08:01Effectivement, vous avez abordé un point intéressant,
08:04c'est la qualité éditoriale derrière.
08:05C'est aussi ce qui est reproché aujourd'hui à DAZN.
08:07Derrière, est-ce que le téléspectateur en a vraiment pour son argent ?
08:10Alors, il y a la qualité du spectacle
08:13et la qualité éditoriale.
08:15Et là, on peut s'interroger,
08:16parce que le prix est toujours en rapport
08:19avec un service ou un spectacle, etc.
08:22Et là, quand on voit que sur les 8 matchs qui vont diffuser,
08:25il y en a 5, d'après nos informations,
08:27qui vont être faits en cabine, sans émission avant,
08:30avec une prise d'antenne quelques minutes avant,
08:32en termes de respect de l'annonceur,
08:36on s'interroge.
08:37Les commentateurs ne sont pas sur place.
08:38Il n'y a pas d'hommes de terrain.
08:40C'est low cost.
08:41C'est low cost, le tarif n'est pas low cost.
08:44Encore une fois, j'insiste,
08:45il faut absolument souhaiter que ça fonctionne.
08:48Et juste pour finir sur les championnats européens,
08:50c'est 60 euros en Espagne.
08:52On est sur 65 euros en Allemagne.
08:54Là aussi, Dazone a la moitié du championnat.
08:56Ce qui est intéressant, c'est que Dazone avait commencé à 15 euros
08:59et est aujourd'hui sur un abonnement à 35 euros en Allemagne.
09:01Donc, on voit la trajectoire.
09:02Vous l'avez dit, effectivement,
09:03on peut souhaiter que ça marche,
09:05parce que quelles conséquences derrière pour les clubs français ?
09:08On va en parler dans un instant.
09:10Ce sera la suite de notre débat,
09:11après le journal des médias à Nice.
09:12Oui, le journal des médias de Julien Pichenay
09:14qui arrive dans un instant sur Europe 1.
09:16Et ce matin, on va parler de l'ancien vainqueur de The Voice,
09:18Kenji Girac, qui a fait son retour hier,
09:21après 4 mois de silence.
09:22A tout de suite sur Europe 1.
09:24Sous-titrage Société Radio-Canada

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