• il y a 2 mois
Guillaume Dietsch, Enseignant en STAPS à l'Université Paris-Est Créteil. Auteur de Une histoire politique de l'EPS, deuxième édition (De Boeck Supérieur) est l'invité de 6h20 ce lundi 2 septembre

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Transcription
00:00Il est 6h21, un dimanche à 9 médailles ! Hier pour les français aux Jeux Paralympiques,
00:05nos athlètes brillent tout autant que pour les JO il y a un mois ! La France est-elle
00:08pour autant une nation sportive ? Ces Jeux auront-ils un impact durable sur la pratique
00:13sportive des français ? Comment faire pour que le soufflet ne retombe pas ? Est-ce que
00:16ça commence dès l'école ? Et en ce jour de rentrée scolaire, je reçois justement
00:20un prof de sport.
00:21Bonjour Guillaume Ditch !
00:22Bonjour !
00:23Vous avez été professeur d'EPS au lycée pendant près de 10 ans en Seine-Saint-Denis,
00:26aujourd'hui vous enseignez à la fac en STAPS à l'université Paris-Est-Créteil.
00:29Vous avez écrit plusieurs livres sur l'histoire de l'EPS.
00:32Le prochain sort dans deux semaines, une histoire politique de l'EPS du XIXe siècle à nos
00:38jours.
00:39Est-ce que vous y croyez, vous, à l'héritage durable des Jeux de Paris ?
00:41Oui, je pense qu'on espère tous.
00:43On parle des Jeux Olympiques et aujourd'hui on voit bien l'engouement autour des Jeux
00:49Paralympiques.
00:50Maintenant cet héritage durable, évidemment l'enjeu c'est de dépasser ce côté peut-être
00:53éphémère, ce que certains ont parlé de parenthèse un peu enchanté, pour qu'il
00:58puisse se pérenniser.
00:59Et là évidemment, peut-être certaines réalités seront difficiles à prendre en compte.
01:04Il y a des clubs de sport qui font le plein depuis un mois, notamment en natation et
01:08en tennis de table.
01:09Certains disent qu'on ne peut pas vous accueillir, on ne peut pas accueillir tout le monde.
01:12Oui, parce qu'en fait on parle de cet engouement, de cet afflux de licenciés.
01:16Maintenant il faut savoir qu'après chaque grand événement, je pense notamment aux
01:19Jeux de Londres en 2012, il y a eu systématiquement cet engouement.
01:22Mais la réalité effectivement, il y a notamment deux éléments, c'est est-ce qu'on est
01:26en capacité d'accueillir autant, je dirais, à travers des moyens humains, donc les éducateurs,
01:31les bénévoles ? Est-ce qu'à travers nos installations sportives aussi ? Est-ce qu'elles
01:34sont adaptées aujourd'hui par exemple à l'enjeu d'inclusion, puisqu'on est aujourd'hui
01:39dans les Jeux Paralympiques ? Là il est vrai que la France est quand même déficitaire
01:43sur ce plan, même si le gouvernement a mis en place différents plans d'équipement,
01:47notamment un plan 5 000 équipements.
01:49Mais il est vrai qu'en amont des Jeux Olympiques, certaines fédérations sportives, je pense
01:53à la fédération de basket, avaient déjà dû refuser nombre de licenciés, parce qu'effectivement
01:58manque de personnel et d'installation pour accueillir ces enfants.
02:01Est-ce que c'est pour ça que Teddy Riener et Florent Manodou disent que la France n'est
02:04pas un pays de sport ?
02:05Oui, je pense qu'à travers cette question, il y a une forme de complexité, parce qu'on
02:10a tendance à réduire un peu ce discours à un classement, à un tableau de médaille.
02:15Il est vrai que la France, historiquement, au niveau olympique, fait partie des grandes
02:19nations.
02:20Là, cette année, elle a fini en cinquième position.
02:22Mais lorsque ces deux grands sportifs olympiques parlent de pays de sport, on parle plus de
02:28la culture du sport.
02:29Et là, il est vrai qu'en France, on peut peut-être mettre quelques réserves, notamment
02:34lorsqu'on pense à l'école.
02:35Notamment l'EPS, quand bien même elle a une place assez importante en France, puisqu'elle
02:40est présente de la maternelle au lycée, il y a quand même encore un manque de considération
02:44de la culture du sport.
02:45C'est-à-dire qu'on hiérarchise cette culture plus intellectuelle, et c'est propre à la
02:51France aussi, la tradition et la philosophie des Lumières, et cette culture peut-être
02:54du corps, qui est certes mise en avant dans le discours, mais pas dans la réalité scolaire.
02:59Vous, quand vous étiez prof au lycée, vous aviez l'impression d'être un sous-prof
03:03vis-à-vis de vos collègues ?
03:04Oui, je pense que ça a évolué quand même.
03:06L'image de la discipline EPS a évolué, principalement par rapport à leur formation.
03:11C'est comme une formation qui est équivalente aux autres enseignants.
03:13Qui est archi-demandée en plus, c'est toujours plein en STAPS.
03:16Oui, moi qui suis enseignant en STAPS, à parcours sup, ça fait partie des filières
03:19les plus demandées, ce qu'on appelle les filières sous-tensions.
03:21Mais, sans aller jusqu'à dire que j'étais un sous-prof, on voit tout de même, et c'est
03:28une réalité, c'est que dans l'orientation d'un élève, notamment maintenant après
03:32le lycée, ce qui est pris en compte ce sont les fondamentaux, donc c'est davantage le
03:35français, les mathématiques, les spécialités au lycée, et pas l'EPS.
03:38Et puis il y a un autre problème que vous soulevez dans votre livre, c'est que vous
03:41dites qu'en gros, on regarde le sport à travers le petit bout de la lorgnette, on
03:44ne le considère que via une vision hygiéniste, le sport c'est bon pour la santé, alors
03:48que le sport c'est bien plus que ça.
03:50Le sport à l'école, l'activité physique.
03:52Tout à fait, aujourd'hui à l'école, le ministère de l'éducation nationale a fait
03:57le choix, en amont des Jeux Olympiques, de développer des dispositifs, alors pas de l'EPS,
04:02mais effectivement, notamment on pense à l'école, aux 30 minutes d'activité physique
04:05quotidienne, qui se valent en complémentarité de l'EPS, alors évidemment on a des chiffres
04:10alarmants, il y a une urgence sanitaire avec des enfants mais aussi des adultes qui
04:14sont davantage en situation de sénantarité, mais pour autant, effectivement, à travers
04:18le sport, on oublie qu'on peut développer la motricité des enfants, et ça c'est essentiel
04:24notamment à l'école maternelle et élémentaire, mais surtout on peut développer des compétences
04:28psychosociales.
04:29Et ça c'est avéré qu'à travers le sport, justement, vous pouvez développer la confiance
04:32en soi, l'estime de soi, cette capacité à être solidaire lorsqu'on travaille en sport
04:36collectif.
04:37Vous dites par exemple qu'on peut gérer ses émotions en escalade ?
04:40Oui, la gestion des émotions.
04:41Et là on voit très vite que la gestion des émotions, c'est quand même une compétence
04:45qu'on peut rapidement transférer dans la vie de tous les jours, et peut-être que dans
04:51des études supérieures ou dans une entrée professionnelle, un employeur pourrait justement
04:56valoriser ses compétences, alors qu'au final, en France, pour l'instant, on associe le
05:00sport à la santé, mais aussi le sport à un loisir.
05:02Et vous allez même plus loin, parce que vous dites que ça ferait du bien à la société
05:05dans son ensemble, et que l'activité physique a aussi un rôle à jouer dans la transition
05:09écologique ?
05:10Complètement.
05:11Parce que finalement, à travers l'enjeu de santé, puisqu'on parle aussi aujourd'hui
05:16des mobilités douces et des mobilités actives, forcément, il y a une forme de complémentarité
05:22entre l'enjeu de santé et l'enjeu écologique.
05:24Et en remettant justement le corps au corps des leçons d'EPS, il y a aussi une réflexion
05:29peut-être sur les pratiques sportives, pas nécessairement et systématiquement autour
05:34d'une logique de performance et de compétition, mais peut-être en réfléchissant à ce rapport
05:37au corps et à la nature.
05:38Et imaginons, dans quelques jours, que vous êtes nommé ministre des Sports, vous prenez
05:41quoi comme première décision ?
05:42Comme première décision, déjà peut-être se dire qu'à travers le sport, il y a une
05:49réflexion justement de la société.
05:52Et peut-être se dire qu'à travers le sport, il y a des points à faire avec l'éducation,
05:57mais sans les réduire.
05:59Merci beaucoup Guillaume Ditch, une histoire politique de l'EPS du XIXe siècle à nos jours.
06:04C'est votre nouveau livre qui sortira dans deux semaines, écrit avec Serge Duralli,
06:07et ça paraît aux éditions de Bucks Supérieures.
06:10Merci et bonne journée.
06:11Merci à vous.

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