DÉFICIT - Pourquoi ça dérape encore ?

  • il y a 2 semaines
Alerte rouge sur les comptes publics : le déficit, qui devait pourtant se résorber, se creuse encore et risque d'atteindre 5,6% du Produit intérieur brut cette année selon les ministres démissionnaires Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, qui ont transmis leurs prévisions aux parlementaires. Et cela, alors que l'État s'était engagé auprès de l'Union européenne à combler ce déficit pour qu'il revienne sous les 3% en 2027. Comment l'expliquer ? Écoutez Martial You, éditorialiste économique à RTL et Arthur Bellier, du service politique.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 03 septembre 2024.

Category

🗞
News
Transcript
00:00RTL midi, pour tout comprendre de l'actualité.
00:04Alerte rouge sur les comptes publics, mesdames, messieurs.
00:07Le déficit qui devait pourtant se résorber, eh bien, il se creuse encore et encore.
00:12Il risque d'atteindre 5,6% du PIB cette année,
00:16selon les ministres démissionnaires Bruno Le Maire et Thomas Cazenave,
00:19qui ont transmis leurs prévisions aux parlementaires.
00:22Et cela alors qu'on le rappelle, l'État s'est engagé auprès de l'Union européenne
00:27à combler ce déficit pour qu'il revienne sous la barre des 3% en 2027.
00:32Pour en parler avec nous, Martial You, éditorialiste économique à RTL, bonjour.
00:35Bonjour.
00:36Et Olivier Bost, chef du service politique, bonjour Olivier.
00:38Bonjour.
00:39Martial, on a le sentiment que ça dérape encore et encore, comme le disait Eric.
00:45Comment l'expliquer ?
00:46Alors, ce n'est pas un sentiment, ça dérape, je vous le confirme.
00:48L'équation, elle est malheureusement assez simple, assez mathématique.
00:51On a moins de recettes et plus de dépenses.
00:53Donc, moins de recettes parce que la croissance est relativement faible.
00:56Autour de 1%, donc il y a moins de rentrées de TVA par exemple.
00:59Et puis plus de dépenses parce qu'on a géré les crises inflationnistes,
01:02les gilets jaunes, le Covid, l'augmentation du minimum retraite ces derniers jours.
01:07Et surtout plus de dépenses parce qu'on a une énorme boule de neige
01:11qui grossit d'année en année.
01:12C'est le remboursement des intérêts de la dette.
01:13Ce sera 70 milliards en 2027.
01:15Ce sera le premier budget.
01:16Juste les intérêts de la dette, pas la dette, juste les intérêts.
01:19Un déficit de 5,6% du PIB cette année, comme l'indique Bercy.
01:23C'est, comment dire, c'est si grave que ça ?
01:26Oui, c'est grave, on est un ménage surendetté.
01:29Ça veut dire qu'aujourd'hui, on prend du crédit conso pour payer nos dettes.
01:33Voilà en gros ce que fait la France.
01:35Donc, quand vous avez un déficit qui est deux fois supérieur à celui de l'Allemagne,
01:38quatre fois supérieur à celui du Portugal,
01:40une fois et demie supérieur à la moyenne européenne,
01:42oui, c'est un problème et on ne vit en fait, on n'est plus maître de son destin.
01:45On ne vit que parce que l'Europe nous laisse faire,
01:48même si on est sous procédure de haute surveillance, on va dire en ce moment.
01:53L'Europe nous laisse pour l'instant faire et puis les agences de notation aussi.
01:57Olivier Bost, chef du service politique.
01:59Ce constat, il arrive dans une période particulière,
02:01alors que l'on attend de connaître le nom du futur locataire de Matignon.
02:05Ça veut dire quoi pour le prochain gouvernement ?
02:07Qu'il n'y aura tout simplement aucune marge,
02:09aucune marge de manœuvre pour une nouvelle politique
02:12ou plutôt que les options seront en fait très contraintes.
02:15Impossible, par exemple, de revenir ou d'envisager de revenir sur la réforme des retraites
02:19puisque c'était une source d'économie.
02:22Il faudra faire des économies massives un peu partout et où trouver de l'argent
02:27et pour trouver de l'argent, il n'y a qu'une solution, c'est d'augmenter les impôts.
02:30Ce qui va être intéressant, c'est si Xavier Bertrand devient Premier ministre,
02:34c'est la dernière hypothèse en vogue,
02:36la droite a toujours dit qu'il n'y aurait aucune augmentation d'impôts.
02:40Ça fait partie de leur totem, de leur repère absolu.
02:43Mais le bloc central, la majorité battue, celle d'Emmanuel Macron,
02:48s'est faite l'aile à l'idée d'aller taxer les super-profits
02:51ou de revoir les aides aux entreprises.
02:53Donc, il y aura forcément des débats pour savoir comment gouverner.
02:57Autre contrainte pour le prochain gouvernement, et pas des moindres,
03:00c'est bien sûr le calendrier.
03:02Il doit avoir envoyé sa copie, le prochain gouvernement,
03:05son budget de 2025 avant le 1er octobre.
03:08Donc, le temps de désigner un Premier ministre,
03:10je vous rappelle qu'à cette heure, ce n'est toujours pas fait.
03:12Le temps de faire un gouvernement, c'est-à-dire de désigner un nouveau ministre de l'économie
03:17et des finances, et un nouveau ministre du budget,
03:19ça veut dire qu'il restera à peine 15 jours pour boucler un budget,
03:23pour faire un budget pour le prochain gouvernement.
03:25C'est un exercice déjà quasi impossible.
03:27Ça promet quelques nuits blanches, effectivement.
03:29Olivier Bost et Martial You sont dans le studio.
03:32François fait le 3210, mon cher François, bonjour !
03:35Bonjour Céline, bonjour Eric, et bonjour à vos deux intervenants.
03:40Oui, j'ai écouté, et moi j'ai une question à leur poser,
03:44c'est dans quel poste peut-on faire des économies véritables
03:49sans mettre en crispation les gens qui vont subir ces économies ?
03:54C'est la quadrature du cercle, ce que vous demandez François.
03:57C'est bien pour ça d'ailleurs qu'on dit qu'un budget, c'est politique.
04:00C'est parce qu'en fait, les marges de manœuvre, elles ne sont pas énormes.
04:03Vous avez soit la taxation des super profits,
04:06la taxation des rachats d'actions, des versements de dividendes,
04:09et donc là, vous tapez plutôt les entreprises.
04:12Soit vous allez du côté de la CSG progressive pour les retraites,
04:15ça, ça a été évoqué à gauche par la NFP,
04:18ça veut dire que vous taxez les grosses retraites.
04:20Soit vous allez sur les prestations sociales.
04:24On se souvient que juste avant les législatives,
04:27il y avait eu une réforme de l'assurance chômage
04:29où on compliquait un tout petit peu, où on réduisait les indemnisations.
04:33Vous voyez, c'est ce genre de choses.
04:34Donc, il y a toujours, de toute façon, une victime
04:37dans une décision politique qui consiste à faire des économies.
04:42François, voilà, on ne sait pas trop.
04:44Ça dépend un peu de la couleur du gouvernement,
04:45mon cher François, pour répondre à votre question.
04:48Enfin, la France qui devient un peu la Grèce, quoi.
04:52Ce qui est terrible, c'est que c'est plus la Grèce que le Portugal, effectivement, en ce moment.
04:55Le Portugal a réussi à se relever, redresser d'une situation économique catastrophique.
05:00La Grèce aussi, mais à cause du FMI.
05:03Et là, pour l'instant, on ne sait pas très bien qui va nous redresser.
05:05L'augmentation des impôts, en tout cas,
05:08quelle que soit la forme de l'augmentation, elle aura lieu.
05:10On ne sait pas si ce sera...
05:11C'est la ressource la plus évidente.
05:13Après, ça peut être la TVA.
05:14Vous pouvez augmenter d'un point de TVA, ça vous fait 13 milliards.
05:17Ce ne sera que des heureux.
05:19Mais dans votre vie de journaliste économique,
05:21jamais la situation financière de la France n'a été aussi basse que maintenant.
05:24D'une part, et puis surtout,
05:27je n'ai jamais connu un gouvernement qui, sortant,
05:31laisse une telle copie à son successeur en disant
05:34On ne vous a pas dit, mais il y a 15 milliards de plus à faire encore d'économie dans l'année qui vient.
05:38Et donc là, le gouvernement a vraiment failli.
05:41On peut le dire, il a vraiment failli.
05:43Mais vous dites ce que vous voulez, réfléchissez-vous.
05:45Dans un instant, on va vous parler, on va retrouver le sourire de Louis Chédid,
05:48qui sort un nouvel album, et ce n'est pas le premier.
05:51C'est le 18e album de Louis Chédid.
05:54Et surtout, il dévoile un titre sur RTL.
05:57Steven Bellery l'a rencontré, à tout de suite.

Recommandée