SMART JOB - Emission du mercredi 4 septembre

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Mercredi 4 septembre 2024, SMART JOB reçoit Thomas Perrin (directeur général adjoint Services, Groupe Apicil) , Solène Saint-Gilles (responsable programmes culturels, France Télévisions) , Francine Savidan (présidente, porte-parole, Initiatives Île-de-France, Créatrices d'Avenir) , Thierry Teboul (directeur général, AFDAS) et Grégoire Furrer (Fondateur, Montreux Comedy Festival)

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00:00Générique
00:08Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job. Votre rendez-vous, emploi, RH, débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles évidemment.
00:15Bien dans Smart Job aujourd'hui, on parle de l'absentéisme. Où en sommes-nous ? On se souvient de la période Covid qui avait été complexe pour les salariés.
00:22Où en sommes-nous ? On fera le point avec Thomas Perrin, il est directeur général adjoint du groupe Apicil avec une étude extrêmement détaillée sur cet absentéisme.
00:30Le cercle RH, le management, alors on en parle beaucoup évidemment dans cette émission, mais le management dans le monde de la culture et du spectacle.
00:36Est-ce que ce sont des managers comme les autres ? On en parlera avec Grégoire Furer, il est le fondateur de Montreux Comedy Club.
00:42On en parlera avec Solène Saint-Gilles, responsable des programmes culture sur France TV.
00:46Et puis Thierry Teboul sera notre dernier invité, il est le directeur général de l'AFDAS avec une réflexion justement autour de ce management, de la formation des managers.
00:55Et puis on terminera notre émission avec Fenêtre sur l'emploi. Favoriser la création d'entreprises par les femmes, ça progresse doucement.
01:02On en parlera avec Francine Savidan, les présidentes d'Initiatives Île de France, une association d'ailleurs qui organise un événement créatrice d'avenir avec des remises de prix.
01:11On fera le point avec elle sur ce sujet. Tout de suite, c'est bien dans Smart Job.
01:46Tout à fait. Chaque employeur est obligé de déclarer tous les mois à l'ensemble des organismes sociaux auxquels il est en relation, l'ensemble de la situation de travail ou d'arrêt de travail de l'ensemble de ses collaborateurs.
02:01On a à peu près un million de personnes, ce qui représente quand même plus de 5% de l'emploi en France.
02:06C'est quelque chose d'assez exhaustif et une photo continue. C'est notre titre qu'on fait depuis plusieurs années qui nous permet de suivre ça dans le temps.
02:13On va affiner un tout petit peu parce qu'il y a beaucoup de choses intéressantes. D'abord, ça va mieux. 5,17% c'est le taux d'absentéisme en 2023. Il est en baisse.
02:22Mais quand on regarde bien votre étude, il est en baisse. Mais en fait, ça progresse par rapport à 2021 et avant.
02:28Tout à fait. La situation est un petit peu plus favorable. Mais je dirais que la crise du Covid et surtout les transformations sociétales qui ont eu lieu à cette occasion
02:37ont considérablement fait monter le niveau d'absentéisme dans d'autres pays. Il y a un certain nombre de facteurs explicatifs.
02:43Et on reste quand même sur un niveau relativement élevé de l'absentéisme en France.
02:48Distinguons bien les arrêts de courte durée, c'est-à-dire moins de trois jours, des arrêts de longue durée. On en est où des arrêts de courte durée de moins de trois jours ?
02:58Il y a des situations très étroites. En effet, les arrêts de moins de trois jours augmentent en proportion et les arrêts très longs aussi.
03:05En fait, il y a deux phénomènes assez différents. On a quand même une montée en puissance assez importante, assez profonde, je dirais,
03:11de ce qu'on appelle le micro-absentéisme, donc des arrêts de trois jours. Et c'est souvent des arrêts sur lesquels les employeurs ne font pas extrêmement attention
03:18parce que le collaborateur, il revient tout de suite. Donc, ce n'est pas trop grave. Mais s'il y a une répétition de ce type d'arrêt, c'est quand même le signe avant coureur
03:25d'une situation de fragilité entre le collaborateur et son employeur. Donc, c'est un point sur lequel les employeurs doivent vraiment prendre garde.
03:31Vous, chez Apicil, vous dites, attention, c'est un signal faible. C'est un sujet sur lequel il faut avoir une observation très fine.
03:38Il faut avoir une observation et il faut surtout ne pas négliger ces arrêts. Surtout, encore une fois, si c'est des arrêts répétitifs, il y a des choses,
03:46il y a des facteurs explicatifs. C'est peut-être les conditions de travail, l'exercice, les relations entre le management et l'équipe qui expliquent cette tendance
03:54à prendre un peu plus de micro-arrêts voulus, parfois subis pour des raisons médicales. On sait qu'il y a énormément de diversité de situations.
04:02Mais pour nous, c'est un signe faible intéressant. — Un mot. Les secteurs d'activité, évidemment, sont contenus dans votre étude. Il faut y aller.
04:09C'est extrêmement précis. Les tranches d'âge, les catégories, les femmes, les personnes plus âgées. Alors j'ai vu qu'il y avait sur le total des arrêts maladie,
04:17de l'absentéisme, il y avait 89 % qui étaient liés à des maladies. Ça veut dire qu'il y a 11 % qui sont pour d'autres causes ?
04:24— C'est des accidents. — Accidents. — Accidents. Donc c'est assez... Et en fait, les risques physiques, quelque part, l'accident, l'ontologie, l'accident au travail
04:31ont considérablement baissé depuis la guerre, la guerre de 39-45. Ça a remonté jusque-là. Donc c'est quelque chose qui a considérablement baissé
04:39d'abord dans l'industrie, puis après dans les autres secteurs d'activité. Après, il y a un certain nombre d'arrêts de causes physiques, des maladies.
04:45Mais en effet, c'est pas la majorité. — Merci, Thomas Perrin d'être venu nous rendre visite. Directeur général adjoint service avec un S
04:51du groupe Apicil avec cet observatoire et cette étude extrêmement détaillée sur la photographie de l'absentéisme 2023, parce que les chiffres 2024,
05:00évidemment, seront consolidés. Vous viendrez nous revoir dans un an. — Avec plaisir. — C'est un vrai plaisir de vous accueillir. On tourne une page.
05:06Le CR Clair H, c'est le débat de Smartjob pour parler culture et pour parler des managers dans la culture. C'est pas des managers comme les autres,
05:13évidemment, ceux qui dirigent une philharmonie ou un festival de musique. On en parle avec mes invités. On fait le point. C'est le CR Clair H,
05:20juste après le jingle.
05:21*** Générique ***
05:33Le CR Clair H et le débat de Smartjob pour parler management. Alors vous allez dire « Bah oui, management, on en parle dans chacune de nos émissions ».
05:39Oui, mais les managers de la culture. Est-ce que ce sont des managers comme les autres ? Est-ce qu'on manage, je sais pas, un orchestre ou un groupe de musique
05:47ou un festival comme on manage dans une entreprise classique ? Pas sûr. Est-ce qu'il faut créer des filières de formation ? Est-ce qu'il faut réfléchir
05:54tout simplement à la manière dont on encadre et qu'on accompagne les salariés ? Et on parlera des intermittents du spectacle, parce qu'il y a aussi
06:00parmi les salariés des intermittents du spectacle. On en parle avec mes invités. Solène Saint-Gilles, merci d'avoir répondu à notre invitation.
06:07Responsable programme culturel à France TV, programme avec un S, c'est-à-dire que vous balayez le spectre de l'ensemble des chaînes de France TV.
06:15Il y a beaucoup de culture sur France TV, donc c'est vraiment un programme avec un S, multi-chaînes, multi-culturelles.
06:20Avec France 4 en particulier, Culture Box, qui est une super émission.
06:24Mais sur toutes les chaînes, en fait.
06:26Merci en tout cas d'être avec nous. Grégoire Führer, vous vous connaissez, je crois. Vous êtes déjà venu nous rendre visite pour un grand entretien.
06:32Vous êtes fondateur de Montreux Comédie Festival. Alors, c'est des stand-up. On en parlera peut-être avec vous. C'est peut-être un secteur, d'ailleurs,
06:37qui n'est pas le plus développé en termes de management. C'est souvent des artistes qui sont un peu dans leur coin, dans leur appartement et qui créent leur spectacle.
06:44Est-ce qu'il y a des managers pour votre secteur ? On en parlera avec vous dans quelques instants.
06:48Et Thierry Teboul est avec nous. Thierry Teboul, alors vous êtes vous aussi venu pour un grand entretien. J'avais même envie de dire deux grands entretiens.
06:55Directeur général de l'AFDAS, les artistes, la culture et le sport. Il ne faut pas l'oublier, on parlera culture avec vous.
07:01Et ça tombe très bien aujourd'hui parce que vous sortez un livre en finir avec les fausses idées sur le management dans la culture, édition de l'atelier.
07:09Je vous donne la parole. Pourquoi avoir choisi d'écrire un livre ? C'était quoi ? Pour secouer le cocotier ? Pour dire on est un peu en retard par rapport aux Américains,
07:17par rapport peut-être à d'autres pays et qu'il est temps de créer une filière management culture ?
07:21Peut-être pour mettre fin à une errance du monde de la culture sur le sujet. Il y a toujours eu un rapport très ambigu à la question du management.
07:32D'abord parce qu'il y a un rapport à la création et à la liberté de création qui fait qu'au nom de cette liberté, on ne s'autorise pas toujours à fabriquer un cadre de travail.
07:43Et ça c'est quand même quelque chose qui aujourd'hui prend des proportions un peu pathologiques si on voit les risques psychosociaux qui sont dénoncés à droite à gauche,
07:53les luttes contre les violences, le harcèlement moral, etc.
07:57Une errance aussi en termes de formation professionnelle parce que le premier réflexe a été à un moment donné d'aller voir les écoles de commerce qui étaient des spécialistes du management
08:06en disant qu'est-ce que vous auriez comme recette prête à porter et dont on s'est aperçu qu'elle n'était pas forcément opérationnelle dans le monde de la culture
08:17pour plein de raisons qu'on pourra aborder après mais notamment parce qu'il y a beaucoup de gens de passage dans le monde de la culture
08:24et que c'est compliqué de fabriquer une continuité managériale, une culture managériale dans le monde de la culture avec ces personnes qui sont de passage.
08:31Je vous donne la parole et je vous donnerai la parole évidemment Solène mais dans votre secteur qui est un peu particulier,
08:37est-ce que c'est une réflexion que vous abordez cette question du management où vous dites notre secteur, notre modèle n'a pas besoin de managers
08:45parce que quand même il faut soulever le problème et vous l'avez soulevé Thierry, quand on est artiste on n'a pas envie d'être mis dans une boîte avec un manager qui vous explique des process
08:54parce que le management c'est aussi des process, c'est aussi une manière de rentrer dans une boîte et un artiste ne rentre pas dans une boîte.
09:00C'est très complexe comme sujet mais moi je pense que en fait, ça va prendre beaucoup de temps à répondre à cette question donc je vais être court
09:10mais c'est vrai qu'en fait moi j'ai le sentiment qu'on démarre dans ce métier souvent par passion et on ne se pose pas toutes ces questions.
09:17Je pense que si on se posait toutes ces questions on ne ferait pas ce métier parce qu'honnêtement il y a tellement de choses à régler et puis plus on avance et plus on a besoin de s'entourer de gens,
09:26de garder les talons à nos côtés, de les former et souvent quand on est manager d'une entreprise, on n'a pas les outils donc moi je suis ravi de découvrir votre livre
09:34et je vais le lire avec plaisir parce que ce que vous avez dit est totalement juste. Dès que vous vous tournez vers des cabinets d'experts, plein de choses dans les entreprises classiques,
09:43ils essaient d'appliquer des méthodes qui viennent du classique dans nos métiers, ça ne fonctionne pas et donc c'est très...
09:48Enfin ça ne fonctionne pas, ça crée même de l'électricité.
09:50Ah bah ça crée de l'électricité, ça fait partir des talents etc. Donc il faut trouver le bon modèle mais c'est vrai que je pense que c'est des choses qui aujourd'hui sont...
10:01On a pris conscience quand on dirige une entreprise, par moi en tout cas je l'ai fait et c'est pas toujours simple, on n'a pas toujours les bonnes réponses mais que...
10:08Mais vous dirigez une entreprise, vous l'assumez totalement d'ailleurs.
10:10Mais complètement et j'aime beaucoup d'ailleurs le mot d'entrepreneur culturel parce qu'il y a les deux, c'est pour ça que j'ai choisi ce métier.
10:16Après on est nous confrontés par exemple à devoir amener aujourd'hui des réponses nouvelles au management, notamment avec la nouvelle génération.
10:24Moi je pense que ce qui est vraiment déterminant c'est la nouvelle génération.
10:27Nous aujourd'hui par exemple dans notre entreprise on a à peu près une soixantaine d'employés, on a maintenant pas mal de gens qui sont je dirais la petite trentaine.
10:35Et on voit que, moi j'en ai le double, et on voit que ces gens là aujourd'hui, si vous n'apportez pas des vraies réponses de management, vous n'arrivez pas à les garder.
10:46C'est vrai dans les autres entreprises aussi, c'est-à-dire que les jeunes demandent du sens, des réponses.
10:49Et nous c'est ce qui nous, je pense, nous oblige à évoluer.
10:52Solène, juste une question, parce que vous c'est intéressant, France TV c'est un groupe audiovisuel, et vous avez à rencontrer vous des entreprises de la culture avec lesquelles,
11:02objectivement quand on fait une émission de télé, on en fait une là, elle est cadrée par des processus, par des horaires, par des cadres, enfin comment ça se passe cette rencontre et cette relation-là justement ?
11:11Alors je vais répondre à votre question et après je rebondirai parce que quand même c'est beaucoup de choses intéressantes.
11:14France TV, la particularité c'est que moi je produis à la fois des émissions de plateau, comme là aujourd'hui, et en même temps des captations de spectacles vivants.
11:23Et dans les deux cas, la plupart du temps on confie ça à des producteurs extérieurs, eux-mêmes viennent avec leurs équipes qui eux-mêmes ont des équipes qui tournent beaucoup.
11:30Bon, de notre côté à France TV, je dirais qu'il y a plutôt une stabilité managériale, je ne parle pas forcément au sommet, quoique on a une présidente qui a fait deux mandats,
11:37qui est sur un deuxième mandat, mais moi par exemple ça fait 20 ans que je suis à France TV, donc on peut parler d'une stabilité managériale en tout cas de mon côté.
11:43Vous êtes un repère en tout cas à France TV sur ce sujet ?
11:45Je suis un repère, et de même que j'ai d'autres collègues qui le sont dans d'autres domaines.
11:48Et notre mission, enfin en tout cas moi ma mission, c'est que vis-à-vis d'équipes qui découvrent en fait, qui travaillent pour plein de chaînes différentes etc.,
11:55c'est vraiment d'imprimer les valeurs de France TV, c'est-à-dire que quand on fait un programme pour France TV, c'est un programme qui a une valeur ajoutée,
12:01c'est-à-dire qu'on est là pour se divertir évidemment, mais il faut apprendre des choses, il faut qu'il y ait du sens, il faut qu'il y ait des notions, des valeurs comme l'acceptation de la différence,
12:09enfin tout ce qu'on essaie de mettre en avant en parlant d'un programme.
12:14Et je voudrais quand même rebondir sur ce que disait Gréco.
12:16Mais ça bug parfois Solène avec des boîtes de prod' où vous dites, s'il y avait un manager, ça irait peut-être un peu plus vite.
12:21Enfin je suis un peu dur mais...
12:23Moi pour rebondir sur ce que disait monsieur, c'est que c'est vrai qu'on est dans des métiers d'artisanat, et ça il ne faut pas l'oublier,
12:28c'est-à-dire qu'on aura beau vouloir industrialiser le secteur, ça n'existe pas, on a de la matière humaine qui est très très forte, en plus des artistes,
12:34enfin moi j'adore travailler avec eux, mais je vais rebondir sur deux choses, sur le cadre, moi je trouve que c'est très très important la question du cadre,
12:40ça va là pour la vie en général, c'est qu'en fait on exerce sa liberté quand il y a un cadre en fait.
12:45C'est-à-dire quand il n'y a pas de cadre, mais ça marche pour tout, on pose un cadre et après on peut éventuellement évoluer à l'intérieur, en sortir...
12:53C'est vrai pour un artiste aussi d'ailleurs.
12:55Mais les artistes c'est... en fait je crois qu'ils ont besoin, enfin je ne sais pas comment, moi je me suis rendu compte d'un truc,
12:59c'est que justement les artistes ils ont besoin d'avoir en face d'eux des managers qui sont des cadres et qui leur...
13:05Voilà, on fixe un cadre et puis après ils peuvent en sortir.
13:08Et sur l'idée d'effectivement cette jeune génération qui a besoin de sens, moi je pense que ça infuse maintenant toute la société,
13:13c'est-à-dire qu'en fait on a tous besoin de sens.
13:15C'est-à-dire que ce n'est plus que cette jeune génération, c'est-à-dire qu'il y a encore plus depuis le Covid, depuis le confinement, etc.
13:20C'est-à-dire qu'on a... tout le monde a besoin de sens, donc en fait nous managers, on est là, et moi c'est ce que j'essaie de faire avec mes équipes,
13:26pour fixer un cap, les emmener loin, rêver et puis effectivement...
13:30Et leur donner le cadre nécessaire pour s'épanouir librement.
13:32Exactement.
13:33Juste Thierry Teuboul, je reprends votre titre, la couverture est très très belle, le titre, il est presque poil à gratter pour les entreprises de la culture
13:40qui vont dire mais attendez, voilà, il nous met dans le titre du management.
13:43Est-ce que c'est le bon mot finalement, le mot manager dans le secteur de la culture ?
13:46Est-ce que c'est pas animateur ? Est-ce que c'est pas coordinateur ? Est-ce que c'est pas chef d'orchestre ?
13:50Est-ce que le mot manager s'adapte bien ? Je vois Solène Saint-Gilles qui dit oui, pourquoi pas ?
13:54Vous dites quoi vous ?
13:55Moi je me suis battu avec les contributeurs du livre puisque nous avons pris une trentaine de dirigeants,
14:02de représentants du personnel, de jeunes générations, des lauréats par exemple de résidences etc.
14:08qu'on a fait parler sur leurs attentes et le premier sujet qui est venu sur la table c'est est-ce qu'on doit parler de management ou pas ?
14:14Et je me suis un peu battu pour ça parce que la question c'est qu'en niant le terme on nie parfois la pratique.
14:21Et je crois qu'il faut pas la nier, c'est pas très grave, il y a une idéologie managériale de l'entreprise interprofessionnelle.
14:29C'est un mot dans la culture manager parce que dans les tournées on dit j'ai mon manager, c'est un mot qui est utilisé.
14:35C'est juste qu'il y a probablement une incarnation de ce que c'est qu'un manager dans le monde interprofessionnel qui colle mal
14:42ou un fantasme managérial qui colle mal avec la manière dont on a envie soi-même de l'incarner dans le monde de la culture
14:48mais ça ne nous exonère pas d'utiliser le terme et surtout d'en inventer des pratiques.
14:53Mais vous avez mis dans votre entreprise 60 salariés qui est une très belle entreprise,
14:57vous avez des managers, vous avez identifié des gens qui sont vos managers et qui sont là en relation avec les artistes,
15:03comment vous l'avez structuré votre boîte ?
15:05Alors il faut faire attention avec le mot manager dans nos métiers parce qu'un manager généralement il gère un artiste.
15:10Nous on a par exemple un COMEX, moi j'ai un COMEX aujourd'hui dans lequel j'ai 4-5 personnes qui sont mes managers
15:20qui vont gérer les finances, le commercial, la production etc.
15:24Une entreprise comme les autres.
15:26Oui je pense qu'il faut absolument appeler un chat un chat comme on dit,
15:30moi j'aime le mot management, ça dit bien ce que ça veut dire.
15:32Par exemple on a créé une fêtière pour l'humour aujourd'hui qui s'appelle la communauté de l'humour
15:39avec plein de producteurs qui sont tous très très puissants dans leur côté
15:43et on a buté sur le mot, moi je voulais appeler ça la communauté des industries industrielles de l'humour ou des entrepreneurs de l'humour
15:51et puis on a passé toute la séance à parler du mot industrie parce qu'il y en avait qui étaient d'accord et qui n'étaient pas d'accord.
15:57Donc c'est vrai qu'il y a ce tabou.
15:59Moi je pense qu'à partir du moment où on génère de l'argent, où on a des budgets, des prévisionnels, il faut parler d'une entreprise après qu'elle soit culturelle.
16:07Vous êtes la vitrine d'un pays parce que la culture c'est aussi la vitrine de toute la France.
16:11Ce qui est peut-être compliqué par rapport aux besoins de cadres et je rejoins Solène et Thierry sur la nécessité d'avoir des cadres,
16:17parce que dans nos métiers, on reste dans des métiers un peu de précarité.
16:21Même avec le budget 2025 aujourd'hui que je suis en train de faire avec mes équipes, il y a plein de paramètres qui vont faire que ça va fluctuer.
16:29Il y a des projets qui vont se faire, pas se faire, des sponsors qui vont arriver, des partenaires qui vont arriver.
16:33J'évoquais les intermittents du spectacle, c'est un sujet quand même.
16:36Quand vous managez une équipe, une équipe a besoin de stabilité.
16:40Dans nos métiers, il faut être capable de pouvoir dire à une équipe, écoute t'étais prévu sur tel projet, ce projet se fait plus.
16:45Travailler sur un autre projet ou au contraire il faut rectifier, réduire la voilure.
16:50Ce qui complexifie parfois les choses.
16:52Nous on a souvent des jeunes qui viennent chez nous parce qu'ils sont attirés par le côté sexy, de la culture.
16:59Sans voir l'entreprise qui est derrière.
17:01C'est sympa, on va s'amuser, on va voir des artistes, ça va être cool, ça va être fun.
17:04Et puis qui après quelques mois, voire quelques années, se rendent compte que ce n'est pas du tout fait pour eux.
17:09Parce qu'il y a ce côté précaire qui fait que du jour au lendemain, on peut dire tu bossais sur un projet, ce projet n'existe plus.
17:14Son poste il est supprimé.
17:15Il y a des gens qui ne sont pas prêts à accepter cette précarité-là.
17:18Solène Saint-Gilles, un mot et même plusieurs sur l'influence que vous avez évidemment sur les choix des spectacles.
17:24La manière dont on va y glisser des idées et des valeurs mais sur la manière de manager.
17:28Est-ce que là aussi vous y apportez un peu votre patte ou votre cahier des charges France TV ?
17:34Sur les questions de précarité, je vais vous donner la patte.
17:38Je vous disais qu'on fait appel à des producteurs qui font appel à des équipes extérieures.
17:41On a également nos équipes internes, de production j'entends.
17:44C'est la fabrique à France Télévisions qui elle-même est à moitié des permanents.
17:49D'ailleurs ce n'est pas moitié mais il y a une partie de permanents et une partie d'intermittents.
17:52Et qui bénéficie plutôt d'une convention assez protectrice.
17:55C'est-à-dire que c'est vrai que nous à France Télévisions, on est très sensibles à la protection des salariés.
17:59L'autre enjeu, et moi j'en ai fait vraiment un enjeu personnel, c'est que moi je suis très attentive à la place des femmes dans l'ensemble des métiers.
18:07Et la fabrique est assez représentative de ce point de vue-là.
18:10C'est-à-dire des femmes dans tous les corps de métier, y compris technique.
18:13Parce qu'en fait il y a peu de femmes en fait sur les postes des techniques.
18:16Et on parle des formations mais c'est vrai que ça aussi ça doit se travailler au niveau des formations.
18:20Et c'est très important, moi je suis contente d'avoir une steadicameuse femme.
18:23Il n'y en a pas tout le temps parce qu'on considère que c'est un steadicame pour nos téléspectateurs.
18:28C'est la caméra qu'on porte.
18:30Donc évidemment on se dit c'est plutôt un homme qui va faire ça.
18:32Maintenant en fait les femmes peuvent le faire très bien.
18:34Et elles vont apporter un autre regard à autre chose.
18:36Donc voilà, nous c'est vrai qu'à France Télé, on n'est pas dans l'exploitation du personnel.
18:43C'est très protecteur.
18:47Et on est très attentifs sur la question des femmes.
18:49Il y a une petite phrase parce que c'est intéressant.
18:51Vous faites des contributeurs managés.
18:53Alors c'est des guillemets, un managé c'est la douane verticale et descendant.
18:55Ça c'est Jean-Philippe Cielet qui est le président du Centre National de la Musique.
18:59C'est une petite phrase pour la gratter.
19:01Le modèle héroïque du chef d'orchestre est une figure indépassable du management.
19:05Et ça, ça a été dit dans une colloque que vous avez organisée l'AFDAS.
19:09Globalement pour être un bon manager dans la culture, il faut être soit le patron de l'orchestre, soit être un peu le spécialiste.
19:15Vrai ou pas vrai ?
19:17On peut être un excellent manager dans le privé sans pour autant être un ingénieur en informatique.
19:21En fait l'allusion sur le caractère héroïque du chef d'orchestre, elle est venue du constat que c'est incroyable le nombre d'entreprises
19:28qui font appel à des chefs d'orchestre pour faire des séminaires de management.
19:32Sans se poser la question.
19:34Les chefs d'orchestre eux-mêmes sont de bons managers de leurs orchestres.
19:36Je ne vais pas citer de nom mais on a eu ces derniers temps quelques cas.
19:39Donc on prophétise devant l'entreprise, sans balayer parfois ses dents.
19:43Évidemment l'orchestre c'est formidable parce que vous avez le chef, ça joue, on fait cohabiter les gens.
19:48C'est une très belle image.
19:50C'est pour ça que la figure héroïque du chef d'orchestre est un tout petit peu taquinée dans l'ouvrage.
19:55En disant peut-être qu'on devrait un peu plus s'intéresser à la manière dont les chefs d'orchestre managent leur orchestre.
20:01Je suis souvent en référence à Louis de Funès dans La Grande Vadrouille.
20:05C'est vrai.
20:07Ou quand il dit c'est mauvais, très très mauvais.
20:09On voit bien que ce ne sont pas toujours des grands spécialistes du management.
20:13Par contre, on aime bien les sortir de la culture pour les montrer à des chefs d'entreprise en disant
20:17allez on va vous donner une baguette, vous allez voir c'est formidable.
20:19Non mais vous soulevez du doigt le fait qu'on a pu avoir des dérapages
20:22parce que parfois c'est des gens qui sont très habités par leur savoir, par leur talent
20:27et qui globalement sont de piètre aux managers pour ne pas dire des gens très autoritaires.
20:31Est-ce qu'à travers une formation de l'AFDAS, à travers une professionnalisation, on peut éviter ce type de déviance ?
20:39C'est l'objet parce que, en fait, pourquoi l'AFDAS s'est intéressé au sujet ?
20:43Parce que finalement on s'est aperçu que toutes les formations qu'on dispensait en management,
20:46grosso modo, le retour n'était pas terrible.
20:49Le feedback était il y a du Yaka Faucon, il faut faire des entretiens annuels,
20:54aller faire des entretiens annuels à des comédiens ou à d'autres, c'est hyper facile.
20:59Bref, il y a un moment où on s'est dit mais en fait il faut qu'on arrête d'aller chercher des choses qui existent sur le marché
21:04alors même que c'est une figure exemplaire la culture, pour savoir ce que c'est que la gestion des talents.
21:10Dans toutes les entreprises de France, vous avez d'un temps presque un patron des talents, etc.
21:15Et pourtant la culture n'a jamais réussi à faire école sur le sujet.
21:19Comme si elle enfouissait quelque chose au plus profond d'elle-même en disant
21:24non, non, la création elle est spontanée, etc.
21:28Presque une posture politique. Un dernier mot, peut-être, Grégoire ?
21:32Non, je voulais juste, par rapport à ce que vous dites, je trouve très intéressant, c'est que
21:35moi, par exemple, je n'étais pas destiné à faire un métier dans la culture, j'étais fait un métier normal, etc.
21:40Oui, je me l'avais raconté, ça ne démarrait pas comme ça.
21:42Je suis tombé dans la culture et j'ai adoré ça.
21:44Je sais qu'aujourd'hui, j'ai une petite PME, mais je dois gérer des problèmes médiatiques, des problèmes d'égo artistique, des problèmes financiers.
21:51Je traite avec des très grands patrons, des sponsors.
21:53Psychologues financiers.
21:54Oui, puis mes sponsors, c'est des capitaines du CAC 40, d'une certaine manière.
21:57Donc tout d'un coup, il faut être capable aussi de discuter avec ces gens-là.
22:00Et je me dis, la compétence que ça prend pour être capable d'avoir toutes ces cordes, c'est assez exceptionnel.
22:06Et c'est vrai qu'on a une liberté qu'on a très peu dans les entreprises.
22:10Mais on n'est pas des surhommes non plus.
22:12Moi, par exemple, je sais qu'il y a des choses que je sais faire et que je ne sais pas faire.
22:15Et dans le management, il faut aussi être humble.
22:17On a engagé une personne en RH, parce qu'à un moment donné, il y a des choses qu'on ne sait pas faire.
22:23Et même qu'on ne peut pas faire.
22:25Parce que c'est vrai qu'il y a des types de management dans nos métiers où on doit quand même embarquer les gens.
22:30Il faut être capitaine joueur.
22:33Moi, j'aime mieux le mot capitaine joueur que le mot chef d'orchestre.
22:35Entreprises qui vendent du rêve aussi.
22:37Il faut y aller, il faut être devant, faire du rêve.
22:39On a des idées, il faut embarquer du monde.
22:41On a du stress, parce qu'il y a quand même un stress énorme.
22:43Parfois, ça part d'une idée qui devient ensuite un spectacle sur scène.
22:45C'est ça qui est génial.
22:47Et puis quand deux semaines avant le festival, vous avez un artiste majeur qui ne peut pas venir.
22:50Ou que vous avez des problèmes d'argent, etc.
22:52Il faut y aller, il faut embarquer les gens, il faut les rassurer.
22:54Et on ne peut pas être des super hommes.
22:57Et si je vous réinvitais ? Parce que j'ai un manager qui est dans mon oreille.
22:59Et qui me tire les oreilles.
23:01Bah oui, on a tous un manager, même à la télévision.
23:03Vous le savez mieux que moi, Solène Saint-Gilles.
23:05C'était un plaisir de partager ce moment.
23:07Merci d'être venu nous rendre visite.
23:09J'indique que ce livre vient de sortir.
23:11Il est tout chaud.
23:13Le Management dans la culture.
23:15En finir avec les idées fausses sur ce Management dans la culture.
23:17Édition de l'atelier.
23:19Vous tordez le cou à pas mal d'idées reçues.
23:21C'est un livre à découvrir.
23:23Merci à vous Solène Saint-Gilles.
23:25Vous reviendrez si vous le souhaitez.
23:27Tout le monde peut regarder France Télévisions.
23:29Tout le monde peut regarder France Télévisions.
23:31Grégoire Führer, Montrée Comédie Festival.
23:33C'est quand ?
23:35Du 13 au 23 novembre.
23:37Et France Télévisions, c'est tous les jours.
23:39C'est pour ça que je ne l'ai pas demandé.
23:41On termine notre émission avec Fenêtre sur l'emploi.
23:43Mon manager va me tirer les oreilles.
23:45C'est tout de suite après le jingle.
23:59Fenêtre sur l'emploi pour parler des femmes
24:01et de l'entreprenariat.
24:03Où en sommes-nous exactement ?
24:05Est-ce que les femmes créent leur boîte ?
24:07On en parle avec Francine Savidan.
24:09Bonjour Francine.
24:11Présidente d'Initiative Île-de-France
24:13depuis 2018.
24:21Association qui organise Créatrice d'Avenir
24:23avec une remise de prix.
24:25Ce sera le 6 décembre prochain.
24:27Remise de prix avec 30 000 euros
24:29d'argent sonnant et trébuchant.
24:31La chef d'entreprise qui va recevoir ce prix
24:33va pouvoir développer un peu plus son entreprise.
24:35On en est où de la création d'entreprise
24:37chez les femmes ?
24:39Ça va mieux ?
24:41Ça va mieux.
24:43On peut encore faire beaucoup mieux.
24:45Il y a environ 40% de femmes
24:47qui créent une entreprise,
24:49en tout cas en Île-de-France,
24:51avec dans le réseau initiative,
24:53parfois certaines associations locales
24:55qui dépassent ce chiffre de 40%.
24:57Il y a une progression.
24:59C'est possible vers la création d'entreprise,
25:01vers l'entrepreneuriat.
25:03Qu'est-ce qui bloque ?
25:05Le plafond de verre ?
25:07Le syndrome de l'imposteur ?
25:09Le plafond de verre ?
25:11Je ne suis pas capable,
25:13mais est-ce que je vais avoir le temps nécessaire ?
25:15Est-ce que je vais avoir les moyens financiers ?
25:17Comment vais-je bâtir mon plan de financement ?
25:19Comment vais-je me faire conseiller ?
25:21Oui, il y a encore des obstacles sociaux
25:23et des obstacles personnels,
25:25mais on les lève progressivement.
25:27Qu'est-ce qu'il y a de plus important
25:29autour de Créatrice d'Avenir qui percole bien ?
25:31Créatrice d'Avenir, c'est le prix,
25:33c'est le 6 décembre,
25:35avec 6 secteurs,
25:37innovation, impact,
25:39artisan,
25:41diversité des métiers,
25:43parce que nous avons des femmes
25:45qui lancent des activités
25:47qui, traditionnellement, sont réservées aux hommes.
25:49Je vous donne un exemple,
25:51moto, cycle, ou des choses comme ça
25:53dans lesquelles on voit plutôt des hommes en général.
25:55Et diversité des territoires,
25:57nous couvrons toute l'île de France
25:59avec nos associations locales très implantées.
26:01Ce prix, je le redis, il donne de l'argent.
26:03Souvent, c'est le nerf de la guerre
26:05quand on crée son entreprise.
26:0760 000 euros, c'est une somme importante,
26:09mais vous allez plus loin.
26:11Vous leur faites rencontrer des chefs d'entreprise,
26:13vous les faites s'ouvrir finalement
26:15et aller à la rencontre des autres.
26:17On les fait se mettre elles-mêmes à l'épreuve
26:19parce qu'elles doivent peaufiner leur approche,
26:21leur présentation.
26:23Dans ce défi, on les aide à présenter leur projet.
26:25C'est merveilleux de savoir présenter
26:27avec pertinence son projet.
26:29On les encourage,
26:31on les met en lumière,
26:33on les avantage financièrement avec un prix.
26:35La gagnante, c'est 6 000 euros,
26:37plus des avantages en nature
26:39qui sont extrêmement importants puisqu'il y a du coaching,
26:41il y a des voyages professionnels
26:43qui sont financés,
26:45il y a toute une armada
26:47derrière la créatrice d'entreprise
26:49qui est mise en lumière.
26:51Quand on est une femme
26:53et qu'on veut créer son entreprise,
26:55qu'on a une idée et qu'on voudrait l'apporter,
26:57on va sur le site Initiatives Ile-de-France
26:59et j'imagine qu'on est pris en main ?
27:01Initiatives Ile-de-France ou créatricesdavenir.com
27:03et on trouve la route.
27:05Vous reviendrez nous voir
27:07pour un débat plus approfondi,
27:09un peu plus encore sur la place des femmes
27:11au sein des entreprises et dans la création.
27:13Présidente d'Initiatives Ile-de-France,
27:15association qui organise Créatrices d'Avenir,
27:17ces deux sites-là, allez jeter un oeil
27:19à l'initiative d'Initiatives Ile-de-France
27:21et à l'initiative d'Initiatives Ile-de-France.
27:23Merci à vous de votre fidélité,
27:25merci pour vos messages.
27:27On se retrouve très prochainement
27:29pour de nouvelles aventures.
27:31Merci à toute l'équipe.
27:33Thibault à la réalisation,
27:35merci à Nicolas Juchat à la programmation
27:37et merci à Ulysse à la réalisation.
27:39Merci à tous.
27:41Bye bye.
27:49Sous-titrage Société Radio-Canada