• il y a 2 mois
Le député PS de l'Essonne Jérôme Guedj était l’invité de #LaGrandeInterview de Florian Tardif dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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00:00Bonjour Jérôme Guedj, vous êtes député socialiste de l'Essonne alors excusez-moi d'avance pour ce néologisme mais est-ce que le Parti Socialiste est en train de se faire mélenchoniser ?
00:11J'ai pas l'impression que le Parti Socialiste est en train de se faire mélenchoniser.
00:15Réellement ? C'est sincère ?
00:16Non c'est sincère. Regardez, il y a 66 députés socialistes à l'Assemblée Nationale et ils essayent d'incarner une ligne spécifique, une ligne propre.
00:27On n'est pas dans la même situation qu'il y a deux ans. Il y a deux ans le débat c'était Mélenchon Premier Ministre.
00:34Aujourd'hui on a vu dans la séquence que ça a commencé par là, ça a commencé par le programme, tout le programme, rien que le programme.
00:41Ça a bougé ?
00:42Ça a bougé, oui ça a bougé. Lucie Casté a très vite indiqué qu'elle serait porteuse immanquablement de la recherche de compromis.
00:53C'est toujours votre candidate Lucie Casté. Pourquoi je vous pose cette question ?
00:56Tout simplement parce que j'ai du mal à comprendre que des socialistes puissent imaginer déposer ou voter une motion de censure contre le dernier Premier Ministre socialiste, Bernard Cazeneuve.
01:06D'où ma question sur une mélenchonisation du Parti Socialiste.
01:09Il y a deux questions dans votre question. La première c'est d'abord respecter le résultat des élections.
01:15Nous ne serions pas dans cette situation si le Président de la République, comme le Roi d'Espagne, comme en Allemagne, avait d'abord désigné la formation politique est arrivée en tête.
01:25C'est ça le respect du suffrage universel. Moi je suis lucide, je ne m'invente pas des histoires.
01:30La gauche, la coalition de gauche et des écologistes est arrivée en tête, elle n'a pas gagné les élections.
01:37Donc il y a eu une préférence qui a été donnée à la gauche et donc il fallait l'entendre.
01:41Et ça aurait dû se traduire par qu'on part des propositions qui correspondent aux aspirations majoritaires des Français.
01:48La question du pouvoir d'achat, la question de la défense des services publics, la question des retraites évidemment parce que ça a été un mouvement social important en 2023.
01:56Vous êtes toujours sur un gel des retraites de cette réforme ?
02:00Le point de départ, moi j'ai été un fervent opposant à cette réforme des retraites, c'est-à-dire aux deux années de report de l'âge légal.
02:13De 62 à 64 ans.
02:14Donc idéalement, s'il y avait eu une majorité nette qui s'est dégagée, cette réforme est abrogée.
02:18Moi je suis lucide, si pour construire un accord de non-censure d'un gouvernement issu de la gauche,
02:24le chemin de passage était de dire dans un premier temps on suspend l'application de cette réforme qui est toujours le premier pas vers une abrogation,
02:32mais on la suspend et on regarde si on peut la remplacer par quelque chose qui, encore une fois, ne correspond pas au maintien de deux années supplémentaires.
02:40S'il passait par là, se dire il y a une concertation, un dialogue avec les partenaires sociaux, avec les acteurs économiques, avec l'ensemble des formations politiques,
02:48et on fait ce rendez-vous en 2027 au moment de l'élection présidentielle,
02:53alors ça aurait pu être un chemin pour rendre acceptable par les autres formations politiques qui soutenaient cette réforme des retraites.
03:00Il ne faut pas humilier l'adversaire, si j'ose dire, dans ce moment-là, et ça aurait permis d'éviter que des générations,
03:07celles qui ont 62 ans et demi, 63 ans, ne soient pas concernées l'année prochaine.
03:14Moi, je suis lucide, on part des propositions de gauche et on cherche à construire des compromis.
03:19Très bien, mais sur Bernard Cazeneuve, vous n'avez pas répondu totalement à ma question.
03:22Mais parce que je n'ai pas eu le temps. Entre temps, il y a eu une autre question.
03:25Nous, on a eu une position extrêmement claire. Nous avons dit que nous censurions tout ce qui est une continuation de la politique précédente,
03:34parce qu'il y a une forme de déni du président de la République dans la période.
03:36Pourquoi on a cette partie de baltrap avec des noms qui sont jetés, etc. ?
03:40C'est parce que le président, il ne cherche pas justement à construire ses compromis, il cherche à préserver le périmètre de sa politique précédente.
03:47Et ça, c'est un déni par rapport au message envoyé par les électeurs.
03:51Et donc, qui peut imaginer que Bernard Cazeneuve, s'il avait été retenu ou s'il était retenu par le président de la République,
03:58se glisserait dans les habits d'un collaborateur zélé du président de la République ?
04:02Ce n'était pas son intention.
04:03Moi, je ne pense pas que c'était son intention. Je n'ai pas oublié que Bernard Cazeneuve a dit…
04:07Pourquoi, au sein du bureau national du Parti socialiste, Mardi, ne pas trouver d'accord sur le fait qu'il n'y aurait pas de censure ?
04:15Bernard Cazeneuve a dit que cette réforme des retraites était injuste.
04:19C'est assez clair.
04:20Moi, je suppute, on n'a pas de détails des échanges qui ont eu lieu avec le président de la République,
04:26qu'il lui a probablement indiqué qu'il souhaiterait revenir significativement sur cette réforme des retraites.
04:33Ce qui a coincé d'ailleurs entre les deux.
04:34Vous voyez bien, c'est donc le président de la République…
04:36Mais vous ne répondez toujours pas à la question, y a-t-il…
04:39Excusez-moi d'aller jusque-là, y a-t-il un problème Olivier Faure au sein du Parti socialiste ?
04:43Il y a un congrès qui va se tenir l'année prochaine.
04:47Mais on sent bien que vous êtes partagé, si ce n'est divisé au sein des socialistes,
04:53sur la marche à adopter ces prochains mois concernant une censure possible pour un Premier ministre,
04:59qui pourrait pourtant être issu de la gauche.
05:00Mais je le redis, si un Premier ministre, je vais presque même vous dire quel qu'il soit,
05:04arrive et est capable de dire, je vais augmenter le SMIC, je l'ai suspendre, abroger la réforme des retraites,
05:11nous allons renforcer les services publics, tous ceux de l'école, ceux de l'éducation, ceux de la police,
05:15ceux de la justice…
05:16Donc qu'il soit de gauche ou de droite, beaucoup.
05:18Vous voyez bien la logique des choses.
05:20Je vois mal un Premier ministre, on voit des noms de droite qui sont jetés en pâture aujourd'hui.
05:25Je vois chacun irrespectable dans ses convictions, mais je ne vois pas ceux-là aujourd'hui reprendre
05:30les propositions qui ont eu la préférence des Français.
05:34Et à ce moment-là, ça paraîtrait aberrant de ne pas avoir nommé celles qui étaient portées
05:38par l'ensemble de cette coalition.
05:40Et je le redis, s'agissant de Bernard Cazeneuve et de la décision du Bureau national du Parti socialiste,
05:47il n'y a pas eu un veto qui a été exprimé.
05:49Il n'y a pas eu la reprise d'une proposition qui était, dans le cadre de sa nomination,
05:54et à condition qu'il porte…
05:56C'est joué avec les mots, vous le savez.
05:58Le groupe socialiste, en tous les cas, nous avons pris la position de dire
06:03nous censurons tout ce qui est une forme de continuation.
06:06Et donc c'est pour ça que je dis que la balle est dans le camp du Président de la République.
06:09Il s'est lui-même empêtré dans cette situation.
06:11Il y crée les conditions de cette instabilité et qui devient extrêmement problématique.
06:16Les urgences sociales demeurent, les urgences écologiques.
06:18La position internationale de la France, on commence à devenir un peu ridicule,
06:23et je pèse mes mots, dans ce flottement et dans cette partie de balles frappées.
06:28Lorsque je vous suis, vraisemblablement, Michel Barnier,
06:31vous pourriez étudier en fonction des propositions qu'il pourrait reprendre.
06:34Mais par principe, on étudiera.
06:36Mais je vois mal dans un discours de politique générale.
06:38Et puis, vous regardez, Michel Barnier, il est issu de la formation Les Républicains.
06:4247 députés à l'Assemblée nationale.
06:44Pareil, le sens de l'élection qui est arrivé en tête, la coalition de gauche et les écologistes,
06:49et on se retrouve en plus avec le contraire de ce que le front républicain a signifié,
06:55puisque deux mois après, il semble que c'est donc la position des députés du RN
06:59qui soit l'arbitre de la situation.
07:01Donc, tous les messages envoyés le 7 juillet sont balayés d'un revers de la main.
07:05Une préférence donnée à la gauche, un front républicain qui a fonctionné,
07:09et la volonté de tourner la page de la politique menée par le gouvernement,
07:13les missionnaires actuels ou les précédents gouvernements.
07:16Donc, les Français, si ces trois éléments qui sont quand même assez clairs dans le vote
07:20ne se retrouvent pas dans la formation du prochain gouvernement,
07:24ils vont dire mais tout ça n'a servi à rien.
07:26Et donc, on méprise le suffrage universel et ça, c'est la pire des choses en démocratie.
07:30Est-ce que vous irez manifester ce samedi ?
07:32Non.
07:33Pourquoi ?
07:34Mais parce que, d'abord, je ne vois pas les partenaires sociaux appelés à cela.
07:39Je vois une formation politique, la France Insoumise, qui a décidé toute seule d'appeler
07:43et que ça lui arrive souvent de mettre au pied du mur ses partenaires.
07:46C'est la raison pour laquelle, moi, j'ai souhaité prendre...
07:48Vous n'échangez pas entre partenaires du nouveau front populaire ?
07:51Écoutez, moi, à ma connaissance, en tous les cas, moi, je ne participe pas à ces échanges
07:55et il y a une question de temporalité.
07:57C'est la même chose que la proposition de motion de destitution du président de la République.
08:01À un moment, il faut être un petit peu sérieux.
08:03Ils ne sont pas sérieux lorsqu'ils agitent comme cela une proposition de destitution
08:07qui n'a aucune chance de passer.
08:09Elle n'a aucune chance de passer et donc il faut deux tiers des parlementaires pour la voter.
08:13Et donc, par conséquent, si elle n'a aucune chance de passer,
08:16celui qui sort tiré renforcé de la séquence, c'est le président de la République.
08:21Nous, on a toujours dit que...
08:22Il crée du désordre au-delà du désordre actuel.
08:25En cas de non-respect du sens du vote, là où ça se passe, c'est au Parlement,
08:31dans le rapport à ce gouvernement et pas dans le rapport au président de la République.
08:34Le président de la République, vous savez, là, en ce moment,
08:36il maintient le dernier pouvoir qui est le sien, qui est le pouvoir de nomination.
08:39C'est pour cela que ça dure des jours, des jours et des jours,
08:41parce que ça le met, lui, au centre du jeu.
08:43Et je pense que c'est une erreur collective.
08:45Dès le lendemain de la...
08:47Et j'inclue y compris les partis de gauche et écologistes dans cette erreur-là.
08:50Dès le lendemain de la dissolution et du résultat des élections, pardon,
08:54il n'aurait pas fallu attendre benoîtement le choix du président de la République
08:58mais de dire nous prenons les choses en main.
09:00C'est la raison pour laquelle, avec le groupe socialiste,
09:02nous, nous demandons à l'ensemble des formations républicaines...
09:05Pourquoi ça a été compliqué de vous mettre d'accord sur un nom ?
09:07Oui, mais...
09:08Vous êtes là le problème.
09:09Attendez, franchement, le président de la République ne peut pas être donné de leçons.
09:13Il y a eu sept, huit jours de flottement.
09:15Regardez, ça fait deux mois que le président de la République, il procrastine, il tergiverse.
09:18Aujourd'hui, c'est le Parlement qui doit avoir le pouvoir.
09:21C'est le Parlement qui doit prendre les choses en main.
09:23Et donc, il faut qu'on fasse ce qu'on a du mal à faire dans la culture politique française,
09:27qu'on regarde les points sur lesquels nous pouvons être d'accord en étant chacun,
09:32en sortant de ces couloirs habituels.
09:34Je le redis, on part des propositions qui ont eu la préférence des Français,
09:38mais on regarde comment elles peuvent être, comment on peut construire des convergences.
09:42Moi, je souhaite qu'on se mette autour de la table, à l'Assemblée nationale,
09:45que les différents groupes des forces républicaines discutent pour pouvoir...
09:51Lesquels ? C'est-à-dire le Parti socialiste, les écologistes, le Bloc central, les républicains ?
09:55L'ensemble des forces, de ceux qui ont fait le Front républicain,
09:59qu'il ne faut pas oublier, qu'il ne faut pas enjamber,
10:01parce qu'il a fonctionné ce Front républicain,
10:03il a empêché que l'extrême droite soit majoritaire dans le pays.
10:06C'est presque le même discours qu'en Emmanuel Macron, sur une coalition au centre.
10:12Non, mais je ne parle pas de coalition au centre,
10:14je parle d'un travail parlementaire dans lequel, je le redis,
10:17sur la question des retraites, elle est passée à coups de 49-3.
10:21Et il y avait probablement, déjà en 2023,
10:24possiblement une majorité pour s'opposer à cette réforme des retraites.
10:27Est-ce qu'on peut se mettre autour de la table
10:29pour regarder dans quelles conditions une annulation, suspension, abrogation
10:34pourraient être discutées et qu'est-ce qu'on propose à la place ?
10:37Parce qu'évidemment, il y a des enjeux pour tenir compte de la pénibilité,
10:40pour tenir compte de l'équilibre du régime de retraite à faire.
10:44Travaillons au Parlement et essayons de ne pas être dans la dépendance
10:49au président de la République qui, lui, cherche à préserver
10:53ce qu'il a fait dans la précédente mandature,
10:56au détriment du message électoral qui a été envoyé par les Français.
10:59François Hollande, candidat à la prochaine présidentielle,
11:02vous parliez de temporalité, c'était le bon moment de l'annoncer.
11:05Il répondait à une question.
11:08Alors, j'ai raté cet épisode.
11:10Vous parlez de François Hollande ?
11:12Oui.
11:13Écoutez...
11:14Ça en dit peut-être long, votre étonnement.
11:16Non, parce que je pense que dans la période, il faut qu'on cherche un gouvernement.
11:20Je croyais que vous me parliez d'Edouard Philippe qui a annoncé ça.
11:22Il y a aussi Edouard Philippe.
11:23À l'élection présidentielle, il m'avait échappé que François Hollande...
11:27Pourrait être candidat, effectivement.
11:29Non, mais après, vous savez, il y a plein de gens qui peuvent être candidats.
11:31Sera candidat de l'alternative celui qui pourra organiser ce rassemblement,
11:37qui incarnera, moi en tous les cas venant de la gauche,
11:40une gauche républicaine, écologie, sociale...
11:43Ça pourrait être lui.
11:44Qui à la fois concilie deux exigences,
11:47être fidèle à une gauche qui n'a pas peur d'assumer ses fondamentaux.
11:54Vous pouvez appeler ça une forme de radicalité,
11:56c'est-à-dire de retour aux racines de la gauche,
11:58c'est-à-dire qui assume le partage, le partage des pouvoirs, des richesses,
12:01le partage des savoirs,
12:02qui est pour une réforme du système fiscal,
12:07un soutien à l'ensemble des services publics,
12:10mais en même temps concilier crédibilité,
12:13une forme de solennité, une forme de gauche rassurante,
12:17qui n'excite pas le débat,
12:19qui n'agite pas les passions parfois négatives dans le débat.
12:26Vous pensez à qui ?
12:27Moi, je l'ai dit, je pense qu'aujourd'hui,
12:30la position de la direction de la France insoumise,
12:34elle abîme la gauche, elle l'empêche d'être désirable.
12:37Mais qu'est-ce que vous attendez pour vous extraire, entre guillemets, de cette gauche ?
12:41Moi, personnellement, j'ai pris la décision de ne pas avoir le soutien de la France insoumise.
12:47J'ai même eu une candidature face à moi dans l'élection soutenue par la France insoumise.
12:51Et le chemin qui se dessine, mais encore une fois, je le dis,
12:54c'est celui de cette, non pas autonomisation,
12:56mais d'affirmation de l'identité des socialistes.
12:59Regardez, il y a quasiment autant de députés socialistes
13:02que de députés insoumis à l'Assemblée nationale.
13:04Et on se tourne de plus en plus vers les socialistes
13:07pour justement essayer de dégager des solutions.
13:10Donc, d'abord, on parlera de la présidentielle le moment venu.
13:13Là, il y a d'abord à savoir qui est le prochain Premier ministre.
13:16Il faut qu'on le fasse dans un cadre collectif.
13:18Moi, j'ai défendu de longue date l'idée d'une primaire à gauche
13:22pour permettre de dégager un candidat à l'élection présidentielle.
13:25Et j'ai entendu même Olivier Faure, lors de la conclusion des universités d'été,
13:28dire que c'est une voie qui est possible.
13:31Et il a dit aussi quelque chose de très intéressant qui est un peu passé inaperçu.
13:35Il a dit, il faudra une candidature commune de la gauche.
13:38Mais si certains veulent partir tout seuls, veulent nous imposer leur thème,
13:45leur style et parfois leurs outrances,
13:47alors les socialistes sont prêts à partir tout seuls.
13:49Et donc, ça, c'est déjà une affirmation du fait que nous ne serons pas...
13:53Vous savez, on a dit qu'on ne veut pas être les supplétifs d'Emmanuel Macron.
13:58Mais il ne faut pas non plus être les suppléants de Jean-Luc Mélenchon,
14:01c'est-à-dire de ceux qui pensent qu'ils peuvent le remplacer
14:03en restant sur cette seule ligne-là.
14:05Non, il y a une singularité socialiste.
14:07Et moi, je souhaite, avec d'autres, pouvoir la porter, l'incarner,
14:10parce que je suis d'accord avec vous,
14:12cette gauche républicaine, écologique, sociale,
14:15c'est elle qui peut être le centre de gravité de la gauche
14:17et incarner l'alternance qui sera indispensable au moment venu.
14:21Merci beaucoup, Jérôme Guedj.
14:22C'était l'heure de votre grande interview sur CNews Europe.

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