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Sur quelle majorité Michel Barnier peut-il s'appuyer pour gouverner ? Et pour combien de temps ? Pascal Perrineau, professeur émérite des universités à Sciences Po et auteur du livre "Le goût de la politique", observateur passionné de la Ve République, est l'invité pour tout comprendre.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 05 septembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Kelvy, Agnès Bonfillon, édition spéciale, nomination de Michel Barnier à Matignon.
00:06Gabriel Attal est toujours en train d'intervenir dans la cour de l'hôtel Matignon.
00:11On attend bien entendu la prise de parole de Michel Barnier dans quelques instants.
00:15Alors là on est dans la plus pure tradition du passage de témoin de la politique française entre deux chefs de gouvernement.
00:22Voilà, l'ancien comme le veut la coutume républicaine passe le relais au nouveau
00:27et le nouveau va se mettre au travail parce que maintenant il va falloir qu'il constitue une équipe gouvernementale.
00:33Et on n'est pas tout à fait dans une cohabitation puisqu'au fond Barnier n'est pas un macroniste
00:39mais ça n'est pas non plus un chef de l'opposition.
00:41Homme de droite ou homme du centre ?
00:43C'est un homme...
00:44On s'est amicalement guirlandé toute la journée en préparant cette émission.
00:49C'est un homme qui allie le centre et la droite dans la mesure où il s'est toujours défini depuis un demi-siècle comme étant un gaulliste.
00:56C'est un homme qui a eu toujours le même cap.
00:58Il adhère, adolescent, à ce qui s'appelait à l'époque l'UDR et puis il est resté dans ce mouvement.
01:05Donc au moins c'est l'homme d'une fidélité et d'une fidélité au gaullisme.
01:09Et on sait que le gaullisme, peut-être encore davantage que le macronisme, refusait les facilités du conflit gauche-droite.
01:16Est-ce qu'on peut projeter ce que peut être un gouvernement dirigé par cet homme, par Michel Barnier ?
01:26Vers quoi veut-il aller ?
01:28Et est-ce que vous pensez qu'il aura une forme d'indépendance ?
01:31Enfin, d'indépendance...
01:32Il vient travailler avec le plus jeune président de la République française sous la Ve République.
01:37Et je ne doute pas qu'il respecte cela.
01:39Mais voilà, comment exister quand on a un président de la République comme celui que nous avons en ce moment ?
01:44D'après ce que l'on sait, Barnier, on ne lui explique pas exactement ce qu'il faut faire.
01:49Et puis de bord à 73 ans, si vous voulez, vous avez une certaine indépendance.
01:52Vous voulez dire qu'il a négocié une forme d'indépendance ?
01:54Certainement.
01:56Ce n'est pas l'homme auquel on donne des ordres.
01:59On peut lui donner des orientations, on peut discuter avec lui de la nécessité d'un compromis.
02:05C'est l'homme de la coalition, il n'aura pas à se forcer.
02:08C'est un homme qui a l'habitude des coalitions.
02:11Il les a pratiquées en Europe, il les a pratiquées en Savoie.
02:15Il les a pratiquées à plusieurs reprises dans sa carrière politique.
02:19Donc ce n'est pas un homme rigide.
02:21Il a un côté un peu hiératique dans sa tenue, dans sa hauteur de vue parfois.
02:28Et dans sa hauteur tout simplement parce que c'est un homme de 35 ans.
02:32Donc c'est un homme qui peut avoir une certaine même raideur.
02:37On l'a vu dans les débats internes au parti républicain.
02:42Donc ça ne sera certainement pas le collaborateur du président de la République.
02:50L'hyper-présidentialisation, on est en train d'en sortir.
02:53Et le président s'en rend compte certainement.
02:56Tout cela se négocie, c'est-à-dire qu'il pourra accepter sa charge.
02:59Ça veut dire qu'il est acquis, pour lui en tout cas, qu'il aura une marge de liberté qui est préparée.
03:07On va le voir très vite avec quelque chose qui est un détail mais qui n'en est pas un du tout.
03:11C'est son directeur de cabinet.
03:13Vous savez, quand le président veut contrôler son premier ministre, il lui colle un copain.
03:18Et puis il lui dit que ce sera le directeur de cabinet.
03:20Là, on va voir quel va être le directeur de cabinet de Michel Barnier.
03:23Si c'est vraiment Michel Barnier, premier ministre, qui choisit son directeur de cabinet.
03:28Ou si c'est le président qui impose.
03:30Je ne veux pas vous faire faire de la psychologie, mais pourquoi est-il revenu aujourd'hui ?
03:34D'une certaine façon, on pourrait dire de Michel Barnier, sa carrière est faite.
03:38Il a donné déjà beaucoup au pays.
03:40Ce n'est pas l'âge même qui est important, mais il a 73 ans.
03:46Il n'a rien à prouver, mais c'est un tempérament vraiment républicain.
03:52Là, si vous voulez, la notion de dévouement à la chose publique, de dévouement républicain.
03:58Il y a comme ça des hommes, à droite, à gauche, au centre, qui portent cette sorte de tripe républicaine.
04:05On les appelle à rendre un service à l'État.
04:08Ils sont là. Ils répondent présents.
04:10Et il a fait savoir, d'ailleurs discrètement, d'après ce que l'on sait, d'après certains bruits qui commencent à courir.
04:15Il a fait savoir, mais sans déclaration tonitruante, qu'il pouvait éventuellement rendre des services.
04:23Et puis, il a attendu qu'on l'appelle. Et on l'a appelé.
04:26Mais j'ai quand même l'impression que vous êtes en train de nous dire que le président de la République a fait le meilleur choix qu'il pouvait faire en ce moment.
04:31Ou en tout cas, l'un des meilleurs choix qu'il pouvait faire en ce moment pour nommer un Premier ministre à Matignon, dans les circonstances que nous traversons.
04:36Oui, dans les circonstances que nous traversons, les équilibres étant ce qu'ils sont.
04:40Parce qu'au fond, la coalition qui se décide est une coalition qui comprendrait l'ensemble des forces de la majorité présidentielle.
04:48Et l'air qui fait savoir, en effet, que bien sûr, ils soutiendront un homme qui est issu de leur rang.
04:54Et puis, rajoutons également cette sensibilité qui est dans le groupe Liott à l'Assemblée nationale.
05:01J'ai fait le petit calcul. Quand vous ajoutez tout cela, la majorité présidentielle Liott et les Républicains, ça fait tout de même 235 députés.
05:09Et je vous interromps parce que nous allons entendre la prise de parole de notre nouveau Premier ministre, Michel Barnier.
05:15Donc nouveau chef de gouvernement. Ces applaudissements que vous entendez marquent la fin du discours de Gabriel Attal.
05:20Long discours, je pense que...
05:24Oui, oui, très long discours.
05:26Il aurait peut-être pu... Enfin bon, on n'a pas tout entendu, mais un peu plus sobre, c'était pas mal.
05:30Il a son cabinet et ses collaborateurs l'applaudissent. Je crois entrevoir aussi quelques ministres.
05:42Mais il doit avoir une certaine frustration parce que 8 mois, c'est court.
05:468 mois, c'est court. Il l'a exprimé en tant que tel. On écoute son successeur, maintenant.
05:51Je peux dire quelques mots, là ?
05:57Mesdames, Messieurs, d'abord, merci à toutes les équipes du service du Premier ministre d'être là autour de Gabriel Attal.
06:10J'ai bien aimé, cher Gabriel, la manière dont vous avez remercié ces équipes, les membres de votre gouvernement.
06:18J'ai bien aimé la manière dont vous avez salué le courage, l'honneur avec lequel partout en France, métropolitaine et outre-mer,
06:30les forces de sécurité assument au prix parfois de leur vie la sécurité des citoyens. J'y reviendrai.
06:38J'ai bien aimé la manière dont vous m'avez donné des... Non pas des leçons.
06:44Enfin, les enseignements, même si ça n'a duré que 8 mois, que l'on apprend quand on est Premier ministre.
06:56Ça va être très, très utile. J'ai bien aimé aussi la manière dont vous m'avez dit que mon bureau...
07:02Je l'ai trouvé un peu vide, là, tout à l'heure. Mais j'ai compris qu'il y avait des tas de projets de loi en suspens
07:11qui n'avaient pas pu être menés à bien. Vous me permettrez... Bien sûr, je vais les reprendre. Il y en a plusieurs auxquelles je tiens, d'ailleurs.
07:20Peut-être d'ajouter ma propre valeur ajoutée. – Bien sûr.
07:25– Et puis j'ai bien aimé la manière dont vous avez plus personnellement évoqué votre famille, votre maman.
07:33– Je pense qu'elle ne voudra pas se signaler.
07:36Mais j'irai l'embrasser tout à l'heure. Comme moi, je salue ma propre famille et mon épouse Isabelle, qui est ici.
07:45Une maman, c'est très important. On va peut-être dire des choses un peu surprenantes pour deux premiers ministres
07:52au moment de cette passation de pouvoir. Mais moi, j'ai eu la chance d'avoir une mère formidable aussi,
08:01qui transformait tous les problèmes qu'elle rencontrait dans sa vie personnelle en causes publiques.
08:07C'est ainsi qu'elle a consacré toute sa vie à un sujet, d'ailleurs, qui fait l'objet d'un des projets de loi sur la sécurité routière.
08:15Et un autre défi qui était celui de l'accompagnement des familles et des amis de malades mentaux.
08:25Je n'ai pas oublié ses combats. Je n'ai pas oublié le moment très personnel et très émouvant où elle m'a demandé
08:32de lui remettre la Légion d'honneur. Je n'ai pas oublié non plus ce qu'elle m'a dit un jour
08:38où elle était venue me porter la contradiction dans ma toute première réunion électorale.
08:43Il se trouve qu'elle était une femme chrétienne de gauche. Et elle m'a dit « Michel, tu as les opinions que tu veux ».
08:51J'étais déjà gaulliste. Et ça reste ma principale fierté que de m'être engagé derrière le général de Gaulle
08:56quand j'avais 14 ou 15 ans. Ne sois jamais sectaire. Le sectarisme est une preuve de faiblesse.
09:04Quand on est sectaire, c'est qu'on n'est pas sûr de ses idées. Voilà.
09:08Applaudissements.
09:14Nous allons marquer une rapide pause. On vient d'avoir un moment d'émotion avec cette prise de parole de notre nouveau Premier ministre.
09:20Et on se retrouve ensuite avec Pascal Perrineau. A tout de suite.
09:22RTL édition spéciale. Nomination de Michel Barnier à Matignon.

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