• il y a 2 mois
Avec Francis Vandenschrick, surveillant pénitentiaire, représentant du personnel pour le Syndicat Force Ouvrière

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-09-06##

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Transcription
00:00La violence en prison, les agressions se multiplient au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gravignon.
00:05Trois surveillants blessés samedi dernier, c'est la troisième agression en moins d'une semaine.
00:10C'était la troisième agression en moins d'une semaine. Bonjour Francis Van Den Kreek.
00:14Oui, bonjour.
00:16Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes, vous, surveillant pénitentiaire,
00:21représentant du personnel pour le syndicat force ouvrière sur place, je le disais, de nombreuses agressions.
00:27La semaine dernière, est-ce que cette semaine a été plus calme ?
00:31Cette semaine, oui, on a eu un peu de chance.
00:34Ça a été un peu plus calme. Bon, c'est assez rare pour être souligné.
00:38On avait déjà fait un mouvement social il y a quelques mois justement,
00:42parce que pareil, les agressions se multipliaient.
00:45On en avait eu plusieurs en une semaine aussi, mais bon, c'est notre rôle au quotidien.
00:50Oui, trois agressions de surveillants la semaine dernière.
00:53Qu'est-ce qui s'est passé ? Et comment vont-ils aujourd'hui, ces surveillants ?
00:58Ces surveillants, physiquement, j'ai un des collègues qui a été gravement blessé au visage.
01:04Il a reçu 17 points de suture.
01:07Il a été blessé avec quoi ?
01:10Avec une arme artisanale que le détenu avait fabriquée avec un morceau de verre qu'il avait enroulé dans du tissu.
01:19Donc voilà, mes autres collègues, c'est une blessure au genou et une autre au poignet,
01:24mais ils sont surtout extrêmement choqués, tous les trois, de la violence de l'agression.
01:29Parce que, comme me disait un de mes collègues, dans nos carrières, on envoie du sang,
01:34souvent des détenus qui se coupent ou qui se suicident, ça arrive malheureusement.
01:40Mais là, mon collègue m'a dit, moi j'étais extrêmement choqué,
01:43parce que là, c'était le sang de mon collègue qu'il avait sur lui.
01:46Quand on est victime de cibles d'agression, comment on arrive à retourner au boulot derrière ?
01:53C'est très compliqué.
01:55C'est très compliqué parce que vous vivez la scène sans cesse.
02:03Vous avez besoin de voir du personnel spécialisé.
02:07On a des psychologues qui sont là pour ça, qui sont dédiés,
02:10mais ça n'empêche pas que c'est très compliqué, on a peur.
02:15Parce que le moindre bruit, le moindre regard un peu bizarre d'un détenu va tout de suite nous mettre en alerte.
02:23C'est très très compliqué.
02:25Comment vous l'expliquez cette situation ?
02:28Vous vous êtes confronté du côté de Bordeaux,
02:32ça ne concerne pas que le centre pénitentiaire de Bordeaux,
02:36mais comment vous expliquez cette situation-là ?
02:40Non, ça ne concerne pas que le centre pénitentiaire de Bordeaux,
02:43c'est toute la France qui est concernée, c'est tous les établissements pénitentiaires.
02:47On a un taux d'occupation qui explose,
02:50on a de plus en plus de détenus pour de moins en moins de places.
02:56Mais sur le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignon, la prison a été agrandie, non ?
03:02Oui, elle a été agrandie, mais ce n'est pas suffisant.
03:06Elle a été agrandie il y a trois mois.
03:08On est déjà débordé.
03:10C'est incroyable ça ! En trois mois, ça y est...
03:14Avant l'ouverture du nouvel établissement,
03:16on avait à peu près 80-90 matelas au sol sur l'ancienne prison.
03:20Vous savez, c'est les détenus qu'on fait dormir par terre parce qu'on n'a plus de place.
03:24Quand on nous a ouvert le nouveau centre, on nous a dit,
03:26vous verrez, vous n'aurez plus de matelas au sol,
03:28les détenus auront de la place, ils seront à deux par cellule, ce sera mieux.
03:33On n'a pas connu un seul jour comme ça depuis l'ouverture de la nouvelle prison.
03:37Aujourd'hui, on n'en a même plus, on a 120 matelas au sol.
03:41Vous avez parlé de peur, il y a un ras-le-bol aussi ?
03:46Oui, il y a un ras-le-bol parce qu'on n'a pas le sentiment que les choses évoluent.
03:51On ne fait que dénoncer, on dénonce, on dénonce,
03:54mais c'est nous qui sommes en première ligne,
03:56c'est nous qui nous faisons agresser.
03:58Regardez mes collègues d'un quart de ville qu'on a perdus, malheureusement.
04:04Et on n'a pas le sentiment que les choses bougent.
04:06Vous voyez qu'un mois ou deux mois après,
04:09sur la prison de Harle, on autorise un détenu à sortir
04:13pour aller voter et en profiter pour s'échapper.
04:16On ne retient pas les leçons, en fait.
04:19Fantis Vandenkrieg, Michel Barnier, nommé à Matignon.
04:24En 2021, c'était pour les primaires des Républicains,
04:27il disait vouloir ouvrir 20 000 places supplémentaires en prison.
04:31Ça, c'est de bon augure.
04:33Est-ce que sa nomination est une bonne nouvelle pour vous ?
04:37Alors, je vais vous dire honnêtement,
04:39chez FO Justice, on ne fait pas de politique.
04:43Je veux dire, M. Barnier ou un autre,
04:45pour nous, ça ne change pas grand-chose.
04:48Construire 20 000 places de prison, oui, pourquoi pas ?
04:52Mais en fait, le problème, c'est qu'on a le bateau qui coule
04:54et on nous promet des sceaux supplémentaires pour le vider,
04:57mais on ne s'occupe pas de la fuite.
04:59C'est plutôt ça le problème.
05:01Ce n'est pas tant d'avoir des places supplémentaires en prison,
05:04on a plutôt une société qui est en échec.
05:07Si on nous met de plus en plus de gens en prison,
05:09c'est bien qu'il y a un problème quelque part.
05:12Ce n'est pas le nombre de places supplémentaires qu'il faut.
05:15Les institutions ne sont plus respectées.
05:18Vous voyez, on tue des profs dans la rue,
05:20on tue des policiers dans la rue,
05:22on est obligé de mettre des agents de sécurité dans les hôpitaux.
05:25C'est bien signe qu'il y a quelque chose, au bout d'un moment,
05:27on a lâché et ça ne va pas.
05:29Les places supplémentaires, oui, ça nous fera du bien,
05:31nous, surveillants pénitentiaires, mais...
05:33Ça ne suffira pas.
05:35Ce n'est pas la solution au problème.
05:37Francis Van Eskrik, merci d'avoir été avec nous,
05:40en tout cas, sur Sud Radio ce matin.
05:42Je rappelle, vous êtes surveillant pénitentiaire,
05:44représentant du personnel pour le syndicat Force Ouvrière.
05:47Merci à vous et bon courage pour la suite.
05:49Sud Radio, 6h42, on revient dans un instant,
05:51dans quelques minutes, Jean-Jacques Bourdin,
05:53qui arrive pour le grand matin de Sud Radio,
05:55les unes de la presse, on va voir ce qui se dit
05:57dans les journaux ce matin avec Maxime Trouleau.

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