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Avec Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-24##

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News
Transcription
00:007h37, c'est le moment d'aller au cœur de l'actualité avec ce qui se passe à la une.
00:09Gérald Darmanin, premier flic de France, ancien premier flic de France, place Beauvau, débarque à l'autre place.
00:15Importante quand on est en politique, c'est la place Vendôme, ministère de la Justice.
00:20Bonjour Ludovic Priat.
00:21Bonjour.
00:22Vous faites partie de l'union syndicale des magistrats.
00:25Êtes-vous content, en ce 24 décembre, de ce que le père Noël, François Bayrou, a glissé sous le sapin de la justice ?
00:31Je crois que j'ai un petit peu grandi de piscine heureussie.
00:33Je n'ai pas à être content ou pas content des cadeaux qui sont déposés au pied du sapin gouvernemental.
00:38Simplement, on est surpris, puisque clairement, ce n'était pas un nom qui était dans notre scope.
00:44Effectivement, on peut se poser des questions par rapport, non pas tant au fait que M. Darmanin ait été ministre de l'Intérieur,
00:52ce qui est un poste fort honorable, mais par rapport à certaines positions qu'il avait prises à l'époque où il était ministre de l'Intérieur,
00:59des positions qui étaient quand même souvent très critiques par rapport à l'action de la justice.
01:05Donc, on reste dans l'attente de voir avec intérêt si l'habit de garde des Sceaux va être rapidement ou non enfilé par Gérald Darmanin.
01:14Vous faites référence à des positions de l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
01:18lesquelles vous avez en tête et qui provoquent visiblement chez vous, si ce n'est une certaine inquiétude, en tout cas qui vous fait rester vigilant.
01:26Ça me fait me questionner. On se rappelle tous, effectivement, de manifestations de syndicats de policiers devant l'Assemblée nationale,
01:34ces syndicats indiquant que le problème de la police, c'est la justice.
01:38Gérald Darmanin n'a pas tenu ses propos, mais était présent lors de cette manifestation et ne s'en est pas désolidarisé.
01:44Sans doute était-il au soutien de ses troupes.
01:46On peut espérer qu'il sera autant au soutien de ses nouvelles troupes, que sont les fonctionnaires de justice, les magistrats et les gens de justice en général,
01:56car on a des gros chantiers devant nous. Les magistrats n'ont pas à choisir leur ministre, tout comme ils ne font pas la loi, ils l'appliquent,
02:04ils l'interprètent parfois lorsqu'il est obscur. Là, en tant que syndicat de magistrats majoritaires et apolitiques, apartisans,
02:12l'USM va nécessairement travailler avec ce ministre-là. Il a devant lui des travaux d'Hercule.
02:17Le premier des travaux d'Hercule, c'est de faire aussi bien que Didier Migaud sur le budgétaire.
02:23Je rappelle que le président du gouvernement nous avait retiré 483 millions sur le budget de justice.
02:30M. Migaud avait réussi à en récupérer 250. Là, clairement, nous attendons M. Darmanin sur cette récupération de fonds dont nous avons besoin pour mener les réformes à terme.
02:39– Je vous ai entendu dire hier sur BFMTV que les magistrats étaient indépendants.
02:44Naïvement, je pensais que c'était une évidence. Pourquoi le rappeler ainsi à Gérald Darmanin ?
02:47Vous avez peur qu'il fasse pression sur certains dossiers ?
02:51– Dans certaines déclarations qu'il a pu faire ou prendre, on pouvait avoir l'impression qu'effectivement,
03:02il imaginait que le politique pouvait dicter aux judiciaires certaines de ses décisions.
03:10Je pense par exemple aux déclarations ou aux écrits qu'il a pu faire lors des réquisitions du parquet de Paris,
03:17le parquet national financier, dans le cadre du procès des attachés parlementaires européens.
03:24Je rappelle, c'est une évidence, mais certaines évidences, il faut les rappeler toujours,
03:30car l'état de droit parfois est attaqué, même dans des pays européens qui ne sont pas si loin des nôtres,
03:36que notre démocratie est fondée sur la séparation des pouvoirs.
03:41Et cette séparation des pouvoirs fait que la décision judiciaire, c'est-à-dire le procureur lorsqu'il décide de poursuivre ou ne pas poursuivre,
03:47ou le juge lorsqu'il décide de condamner ou de ne pas condamner, est hors du champ politique.
03:52Et c'est très bien, ce n'est pas un confort pour les juges, c'est une garantie pour nos concitoyens.
03:56Ludovic Fria, président de l'Union syndicale des magistrats,
04:00je sens quand même que dans votre milieu, les différentes prises de position de Gérald Darmanin,
04:05notamment sur ce que vous venez de rappeler, à savoir les réquisitions dans le procès des assistants parlementaires européens du côté de Marine Le Pen,
04:13posent un souci, comme s'il y avait une véritable inquiétude que Gérald Darmanin finalement était placé à ce poste
04:18avec la bienveillance du Rassemblement national, pour s'assurer quand même que Marine Le Pen ne soit pas condamnée.
04:23Et j'ai l'impression que dans votre milieu, vous avez du mal à exprimer clairement cette crainte.
04:27Je ne suis pas psychiatre, donc je ne vais pas faire de la maïutique pour savoir ce que pense le milieu qui est le mien.
04:35Moi je peux vous dire, je peux parler au nom de l'USM, le syndicat dont je suis président et qui je le rappelle est apartisan.
04:41Nous, nous souhaitons travailler sur les chantiers qui sont devant nous.
04:46Moi je pense par exemple au narcotrafic, qui est un véritable cancer démocratique.
04:50Je pense également à l'absolue nécessité d'avoir des renforts en juridiction,
04:54car nos tribunaux ne tiennent que par l'engagement des personnels judiciaires qui le portent à bout de bras,
04:59et ces renforts sont très attendus.
05:01Et si le politique là-dessus ne tient pas sa parole, qui a été rapporté à plusieurs reprises,
05:07ce qui est certain, c'est que notre système à bout de souffle ne pourra pas continuer ainsi des années et des années.
05:14Ou alors le divorce que tous les sondeurs nous décrivent entre la justice et nos concitoyens,
05:21mais comme entre le politique et nos concitoyens, sera de plus en plus présent,
05:27et je ne sais pas jusqu'où nous pourrons maintenir notre système.
05:31Comme garde des Sceaux, ministre de la Justice, la fermeté, la rapidité, la proximité guideront mon action pour défendre les victimes.
05:38C'est encourageant comme premier mot, non ?
05:40Je vais vous dire une chose, c'est que bien évidemment nous demandons à un garde des Sceaux qu'il soit présent,
05:46présent aux côtés des victimes, présent aux côtés des personnels judiciaires,
05:51et qu'au-delà des mots, il nous paye en actes.
05:54En actes, c'est-à-dire le budget, c'est-à-dire des outils juridiques pour combattre les mots de la société qui sont les nôtres,
06:02et aussi de la considération pour les personnels judiciaires qui sont aux premières lignes de ces lignes de front judiciaire.
06:09On le voit bien, l'emprise du narcotrafic sur les banlieues, sur nos concitoyens, le risque de corruption qu'il génère,
06:17ça il faut lutter contre, il faut regarder ça droit dans les yeux et ne pas être naïf.
06:21On se souvient d'une vague d'indignation lors de la nomination notamment d'Éric Dupond-Moretti.
06:26On sent que l'ancien ministre de l'Intérieur ne va pas être accueilli clairement avec des fleurs ou pas dans la facilité.
06:31Il faut que la place de Beauvau soit à gauche pour que vous soyez content ?
06:35Je veux déconstruire cette idée-là.
06:39Oui, la place Vendôme.
06:40Vous savez, Clémenceau était à gauche, il a bien incarné la place Vendôme, Beauvau.
06:45Mais peu importe, il faut déconstruire cette idée d'une attente des avocats, des magistrats, des greffiers qui veulent à tout prix quelqu'un de gauche ou de droite.
06:57On est quand même très loin de ça, ce n'est pas du tout la réalité de notre société.
07:01Nous, ce que l'on veut, c'est un ministre qui soit présent, qui ait une feuille de route.
07:07Et puis surtout, ce qu'on espère, ce qu'on souhaite, c'est un ministre qui dure plus de 2, 3, 4 ou 5 mois.
07:13Nous avons pu travailler de façon intelligente avec M. Migaud et ses équipes.
07:20On espère que ce sera le cas avec ce ministre actuel.
07:23Et puis on espère que les chantiers entrepris pourront être sur une période qui ne soit pas soumise à la guillotine du coup pré-politique.
07:32Et de se dire, on n'a que deux mois devant nous, trois mois devant nous.
07:35Merci beaucoup Ludovic Priat-Union, président de l'union syndicale des magistrats.
07:40Et on va suivre attentivement quand même les premiers pas du ministre de l'Ancien, ministre de l'Intérieur,
07:45qui a quitté déjà la place Beauvau pour rejoindre la place Vendôme, donc rejoindre le ministère de la Justice.
07:52Avec, vous l'avez rappelé, de grands chantiers.
07:54Le budget bien sûr, la lutte contre le narcotrafic et voir aussi les différentes prises de position du futur nouveau ministre de la Justice
08:02sur notamment des procès comme celui de Marine Le Pen dont on attend les résultats d'ici deux mois.
08:09Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
08:11Il est 7h45, vous êtes sur Sud Radio.

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