• il y a 3 mois

Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Manon Aubry, eurodéputée La France Insoumise.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Vous êtes sur Europe 1. Manon Aubry, eurodéputée LFI, est avec nous en direct. Bonsoir, Manon Aubry.
00:07Bonsoir.
00:08On voulait évidemment avoir votre réaction. La nomination, évidemment, de Michel Barnier, qui est en train de consulter afin de former son
00:15gouvernement. Jean-Luc Mélenchon dit l'élection a été volée au peuple français. Il a appelé à une vaste mobilisation.
00:21Demain, on va en reparler, évidemment, dans un instant. Mais Manon Aubry, j'ai envie de vous poser une question. Est-ce que la gauche n'est pas un peu
00:28responsable ?
00:29Je dis cela parce qu'on a une gauche qui est divisée, qui n'a pas réussi à s'entendre. On se souvient des propos d'Olivier Faure sur
00:35l'option Bernard Cazeneuve à Matignon, une forme d'anomalie.
00:38Clémentine Autain, qui faisait siffler un profil comme Karim Bouamran, le maire socialiste de Saint-Ouen, plutôt apprécié à gauche.
00:45Est-ce que la gauche n'est pas responsable, ce soir, de cette situation ?
00:51Franchement, avec tous les respects que je peux avoir pour vous, c'est quand même assez hallucinant que, toute la journée,
00:57on nous dise que c'est la faute et la responsabilité de la gauche si le Président de la République a lui seul le choix.
01:04Vous avez tout à fait le droit de poser la question, mais
01:07la première question à poser, c'est pourquoi le Président de la République
01:11nomme ce Premier ministre avec le soutien de l'Assemblée nationale.
01:13Mais moi, je préférais parler de la gauche, puisque vous êtes heureux d'y être, les filles.
01:17Parce que, je vous le dis en toute sincérité, vraiment, c'est
01:22hallucinant et même révoltant
01:23de dire que c'est la faute de la gauche, alors que le Président de la République, qui a lui seul le pouvoir de nommer, le Premier ministre,
01:28nomme un Premier ministre d'une droite assez radicale, avec l'assentiment de l'extrême droite, alors qu'il aurait pu très bien demander
01:36à ses troupes de ne pas censurer
01:38Lucie Castex et
01:40d'avoir un Premier ministre qui soit issu du bloc politique majoritaire, parce que là, pour bien situer, quand même, la situation dans laquelle on est,
01:47et je vous le dis aussi, en tant que fan de sport, qui ai suivi les JO de près,
01:51mais c'est un peu comme si Léon Marchand avait gagné ses courses, et on donne la médaille d'or au dernier, parce que les Républicains, c'est le bloc politique qui est arrivé en dernier aux élections de cette année.
01:58Mais personne n'a gagné cette élection, Manon Bry, vous le savez, personne n'a gagné cette élection.
02:04Personne n'a gagné cette élection. Et Emmanuel Macron,
02:08quand a-t-il le droit de choisir qui veut en Premier ministre ? On est d'accord avec ça, je comprends la colère, effectivement, à gauche, de voir Michel Barnier
02:16arriver à Matignon, d'où cette
02:20mobilisation. Demain, Jean-Luc Mélenchon dit que l'élection a été volée au peuple français, il appelle à la mobilisation.
02:25Sous quelle forme cette mobilisation, Manon Bry, demain ?
02:30Elle s'adresse à la fois aux électrices, aux électeurs du Nouveau Front Populaire, qui se sont mobilisés massivement dans les urnes, fin juin, début juillet dernier,
02:40qui ont espéré, qui, parfois, ont voté l'estomac noumé, qui ont douté,
02:47mais qui ont fini par exulter, au vu de la victoire, certes, relative, mais quand même, c'est le bloc politique qui est arrivé en tête.
02:53Donc, elle s'adresse à toutes ces électrices et ces électeurs, à ce peuple-là, de gauche,
02:57pour qui notre résignation pourrait être le meilleur cadeau fait à Emmanuel Macron, mais je vais plus loin.
03:03Cette mobilisation, elle s'adresse à l'ensemble des démocrates de ce pays. Que vous soyez d'accord ou non avec le Nouveau Front Populaire,
03:09c'est le bloc politique qui est arrivé en tête. Et on ne peut pas confier le pouvoir
03:14à un gouvernement qui est issu du plus petit parti politique à l'Assemblée Nationale, à savoir les Républicains, qui ont 41 députés.
03:23Et la deuxième problématique que pose ce gouvernement, et une des raisons pour lesquelles il faut se mobiliser,
03:27on s'est tous mobilisés dans l'entre-deux-tours des législatives pour faire le barrage républicain,
03:33pour une forme de front républicain dans cet entre-deux-tours. Et à la fin, le président de la République, Emmanuel Macron,
03:42fait le choix de remettre le pouvoir dans les mains de Marine Le Pen et du Rassemblement National,
03:48qui sera ce qui décide de l'avenir de ce gouvernement. Et je vous le dis, ce gouvernement est un gouvernement, en réalité, qui est Macron-Le Pen.
03:57Vous dites Marine Le Pen, justement, elle maintient le risque d'une motion de censure, mais après le discours de politique générale de Michel Barnier,
04:03que les choses soient claires, c'est-à-dire qu'elle attend de voir ce que Michel Barnier va proposer avant de se positionner.
04:09Est-ce que vous ne pensez pas qu'il faudrait peut-être aller dans ce sens, attendant de voir ce qu'il va proposer ?
04:15Écoutez, Michel Barnier a fait un discours d'intronisation. Michel Barnier, on connaît son parcours politique,
04:23celui qui est notamment invoté contre la dépénalisation de l'homosexualité, pour ne prendre que cet exemple.
04:30Mais surtout, je trouve que dans cette attitude, le Rassemblement National, finalement, fait tomber ses masques.
04:35Ils étaient prêts à censurer le Rassemblement National et Marine Le Pen, ils étaient prêts à censurer un gouvernement du nouveau Front Populaire,
04:42qui va abroger la réforme des retraites, qui augmente le SMIC, le salaire minimum, qui rétablit l'imposition sur la fortune,
04:48mais ils ne sont pas prêts à censurer un gouvernement qui va continuer la politique d'Emmanuel Macron.
04:54Et c'est pour ça que je vous dis qu'on assiste à une forme d'alliance entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen,
04:58parce que ni l'un ni l'autre ne veulent de ces projets qui sont bons pour les Français, qui est ce qu'ils attendent en majorité,
05:04qui est l'augmentation du SMIC, l'abrogation de la réforme des retraites.
05:07Manon Aubry, pardon, il est 19h39 sur Europe 1, vous attendez beaucoup de monde dans les rues demain,
05:10est-ce que vous avez une idée, est-ce que vous, vous irez également dans la rue, et où ?
05:14Alors, je serai présente dans la rue à Paris, la manifestation partira à 14h, place de la Bastille,
05:21mais il y a des rassemblements qui sont organisés partout en France, il y en a plus de 150,
05:25et quand je vois les sondages d'aujourd'hui, 75% des Français qui estiment que Macron n'a pas tenu compte du résultat des élections en nommant Michel Barnier.
05:34Quand je vois que plus d'un Français sur deux est en faveur de la destitution d'Emmanuel Macron,
05:38alors je leur dis, je leur lance un appel, venez nous aider de nouveau.
05:42Notre résignation est le meilleur cadeau qu'on pourrait faire à Emmanuel Macron,
05:46qui vient, ni plus ni moins, de faire une forme de braquage démocratique à ciel ouvert, et c'est le moment de résister.
05:54C'est ce que vous dites, Manon Aubry, je voudrais aussi vous faire réagir,
05:59vous faire réagir aux mots de la députée, elle est fière, Sylvia Soudé, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux,
06:05elle a traité Michel Barnier de vieux papy, regardez, et de dinosaure.
06:09C'est un vieux dinosaure qui est, en fait, l'enfant du RN et de la Macronie,
06:15parce que vous savez qu'ils se sont mariés tout récemment avec la loi Immigration.
06:19Quelle chance, c'est beau !
06:20Et voilà ! Ils ont fait un bébé ! Eh oui ! Bon, c'est un vieux dinosaure, on dirait plutôt un vieux papy qu'un petit enfant,
06:26mais c'est comme malgré tout l'enfant du RN et de la Macronie, c'est un homme obsédé par la question migratoire,
06:32un homme avec des idées racistes, réactionnaires, un homme qui aime l'autoritarisme.
06:37Manon Aubry, Michel Barnier a 73 ans, on est d'accord ? Je crois que Jean-Luc Mélenchon a 73 ans également, non ?
06:43Oui, écoutez, ce qui a le point sur le fond, c'est la convergence politique entre le Rassemblement National et les macronistes.
06:53Là où je vous l'accorde, c'est qu'Emmanuel Macron est bien plus jeune, et ça ne l'empêche pas d'avoir des idées du passé.
06:58Et comme quoi, on peut être plus âgé comme Jean-Luc Mélenchon et avoir des idées un peu plus modernes,
07:02parce que quand vous écoutez Michel Barnier, je l'évoquais tout à l'heure,
07:06que ce soit contre la dépénalisation de l'homosexualité, un moratoire Immigration Zéro, de s'attaquer à la Cour Européenne de droit d'homme...
07:11Oui, mais ça, c'était ses propositions quand il voulait être candidat pour les LR.
07:16Ça, c'est un conseil qui n'a pas de colonne vertébrale, alors. Vous reconnaissez qu'il n'a pas de colonne vertébrale ?
07:19Alors écoutez, ça, j'en sais rien, je ne sais pas ce qu'il propose. Il n'a pas pour l'instant répété son programme.
07:25Moi, j'ai la faiblesse de penser que quand on a des convictions politiques, on les a chevillées au corps.
07:29Et moi, quand je défends aujourd'hui l'abrogation de la réforme des retraites et la retraite à 60 ans,
07:33je l'ai défendue hier, je la défends aujourd'hui, vous pouvez me prendre au mot et je reviendrai avec grand plaisir à votre antenne,
07:38je la défendrai encore demain. Et on voit à quel point Michel Barnier a été une forme de toupie politique.
07:43Moi, je l'ai vu à l'échelon européen, parce qu'il a fait une grande partie de sa carrière politique à l'échelon européen.
07:49Je l'ai vu dans les négociations sur le Brexit. Et je dois vous dire que le Michel Barnier que j'ai vu dans les négociations sur le Brexit
07:54n'était pas le même Michel Barnier que j'ai vu candidat à la primaire des Républicains qui remettait en cause la Cour européenne des droits de l'homme,
08:01qu'il défendait lui-même quelques mois plus tôt dans les négociations du Brexit.
08:04Donc, on voit à quel point finalement, c'est un opportuniste qui sans doute rêvait-il d'aller à Matignon en fin de carrière.
08:12Emmanuel Macron s'est dit qu'après tout, il ne prenait pas de risques avec Michel Barnier parce qu'il était en fin de carrière
08:16et qu'il était son meilleur outil pour achever cette fusion entre la Macronie et l'extrême droite pour le pire danger, le pire risque pour les Français.
08:25Manon Bry, merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous sur Europe 1.
08:28Demain, vous serez donc dans la rue. Appel à la mobilisation.
08:32Vous nous dites qu'il y aura 150 rassemblements un peu partout en France. Évidemment, nous suivrons ça sur Europe 1.

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