Elisabeth Lévy : "Le sectarisme, une maladie française"

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Transcript

00:00Bonjour Elisabeth. Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:05Alors pour vous, comme pour Michel Barnier, comme pour moi, je le dis, la France souffre d'une maladie grave qui s'appelle le sectarisme.

00:14Alors oui, il a déclaré, le sectarisme est une preuve de faiblesse, c'était sur TF1 vendredi.

00:19Mais la veille, Gabriel Attal allait encore plus loin, la politique française est malade, déclarait-il, pendant la passation de pouvoir.

00:28Mais la guérison est possible si nous sortons tous du sectarisme et des coups politiques.

00:33Alors on a quand même envie de répondre à Gabriel Attal.

00:36Avec Molière, le moindre solicisme en parlant vous irrite, mais vous en faites vous d'étranges enconduites.

00:43C'est les femmes savantes, car Gabriel Attal est celui qui a imposé à Emmanuel Macron le fameux front républicain,

00:49c'est-à-dire le sectarisme érigé en devoir moral et en stratégie politique, puisque ça ne fait que 11 millions d'électeurs.

00:58Ils ont été décrétés infréquentables. Je ne partage pas vos idées, je me battrai pour que vous ne puissiez pas les défendre.

01:05C'est un peu ça le front républicain.

01:07Bon, Barnier, Michel Barnier, pardon, Premier ministre, apparemment est à l'opposé.

01:12Il n'a jamais insulté personne, c'est pour ça semble-t-il d'ailleurs qu'il a été choisi,

01:16parce qu'en effet c'est tout de même difficile de parler avec des gens qu'on a traités de nazis la veille,

01:21même si on n'y croyait absolument pas.

01:24Bon, Michel Barnier dit, on verra à l'usage, qu'il respectera tout le monde, donc qu'il n'y aura pas d'électeurs de seconde zone.

01:31Est-ce que vous pensez qu'il peut réconcilier les Français ?

01:34Moi, je n'aime pas tellement cette idée de réconciliation, parce qu'on dirait qu'il faudrait que nous pensions tous pareil.

01:41La division, les désaccords, les divergences, c'est l'état normal d'une société.

01:47Le rôle de la politique, ce n'est pas d'effacer les conflits, de les mettre sous le tapis,

01:51c'est comme les disait Raymond Aron, c'est de les représenter et donc de les civiliser.

01:57Ça sert à ça la scène politique, c'est un peu la poursuite de la guerre idéologique par d'autres moyens.

02:02Or, notre crise politique, c'est sans doute la preuve que précisément la politique ne remplit plus ce rôle,

02:09et précisément à cause de ce fameux sectarisme.

02:12Alors, il faut bien le dire, c'est d'abord une maladie de la gauche qui est liée à son sentiment de supériorité morale.

02:18Encore hier, je crois que François Hollande a dit qu'il ne rencontrerait pas Michel Barnier comme si c'était contagieux.

02:25Évidemment, la gauche, c'est le bien, c'est l'église.

02:28Ceux qui ne pensent pas comme elle, c'est le mal.

02:30En somme, elle aime la diversité en toutes choses, sauf pour les idées.

02:34Alors, attention, Jean-Jacques, la droite n'est pas immunisée, elle s'est aussi aux arguments moraux.

02:39D'ailleurs, avec LFI, ça m'est arrivé aussi, c'est difficile d'y résister.

02:43Mais c'est inopérant, en réalité, très souvent, si un parti n'est pas interdit, c'est qu'il fait partie de l'arc républicain,

02:51et ses électeurs existent.

02:53On peut aussi citer Jean-Philippe Tanguy, qui a dit du Premier ministre, avant-hier,

02:57qu'il était l'un des hommes les plus stupides de la Ve République,

03:00avant de rétropédaler, sans doute, parce qu'il avait été recadré par sa patronne.

03:05Alors, 70% des Français ont voté pour le changement, ça c'est vrai, on l'a répété à l'envie,

03:11sauf qu'ils n'ont pas voté pour le même changement, d'où le blocage politique.

03:14La seule solution qu'on ait aujourd'hui sous la main, c'est peut-être pas l'idéal,

03:19mais c'est simplement de revenir à l'esprit des Lumières,

03:21qui n'est donc pas l'effacement des divergences, mais le désaccord civilisé.

03:26Ça signifie juste que celui qui ne pense pas comme vous est certes un adversaire,

03:30on peut se disputer, mais ça n'est pas un ennemi, cher Jean-Jacques.

03:35On peut se disputer et se respecter, dans la vie, me semble-t-il.

03:39Il est 7h50, 8h moins 10, merci d'être avec nous, 0826-300-300,

03:46vous allez réagir, vous allez entendre Alban, qui est à Grenoble,

03:49tiens, qui est à Grenoble, Emmanuel, qui est à Surenne,

03:53allez, vous êtes sur Sud Radio, il est 8h moins 10.

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