L'éclairage économique d'Éric de Riedmatten sur un sujet d'actualité.
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00:00La réforme des retraites est souhaitée par plusieurs parties d'opposition, après un projet de loi pour son abrogation a été déposé hier par le RN.
00:07Les choses s'accélèrent. C'est une bonne chose ou pas de revenir en arrière, d'abroger la réforme des retraites ?
00:12Éric de Reyes-Matin, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:14Eh bien, c'est toujours tentant de dire on va revenir à 60 ans, ce que propose le Nouveau Front Populaire, ou 62 ans pour le RN.
00:21Mais en fait, sur le plan économique, c'est très, très mauvais parce que finalement, c'est revenir à un système où on va encore continuer de dégrader
00:28les finances publiques parce que qui paye finalement ? Eh bien, c'est l'État. C'est de l'argent qu'on n'a pas. Et d'ailleurs, le Conseil d'orientation
00:34des retraites le dit. Si on ne change rien, si on ne fait rien, eh bien en 2070, on sera toujours en déficit. Donc ça veut dire que quoi qu'on fasse,
00:41de toute façon, il y aura encore des réformes à venir dans les années qui viennent.
00:45Vous voulez dire que c'est un doux rêve et que le réalisé nous enfoncerait un petit peu plus ?
00:49Mais oui, c'est un doux rêve parce que le système est ainsi fait qu'en fait, ce sont les actifs qui payent pour payer les cotisations des retraités.
00:55Quand on regarde une feuille de salaire, eh bien vous avez aujourd'hui 10% de votre salaire en fin de compte qui passe à payer la retraite,
01:02la retraite des autres personnes qui sont, elles, retraitées. Et au train où vont les choses, eh bien on aura plus de retraités que de cotisants.
01:09Il est là le grand problème. Et puis surtout, on n'a pas assez de seigneurs au travail. 58%, c'est insuffisant, les seigneurs.
01:16Et puis le taux d'emploi en général, c'est seulement 68%, là où en Allemagne, vous êtes à 76%.
01:22Beaucoup de Français disent « Oui, mais j'ai payé, j'ai cotisé, donc j'ai droit à ma retraite à 62 ans ». Qu'est-ce que vous leur dites ?
01:28C'est bien de le dire. Bien sûr, le droit, c'est une chose, mais il y a aussi le devoir. Et comme je le disais, le devoir, c'est de cotiser.
01:35Et aujourd'hui, on en a 42 ans. On devrait dire d'ailleurs aux Français, quel que soit l'âge de départ, pensez d'abord au nombre d'années à cotiser.
01:44Les nombres d'années, c'est 42 ans. Donc si vous allez travailler à partir de 25 ans, vous partirez à 67. Vous voyez, déjà, ça fausse le débat.
01:51Si on revenait à 62 ans ou 60 ans, eh bien là, les caisses de l'État devraient agir. Comment ? Eh bien tout simplement, on devrait supprimer
02:00des aides sociales comme le RSA ou l'aide médicale d'État. Pourquoi pas ? On devrait peut-être augmenter les cotisations, mais personne ne voudra le faire.
02:07Donc vous savez, moi, je pense que revenir en arrière, ce serait un vrai problème. Peut-être qu'on travaillera sur le travail des femmes ou les carrières longues.
02:14Comme le dit Michel Barnier, on ouvrira le débat. Voilà, c'est peut-être le maximum qui sera fait.
02:21Sous-titrage Société Radio-Canada