La chronique éco du 16/10/2024

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L'éclairage économique d'Éric de Riedmatten sur un sujet d'actualité.

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Transcription
00:00Éric, vous attirez notre attention ce matin sur un chiffre.
00:03Le patronat estime que l'on aura besoin de presque 4 millions de travailleurs étrangers d'ici à 2050.
00:10Et ça ne vous étonne pas ?
00:12Non, ce n'est pas étonnant parce qu'on sait bien que la main-d'œuvre manque en France.
00:15Et puis surtout, les Français ont renoncé depuis longtemps à tous ces métiers mal payés,
00:20ces petits emplois, ce n'est pas nouveau.
00:21Et comme la formation professionnelle n'est pas non plus adaptée aux besoins réels des entreprises aujourd'hui,
00:26eh bien, on manque, on manquera de main-d'œuvre à l'avenir.
00:29Et je ne vous parle pas des filières manuelles, bien sûr, qui ont été dévalorisées,
00:32même dans l'agriculture aujourd'hui,
00:34quand vous regardez que chaque année, pour récolter les clémentines en Corse,
00:38il faut faire appel à de la main-d'œuvre marocaine ou tunisienne.
00:41C'est le patronat, le Medef et ses PME qui s'alarment de cette situation.
00:46Oui, donne un chiffre, on aura besoin de 3 900 000 travailleurs étrangers d'ici à 2050.
00:52Alors vous me direz, c'est sur 25 ans.
00:53Mais ça veut dire quoi ?
00:54Eh bien, que la France aura besoin, chaque année, de 156 000 emplois importés,
00:59si l'on peut dire, venus de l'étranger, pour compléter nos défaillances.
01:03Ce qui explique d'ailleurs aussi le porte-parole des petites PME, des PME.
01:07Et donc, ils le disent aussi, ils sont concernés surtout les ETI, entreprises de taille intermédiaire.
01:11Roland Lescure, lui, qui est l'ancien ministre de l'Industrie, d'ailleurs, le dit.
01:15Si on veut des soudeurs, si on veut des chaudronniers, il faudra aller chercher ailleurs.
01:20C'est déjà le cas avec les employés de maison.
01:21Je regardais les chiffres du ministère de l'Intérieur.
01:2339 % sont immigrés, chiffre du ministère de l'Intérieur.
01:2628 % sont agents de sécurité et 27 % sont des ouvriers non qualifiés.
01:31Donc, cette immigration, elle existe.
01:32Mais vous le voyez, ce sont des métiers, finalement, relativement modestes et mal payés.
01:36La France ne peut plus fournir cette main d'œuvre ?
01:39Écoutez, c'est ça qui est le comble aujourd'hui.
01:41Et c'est vraiment même assez triste de voir ça.
01:43Savez-vous, par exemple, que EDF, qui relance sa filière nucléaire,
01:47est tellement pressé, tellement dans l'urgence,
01:50que l'entreprise a dû créer une école spéciale pour créer à La Hague, près de Cherbourg,
01:54des soudeurs de très haut niveau, de très haute technologie,
01:57qui, eux, d'ailleurs, seront très bien payés.
02:00Alors, le risque de l'immigration pour le travail, c'est quoi ?
02:03C'est qu'on tombe dans une spirale de bas salaires.
02:06Et finalement, cette fameuse dé-smicardisation que tout le monde aimerait,
02:09eh bien, on n'en reprend pas le chemin.
02:11Sauf, alors là, je terminerai par une note extrêmement positive,
02:14pour une fois peut-être, d'ailleurs.
02:16Romain, vous savez qu'il y a aujourd'hui un demi-million d'emplois vacants.
02:19Et quand vous regardez les chiffres de la Dares,
02:22qui est l'institut de la statistique du ministère du Travail,
02:24on se rend compte qu'on manque de 20 000 ingénieurs,
02:27on manque d'informaticiens, on manque de médecins.
02:29Ça veut dire que peut-être la loi immigration, qui sera discutée janvier 2025,
02:34devra tenir compte de ces métiers sous tension.
02:37Et là, on parle de métiers de haut niveau,
02:38et faire appel à une main-d'œuvre étrangère, mais super qualifiée.
02:42Et là, on aura une liste de besoins précis.
02:45Donc cette liste de besoins très précis permettrait peut-être
02:48de revenir à une immigration choisie, comme le voulait Nicolas Sarkozy.

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