• il y a 2 mois
Keynote - Défendre l’assurabilité des territoires
Nicolas Govillot, Président du directoire des Assurances du Crédit Mutuel

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00:00Bonjour à tous. Je suis très heureux de m'exprimer devant vous aujourd'hui pour faire
00:07le lien avec la présentation précédente de Dina Laraki. Je voudrais vous convaincre
00:12que certes, avec l'utilisation des données, on peut faire des belles choses, des beaux
00:16nouveaux produits d'assurance, mais malheureusement aussi avec l'utilisation des données et l'émergence
00:22du changement climatique, on a un risque de démutualisation. On a un risque de perte
00:28de ce qui devrait être le cœur du métier des assureurs qui est la mutualisation des
00:31risques et donc il faut réagir. De quoi est-ce qu'on parle ? En France, sur les trois dernières
00:40décennies, on a eu des risques climatiques qui ont eu lieu, mais France Assureur, notre
00:46fédération, estime que ces risques vont doubler dans les trois prochaines décennies. Et derrière
00:52les chiffres qu'on a en tête, on pourra parler du régime des catastrophes naturelles, on
00:58a eu en 40 ans 50 milliards d'euros d'indemnisation qui ont été versés au titre de ce régime,
01:03mais derrière ces chiffres, c'est des assurés qui sont touchés, c'est des personnes. Par
01:08exemple, rien que sur le risque d'inondation, on a 18 millions de Français qui sont concernés,
01:1218 millions. Donc on parle bien de gens en derrière. Je ne sais pas s'il y a des climatosceptiques
01:19dans la salle, mais en tout cas, ça se voit déjà concrètement dans nos comptes, le
01:24changement climatique. Aux assurances du crédit mutuel, en deux ans, on a eu 800 millions
01:28d'euros de charges de sinistres climatiques. 800 millions d'euros, c'est l'ordre de grandeur
01:34de notre résultat annuel, pour comparer. Donc c'est déjà énorme. Alors est-ce qu'on voudrait
01:41dire que le changement climatique, c'est un enjeu comme les autres ? Est-ce qu'on se dirait
01:45que ce n'est pas grave si les gens qui ont mis l'économie d'une vie dans leur logement
01:49perdent l'assurance ? Eh bien, je ne crois pas. Et pourtant, c'est ce qui risque de se passer,
01:56à cause de tarifs qui deviendraient inabordables ou d'un refus d'assureurs. Si on va aux Etats-Unis,
02:03en Californie, on a déjà l'an dernier des assureurs qui ont dit « on arrête de couvrir,
02:07on arrête. Trop de risques de tremblements de terre, trop de risques d'incendie ». Et en France,
02:13on voit qu'on a certains acteurs qui sont tentés de se retirer à bas bruit de certains territoires.
02:19Je dis certains territoires parce que tous les territoires ne font pas face au même risque. Dans
02:26le régime des catastrophes naturelles, on a eu en 40 ans 8% des communes qui ont eu plus de 15
02:32arrêtés catenates. Donc ça veut dire 8% des communes qui, tous les deux ou trois ans, ont
02:37à nouveau un sinistre climatique de catastrophes naturelles. On n'a pas encore aujourd'hui de
02:44retrait brutal des assureurs en France, mais nous observons déjà des écarts tarifaires
02:49significatifs sur certaines zones qui sont les plus à risque. Et ça, ça découle d'une
02:55segmentation excessive des risques qui répond à une logique financière, mais au détriment du
03:02coût de la mutualisation des risques. Et donc c'est une tendance préoccupante. Il faut réagir à
03:09cette hyper-segmentation des risques qui mène derrière, à travers l'individualisation extrême
03:16des tarifs qui va mener à l'exclusion de certains assurés. Et ça, c'est rendu possible notamment à
03:24travers le big data, l'intelligence artificielle, où on a chez nous assureurs des capacités de plus
03:30en plus fortes de calculs qui nous permettent une segmentation de plus en plus fine des risques,
03:34alors qu'on devrait jouer notre rôle de mutualisation du plus grand nombre. Et donc je
03:41crois que, en tout cas je voudrais vous en convaincre aujourd'hui, qu'on a un enjeu crucial
03:46derrière l'assurabilité des territoires de continuer à faire notre métier pour que tous
03:52les citoyens, entreprises, collectivités continuent à avoir accès à l'assurance face à des événements
03:59climatiques qui seront plus fréquents et plus intenses. Et pour ça, la seule solution c'est la
04:05mutualisation, donc garder la mutualisation des risques. Permettez-moi un retour sur notre
04:15modèle au crédit mutuel. Nous, nous sommes filiales d'un banque assureur mutualiste, les assurances
04:20du crédit mutuel, et on a un modèle qui repose sur une solidarité collective qui permet de
04:27répartir les risques entre tous les assurés. Et c'est la raison pour laquelle nous avons un choix
04:34aussi de conquête sur tous nos territoires, tous nos clients, pour être dans cette mutualisation la
04:38plus large possible. Et c'est un modèle qui fonctionne, on a eu en dix ans une croissance
04:43de plus 65% de nos assurances de risque. C'est un modèle résilient, je vous ai parlé de notre
04:49résultat net, et c'est un modèle qui est plébiscité par nos assurés. On est régulièrement sur les
04:54podiums d'attractivité des baromètres d'opinion. Donc c'est un modèle qui marche, mais si on a le
05:02risque, c'est que si certains acteurs tombent dans l'hyper-segmentation, on va avoir dans
05:07certains territoires une plus grande difficulté pour les assureurs un peu fragiles à rester
05:12exposés, parce que les bons risques partiront et donc ils auront du mal à tenir leur portefeuille,
05:17et donc à la fin on va avoir de plus en plus d'assureurs qui vont se retirer, et à la fin le
05:21marché ne tient plus. Donc on a ce besoin, si on veut garder la mutualisation des risques, on a
05:27besoin que tous les assureurs restent présents dans les zones les plus risquées. Alors comment on va faire ?
05:33Je crois qu'on voit déjà que ça ne peut pas tenir juste sur les comportements individuels
05:41des assureurs, parce qu'on a deux modèles différents, donc on va avoir besoin d'une
05:46action collective avec les pouvoirs publics, et d'ailleurs les pouvoirs publics ont créé ce
05:53régime des catastrophes naturelles il y a 40 ans, qui est une richesse qu'il faut préserver, et donc
05:57ça marche, le mécanisme public-privé, ça marche, il faut le préserver, il faut construire dessus.
06:02Mais on a besoin de cet état régulateur pour trouver les nouveaux mécanismes de solidarité,
06:08pour avoir une sorte de solidarité forcée, et d'ailleurs les pouvoirs publics ont lancé une
06:13mission l'an dernier à Thierry Langrenay, et ces préconisations sont en ligne avec ce que nous
06:18défendons, notamment autour de trois piliers pour défendre cette mutualisation, et donc cette
06:24présence de tous les assureurs dans les zones à risque. D'abord c'est d'avoir une cartographie,
06:28savoir de quoi on parle, où sont les zones les plus à risque, à quel point les assureurs sont
06:34présents dedans, ou se retirent au contraire. Et quand on parle de zone à risque, on ne parle
06:38même pas d'un département ou d'une commune, parce que même au sein d'une commune, si vous avez une
06:43maison juste au bord de la rivière ou 20 mètres au-dessus, vous n'avez pas du tout le même risque
06:47d'inondation. Donc il faut une cartographie très fine, et associé à ça un mécanisme incitatif pour
06:54que les assureurs aient une incitation financière à rester exposés. Et ça ne peut pas être juste
07:00une mesure cosmétique, il faut que ce soit vraiment puissant pour avoir une vraie incitation. Et puis
07:05troisième pilier qu'il ne faut pas oublier, où les pouvoirs publics ont aussi un rôle à jouer avec
07:10les citoyens, avec les entreprises, c'est la prévention. C'est réduire les risques, réduire
07:15ce coût global pour la collectivité, parce que les rivières, les fleuves qui ont souvent des
07:20crues, on les connaît, donc il faut agir aussi. Alors en conclusion, pourquoi est-ce que je dirais
07:28que c'est important pour moi de défendre cette assurabilité des territoires ? Je vous l'ai dit,
07:34on a un modèle qui repose sur la solidarité collective, et nous nous sommes filiales de la
07:41première banque qui a adopté la démarche d'entreprise à mission, et donc on a le sentiment
07:47que c'est de notre responsabilité d'agir au-delà de nos simples obligations légales. Et c'est ça
07:53qui a fait qu'en 2021, alors sur un sujet complètement différent, on a gardé de la
07:58solidarité dans l'assurance des emprunteurs en arrêtant le questionnaire de santé sur les
08:04clients fidèles, pour garder justement cette mutualisation entre la collectivité d'assurer.
08:08Et bien aujourd'hui, il faut s'engager pour être protecteur aussi en assurance habitation, parce
08:16que l'assurance, on le voit, c'est pas un produit comme les autres, c'est un mécanisme de solidarité
08:21par la mutualisation. Et donc oui, au sein de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, face aux changements
08:29climatiques, et donc malgré l'arrivée des big data, de l'intelligence artificielle, notre modèle
08:35va continuer à reposer sur la mutualisation des risques plutôt que l'hyper-segmentation. Et donc
08:42c'est comme ça qu'on garantira la promesse faite à nos assurés, et puis qu'aux assurances du
08:48Crédit Mutuel, et j'espère que vous aussi vous serez convaincus, que nous continuerons à défendre
08:53l'assurabilité des territoires.
08:59Crédit Mutuel Alliance Fédérale